« Chasser, c’est non seulement aimer la nature mais surtout, ressentir au fond de soi le besoin d’y jouer la partition du prédateur doué de raison et donc, d’empathie envers sa proie » a signifié Yacouba Traoré. Les chasseurs ont toujours aimé se retrouver entre eux pour partager leurs émotions. Mais cette fois, le fondateur de l’Association des chasseurs pour la préservation et la valorisation de la biodiversité au Burkina Faso (ACB-BF), a jugé nécessaire de partager son expérience avec les non chasseurs en 90 pages.

En effet, ce géographe- urbaniste de formation a la chasse dans le sang. Bercé depuis son jeune âge, Yacouba Traoré a été initié au monde secret des chasseurs par son père. « Il était judicieux de partager les souvenirs de certains de ces moments intenses où des chasseurs ont pu se retrouver facilement être le gibier » a-t-il soutenu.

Ainsi, de l’histoire du « Babouin qui ne voulait pas mourir », « Conard ! c’est toi qui tiens le fusil » « Qui veut garder le lion » ou « Quand le scorpion s’invite à une partie de chasse », l’auteur précise qu’il s’agit d’histoires réelles.

Et si le titre « Bonne Merde ! » est assez atypique, ce passionné de la chasse nous confie faire référence à un code. « Dans la mythologie africaine, la brousse est un domaine mystérieux. C’est un milieu où l’on trouve les génies, les esprits bienfaisants et malfaisants. S’aventurer dans cet univers peut comporter des risques » a-t-il expliqué. Et Yacouba Traoré de poursuivre : « Entre chasseurs, quand il y a un qui s’apprête à rentrer en brousse, au lieu de lui souhaiter bonne chance, on lui souhaite plutôt bonne merde. Qu’il aille, qu’il soit bien emmerdé mais au moins, qu’il revienne sur ses deux pieds ».

La sauvegarde de la biodiversité

Pour Yacouba Traoré, il n’était pas seulement question de conter des histoires mais de convier les burkinabè, surtout la frange jeune de la population, à découvrir notre patrimoine et à assurer sa sauvegarde. De son avis, les citadins ont une autre perception de la brousse, de la chasse et de l’environnement. Raison pour laquelle, à travers cet essai littéraire, M .Traoré a voulu présenter une autre facette pour sensibiliser les lecteurs sur ce milieu assez masculin qu’est le secteur de la chasse.

La préfacière du livre, Béatrice Damiba, ancienne ministre de l’environnement et du tourisme de 1985 à 1989, a apprécié les talents de l’écrivain et la problématique abordée. Pour ce livre qui s’inscrit dans l’esprit de la nécessaire « préservation et valorisation de la biodiversité » selon elle, « L’on se délecte de l’humour de ce conteur talentueux qui vous plonge dans des situations tragicomiques, ou pour le moins cocasses, d’où vous ressortez avec soit un fou rire, soit un soupir de soulagement » a-t-elle noté.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net