Si les activités de la Marche ont débuté dans la matinée du 16 par une rue marchande et une animation grand public, c’est véritablement dans la soirée que la caravane symbolisée par un long cortège formé par des femmes vêtues de blanc et de pagnes traditionnels noirs a été accueillie par une foule en liesse à majorité féminine en présence du gouverneur de la région du Centre-Ouest, M. Baworo Seydou Sanou. S’en suivra un magnifique défilé des associations féminines de la localité. Des discours ponctués de prestations d’artistes ont tenu en haleine l’assistance qui, malgré la flotte pluviale, a tenu à marquer son adhésion à la cause de la femme et au passage de la caravane dans la région.

A la suite du mot de bienvenue du représentant du maire de Koudougou, la facilitatrice régionale de la Marche par la voix de sa représentante, Mme Colette Nana a dressé un tableau sombre du vécu quotidien de la femme. Elle a ensuite salué cette initiative qui, selon elle, contribuera à une prise de conscience et à un engagement à offrir à la femme des conditions de vie meilleures.

Mme Haoua Ouédraogo, coordonnatrice nationale a d’abord situé l’esprit et l’enjeu de la marche qu’elle conduit à travers les 13 régions du pays. Marquant le 5e anniversaire de la marche du 6 mai à Boromo, la présente vise l’appropriation de la charte mondiale des femmes pour l’humanité.

Le choix du Burkina pour boucler la marche au plan international se justifie par le contexte de pauvreté, la réalité des violences faites aux femmes et la volonté politique de lutter contre le phénomène. Haoua Ouédraogo a aussi fait un plaidoyer en faveur des cotoncultrices, de la reprise des activités textiles à Koudougou et de l’institutionnalisation du Faso-danfani comme tenue officielle du Burkina Faso.

Pour le gouverneur M. Baworo Seydou Sanou, la traversée de sa région est une invite et une interpellation à la lutte. Voilà pourquoi, il a rassuré les structures organisatrices de la disponibilité et de l’intérêt de l’administration à leurs idéaux.

Un théâtre-forum et un forum-débats conjugués au féminin

Le Théâtre populaire (TP) de Koudougou a refusé du monde la nuit 16 où un forum-débats autour de la pièce "Tourments de femmes jouée par l’ATB devant un public nombreux a arraché des larmes de joie ou d’émoi à certains spectateurs".

"Depuis le début de la caravane, c’est la première fois que le théâtre-forum a connu un tel éclat", nous a confié Habi Ouattara, responsable à la communication de la Marche.

Le forum-débats animé par Nignan / Julie Somda, juriste et féministe a consacré le thème : "Violences faites aux femmes dans le monde entier". Dans son exposé introductif, la communicatrice s’est appesantie sur la définition des concepts, les formes de violence, les moyens de lutte et leurs obstacles. Les participantes à la conférence ont qui en mooré, qui en lélé, soulevé leurs inquiétudes, à savoir entre autres, l’implication des époux, les problèmes d’héritage, les périodes post-procédure judiciaire. L’unique intervention masculin relative aux violences faites aux hommes par les femmes a suscité des débats passionnants.

Ces deux activités (théâtre-forum et forum-débats) ont été conjugués au féminin car, si au TP, le théâtre-forum il y avait de quelques hommes dont le gouverneur, la salle de conférences elle, ne comptait que six hommes sur les quelque centaines de participants.

Rue marchande, course cycliste féminine, jeu radiophonique ont également été de la partie. Ces diverses manifestations ont connu leur apothéose la nuit du 17 où l’artiste Youssouf Compoaoré et ses musiciens ont fait monter le mercure au TP.

Satisfait de la réussite de l’étape de Koudougou, Mme Haoua Ouédraogo et ses caravanières poursuivront leur randonnée en direction de Bobo avec le même objectif, appropriation de la charte mondiale des femmes pour l’humanité dont les valeurs sont égalité, liberté, solidarité, justice, paix.

Réalité ou utopie, la présente marche à relais lancée à Sâo Paulo le 8 mars 2005 aura son ancrage final le 17 octobre à Ouagadougou au Burkina Faso.

Zackaria BAKOUAN
François KABORE
Sidwaya