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Destruction des déchets biomédicaux : ‘’Wamzanga’’, la trouvaille de Dondassé

Publié le vendredi 25 novembre 2016 à 22h40min

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Destruction des déchets biomédicaux : ‘’Wamzanga’’, la trouvaille de Dondassé

Les chercheurs Burkinabè, dans les domaines très variés, cherchent et ils trouvent. Depuis l’ouverture du Forum de la recherche scientifique et des innovations technologiques, le public se délecte des dernières trouvailles. Un groupe de chercheurs a par exemple mis au point un incinérateur de déchets biomédicaux. Une réponse à un problème que tentent vainement de résoudre les centres de Santé. Le « wambzanga », c’est le nom de ce destructeur de déchets, fait au Burkina Faso.

Les déchets biomédicaux peuvent être définis comme ces restes constitués de déchets liquides et/ou solides, à risque infectieux, provenant de produits de diagnostic, de traitement, de prévention ou de recherche en matière de santé.

Dans nos villes et campagnes, la gestion de ces déchets est un problème aussi bien pour les agents de santé que pour les populations. Du coup, après avoir été utilisés pour soigner des malades, ces déchets mal gérés peuvent encore devenir sources de maladies pour les travailleurs, les usagers qui fréquentent l’hôpital et pour la population d’une manière générale.

C’est en fonction des problèmes de sa société que le chercher entre en laboratoire pour y trouver des solutions. Depuis deux ans donc, Salif Jean-Pierre Dondassé et son équipe ont cogité et ont fini par sortir le « wambzanga » ou « consomme tout en langue mooré ». C’est à l’occasion de cette édition du FRSIT que le chercheur présente sa trouvaille.

« On s’est rendu compte que dans les formations sanitaires, il y a de sérieux problèmes pour la gestion des déchets, c’est ainsi que Wamzanga a vu le jour », rappelle l’innovateur.

« wambzanga », présentation et mode d’emploi

D’une capacité de 1,5 à 2m3, l’incinérateur est conçu a base de matériaux locaux comme le sable, le fer à béton, le ciment, le gravillon termitière ou terre argileuse, de la tôle noire. Il est alimenté par un souffleur à air électrique monophasé de 220 volts permettant d’attiser la flamme pour une combustion complète.

L’engin se présente sous deux variantes. Une mobile et une autre fixe. La première comme son nom l’indique peut être déplacée hors agglomération pour la destruction des déchets afin de minimiser les nuisances en termes de fumée et de pollution.
La variante fixe elle, peut être installée de façon permanente sur un site choisi par les services municipaux, environnementaux…

Une fois les déchets collectés dans les formations sanitaires, ils sont transportés dans un engin hermétiquement fermé sur le site. Là, ils sont triés et déversés dans la chambre à combustion pour la mise à feu. C’est en ce moment que le souffleur à air entre en jeu. Après combustion complète, la cendre est collectée pour les services compétents. « Tout se transforme avec le wamzanga », dira notre interlocuteur.

Avec 40 cm d’épaisseur de béton armé et vibré, la paroi de l’ouvrage peut résister à une forte température allant de 200 à 1000°C, en fonction de la qualité des déchets en cours d’incinération.

« Il ne sera pas installé dans les villes, mais loin des habitations, avec l’appui technique de la municipalité, de l’environnement, de la santé. C’est une opération 0 fumée dans la ville », précise le père du wambzanga.

Pour les bonnes pratiques d’utilisation, les agents qui sont chargés d’incinérer les déchets bénéficient de formation. Ils seront également équipés et outillés selon les normes de sécurité et de protection.

Garder ‘’jalousement’’ la technologie

Foi de Salif Jean-Pierre Dondassé, des responsables communaux sont passés voir l’ouvrage et se sont montrés émerveillés. « Nous les avons rencontrés en Be to Be », se réjouit-il.

Ce qu’il faut préciser, c’est le que wambzanga ne se vend pas. Il est mis à la disposition des municipalités par exemple. « Si on le vent, il suffit qu’un samo qui a l’argent l’achète et il ira le multiplier », ironise le père de l’incinérateur, avec un brin de parenté à plaisanterie.

D’ailleurs, son ancêtre le GOABA avait intéressé des pays de la sous-région, comme le Niger et le Ghana, mais les promoteurs n’ont pas voulu le liquider. « On a fait des sorties dans la sous-région au Niger, des gens sont venus nous voir. Mais là où on ne s’est pas compris, ils ont voulu qu’on leur donne le plan, ils vont aller construire chez eux, nous n’étions pas d’accord. Au Ghana aussi, on a voulu qu’on leur donne la technologie, et se bomber la poitrine après(…) j’ai dit on ne donne pas, c’est de bonne guerre », lâche-t-il tout en sourire.

Sentant donc planer le danger de la copie, l’innovateur a protégée son joyau à l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle(OAPI).

La problématique du financement de la recherche

Retranché dans son atelier à Bobo Dioulasso, M. Dondassé et son équipe travaillent pour dénicher des solutions. Ce n’est pas toujours facile, faute de financement. Pour exemple, le wamzanga a été conçu sans apports extérieurs. « On a fait tout cela à nos frais, on n’a pas reçu 5 F de quelqu’un. Les gens veulent ce qui est bien, mais ne veulent pas dépenser », se désole-t-il.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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