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Sibiri Nestor SAMNE : « Ceux qui réclament la paternité de l’insurrection devraient plutôt réclamer la paternité des causes de l’insurrection »

Publié le lundi 31 octobre 2016 à 20h17min

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Sibiri Nestor SAMNE : « Ceux qui réclament la paternité de l’insurrection devraient plutôt réclamer la paternité des causes de l’insurrection »

Le 24 janvier 2014, dans une lettre publiée sur Lefaso.net, il appelait Blaise Compaoré à voter pour la paix en organisant une transition démocratique pacifique. Las ! Tout au long de 2014, comme beaucoup d’autres Burkinabè, Sibiri Nestor Samné, depuis les Etats-Unis où il réside a, par la plume, activement participé au combat ayant conduit à l’insurrection populaire.

Deux ans après, que pensez-vous de l’insurrection populaire ?

Avant tout mot, qu’il me soit permis de rendre un vibrant hommage aux véritables intrépides artisans de l’Insurrection populaire que sont les victimes tombées lors des manifestations d’octobre 2014. Héroïquement sortis pour réclamer plus de justice, ils ont été emportées par les balles de l’égoïsme de leurs concitoyens pour finir par être victimes des incohérences de notre justice humaine. Puissent-ils jouir de la félicité de Dieu, le Juste ! Que leur sang versé et leurs soupirs libérés contribuent à laver le Burkina de ses souillures et à convertir les cœurs des Burkinabè pour les rendre plus fraternels entre eux, plus intègres aux yeux du monde.

Sur la base de mes convictions, j’ai contribué à ma manière à lutter contre la modification de l’article 37 et du projet du Sénat, voulu par Blaise Compaoré et ses anciens collaborateurs. Pour moi, l’insurrection symbolise la fatigue d’une partie du peuple qui se voyait abusé par un groupe de dirigeants depuis 27 ans. L’Insurrection a été la cristallisation des frustrations diverses et diversifiées vécues par une partie du peuple, ceux qui étaient victimes d’un système qui ne profitait qu’aux élus de la bénédiction de Blaise Compaoré. L’insurrection populaire a été le symbole de la soif de voir de nouveaux visages à la tête du pays et d’autres manières de diriger la Nation. Ce sursaut du peuple a été la conséquence brutale du refus de Blaise d’écouter ceux qui lui tiraient la sonnette d’alarme. L’insurrection populaire, c’est le cri du peuple Burkinabè réclamant plus de justice, de partage équitable des biens du pays. De ce fait, elle a été l’expression d’une grande envie de vivre et de bien vivre.

L’insurrection populaire, c’est l’expression de la bravoure de nos chères mamans et sœurs qui sont sorties le 28 octobre 2014 pour interpeler leur époux, fils et frère, Blaise Compaoré à faire marche arrière. L’insurrection c’est l’intrépide engagement et le dynamisme indomptable d’une jeunesse brimée, oppressée pendant des années ; une jeunesse qui ne pouvait plus contenir sa colère légitime face à la politique de son exclusion de la gestion de la chose publique sur des bases de fallacieuses raisons de son manque d’expérience. L’insurrection populaire c’est aussi en partie la frustration exprimée des anciens complices devenus mécontents de Compaoré parce qu’ils ont été simplement expulsés du « banquet ». L’insurrection populaire a été le point de ralliement d’une portion du peuple Burkinabè, fatiguée de la routine d’un vieux système qui devenait de plus en plus insensible aux aspirations légitimes.

L’Insurrection populaire des 30 et 31 octobre demeurera un sursaut national poussé par un peuple en quête d’une vraie démocratie et d’un mieux-vivre. Et c’est pour ça qu’il faudra que des groupes arrêtent de réclamer jalousement sa paternité. Sans être d’un parti donné, je puis affirmer que certains parmi ces personnes ou groupes, devraient plutôt réclamer la paternité des causes de l’insurrection. Deux ans après, des éléments d’appréciation sur le degré de satisfaction sont disponibles et peuvent être interprétés par chacun selon son angle de vue.

L’insurrection a-t-elle tenu ses promesses ?

L’insurrection populaire n’a pas été inutile mais il serait prétentieux d’affirmer qu’elle a tenu toutes ses promesses. Si on en juge sur la base de sa cause immédiate, à savoir le projet d’institution du Sénat et de la révision de l’Article 37, l’Insurrection populaire a atteint son but. Le projet a été bloqué. Mais comme évoqué plus haut, c’est fondamentalement la mal gouvernance avec son escorte de conséquences dont l’impunité de tout genre, les crimes économiques et de sang qui ont discrédité le pouvoir de Blaise Compaoré pour enfin le jeter en pâture à la rage populaire. A qui veut l’entendre, je répète que les problèmes dont souffre le Burkina, n’émanent pas seulement de la tentative de la révision de l’article 37. C’est plutôt parce qu’il y avait des insatisfactions générales qu’il a échoué à son coup.

L’insurrection populaire a fait naître le Gouvernement de la Transition. J’exprime mes hommages à tous les acteurs de la Transition pour avoir répondu promptement à l’appel de la Nation pour aider à remettre les choses sur les rails. Une occasion en or leur avait été donnée pour tracer de véritables chemins authentiques en vue d’une bonne assise de la démocratie au Burkina. Il lui avait été demandé de démolir les montagnes d’ordures qui pourrissaient la démocratie. Mais je me permets de lui attribuer des notes mineures aussi. Il m’a tout l’air que la Transition n’a pas résisté à la séduction des « intelligences perfides des politiques » qui les ont poussés à entamer une politique de vengeances par des décisions extrajudiciaires. Par plusieurs écrits, j’avais attiré l’attention de la Transition à ne pas faire de l’émotion et du populisme, des sources d’inspiration des grandes décisions concernant la vie de la Nation. La transition n’a pas évité la politique de règlement de comptes. Comme on le dit, « si tu construis par la salive, ce sont des larmes qui finiront par démolir l’édifice ». L’acteur principal de la transition, l’ex-premier ministre, Isaac Zida, me donne aujourd’hui l’image d’un lionceau de la savane exploité puis abandonné. Ovationné au départ, récupéré par des acteurs politiques cachés, il aurait trahi sa famille, ses amis pour finir victime de ses partenaires d’hier.

Les zones d’ombres de la Transition ne sauraient cependant nous faire tarir d’éloges vis-à-vis de ses acquis et prouesses. Traumatisée par les tentatives de coup d’Etat, elle a tenu à l’organisation et à la réussite des élections libres au Burkina en décembre 2015. Le Président de la Transition, Michel Kafando (M, Ba Michel) et toute son équipe méritent des ovations pour ces points.

Que pensez-vous du Burkina post insurrection deux ans après ?

Le Burkina post insurrection deux ans après n’est pas aussi séduisant. La situation économique, les fractures sociales, l’insécurité grandissante dans le pays ces derniers temps, sont une preuve que le pays va mal. Je constate avec amertume que le changement a consisté principalement à déloger Blaise de Kossyam. Des anciennes méthodes sont toujours en vigueur. Les dirigeants actuels, résistent moins à l’esprit de vengeance politique au lieu de s’attaquer aux réelles causes de l’Insurrection. Les vieux dossiers en justice s’enlisent davantage. Pourquoi le dossier Thomas Sankara, celui de Dabo Boukary, de Norbert Zongo etc, sont toujours bloqués malgré des discours politiques. Tous avaient été gagnés à l’idée que c’était Blaise seul qui obstruait ces dossiers. Mais on devient plus confus qu’après deux ans d’absence du pays, ces dossiers restent au statu quo. Allons- y comprendre !

Dans ce Burkina post-insurrection, certains citoyens se voient confisquer leurs droits civils et politiques. Des personnes soupçonnées d’implication dans le putsch manqué de septembre 2015 ne sont pas encore jugées, toute chose qui inspire qu’on exploiterait politiquement les faiblesses des textes de la justice burkinabè, soit pour punir les autres, soit pour se couvrir. Comme quoi, il est difficile d’être juge et partie ! L’esprit de l’insurrection qui a exigé une justice équitable pour tout Burkinabè aurait voulu que l’on les juge dans les délais requis. Que les coupables soient punis conformément à la loi et que les blanchis retrouvent la liberté. Mais nous constatons qu’ils restent illégalement emprisonnés.

La logique de la justice du plus fort, en mode active après le coup d’état de 1987 semble refaire surface dans un Burkina post-insurrection. La politique de la chasse aux sorcières est l’arme de vengeance de certains leaders du moment. On stigmatise, on nous sert des discours de haine, de rejet de l’autre au lieu de s’attaquer aux vrais défis. Les nouveaux leaders, en tant que seuls capitaines du bateau national, devraient se départir de l’esprit de la politique politicienne, souvent instigateur de haine, pour soigner de façon patriotique, les plaies de l’éducation, de la santé et de la sécurité en vue d’un Burkina émergeant. La meilleure façon de déshabiller l’ennemi ne consiste pas à se victimiser médiatiquement mais à s’engager avec sérénité à l’accomplissement de ses engagements politiques vis-vis du peuple, de qui on a reçu le mandant de gouverner. Toute autre agitation ne serait que de la distraction aux seules fins d’enivrer le peuple et le rendre aveugle face à l’éclat sombre de ses incompétences. L’efficacité ne fait pas de bruit alors que l’arbre qui chute casse les tympans de par le bruit assourdissant de son écroulement.

Si c’était à refaire ?

« Les mêmes causes produisent les mêmes effets dans les mêmes conditions ». Il en découle que si les mêmes obstacles se dressent encore sur le chemin de la démocratie naissante dans notre pays, je n’hésiterai pas à contribuer aux possibles redressements de la situation. Dans une démocratie, il y a un minimum de fidélité aux principes directeurs indiqués dans les textes de la loi fondamentale qu’est la Constitution. Je regrette l’usurpation et la trahison qu’on a faites de l’insurrection, mais je ne regrette pas d’avoir donné de la voix pour interpeler Blaise Compaoré à respecter sa parole donnée. Je me rappelle lui avoir suggéré de faire de telle sorte que quand il ne serait plus Président, qu’il jouisse des fruits de la maxime de chez nous : « Etre un vieux sage adossé à un mur, ceux qui y vont profiteront de sa sagesse et ceux qui s’en éloignent mériteront une perte indicible ». Malheureusement, les choses ont fini autrement. C’est l’occasion pour moi de le féliciter d’avoir compris en dernière position son peuple. « J’ai compris le message de mon peuple » avait-il lancé tardivement avant de rendre sa démission.

Le type d’insurrection que j’aurais souhaité pour le futur, n’est plus celle qui consistera à conduire les jeunes, torches nues, à affronter les machines de la mort dans la rue. Où est la justice pour ses disparus tragiques ? Celle à laquelle je participerai désormais, c’est l’insurrection individuelle dans les esprits.

Au regard des manquements de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, je souhaite que chaque Burkinabè fasse désormais sa propre insurrection qui doit substantiellement consister à un changement de mentalité, une révolution d’esprit qui nous amènera à refuser de voter pour quelqu’un contre un tee-shirt ou un sac de riz. Une conversion qui nous éloignera d’accompagner un politicien parce qu’il nous a promis une promotion. Bref, j’appelle de tous mes vœux, cette insurrection dans les esprits qui nous rendra plus préoccupés et plus engagés pour le bien commun. C’est une telle insurrection qui forcera les politiciens à changer réellement pour le bien des citoyens. Autrement, ils continueront à utiliser le peuple en salade ou en d’autres ingrédients pour meubler leur sandwich.

Seule une prise de conscience réelle, des sacrifices personnels et collectifs peuvent aider à bâtir un Burkina meilleur pour les générations à venir. Que cette insurrection des esprits individuels nous engage résolument sur le chemin d’une réconciliation nationale en vue de l’union des fils et filles du pays des Hommes intègres. Que Dieu bénisse le Burkina Faso.

Propos recueillis par c ; PARE
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 31 octobre 2016 à 21:39, par TIENFO En réponse à : Sibiri Nestor SAMNE : « Ceux qui réclament la paternité de l’insurrection devraient plutôt réclamer la paternité des causes de l’insurrection »

    Les politiciens à l’unanimité ont détourné la Transition de son objectif premier : l’instauration d’un nouvel ordre social, politique et économique au Burkina. Au lieu de permettre à la Transition de combattre les maux qui minaient le Burkina durant les 27 ans de règne de BLAISE, les politiciens ont réduit la mission de la Transition à la seule organisation des élections. Le Burkina n’avait pas un problème d’élections sous Blaise mais un problème de gouvernance sous tous ces aspects. Chaque partie politique se croyant assez populaire pour remporter lesdites élections a non seulement refusé de conduire la Transition mais l’a détournée de son objectif .
    Des musulmans mossis, aux sankaristes de tous bord en passant par les Lions sans crocs, chaque leader voyait la situation en sa faveur. Chacun croyait que son heure avait enfin sonné. Donc ABAS les aspirations du peuple réel. Comme il n’y a qu’un seul fauteuil à Kossyam, il fallait donc un seul vainqueur. Au lieu du changement le peuple a opté inconsciemment pour le remplacement. Je conviens avec Jean Baptiste Placca qui disait sur RFI au lendemain des élections ne pas comprendre pourquoi faire partir Blaise et ramener ses anciens maîtres penseurs au pouvoir. Les parties politiques perdants ont été victimes de leur propre duperie. C’est ce qui explique leurs balbutiements actuels. Ils ont joué à qui perd gagne. Le vrai et le seul abusé de toutes ces mises en scène c’est le Peuple. Il n’y a que la pression populaire qui peut remettre les RSS sur les rails rien d’autre. Cette pression doit commencer sur la JUSTICE dès à présent. IL FAUT DÉSORMAIS DES INSURRECTIONS SECTORIELLES ET TOUT RENTRERA DANS L’ORDRE DE GRÉ OU DE FORCE

  • Le 31 octobre 2016 à 22:31, par Jean Bouda En réponse à : Sibiri Nestor SAMNE : « Ceux qui réclament la paternité de l’insurrection devraient plutôt réclamer la paternité des causes de l’insurrection »

    J’ai contribué à la lutte contre le changement de l’article 37 et le sénat ici à New York en appelant tous nos compatriotes burkinabé à New York pour protesté devant l’ONU à New York.
    Merci à Sibiri Nestor Samne pour sa contribution par sa plume a l’insurrection populaire. Chaque fils et fille du pays des hommes intègres doit contribué de près ou des loin à la construction du pays.C’est ainsi qu’on avancera. JB

  • Le 1er novembre 2016 à 04:23, par S P En réponse à : Sibiri Nestor SAMNE : « Ceux qui réclament la paternité de l’insurrection devraient plutôt réclamer la paternité des causes de l’insurrection »

    Grand merci a toi frere SAMNE. Tu es sage.
    Bref. A vous, fils dignes de cette grande nation de la diaspora, qui ne menagez aucun effort en contribuant par vos apports pour la reconstruction de votre chere patrie que adoré tant, que le TOUT-PUISSANT vous benisse. AMEN !

  • Le 1er novembre 2016 à 07:41, par Votre admirateur En réponse à : Sibiri Nestor SAMNE : « Ceux qui réclament la paternité de l’insurrection devraient plutôt réclamer la paternité des causes de l’insurrection »

    Merci à Vous Sibiri SAMNE pour votre message si édifiant qui nous touche tout un chacun au plus profond de nous même . Je vous ai connu à travers votre frère aussi sage que vous KORO SAMNE à la CNSS. Vous avez tout dit. Vous avez dit bien la verité. J’espère très sincèrement que les RSS prendront un peu de leur temps pour lire ce message.
    on voulait un vrai changement qui allait amener plus de démocratie, d’équité et de justice au peuple burkinabé et non un remplacement avec les même pratiques à la Blaise COMPAORE et ses règlements de compte.
    Moi je suis sur que si le peuple insurgé savait ce qui l’attendait, il n’allait pas braver sa poitrine pour que ces RSS viennent encore nous gouverner !

    Comme vous l’avez si bien dit : "Seule une prise de conscience réelle, des sacrifices personnels et collectifs peuvent aider à bâtir un Burkina meilleur pour les générations à venir. Que cette insurrection des esprits individuels nous engage résolument sur le chemin d’une réconciliation nationale en vue de l’union des fils et filles du pays des Hommes intègres. Que Dieu bénisse le Burkina Faso."

  • Le 1er novembre 2016 à 08:46, par Tokora KAMBOU En réponse à : Sibiri Nestor SAMNE : « Ceux qui réclament la paternité de l’insurrection devraient plutôt réclamer la paternité des causes de l’insurrection »

    "Au regard des manquements de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, je souhaite que chaque Burkinabè fasse désormais sa propre insurrection qui doit substantiellement consister à un changement de mentalité, une révolution d’esprit qui nous amènera à refuser de voter pour quelqu’un contre un tee-shirt ou un sac de riz. Une conversion qui nous éloignera d’accompagner un politicien parce qu’il nous a promis une promotion. Bref, j’appelle de tous mes vœux, cette insurrection dans les esprits qui nous rendra plus préoccupés et plus engagés pour le bien commun. C’est une telle insurrection qui forcera les politiciens à changer réellement pour le bien des citoyens".
    En substance, voilà le point d’orgue de l’interview ! C’est vraiment cette insurrection qu’il sied de mener à tout instant. Toutes mes félicitations cher ami, digne combattant de la liberté. A bientôt pour d’autres combats nobles !

  • Le 1er novembre 2016 à 11:06, par Poko En réponse à : Sibiri Nestor SAMNE : « Ceux qui réclament la paternité de l’insurrection devraient plutôt réclamer la paternité des causes de l’insurrection »

    Je trouve très brillante cette idée "certains parmi ces personnes ou groupes, devraient plutôt réclamer la paternité des causes de l’insurrection". En rappel, les RSS, par la bouche de Rock, ont reconnu clairement la paternité des causes de l’insurrection en faisant un célèbre mea culpa lors d’un meeting le 18 janvier 2014. Ils savent pourtant qu’en droit pénal burkinabè, il y a une grande différence entre un simple mea culpa et un procès en justice en bonne et due forme. D’abord, le mea culpa, c’est à l’église qu’on le prononce lors des confessions devant le prêtre qui réponds "vas mon fils, tes péchés te sont pardonnés. Vas et ne pèche plus". Curieusement, après leur mea culpa accepté seulement par certains de leurs militants, les RSS se sont remis dans leurs discours, à rejeter l’entière paternité de toutes les causes de l’insurrection sur leurs anciens camarades et vouloir les livrer à des exactions et une justice spectacle. Allez-y comprendre cette gymnastique intellectuelle, éthique et morale. Deux mesures, deux poids comme dirait Idriss Deby.

    Retenons une bonne fois pour toute que, dans le Code pénal burkinabè, le mea culpa ne met pas fin aux poursuites judiciaires contre un coupable ou un criminel. C’est seulement après l’énoncé de ses crimes par le juge, quand un inculpé reconnait sa culpabilité, qu’il peut valablement dire mea culpa (ou je suis coupable). Ce n’est surtout pas lors d’un meeting politique qu’on le dit sans avouer tous les crimes et délits commis pour être jugé et puni. Dans une vraie démocratie, quand un citoyen commet un crime ou un délit, la loi prévoit qu’il soit poursuivi, inculpé, jugé, condamné et puni pour réparer sa faute. Celui qui reconnait à l’avance sa culpabilité doit donc être poursuivi jugé et puni car il ne peut s’en tirer à bon compte avec un mea culpa. Si les RSS peuvent faire ainsi, tous les prisonniers de la MACO et la MACA aussi feront de même.

    Dans un pays où règne la justice, les RSS doivent être poursuivis en justice comme leurs anciens camarades pour leurs crimes sous l’ancien régime dont ils sont responsables plus que les autres militants de base. Tous ces anciens bonzes, gourous, caciques et autres ténors qui ont construit et dirigé le système CDP et qui sont maintenant réfugiés au MPP doivent répondre devant la justice pour les méfaits et crimes collectifs ou individuels commis sous l’ancien régime. Les anciens CDPistes devenus MPPistes sont tout autant coupables des 27 ans de mal gouvernance reprochés à Blaise et compagnie. Un simple mea culpa ne suffit pas à disculper RSS et associés MPPistes en droit pénal burkinabè. Ils ne pourront pas échapper au devoir de vérité et justice si nous sommes réellement dans un "Pays des Hommes Intègres".

    Et comme ce sont eux-mêmes qui promettent la vérité et la justice au peuple et veulent organiser rapidement le procès, en hommes politiques vertueux, plus honnêtes et sérieux vis-à-vis du peuple, ils iront avouer leurs crimes et être jugés pour l’exemple avant leurs anciens camarades inculpés et emprisonnés. Sous d’autres cieux des ministres ont démissionnés pour moins que cà de leurs postes pour se mettre à la disposition de la justice de leurs pays. On verra si les RSS auront le sens de l’honneur et l’éthique morale et politique pour démissionner sans attendre qu’on les leur demande. Sans cela, le procès des vaincus qui aura lieu avant la fin de l’année servira juste de justice spectacle et populiste qui vise la vengeance et l’humiliation des autres et non le droit.

    Après leur mea culpa, les RSS continuent allègrement de pécher en reproduisant le mode de gouvernance qu’ils ont appliqué sous Blaise COMPAORE sous le MPP. Ils sont donc, coupables avant et après l’insurrection de la mauvaise gouvernance, de l’oppression et la paupérisation des masses populaires et de l’aggravation des inégalités sociales sources de frustration et colère du peuple. A quoi a servi le mea culpa ? Est-ce que le mea culpa était sincère ? Sans justice impartiale, vérité de tous et réconciliation, le Burkina ne se relèvera pas. Ils oublient que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Quiconque creuse une fosse y tombe.

    • Le 2 novembre 2016 à 14:20, par No way for mea culpa En réponse à : Sibiri Nestor SAMNE : « Ceux qui réclament la paternité de l’insurrection devraient plutôt réclamer la paternité des causes de l’insurrection »

      Très belle analyse Poko tout comme l’est celle de Monsieur Samné. Si les membres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré ont tous été entendu pour avoir adopté la loi portant modification de l’A37, les RSS devront aussi répondre des déclassement de terrains et des attributions douteuses de titres miniers sous Blaise Compaoré car il furent, l’un ministre ayant séjourné près de 20 ans au gouvernement et l’autre ministre puis premier ministre, Président du parti au pouvoir et président de l’AN.
      Allons vite au procès où nous verrons enfin les RSS se dépouiller de leurs robes (au propre comme au figuré) et se présenter devant la justice pour avouer au peuple ce qu’ils ont contribué à faire durant le règne de Blaise Compaoré.

  • Le 1er novembre 2016 à 12:50, par Sid Pa Yii En réponse à : Sibiri Nestor SAMNE : « Ceux qui réclament la paternité de l’insurrection devraient plutôt réclamer la paternité des causes de l’insurrection »

    Un jeune et doux rêveur ! La politique dirige et maîtrise tout, il faut le savoir Samné ! Pensez que la gestion du pouvoir ainsi que la politique se font selon des vœux pieux c’est faire preuve d’une naïveté supérieure à celle de Candide de Voltaire ! Aux USA, où tu vis et où il y a actuellement des élections en vue, tu te rends compte que c’est plus merdique et plus truquée que partout ailleurs au monde ! On nous parle de démocratie mais elle n’existe nulle part selon la conception du citoyen lambda ! Te souviens tu de l’affaire Rodney King ? l’affaire O J Simpson ? des noirs que les policiers blancs canardent comme des pigeons juste pour les dire même si le président est nègre , ce pays appartient aux blancs ? Arrêtes de rêver et redescends sur terre : nulle part tu ne trouveras la justice car il faut que tu comprennes que les politiques servent et serviront toujours des intérêts de lobbies et le monde entier est mafioso !

  • Le 2 novembre 2016 à 07:51, par Zarasson En réponse à : Sibiri Nestor SAMNE : « Ceux qui réclament la paternité de l’insurrection devraient plutôt réclamer la paternité des causes de l’insurrection »

    Je suis tres impressionne par ces analyses d un tres haut niveau. Le BF a vraiment des hommes tres eclaires poliiquemnt....malheureusement ils ne sont pas a la tete de l etat..ce heritage date de la periode voltaique..en 1978 Lamizana n a pas obtenu 50% au premier tour des elections. ..

  • Le 2 novembre 2016 à 09:34, par Katoo ! En réponse à : Sibiri Nestor SAMNE : « Ceux qui réclament la paternité de l’insurrection devraient plutôt réclamer la paternité des causes de l’insurrection »

    "certains parmi ces personnes ou groupes, devraient plutôt réclamer la paternité des causes de l’insurrection" Malheureusement nous ne sommes pas aux Etats Unis où à l’occasion des élections on ressort les casseroles de chacun, et cela peut sérieusement compromettre les chances d’un candidat d’être élu.
    Ici le peuple est amnésique. Des gens dirigent un pays pendant 27 ans avec toute la malgouvernance qu’ils ont pu développer ; ils s’entendent pas avec d’autres camarades pour des questions de privilèges perdues ; ils montent le peuple qui sort sur la base vraiment d’un ras le bol (ras le bol créé aussi par ceux là la même qui se prennent maintenant pour sains) ; ce peuple là chasse une partie du groupe et redonne les rennes de sa destinée à l’autres partie du groupe qui peut-être est même pire que ceux qui sont partis. Pauvre peuple burkinabè ! ça fait pitié ! point d’avenir pour toi !

  • Le 2 novembre 2016 à 14:43, par la lumière En réponse à : Sibiri Nestor SAMNE : « Ceux qui réclament la paternité de l’insurrection devraient plutôt réclamer la paternité des causes de l’insurrection »

    KATO Dites-moi : je rêve ou je suis réveillé ? On m’a dit votez pour Rock et pas pour Zephirin car le dernier est BISSA et l’autre est MOSSI. Voter ROCK et pas Barry car lui c’est un Peulh comme Sankara qu’on a assassiné parce qu’un peulh ne doit pas diriger des Mossi ici en Haute Volta. Rien que l’ethnie constitue un programme politique dans ce pays dit des hommes intègres. Un mossi a gouverné pendant 27 ans d’autres ethnies et des Mossis qui au bout du compte se plaignent de sa mal gouvernance. Un autre MOSSI a remplacé le MOSSI qui a gouverné pendant 27 ans avec eux et le peuple continue à se plaindre pour sa sécurité, son économie qui tarde à décoller. Peuple du Burkina dites-moi est ce que Dieu en créant la Haute Volta a dit que seul le MOAGA peut diriger ce Pays ? Non et NON !!Comparaison n’est raison en Côte d’Ivoire malgré le « ou »et le « et »de Gbagbo, Alassane Dramane Ouattara est le président de la Côte d’Ivoire et le pays se porte bienaujourd’hui plus qu’au temps du FPI. En France Sarkozy malgré que son père est Hongrois a dirigé la France la terre de nos grands-parents les gaulois. Barack Obama le noir est au destiné de l’Amérique la première puissance de ce monde. Si un BISSA, un PEULH, un Ivoiro Burkinabè, un Togolais Burkinabè, un Français Burkinabè , un Ghanaen Burkinabè ou un Tchèquelovac Burkinabè a des idées pour développer ce pays et nous sortir de la pauvreté n’hésitons pas à lui donner notre voie et évitons de tout MOSSISISER comme le Dr Ablassé Ouedraogo et notre pays ira mieux. Sans rancune

    • Le 2 novembre 2016 à 21:30, par Brazil En réponse à : Sibiri Nestor SAMNE : « Ceux qui réclament la paternité de l’insurrection devraient plutôt réclamer la paternité des causes de l’insurrection »

      C’est indécent de réagir ainsi quand on se dit la Lumière. Regard rétrospectif sur l’histoire : ce pays a-t-il toujours été gouverné par les Mossi ? Ou bien Aboubacar Sangoulé LAMIZANA et Saye ZERBO étaient -ils des Mossi ? Attention à ce type de discours ethniciste dans un pays aussi diversifié que le nôtre au plan culturel et ethnique. Même Blaise COMPAORE a su tenir un certain équilibre au niveau régional, ethnique et confessionnel dans la composition de ses différents gouvernements. Et l’actuel Premier Ministre n’est certainement pas un Moaaga. Le Burkina a tout simplement mal à sa classe politique incapable, sans ambition réelle pour le développement de leur pays, sans patriotisme éprouvé, bref sans vertu. Et cela n’est pas le propre d’une ethnie donnée. Donc, soyons réalistes dans nos analyses, et évitons de semer la graine de la discorde ethnique dans ce pays où nous essayerons tous de vivre ensemble dans la paix. La douloureuse et honteuse expérience du génocide rwandais doit nous inspirer d’éviter des propos aussi dangereux que déraisonnables. Un pays se construit en faisant de sa diversité une véritable richesse en termes d’apport spécifique des différentes entités et non en en faisant une source de conflits et d’oppositions inutiles. Le BURKINA d’abord... Tous Burkinabè, tous frères !

  • Le 4 novembre 2016 à 11:35, par Yéro En réponse à : Sibiri Nestor SAMNE : « Ceux qui réclament la paternité de l’insurrection devraient plutôt réclamer la paternité des causes de l’insurrection »

    Brazil, c’est tout à fait juste ; préservons et cultivons nos acquis ancestraux, protégeons les intérêts de nos enfants( nos espoirs de demains) tout en ayant une pensée pieuse pour les disparus et les blessés. Tout ce que nous posons comme acte aujourd’hui, nous ne le faisons pas pour nous mais plutôt pour ou contre nos enfants par conséquent, restons vigilants, soyons tolérants et regardons l’avenir en face. Nous sommes tous frères et sœurs ; Dieu nous protège, protège le Burkina Faso et tout le monde entier contre les esprits du mal. Amen...!!!

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