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Servace Maryse Dabou, promoteur du « Rendez-vous de Touba » : « Ce qu’il y a de plus cher à un peuple, c’est ce qu’il faut savoir conserver »

Publié le lundi 21 novembre 2016 à 16h16min

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Servace Maryse Dabou, promoteur du « Rendez-vous de Touba » : « Ce qu’il y a de plus cher à un peuple, c’est ce qu’il faut savoir conserver »

Du mardi 22 au samedi 26 novembre 2016, la commune rurale de Madouba dans la province de la Kossi (région de la Boucle du Mouhoun), vibrera au rythme des chants et danses du « Rendez-vous de Touba ». Cadre d’expression socio-culturelle et sportive, cette édition, 3eme du genre, tiendra ses promesses, selon le promoteur, Servace Maryse Dabou. Dans cet entretien, ce passionné de la culture et des traditions, spécialiste en communication, parle des contours de cet évènement socio-culturel et sportif qui promet de beaux spectacles.

Lefaso.net : Le « Rendez-vous de Touba », de quoi s’agit-il exactement ?

Servace Maryse Dabou : Le « Rendez-vous de Touba », c’est d’abord un rêve. Un rêve de voir l’ensemble des villes et villages qui portent le nom Touba en Afrique se retrouver autour de grandes valeurs, des valeurs culturelles, des valeurs sociales fortes. C’est un évènement qui se veut fédérateur des énergies positives que nous pouvons tirer de ce que nos ancêtres nous ont laissé, de ce qu’ils ont légué aux générations auxquelles nous appartenons. Le Rendez-vous de Touba, comme son nom l’indique, est un rendez-vous culturel sportif et social.

Lefaso.net : Pourquoi le nom « Rendez-vous de Touba » ?

Servace Maryse Dabou : Comme je l’ai dit, le Rendez-vous de Touba est d’abord une rencontre de culture, une rencontre entre des peuples, une rencontre entre des communautés, entre des villes et des villages. Mais ces villes et villages appartiennent certainement à des nations et à des Pays. Le Rendez-vous de Touba ambitionne donc de réunir un jour la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Mali, la Guinée-Conakry, le Sénégal. Et ce, pour au moins un jour. Parce que le nom Touba figure parmi les villes et villages dans ces pays cités. Faire venir l’ensemble de ces pays, c’est cela l’objectif du Rendez-vous de Touba.

Lefaso.net : L’édition de 2016 se tient sous quel thème et qu’est-ce qui justifie son choix ?

Servace Maryse Dabou : Depuis sa création, le Rendez-vous de Touba se base sur la thématique principale de la paix de la cohésion sociale. C’est une thématique d’actualité depuis ces derniers temps au Burkina Faso. La culture de la paix, la tolérance religieuse, la culture du civisme, la culture de la bonne citoyenneté. Ce sont autant de thèmes que nous développons pour amener les populations, surtout les communautés villageoises qui adhèrent au projet, à comprendre l’importance et le rôle que joue la paix dans la construction d’une nation.

Lefaso.net : Quelles sont les innovations pour l’édition de 2016 ?

Servace Maryse Dabou : Ceux qui viendront au Rendez-vous de Touba auront droit à plusieurs activités socio-éducatives : des conférences sur le civisme en milieu rural, la tolérance religieuse, la santé (épidémies de Dengue, paludisme, VIH SIDA), etc. Le rendez-vous n’est pas que culturel, il est aussi sportif parce qu’il y a une coupe de l’intégration de Touba qui est jouée à chaque édition. Cette coupe suscite un réel engouement.

Lefaso.net : Depuis 2014 que vous organisez une telle activité, quel est son apport à la culture burkinabé ?

Servace Maryse Dabou : Ce qu’il y a de plus cher à un peuple, je crois que c’est ce qu’il faut savoir conserver. Ce qu’il faut savoir conserver dans la tradition Bwa et Dafing par exemple, ce sont à notre avis, les animations du soir dans les villages. Le soir au village qu’est-ce qu’on a à voir ? C’est la lutte traditionnelle, les chansons populaires et chez nous, c’est le Yéyé, la danse du Deni (Deni-yo), le Tindéro. Il y a même le simple cache-cache. Mais aujourd’hui, personne ne fait cela dans les villages.

Dieu merci, depuis que nous avons commencé le Rendez-vous de Touba, il y a certaines pratiques qui refont surface dans les villages de la localité. En tout cas, dans la Boucle du Mouhoun, et je vois même que dans d’autres régions cela se pratique, mais sous d’autres appellations. Je me réjouis que le Rendez-vous de Touba ait fait cas d’école. Je suis très rassuré quant à l’avenir de la culture dans notre pays parce que, de plus en plus, les gens reviennent vers leurs traditions, reviennent rechercher leurs origines, leurs traces. Les traces de leurs aïeux.
Peut-être que pendant longtemps, je crois que nous avons péché en croyant que le développement vient d’ailleurs plutôt que du bas vers le haut. Et on a tendance à créer le développement du haut vers le bas. Le Rendez-vous de Touba nous donne des leçons que nous apprenons au fur et à mesure que les éditions se passent.

Lefaso.net : Y-a-t-il un pays invité d’honneur ? Si oui, qu’est-ce qui a guidé le choix de ce pays et quelle sera sa contribution ?

Servace Maryse Dabou : Pour cette 3e édition, qui se tient du 22 au 26 novembre 2016, le Mali est le pays invité, car il y a au moins deux Touba au Mali. Un Touba où la dominance est Bwa, et un autre où la dominance est Marka. Le Touba où la dominance est Bwa est plus proche pour l’instant de nous. Et compte tenu de certaines réalités d’ordre technique et pragmatique, il est plus facile que le Touba qui a la dominance Bwa vienne cette année.

Pour cette édition, l’invité d’honneur, c’est Touba Mali qui se prépare à venir avec deux disciplines. La danse traditionnelle le Deni-yo et la danse des hommes appelée Dapoba. Le « Dapoba » peut se comprendre littéralement comme ‘’il est plus fort que les autres’’. C’est une première d’ailleurs que nous allons voir au niveau du Rendez-vous de Touba car, c’est une danse qui tend à disparaître, que l’on ne pratique plus. Et c’est très rare de voir cela. Nous voulons que les générations montantes puissent expérimenter cela cette année.

Le Mali vient non seulement avec les danses traditionnelles mais aussi avec des spécialistes du Ngoni dont un conteur de renom, Alexandre Coulibaly, qui vient de la commune de Mafouna. Cette participation remarquable du Mali est très attendue par nos populations. C’est vraiment un appel à la mobilisation, un appel au rassemblement autour des valeurs socio-culturelles, qui sont chères à nos aïeux et qui vont certainement nous apporter un plus dans le concert de développement dans notre pays.

Lefaso.net : Avez-vous un message particulier à adresser aux Touba d’Afrique et au peuple burkinabè ?

Servace Maryse Dabou : Le Rendez-vous de Touba a besoin de l’ensemble des fils et filles, non seulement de la commune de Madouba, de la province de la Kossi, de la région de la Boucle du Mouhoun et de l’ensemble de toute personne qui a de l’amour, au vrai sens du terme, pour la culture de ce pays. Le Rendez-vous de Touba a besoin de tout le monde. C’est un cadre d’expression culturelle et sportive qui veut grandir. Mais pour grandir, il faut forcement qu’il ait le soutien de tous. Le bien-fondé n’est plus à démontrer compte tenu de l’engouement que les populations ont de plus en plus.

Je profite de l’occasion pour lancer un vibrant appel aux partenaires socio-techniques et financiers de ne pas hésiter à investir dans la culture. Beaucoup hésitent parce qu’ils ne voient pas les résultats immédiatement. J’en appelle à ce sursaut-là, afin que les gens n’hésitent pas et qu’ils osent investir dans la culture parce que, c’est le socle de notre développement. C’est grâce à la culture que nous allons avoir la bonne piste de développement, car celui qui ne sait pas d’où il vient, il est difficile pour lui de se trouver le bon chemin.

Je remercie tous ceux qui ont répondu à mes sollicitations que ce soit de façon technique, par des conseils, des contributions financières ou matérielles. Je n’ai pas la prétention de citer des noms pour ne pas non plus frustrer d’autres.

Entretien réalisé par Marcus Kouaman
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