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Harouna Gouem au sujet de la présidence de la Chambre de Commerce : « Je crois que Kadhafi est mal parti »

Publié le mardi 22 novembre 2016 à 23h10min

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Harouna Gouem au sujet de la présidence de la Chambre de Commerce : « Je crois que Kadhafi est mal parti »

La mission de veille de la Coalition nationale des acteurs de l’économie pour un commerce équitable ne prend pas fin avec la tenue des élections consulaires. Si Harouna Gouem et sa Coalition saluent l’organisation effective de ces élections, ils déplorent certaines pratiques qui, selon eux, ne sont pas de nature à favoriser la bonne marche de l’institution. En ce dernier virage consacré à l’élection du président de la Chambre de commerce, Harouna Gouem, président de la Coalition, est sans langue sur certains aspects.

Lefaso.net : Votre organisation (Coalition nationale des acteurs de l’économie pour un commerce équitable) a été du combat pour l’organisation effective des élections consulaires pour une relance rapide de l’économie. Un défi relevé pour vous !

Harouna Gouem : C’est vrai, et nous restons dans la même logique qui est la défense de l’intérêt général que nous mettons au-devant de toutes nos actions. Les élections se sont tenues avec moins de couacs, sauf les fausses procurations qu’on a signalées de part et d’autre et qui pouvaient même en réalité annuler les élections dans ces bureaux de vote. S’il y a eu de fausses procurations, ça annulait les élections dans ces bureaux de vote. Mais au regard de l’intérêt général qui guide toutes nos actions, nous sommes resté dans la logique de laisser passer ces élections et qu’on passe rapidement passer à autre chose. Que le bureau qui va être mis en place puisse rapidement se mettre à la tâche pour la relance de l’économie de notre pays. C’est vrai, j’ai été candidat, je n’ai pas été élu mais, je ne dis pas que j’ai perdu les élections ; l’essentiel est que l’économie burkinabè puisse être relancée très rapidement pour le bien des Burkinabè. Je n’ai pas été élu mais au regard du nombre de voix obtenues, on peut se réjouir parce qu’il y a eu des gens qui ont été élus avec une seule voix, c’est-à-dire leur propre voix. J’ai eu plus de 200 personnes qui m’ont voté et je leur dit merci pour la confiance qu’elles m’ont accordée et dire que le combat continue.

Lefaso.net : Avec le recul, regrettez-vous que les textes n’aient pas prévu plus de places dans votre sous-catégorie ?

Harouna Gouem : Effectivement, j’avais dit que la répartition des postes posait un peu problème ; puisque la répartition a été faite sur la base de critères qui n’existent pas dans le domaine. Il y a une réparation des impôts sur la base de laquelle, ils devaient se baser pour répartir les postes. Comme je l’ai expliqué dans une de mes interventions avant les élections, les trois premières catégories d‘impôt) ont été concentrées dans le petit commerce, c’est-à-dire un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 250 millions FCFA. Si fait qu’on était nombreux à être électeurs et candidats dans cette catégorie.

Lefaso.net : Aujourd’hui, les délégués consulaires sont connus, quelles sont vos attentes ?

Harouna Gouem : Nous attendons beaucoup du bureau, surtout de la transparence. Nous aimerons quand même que les nouveaux élus aient accès à l’audit fait au niveau de la Chambre de commerce. Que les élus sachent comment on entre dans la Chambre de commerce et comment sont utilisées les ressources de la Chambre de commerce. Nous aimerons que les élus consulaires comprennent les contours des investissements faits dans la Chambre de commerce par les investisseurs. On n’aimerait pas que les investisseurs viennent y investir et que ce soit le bureau seul qui s’en accapare, qui prend des milliards au détriment de l’économie burkinabè, au détriment des membres consulaires eux-mêmes. J’ai rencontré de nombreux élus consulaires, quand ils étaient même candidats, on a discuté et notre vision, c’est la transparence au niveau de la Chambre de commerce, que ce soit profitable à tous. Le combat premier que nous avons mené, c’était pour la relance de l’économie. Mais, une fois vous prônez la relance économique et vous laissez les investisseurs venir investir et des personnes vont s’accaparer de ces investissements ; ça ne profite pas à l’économie. Il faut que la répartition soit équitable dans les provinces. C’est-à-dire que les milliards qui viennent à la Chambre de commerce, qu’ils les répartissent dans les provinces pour soutenir l’économie locale au lieu de concentrer ça au niveau de certains membres. Nous appelons les élus consulaires à la vigilance, à voter utile et qu’ils exigent de la transparence. Il faut qu’ils exigent qu’il y ait de la transparence. On ne vote pas quelqu’un pour qu’il vienne faire du n’importe à la Chambre du commerce, on ne vote pas quelqu’un pour qu’il vienne se servir. Il faut qu’il fasse un travail pour la relance économique.

Lefaso.net : Vous appelez à voter utile, pour quel candidat vous souhaitez ?

Harouna Gouem : En réalité, ils (les élus) sont venus à la rencontre de Kadhafi, parce qu’ils ont été trahis ; puisqu’on a appelé certains en faisant croire que c’est la Chambre de Commerce qui les appelait. Certains sont par contre arrivés comme s’il (Kadhafi) les avait appelés pour assister au lancement de sa candidature. Et, il vient les présenter comme des gens qui sont venus soutenir sa candidature. Certains participants à la rencontre ont même juré que c’est tout le monde sauf Kadhafi. Mais quand il dit qu’il y a plus de 100 personnes (élus) qui sont venues l’assister, qui le soutiennent…, c’est faux. Il ne faut pas partir sur la base de mensonges pour battre campagne. Ce qu’il a présenté aux gens n’est pas un programme, c’est une simple publicité de lui-même. De tout ce qu’il a dit là-bas, il n’y a rien comme programme, c’est du tapage sur les entreprises qu’il a créées. Ce n’est pas de cela qu’on veut. Il faut dire ce que tu vas faire pour l’économie burkinabè et non leur présenter les entreprises que tu as créées (sans même nous dire quelle est la santé économique de ces entreprises, le nombre d’emplois qu’elles ont créés etc.). Il faut plutôt présenter aux gens, ce que tu as comme vision pour l’économie burkinabè, c’est cela qui importe.

Lefaso.net : Votre structure a connu une mutation au fil du processus. Maintenant que les élections sont passées, votre organisation prend-elle fin ou bien vous allez vous positionnez encore autrement pour défendre l’intérêt général comme vous le releviez ci-haut ?

Harouna Gouem : Nous n’allons ménager aucun effort pour défendre l’intérêt général. Même le jour de ladite rencontre organisée par Kadhafi, j’ai rencontré pas mal d’élus consulaires. C’est dire que le combat continue. Il faut que ceux qui sont à l’intérieur (les élus consulaires) luttent et nous aussi, de dehors, nous luttions pour que les choses changent. On ne peut pas finir les élections et croiser les bras, non. Ceux qui représentent la catégorie petit commerce aujourd’hui savent les vrais défis à relever qu’il y a à ce niveau et pour l’ensemble de la Chambre de commerce. Ce n’est pas de l’amusement parce que, les populations attendent beaucoup de la relance économique de notre pays et pour cela, il n’y a pas de jeu d’intérêts individuels à défendre que l’intérêt de l’économie burkinabè. Que ceux qui sont à l’intérieur partagent les informations afin que de dehors, nous puissions aussi œuvrer pour la bonne marche des choses.

Lefaso.net : Vous ne semblez pas être favorable au candidat Kadhafi, qui est donc votre candidat idéal ?

Harouna Gouem : J’ai toujours dit que je n’ai pas de candidat préférable. Mais, au regard de l’avancée des choses, je suis contre ce qui vient de se passer (la rencontre entre Kadhafi et des élus consulaires). Il faut aller sur des bases saines, véridiques. Il pouvait simplement appeler les gens pour leur dire de venir le soutenir parce qu’il lance sa candidature. Mais, tenez-vous bien qu’un participant s’est même levé ce jour pour dire que la liste de présence de la rencontre doit être utilisée comme droit de vote. C’est impensable ! Ce sont des méthodes qui doivent être bannies, révolues ! Je crois qu’il est mal parti. Je ne suis pas contre sa personne, je suis contre ses méthodes. Déjà, avec les pas qu’il vient de faire, même si j’étais élu délégué consulaire, il n’aurait pas ma voix.

Lefaso.net : C’est dire donc que les choses sont pliées à sa faveur !

Harouna Gouem : Non, il fait semblant de faire croire que les choses sont pliées à sa faveur. Ce tapage consiste à intimider les autres candidats et à appeler les autres (élus consulaires qui n’étaient pas à la rencontre) à l’élire facilement ; puisqu’il dit qu’il a déjà réuni plus de 100 élus (sur 151 élus, ndlr). La quarantaine d’élus qui n’est pas venue va se dire qu’il a déjà gagné et que par conséquent, vaut mieux lui accorder sa voix en même temps. Je dénonce cela et je pense qu’il pouvait essayer de mettre en avant son programme que d’user de ces méthodes. Je vous dis que des gens sont arrivés ici pensant que c’est la Chambre de commerce qui les appelés. Il faut être véridique en leur disant que c’est toi qui les appelle ou bien tu te rends directement à leur niveau pour les convaincre. Je suis vraiment contre cette manière de faire les choses.

Lefaso.net : Safiétou Lopez (candidate non élue) a dénoncé des fraudes et elle a indiqué que même les années antérieures, les élections se sont passées mieux que cette année. Est-ce votre avis ?

Harouna Gouem : Je n’ai pas de preuves de fraudes mais, du fait que la Commission (d’organisation des élections) elle-même, ait dénoncé de fausses procurations, témoigne qu’il y a problème. Vous savez, les procurations qui sont établies au Commissariat de Police ont moins de problème. Mais les procurations qui sont établies avec le cachet d’huissier posent problème. Quand une procuration est faite au Commissariat, on l’enregistre ; c’est-à-dire qu’elle ne peut pas être établie sans l’intéressé. Mais avec les procurations de l’huissier, c’est le cachet seulement qu’on met sur le papier. Or, des gens sont arrivés à établir ce genre de documents, qui ne portent pas de nom. Donc, ce sont des papiers vierges cachetés et les gens viennent remplir pour voter. En principe, une procuration ne peut être établie sans la présence de celui qui la donne. Dans le cas de figure, c’est du n’importe quoi. Je ne sais pas si ce sont des huissiers qui ont cacheté ces papiers ou ce sont de faux cachets…. et cela est à dénoncer. C’est l’intérêt général qu’on essaie de mettre en avant, sinon les bureaux de vote où il y a eu des procurations d’huissier devaient être annulés. Mais, si on met l’intérêt général aussi en avant, on dira de poursuivre le processus parce qu’on ne sait pas ce que ça va donner après.

Lefaso.net : Il y a eu des recours introduits, en avez-vous formulé aussi ?

Harouna Gouem : Non. Si j’allais le faire, ils allaient l’être sur la base de ce que je viens de vous expliquer (les fausses procurations). Je ne l’ai pas fait, parce qu’on ne sait pas comment ces gens ont voté, qui ont-ils voté ? On ne peut pas faire recours contre l’élection de quelqu’un parce qu’on ne sait pas si tous ceux qui ont voté avec les fausses procurations ont voté pour ces personnes. Donc, s’il fallait faire un recours, c’était pour l’annulation des élections dans ces bureaux de vote. Ce qui va mettre, à mon avis, la relance économique en retard, puisqu’il faut revenir aux élections avant de former le bureau de la Chambre de commerce. On passe là-dessus mais la lutte se poursuit pour l’intérêt général.

Lefaso.net : S’il y a des suggestions à formuler au futur organe dirigeant de la Chambre de commerce, elles seraient lesquelles ?

Harouna Gouem : J’appellerais dans un premier temps, les élus consulaires à être regardants sur la gestion des affaires. Puisqu’il y a d’abord un règlement intérieur à élaborer à l’interne. Tout par de là. Si vous élaborez un règlement intérieur à la faveur d’un président qui a toutes les prérogatives, ce sera compliqué. Il faut plutôt un règlement qui va permettre aux élus consulaires d’avoir un œil regardant sur la gestion (transparence dans la gestion des recettes et des investissements, etc.). Si cela est bien ficelé, le président ne fera que suivre la volonté des élus. C’est aux élus vraiment que je demande d’être regardants. En réalité, si vous ne maîtrisez pas les choses, vous laissez le champ libre au bureau de piller les biens publics.

Lefaso.net : Au regard de tout ce qu’il y a comme attitudes et turbulences, quel est votre regard sur l’avenir de la Chambre du commerce ?

Harouna Gouem : En réalité, tout va se décider avec les élus consulaires. Ceux qui sont venus ici à la rencontre, se sont rendu compte que Kadhafi a failli. Mais, si les autres candidats aussi ne proposent pas mieux, ils seront obligés de le voter ! Sinon, beaucoup sont sortis déçus de cette rencontre qu’il (Kadhafi) a eue avec ces élus consulaires. Oui, ils sont déçus mais, si les autres challengers ne proposent pas mieux, ils vont le voter. Sinon, s’il y a des candidats qui proposent mieux, il aura des difficultés pour passer. Et puis, si le bureau qui va être mis en place ne s’attèle pas à la relance de l’économie, il aura tous les problèmes de l’extérieur (venant de l’extérieur) ; parce que nous n’allons plus admettre que la gestion soit comme celle des bureaux précédents.

Lefaso.net : A la fin (pratiquement) du processus, quel peut être votre appel aux acteurs ?

Harouna Gouem : Aux candidats à la présidence de la Chambre de Commerce, je leur dirai de proposer mieux parce que, pour le moment, on n’a rien vu d’abord. Quand tu les rencontre (les candidats), ils ne parlent pas de concret ; quand ils parlent, ils croient que les gens ne savent pas quelles sont les recettes que la Chambre de commerce engrange ; ils ne savent pas que les gens savent que la Chambre de commerce est à mesure d’avoir des financements extérieurs. On nous dit que « ça ne va pas, si je gagne je vais faire bouger les choses… » Oui, mais tu vas faire comment pour faire bouger les choses, si tu gagnes ? C’est cela qui intéresse les gens. C’est pour dire qu’en réalité, c’est l’éveil de conscience des élus qui doit pousser les candidats à mieux faire. Sinon, aujourd’hui, les candidats ne proposent pas grand-chose. J’appelle donc les élus à faire bloc pour faire bouger les lignes en faveur de notre économie. Sinon, la Chambre de commerce ne profitera pas à l’économie, elle ne profitera qu’à quelques élus et cela serait très mauvais pour le combat qu’on a entamé depuis longtemps.

Lefaso.net : Vos perspectives ?

Harouna Gouem : On continuera à travailler pour l’intérêt de notre économie. L’essentiel pour nous n’était pas d’être élu (même si on ne part pas non plus à une compétition pour perdre) mais, l’essentiel est que nous gardions le cap pour veiller à la relance effective et rapide de l’économie de notre pays et que les pratiques qui ont eu cours jusqu’à maintenant au détriment de l’économie ne puissent plus exister. Notre Coalition continuera à travailler pour l’éveil des consciences et certainement que nous allons nous réunir sous peu pour apprécier les élections et surtout les sorties hasardeuses de certains candidats à la présidence de la Chambre de commerce.

Propos recueillis par Oumar L. OUEDRAOGO
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