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Journée Mondiale de l’Alimentation 2016 Faire de la nutrition une priorité de développement au Burkina Faso

Publié le lundi 17 octobre 2016 à 00h00min

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Journée Mondiale de l’Alimentation 2016 Faire de la nutrition une priorité de développement au Burkina Faso

L’alimentation, et au-delà la nutrition sont des droits humains fondamentaux pour tout individu. A la faveur de la célébration de la journée mondiale de l’alimentation ce 16 octobre, le Réseau de la Société Civile pour la Nutrition (RESONUT), créé en 2014 et constitué de 31 ONG et Associations de développement intervenant sur tout le territoire national, appelle l’Etat burkinabè, et les autres acteurs, à plus d’engagements financiers en faveur de la nutrition des Burkinabè, notamment des plus vulnérables que sont les enfants de moins de cinq ans, les femmes enceintes et allaitantes.

« Le climat change, l’alimentation et l’agriculture aussi », tel est le thème retenu par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation 2016. Ce thème entre en droite ligne avec les signaux de détresse lancés depuis 1992 à RIO sur le réchauffement de notre planète. Ces inquiétudes ont été renouvelées lors de la conférence de Paris en 2015 sur le climat (COP 21). L’enjeu capital de ce rendez-vous est de limiter le réchauffement climatique à l’échelle mondiale entre 1,5° C et 2°C, d’ici à 2100. Les effets du changement climatique au nombre desquels des inondations, des périodes de sécheresses assez fréquentes, la désertification iront crescendo si rien n’est fait ! La situation nutritionnelle peu reluisante des populations subsahariennes comme le Burkina Faso prendra davantage un coup.

Un enfant sur 2 qui décèdent a souffert de la malnutrition

Le Burkina Faso subit de plus en plus les effets du changement climatique, ce qui n’est pas sans conséquence sur son agriculture, composante importante de la sécurité nutritionnelle. En effet, la situation nutritionnelle au Burkina Faso présente des chiffres inquiétants. La prévalence en 2015 de la malnutrition aigüe globale (faible poids par rapport à la taille) est de 10.4% contre 8.6% en 2014. La prévalence de la malnutrition chronique quant à elle est en légère baisse et est passée de 35% en 2010 à 30.2% en 2015 (1). Plus d’un million d’enfants de moins de 5 ans souffrent de la malnutrition chronique (petite taille par rapport à l’âge). Un enfant sur 10 souffre de malnutrition aiguë et à haut risque de décès. Cela représente environ 500 000 enfants.

Le Burkina Faso comme modèle d’engagement pour la nutrition

Cela est bien possible. Afin d’apporter des solutions multisectorielles à la problématique de la faim et de la malnutrition, le Burkina Faso a signé bien des engagements d’envergure. Notons entre autres les Déclarations de Maputo en 2003, de Malabo en 2014, d’Abuja en 2001 ; la Déclaration de Rome sur la Nutrition(2) , la Déclaration FANUS (Fédération des sociétés africaines de nutrition) en 2015, le Pacte mondial Nutrition pour la croissance de Londres en 2013. Par ailleurs, le pays a adhéré en 2011 au Mouvement Scaling Up Nutrition (SUN), une initiative mondiale réunissant les acteurs gouvernementaux, de la société civile, du secteur privé, du secteur académique et de la recherche, des organismes des Nations Unies, les donateurs autour d’un même idéal « fondé sur le principe du droit à l’alimentation et une bonne nutrition à tous ». A ce jour, le RESONUT note avec satisfaction que plusieurs engagements juridiques et politiques sont pris par le Burkina Faso pour lutter contre la malnutrition, avec des efforts perceptibles. La dernière action majeure en date est la prise en compte de la nutrition au nombre des effets attendus du nouveau référentiel de développement qu’est le Plan national de développement économique et social (PNDES 2016-2020). Toutefois, le réseau constate que pour les engagements financiers en lien avec la nutrition, il reste encore beaucoup à faire. En effet, l’essentiel du financement de la nutrition au Burkina Faso est assuré par des partenaires extérieurs et surtout d’urgence. La nutrition est un domaine de souveraineté pour chaque Etat et seuls des financements endogènes conséquents vont permettre de renforcer les acquis existants et garantir leur pérennité.

Quelques défis majeurs

Dans un contexte plus que jamais marqué par les changements climatiques, le Gouvernement doit œuvrer, avec l’appui des autres acteurs intervenant dans la nutrition à créer un environnement favorable pour placer la résilience au cœur des stratégies et politiques de sécurité nutritionnelle, à travers :

-  La revue des politiques et programmes et le renforcement de leurs dimensions « résilience » ;
-  La promotion d’une approche et d’une gouvernance de la sécurité nutritionnelle prioritairement ciblées sur les populations structurellement vulnérables ;
-  La promotion d’une coordination multisectorielle viable ;
-  Un engagement politique et surtout financier dans la durée : mobiliser-fédérer les efforts pour des investissements structurels dans le long terme ; allouer au moins 3% du budget national à la nutrition (Déclaration FANUS), d’ici à 2020 (à travers par exemple des mécanismes innovants).

Marc SEKPON
Président du RESONUT

Tél. : (+226) 25 36 98 30

Encarts :

Changements climatiques (3)

1. Les plus pauvres et les plus vulnérables sont les plus exposés

Situation paradoxale : Ce sont les populations les moins responsables des changements climatiques qui en souffrent le plus. De plus, les femmes et les enfants ont 14 fois plus de chances de mourir que les hommes lors d’un événement naturel. (Gender and disaster risk reduction, Policy Brief, United Nations Development Programme)

2. Une menace sur l’agriculture

En Afrique subsahrienne, l’une des régions du monde les plus impactées par les effets des changements climatiques, un réchauffement d’environ 2°C entraînerait une réduction de 10% du rendement agricole total d’ici 2050. (Gerald C. Nelson et al., Food Security, Farming, and Climate change to 2050 : Scenarios, Results, Policy Options, IFPRI 2010, p.85)

3. Des ressources en eau sous tension

D’ici à 2020, la Banque Mondiale estime que la disponibilité totale des eaux « bleues et vertes » (issues des précipitations et des rivières) subira très probablement une baisse de 10% dans toute l’Afrique, alors que 95% de l’agriculture africaine dépend de la régularité des pluies. (Richard Munang, Jessica Andrews, « L’Afrique face au changement climatique », Afrique Renouveau : Edition Spéciale Agriculture 2014, p.6)

4. Des risques sanitaires démultipliés

L’insécurité alimentaire et nutritionnelle, les déplacements forcés, la contamination des ressources en eau affaiblissement la santé des populations les plus vulnérables.
Les changements climatiques entraîneront près de 250 000 décès supplémentaires par an dus aux effets conjugués de la malnutrition, du paludisme, des diarrhées et du stress lié à la chaleur entre 2030 et 2050. (Site Internet de l’OMS, août 2014. http: //www.who.int/mediacentre/factsheets/fs266/fr/

(1) Enquête nutritionnelle SMART 2015
(2) La Déclaration de Rome sur la Nutrition ainsi que le Cadre d’Action de Rome sur la Nutrition sont les deux documents finaux de la Deuxième Conférence internationale sur la nutrition (ICN2, 2014).

(3) Cité de Peggy Pascal, Sandrine Roussy, « Le changement climatique : un fardeau supplémentaire pour les plus fragiles », ACF France

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Vos commentaires

  • Le 17 octobre 2016 à 18:23, par Hermann En réponse à : Journée Mondiale de l’Alimentation 2016 Faire de la nutrition une priorité de développement au Burkina Faso

    La contribution franche de tous les secteurs ainsi qu’un financement domestique de la nutrition constituent les meilleures voies pour lutter efficacement contre la malnutrition. C’est bien de prendre chez les autres, mais que faisons-nous concrètement pour la nutrition de nos populations ? Pour être Député à l’Assemblée Nationale, Ministre, Président, Médecin, Géologue, garagiste, instituteur, infirmier, etc. et y réussir non seulement pour soi-même mais aussi pour la société, il faut avoir bénéficié d’une bonne nutrition depuis le ventre de sa mère jusque dans la vie de tous les jours. La nutrition est centrale. C’est souverain. C’est fondamental. C’est plus que l’or. C’est la vie. Osons davantage pour la nutrition.

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