Le développement fulgurant d’Internet a donné lieu à une très forte augmentation de données dont l’exploitation nécessite beaucoup de prudence de la part des géants du numérique. Mal traités, ces données risquent de tomber en de mauvaises mains. Face au développement de nouvelles technologies et la recrudescence des menaces informatiques, aucun pays ne saurait travailler en autarcie.

« Si les nations européennes, plus développées ont ressenti le besoin de se regrouper pour apporter une réponse plus efficace à la question, il ne saurait en être autrement pour nous », a rappelé la présidente de la commission de l’informatique et des libertés, Marguerite Bonané. A l’en croire, la mutualisation des efforts est une urgence et une exigence. Le présent forum qu’abrite Ouagadougou est à sa deuxième édition et il permettra aux participants de discuter, pendant deux jours, des enjeux et de partager les expériences en matière de protection des données personnelles.

Un enjeu économique, juridique et sécuritaire

Dans son discours lu par Mme le ministre du développement de l’économie numérique et des postes, le Premier ministre a indiqué que ce forum rappelle que « la protection des données personnelles n’est pas un vain mot pour les pays en développement et que l’espace africain est un cadre important pour la promotion de la démocratie, des droits humains et la culture de la responsabilité d’entreprise ». Il a donc signifié par ailleurs que la protection des données à caractère personnel comporte au-delà des enjeux économiques et juridiques, des enjeux sécuritaires dans un contexte marqué par une criminalité internationale sur le web.

Quatre sessions

Au cours de ces deux jours de travaux, quatre sessions seront animées par des experts nationaux et étrangers. La première abordera des questions actuelles comme le terrorisme et les données personnelles, les innovations technologiques et la prise en compte de la vie privée, la protection des données à l’ère de la technologie mobile. La deuxième session, elle, sera consacrée aux autorités de protection des données aux enjeux, les défis qui se présentent à elles et leurs perspectives dans le cadre d’une coopération. Pour la session suivante, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Ghana et le Cap-Vert partageront leurs expériences sur la question de la jeunesse et la protection des données. Au dernier round des échanges, le Pr Albert Ouédraogo fera un zoom sur la société traditionnelle burkinabè et la question de la vie privée avant que Sophie Kwasny ne vienne dévoiler les instruments juridiques du conseil de l’Europe dont le traité 108 auquel le Burkina voudrait adhérer, selon Mme Marguerite Bonané.

Représenté à ce forum par Atte Boeyi, la République du Niger va adopter avant fin 2016, une loi et mettre en place une autorité de protection des données à caractère personnel. Ainsi, le pays pourrait faire partie du futur réseau africain des autorités en charge de la protection des données, dont les statuts seront adoptés lors du présent forum. Pour plus de visibilité des actions, il a suggéré que soit organisée une campagne africaine de sensibilisation sur les données personnelles et la vie privée.

Herman Frédéric Bassolé
Bénédicte Kouraogo (Stagiaire)
Photos : Bonaventure Paré
Lefaso.net