Idrissa Nassa, PDG de Coris Bank : « On ne devrait pas se battre pour rechercher les honneurs de President de la chambre de commerce, mais plutôt apporter son honneur à l’institution »
Lors de la 6e TICAD tenue au Kenya en août 2016, le secteur privé africain a été impliqué de façon exceptionnelle pour la premières fois. Et parmi les orateurs qui ont parlé au nom de ce secteur, M. Idrissa Nassa, PDG de la holding Coris que l’on retrouve aujourd’hui aussi bien dans le secteur de la banque que dans celui des assurances et de l’hôtellerie. Il nous parle ici de cette expérience et de la gouvernance des affaires de façon générale et révèle qu’il ne sera pas candidat à la présidence de la Chambre de commerce.
Vous avez participé à la TICAD VI au Kenya ; dans quelles circonstances avez-vous pu participer à cette rencontre ?
J’ai été invité par la Présidence de la commission de l’Union Africaine en tant qu’investisseur représentant le secteur privé Africain au sommet de la TICAD à Nairobi au Kenya.
Vous avez parlé au nom du secteur privé africain ; Comment avez-vous vécu l’expérience ?
C’était une belle expérience de pouvoir m’adresser à l’ensemble des chefs d’Etats et de Gouvernement présents et aussi au Premier Ministre Japonais et sa délégation.
Qu’avez-vous dit aux Chefs d’Etat africains présents à cette rencontre ?
J’ai souligné le rôle et la contribution du secteur privé au développement de notre continent, la nécessité que les dirigeants aient plus de considération pour lui et lui accorder plus d’espace et d’avantages pour lui permettre de se développer. J’ai souhaité que nos chefs d’états s’inspirent du capitalisme Nipon qui est initié par un Etat visionnaire et stratège porté par un secteur privé soutenu et protégé pour en faire aujourd’hui le socle de l’économie mondiale. J’ai présenté le fait que le secteur privé soit prêt à jouer sa partition dans cette décennie très favorable à l’Afrique, pour peu qu’on lui fasse confiance et que les Etats offrent un environnement propice, débarrassé des guerres et autres calamités qui naissent des querelles politiques.
De quoi souffre aujourd’hui le privé Africain ?
Le secteur privé africain souffre surtout de la qualité de l’environnement des affaires dans nos différents pays, du manque de soutien réel des politiques, des difficultés d’accès aux financements, du manque d’infrastructures, du retard technologique, de l’étroitesse des marchés et de la qualité du capital humain.
Selon vous quelle peut être la contribution de la TICAD au développement de l’Afrique ?
La TICAD pourrait consacrer une partie de l’aide destinée aux pays Africains dans le soutien au secteur privé africain et encourager les hommes d’affaires japonais à sceller des alliances stratégiques avec leurs homologues africains pour développer la technologie, les services et la production industrielle.
Vous avez surtout soulevé la nécessité de développer le privé africain pour un réel essor du continent. Quel est aujourd’hui le niveau de contribution du privé dans la production en Afrique ?
Les statistiques révèlent que le secteur privé africain contribue pour environ 70 % de la production et des investissements et 90 % des emplois générés sur le continent.
En dépit de sa contribution à la production, le privé reste embryonnaire en Afrique ; qu’est-ce qui explique cela ?
Cette situation pourrait s’expliquer par plusieurs aspects parmi lesquels le faible niveau des infrastructures sur le continent, la mauvaise sinon le manque de structuration des projets, les problèmes d’expertise ou de niveau de formation des acteurs, les coûts des facteurs de production, les problèmes liés à l’intégration des espaces économiques, les choix stratégiques des gouvernements sur les questions économiques, le pouvoir d’achat des consommateurs.
L’autre mal est aussi l’instabilité du privé africain. Des entreprises sont créées mais disparaissent après quelques années de fonctionnement. Que proposez-vous concrètement pour remédier à cela ?
Il est important que des structures d’encadrement se mettent en place dans tous les pays et soient outillées pour accompagner et guider les promoteurs pour une bonne orientation de leur projets. On ne se lance pas dans la création d’une entreprise parce qu’on a échoué ailleurs ou parce qu’on a vu quelqu’un réussir, il faut plutôt avoir une fibre entreprenariale, se former et s’informer sur le secteur d’activité à promouvoir et avoir une vision de développement de son affaire sur le long terme.
Certains milieux d’affaires voient en vous le futur Président de la chambre de commerce du Burkina, qu’en est-il exactement ?
Je ne me porterai pas candidat pour la Présidence de la chambre de commerce, et cela est un choix personnel dont je souhaite qu’il soit instructif pour la corporation des affaires. On ne devrait pas se battre pour rechercher les honneurs de President de la chambre, mais plutôt apporter son honneur à l’institution. L’honorabilité et la sociabilité s’acquièrent au quotidien dans la qualité de gestion de nos entreprises et de notre considération des autres. Je remercie tous ceux qui ne cessent de me manifester individuellement ou collectivement leur souhait de me voir à la présidence de la chambre. Cette marque de confiance et de considération renforcent mon engagement pour l’émergence d’un secteur privé fort, solidaire et dynamique contribuant avec efficacité à la construction d’une nation forte.
Réalisé par Jacques Théodore BALIMA
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 15 septembre 2016 à 03:19, par Le Vigilant ! En réponse à : Idrissa Nassa, PDG de Coris Bank : « On ne devrait pas se battre pour rechercher les honneurs de President de la chambre de commerce, mais plutôt apporter son honneur à l’institution »
Heumm Nassa , tu veux pas être President ?? Alors pourquoi tout ça alors ? Tu veux faire comme feu le GENERAL Guei ?? Qu’on vienne te chercher à Coris pour le pouvoir ?
2. Le 15 septembre 2016 à 07:47, par issa En réponse à : Idrissa Nassa, PDG de Coris Bank : « On ne devrait pas se battre pour rechercher les honneurs de President de la chambre de commerce, mais plutôt apporter son honneur à l’institution »
Voilà qui est au moins clair : on doit apporter son honneur à l’Institution et non recherché les honneurs de l’Institution
Bravo Mr Nassa
3. Le 15 septembre 2016 à 08:43, par DV En réponse à : Idrissa Nassa, PDG de Coris Bank : « On ne devrait pas se battre pour rechercher les honneurs de President de la chambre de commerce, mais plutôt apporter son honneur à l’institution »
J’ai du respect pour quelqu’un qui arrive à dire non à une offre de pouvoir quand il se rend compte qu’il n’est pas encore temps. Dans ts les cas ce n’est qu’une question de temps.
4. Le 15 septembre 2016 à 09:14, par Sawm En réponse à : Idrissa Nassa, PDG de Coris Bank : « On ne devrait pas se battre pour rechercher les honneurs de President de la chambre de commerce, mais plutôt apporter son honneur à l’institution »
J’ai été vraiment subjugué par l’ensemble des réactions de Mr NASSA, je comprends pourquoi il réussit dans ses affaires. J’ai vraiment aimé ses propositions pour le développement du secteur privé moteur du développement économique.
Beaucoup de persévérance et surtout, travaille à tirer dans ton sillage d’autres entrepreneurs à avoir une vision claire des affaires. Car une autre réalité criarde de nos hommes d’affaires est de n’avoir aucune vision réelle entrepreneuriale, qui ne cherchent pas à être meilleure, à quitter la gestion familiale. Bon vent à toi !!!
5. Le 15 septembre 2016 à 11:05, par verité En réponse à : Idrissa Nassa, PDG de Coris Bank : « On ne devrait pas se battre pour rechercher les honneurs de President de la chambre de commerce, mais plutôt apporter son honneur à l’institution »
j’admire ces paroles de nassa. j’espere reellement qu’il pense reellement ce qu’il dit. " « On ne
devrait pas se battre pour rechercher les honneurs de President de la chambre de commerce, mais plutôt apporter son honneur à l’institution » c’est tellement vrai. il faut que les lopez, tintin et autres plaisantin s’en inspire. la chambre de commerce a besoin d’un president honorable qui rassemble et non qui divise. certains s’excitent et font du tapage alors quu’ils ne represente rien, leur entreprises n’existent que de nom. au lieu d’aller vers leur electorat les entreprises , ils preferent s’appuyer sur des OSC et des jeunes du secteur informel.
6. Le 15 septembre 2016 à 11:16, par OUEDRAOGO En réponse à : Idrissa Nassa, PDG de Coris Bank : « On ne devrait pas se battre pour rechercher les honneurs de President de la chambre de commerce, mais plutôt apporter son honneur à l’institution »
MERCI Mr NASSA ! VOUS FAITES LA FIERTE DU BURKINA TANT AU PAYS QU’AU DELA DE NOS FRONTIERES, VOS PROPOSITIONS SONT CONCRETES ET NOUS OSONS CROIRE QU’ELLES SERONT PRISES EN COMPTE. CORIS BANQUE, LA BANQUE AUTREMENT !
7. Le 15 septembre 2016 à 11:22, par SENEQUE En réponse à : Idrissa Nassa, PDG de Coris Bank : « On ne devrait pas se battre pour rechercher les honneurs de President de la chambre de commerce, mais plutôt apporter son honneur à l’institution »
Chapeau, M. Nassa !
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre interview. Vos réponses sont claires, profondes et surtout très instructives...
Le Burkina Faso a besoin de chefs d’entreprises et de leaders comme vous, et je vous encourage à renouveler ce genre d’exercices (interviews, conférences, séminaires, etc.) afin de contribuer à (mieux) former/éclairer les jeunes burkinabè qui en ont besoin par ces temps farouches...
Enfin, je vous souhaite bon vent et beaucoup de réussite dans vos entreprises.
8. Le 15 septembre 2016 à 11:52, par ROUAMBA En réponse à : Idrissa Nassa, PDG de Coris Bank : « On ne devrait pas se battre pour rechercher les honneurs de President de la chambre de commerce, mais plutôt apporter son honneur à l’institution »
courage Monsieur NASSA.C’est du propre comme réactions et esprit d’homme d’affaires ambitieux ,prudent et visionnaire.Vous irez loin...
9. Le 15 septembre 2016 à 12:25, par gangoblot En réponse à : Idrissa Nassa, PDG de Coris Bank : « On ne devrait pas se battre pour rechercher les honneurs de President de la chambre de commerce, mais plutôt apporter son honneur à l’institution »
un des maux du secteur privé en Afrique est la concurrence déloyale. Vous avez par exemple des entreprises assujetties et d’autres non alors qu’elles sont dans le même domaine d’activités. vous avez des gens du secteur informel qui concurrencent ceux du formel à cause de la corruption et des appuis des mogos puissants. Le secteur privé dans ces conditions ne peut pas développer. les honnêtes sont obligés de disparaitre au profit des malhonnêtes qui enrichissent les décideurs. Aucun texte n’est murement conçu pour le bonheur du peuple. Tout est fait pour enrichir des groupes d’individus
10. Le 15 septembre 2016 à 17:49, par Elève de maternelle En réponse à : Idrissa Nassa, PDG de Coris Bank : « On ne devrait pas se battre pour rechercher les honneurs de President de la chambre de commerce, mais plutôt apporter son honneur à l’institution »
Bravo Monsieur NASSA pour votre sens de la retenu qui contraste avec la gloutonnerie que la plupart des opérateurs économiques nous ont fait à voir à u Faso. Pour ma culture NASSA c’est Bissa ou Gourounsi ou Mossi ou SAMO...?
11. Le 17 septembre 2016 à 10:22, par kabore En réponse à : Idrissa Nassa, PDG de Coris Bank : « On ne devrait pas se battre pour rechercher les honneurs de President de la chambre de commerce, mais plutôt apporter son honneur à l’institution »
Monsieur NASSA PDG DE CORIS a toujours été humble qu’il soit aimé ou pas il reste toujours humble, franc, et honnête.