« Aujourd’hui, c’est avec le cœur serré que avons assisté à la commémoration de ce triste anniversaire. Nous étions une vingtaine au niveau de la rédaction et à un certain moment, les tirs se sont intensifiés et comme c’était des effets de foule, nous nous sommes organisés par groupes de deux pour rentrer. Quand nous sommes arrivés vers le Conseil, ils se sont cachés, ils nous ont laissé avancer et lorsqu’ils ont su que nous ne pouvions plus faire demi-tour, ils sont sortis avec des armes et des chicottes. Ils nous ont intimé l’ordre de nous coucher à terre, le visage contre le sol et sans autre forme de procès, ils ont commencé à nous mater. Ça été très difficile à vivre. Je pense que nous avons eu la vie sauve grâce à un autre élément qui était là et on avait au moins trois pièces qui indiquaient que nous étions journalistes. Nous sommes partis laisser des gens sur place là-bas » se souvient Somé K. Christian des éditions Sidwaya.

Des journalistes molestés, des organes de presses saccagés ou incendiés, le coup d’Etat du 16 septembre aura enregistré des victimes dans le monde de la presse. En signe de compassion, les députés du Conseil national de la transition (CNT) avaient offert la somme de 4 millions aux journalistes blessés et aux médias ayant subi des dégâts.

A la date anniversaire de ce triste événement, la commission chargée de la répartition du don, composée de deux journalistes et de deux patrons de presse victimes, a procédé à la remise officielle du don et ce, après avoir déterminé la procédure de répartition sous la coordination du CNP-NZ. « La date n’est pas innocente, nous avons choisi la date du 16 en mémoire de ce triste jour où a été perpétré le putsch » a indiqué Jean-Claude Méda, représentant le comité de pilotage du CNP-NZ au sein de la commission chargée de la répartition du don des députés du CNT.

En effet, après 7 mois de recensement, la clé de répartition suivante a été définie : « 30% du montant, soit la somme de 1 200 000 francs CFA a été affectée aux victimes physiques qui sont au nombre de 21, à partager en part égale, soit 57 000 Francs CFA par victime. Les 70% restants, soit 2 800 000 francs CFA sont affectés aux médias victimes au nombre de 11 » a indiqué Boukari Ouoba, Secrétaire général de l’Association des journalistes du Burkina (AJB), membre observateur de la gestion du don.

Ainsi, le don du CNT a été réparti en deux catégories : la première catégorie concerne les personnes physiques et la seconde, les médias qui ont enregistré des pertes en matériels. Et Boukari Ouoba, SG de l’AJB d’expliquer que la catégorie matériels a été subdivisée en sous-catégories. Il s’agit essentiellement des sous-catégories caméras, motos, appareils photos, la sous-catégorie téléphone-tablette-enregistreur et portail.
Des différentes prises en charge, la somme allouée aux blessés physiques est de 1 197 000 francs CFA et 2 800 000 francs CFA pour les dégâts matériels. Le solde après répartition est de 3 000 francs CFA.

Un geste symbolique
Y a-t-il eu des plaintes de la part des victimes ? Non ! répond Jean-Claude Méda. « Il s’agit d’un geste symbolique des députés du CNT à l’endroit des journalistes et des médias et non un dédommagement » a-t-il soutenu.
« Le geste est symbolique. Même s’il n’y avait pas eu de gain, on ne devrait pas faire de ça un problème, parce que la vie est beaucoup plus importante que le matériel que nous recherchons » a signifié Somé Christian des éditions Sidwaya.
Jean-Claude Méda a néanmoins indiqué que le comité a été interpellé sur un cas. « Nous avons seulement été interpellé après que nous ayons arrêté la clé de répartition et la liste, que nous avions été informé qu’un journaliste de la radio Liberté a été aussi victime. Nous avons aussitôt procédé à une vérification (…) il se trouvait qu’il ne figurait pas sur la liste ». A cet effet, le comité a demandé une contribution symbolique de 2 000 francs CFA à chaque journaliste, en signe de soutien à leur confrère.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net