Le maillot jaune poursuit sa pérégrination entre les équipes présentes au Tour du Faso. Après la France, l’Erythrée, il appartient désormais au Burkina Faso. Pour la deuxième fois.

Débutée à Pa, à une quarantaine de kilomètres de Boromo, la course a connu des rebondissements. Partis à vive allure, les cyclistes ne se sont pas donné un round d’observation. Des attaques endiguées, des tentatives d’échappée neutralisées, l’étape aura été l’une des plus disputées depuis le début de la compétition.
A Houndé où s’est disputé le premier sprint intermédiaire, les Ivoiriens se sont signalés par l’entremise de Bamba Karamoko qui franchit le premier la ligne. Il est suivi du dossard 91, Bereket Yemane de l’Erythrée et du Congolais N’Zuzi Manueno. Puis la course reprend son rythme normalement après ce sprint arraché de hautes luttes.

Koumbia, à 70 km de Bobo, deuxième point chaud. L’Erythréen Dawit Haile suivi des Français Clain Médéric et Graczyk Vincent remporte cette petite victoire. Une poignée d’hommes décident donc de mener la vie dure aux autres. Ils placent alors une attaque mais ils sont très vite repris par le peloton qui a accéléré le rythme pour être dans le tempo.

A Walsama, soit à une trentaine de kilomètres de l’arrivée, un groupe de six hommes se détachent et parviennent à prendre la fuite. Le peloton un peu émoussé constate les dégâts. Parmi les fuyards, un Burkinabè, Harouna Ilboudo, 20 secondes du maillot jaune, un français, Graczyk Vincent, 30 secondes du maillot jaune. Mais le porteur de ce maillot le plus convoité n’était pas parmi les fugitifs.

A 20 km de Bobo, les six hommes creusent d’avantage l’écart. « Si Harouna Ilboudo se met au sérieux, on reprend le maillot jaune. Mais dans le cyclisme tout est possible, le maillot jaune pourrait les rattraper », analyse un confrère d’une radio locale.

Sur le boulevard de la Révolution, la foule amassée attend les coureurs. Pendant ce temps, les officiels arrivent. Le Ministre des Sports et des loisirs, Taïrou Bangré, le gouverneur de la région des Hauts Bassins, les maires de Bobo et de ses arrondissements, les autorités militaires et paramilitaires prennent place à la tribune officielle. « Si les officiels viennent c’est que les coureurs ne vont plus tarder », fait remarquer une hôtesse. « Et c’est tant mieux », lui répondons-nous.

Effectivement quelque cinq minutes plus tard, l’animateur annonce des coureurs sur le boulevard. Cinq ont lancé un sprint sans pitié. Deux Erythréens, un Français, un Burkinabè et un Congolais. Dawit Haile de l’Erythrée domine les débats et s’impose. Il est suivi du Français Graczyk Vincent, de l’Erythréen Kibrom Mehari. Harouna Ilboudo arrive loin devant le maillot jaune. La mine grisée, visiblement remonté contre lui-même, Zemenfes Solomon franchit la ligne d’arrivée. Les carottes sont cuites. Harouna Ilboudo est le nouveau leader du tour.

La prochaine étape mènera les cyclistes à Banfora, la cité du Paysan noir. Les 85 km de ce tronçon risque de paraître longs pour certains. L’étape promet d’être belle et disputée tant les écarts de temps entre les coureurs ne sont pas grands. Chacun des ténors a toujours une chance de porter le maillot jaune.

Jacques Théodore Balima
Lefaso.net