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Koudraogo Ouédraogo à Christophe Dabiré : « La tragédie du roi Christophe »

Publié le vendredi 16 septembre 2016 à 10h00min

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Koudraogo Ouédraogo à Christophe Dabiré : « La tragédie du roi Christophe »

Un dicton moaga, pensé et énoncé en mooré et qui n’enlève rien à sa teneur dit (ma transcription), « lorsqu’on lui parle de sa sorcellerie, la sorcière vous raconte que la pluie se prépare ». En d’autres termes, C. Dabiré se dérobe aux questions accablantes qui lui sont posées. C’est peut-être la seule chose sur laquelle nous sommes d’accord : il n’y a pas de débat entre nous ; même pas une polémique ! C’est plutôt un soliloque (sinon deux), où j’argumente pendant que lui, professe sa foi avec ses glissements sémantiques et ses fuites, lesquels nous ont fait ainsi passer de l’intégrité, au patriotisme et maintenant à la dignité !

La dignité n’exclut pas de reconnaître ses limites, bien au contraire ! À se refuser de les reconnaître, on se retrouve embarrassé comme M. Duterte, qui a dû présenter publiquement des excuses à M. Obama, un embarras dont il se serait passé s’il avait usé d’un peu plus de raison et de moins de passion.

Ils sont pourtant nombreux les pays qui ont un différend quelconque avec les USA, mais aucun (sauf M. Duterte justement) n’interpelle Obama pour lui donner des noms d’oiseaux parce que justement, la dignité impose et implique une certaine réserve qu’il aurait fallu, dans notre cas, observer pour comprendre qu’en réalité, la conversation du 27 Septembre reste sans incidence aucune sur les évènements du 16 Septembre. C’est cette réserve, cette dignité qui aurait forcé l’admiration, le respect et même les excuses du président A. Ouattara, plutôt que sa consternation devant nos gesticulations infantiles.

Comment retourne-t-on une situation embarrassante pour le PAN ivoirien en un embarras pour le Burkina-Faso ? La question reste désespérément sans réponse ! Un cas qui fera école dans les cours de diplomatie et de droit internationale pendant longtemps ; et cela ne sera pas flatteur pour le Burkina, encore moins pour l’homme par qui cela est arrivé, Judas, pardon Zida (pour ajouter au Zida-lexique de C. Dabiré, nous devons parler de zidallergie, parce que je n’en ai ni la folie, ni la phobie encore moins la manie, mais plutôt une allergie, comme à la quinine).

Mais au juste, quelle dignité y-a-t-il dans la fuite ? Les hommes dignes s’assument dignement comme les Gals. Diendéré, et Bassolé qui sont en prison. Pour fuir son pays en temps de paix, il faut avoir des raisons de le faire. Sinon, pourquoi cette insistance à ne vouloir rendre justice qu’aux seules victimes du coup d’État du 16 Septembre 2015, alors même qu’entre 24 et 33 personnes sont tombées les 30 et 31 Octobre 2014. N’ont-elles pas droit à la justice ? Car, ni sous la transition, ni sous les RSS, justice ne leur a encore été rendue.

Une autre question qui se heurte à un mutisme complet

À propos de justice, l’on se demande comment les coups d’État sont départagés en bons et en mauvais ? Quelles sont les critères objectifs d’une telle classification ? C’est pourquoi nous sommes consternés quand on nous les brandit comme une preuve de patriotisme. En effet, les Dadis Camara, Amadou Sanogo, Salou Djibo et même un certain Blaise Compaoré, ont tous fait des coups d’État pour sauver leur pays d’une crise. Or, c’était eux-mêmes (sauf exception de Salou Dijibo qui ne s’en tire pas non plus sans critiques, surtout de corruption) la crise ; n’est-pas ? Blaise Compaoré n’a toujours pas été jugé encore moins condamné, pourtant le peuple n’a pas attendu la justice pour déclarer son régime affairiste et corrompu et y mettre fin sans aucune autre forme de procès lors de la révolution des 30 et 31 Octobre 2014. Pourquoi alors devrions-nous attendre la justice pour nous situer sur l’immense fortune que Zida a amassée pendant les 20 ans passés à protéger le régime de B. Compaoré ? Nous attendons toujours de savoir comment cette fortune est justifiée devant le fisc.

Une énième question qui glisse comme l’eau sur le dos d’un canard !

Des vraies réponses donc, nous en attendons encore, parce qu’en fait, ce n’est pas seulement de culture philosophique dont il faut se nourrir, mais aussi et surtout de raison et de logique, sinon, on se surprend à redéfinir les mots du dictionnaire et des lexiques, justement pour se donner une raison à défaut de raison : le (dictionnaire) Larousse a tort, T. Sankara et les lexicologues du mooré ont tort, Koudraogo a tort, le monde entier a tort ; toute « la tragédie du roi Christophe » (Aimé Césaire) qui se présente à nous, pompeusement vêtu de ses « habits neufs » (H.C. Andersen *), et dont la démesure (passionnel plutôt que rationnel quant à la grandeur de « soleil Zida ») se fonde sur un discours plus intuitif (même une profession de foi : « Zida est intègre, Zida est patriote, Zida est digne, Zida est grand, Zida, la victime du sacrifice, Zida notre sauveur ») que discursif.

Dans cette affaire, nous avons eu tort de penser que par une argumentation solide, logique, rigoureuse et impartiale nous serions arrivés à quelques autres conclusions. Mais nous nous rendons compte qu’à défaut de pouvoir s’attaquer au fond, c’est plutôt à la forme que l’on s’en prend puisque justement de « philosophie : il n’en absolument et malheureusement rien » (il n’en est). En réalité, ce n’est, ni plus, ni moins, d’un culte dont nous traitons : le temple du « soleil Zida » dont l’objet du culte est Y. I. Zida, leur « victime » sacrificielle qui pourtant refuse de s’offrir en sacrifice pour les sauver malgré leurs supplications.

En fait, les supplications, intersessions et demandes ont toujours été précédées de l’adoration, de la vénération et de la prière, comme dans l’expression toute consacrée, « nous vous prions de.. », et comme dans la chronologie des écrits de C. Dabiré sur le sujet. On ne peut pas « demander », implorer, supplier sans d’abord adorer, vénérer, parce qu’autrement, votre prière ne serait que celle d’un impie, d’un infidèle ! C’est pourquoi, ce n’est pas Kouadraogo Ouedraogo (l’impie et l’infidèle) qui « demande à Zida de revenir vite au pays », mais plutôt le grand prêtre du culte lui-même, C. Dabiré, et c’est pourquoi aussi, il est évident qu’il s’agit d’un culte, d’une secte.

En fait, l’homme de science que nous sommes, devant le fait « que le Général n’a toujours pas écouté » notre « appel », aurait eu la démarche suivante : d’abord, vérifier (et même par un pair) qu’aucune erreur ne s’est glissée dans notre méthode, et ensuite peut-être concéder que notre théorème (« il a plus à gagner qu’à perdre en revenant faire la lumière sur toutes ces accusations », « Zida est intègre », « Zida est patriote », « Zida est digne », « Zida est grand ») lui-même ne peut être démontré. Il n’y a aucun mal, puisque c’est par la preuve que nous recherchons la vérité. Or, dans le cas, nous n’observons point cette démarche chez C. Dabiré, et c’est pourquoi nous parlons de culte et de profession de foi.

En réalité, Zida (comme les RSS) appartient autant à la révolution qu’un cheveu à la soupe.
Ite, missa est.

Koudraogo Ouedraogo
Blog : http://burkinafache2015.wordpress.com
Membre, Faso 2020 : http://faso2020.org

(*) Les habits neufs de l’empereur.
(https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Habits_neufs_de_l%27empereur )
Il y a de longues années vivait un empereur qui aimait par-dessus tout être bien habillé. Il avait un habit pour chaque heure du jour.
Un beau jour, deux escrocs arrivèrent dans la grande ville de l’empereur. Ils prétendirent savoir tisser une étoffe que seules les personnes sottes et incapables dans leurs fonctions ne pouvaient pas voir et proposèrent au souverain de lui confectionner des vêtements. L’empereur pensa que ce serait un habit exceptionnel et qu’il pourrait ainsi repérer les personnes intelligentes de son royaume.
Les deux charlatans se mirent alors au travail.
Quelques jours plus tard, l’empereur, curieux, vint voir où en était le tissage de ce fameux tissu. Il ne vit rien car il n’y avait rien. Troublé, il décida de n’en parler à personne, car personne ne voulait d’un empereur sot.
Il envoya plusieurs ministres inspecter l’avancement des travaux. Ils ne virent pas plus que le souverain, mais n’osèrent pas non plus l’avouer, de peur de paraître imbécile.
Tout le royaume parlait de cette étoffe extraordinaire.
Le jour où les deux escrocs décidèrent que l’habit était achevé, ils aidèrent l’empereur à l’enfiler.
Ainsi « vêtu » et accompagné de ses ministres, le souverain se présenta à son peuple qui, lui aussi, prétendit voir et admirer ses vêtements.
Seul un petit garçon osa dire la vérité : « Mais il n’a pas d’habit du tout ! » (ou dans une traduction plus habituelle : « le roi est nu ! »). Et tout le monde lui donna raison. L’empereur comprit que son peuple avait raison, mais continua sa marche sans dire un mot.

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