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Médiocratie : L’humanisme est-il un luxe au pays des hommes dignes et pauvres ?

Publié le mercredi 14 septembre 2016 à 05h00min

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Médiocratie : L’humanisme est-il un luxe au pays des hommes dignes et pauvres ?

"L’intelligence de la plus grande partie des hommes est nécessairement façonnée par leurs emplois ordinaires", disait Adam Smith, le père de l’économie politique. Et les pays industrialisés qui se sont engouffrés dans le libéralisme ont multiplié à l’envie les emplois ordinaires répétitifs pour limiter le développement de l’intelligence des ouvriers et des fonctionnaires. Méfions-nous du libéralisme économique, nulle part en ce monde il n’a mis le développement humain au centre de ses préoccupations !

Le linguiste américain Noam Chomsky, dans un essai intitulé "Qu’est-ce que le bien commun", cite cette phrase d’Adam Smith sur le rapport intime qui lie l’intelligence aux gestes ordinaires, pour en déduire que "L’homme qui passe toute sa vie à accomplir un petit nombre d’opérations simples, dont les effets sont peut-être toujours les mêmes ou presque, n’a point d’occasion d’employer son intelligence […] et devient généralement aussi bête et ignorant qu’une créature humaine peut le devenir." Néanmoins il parle, bavarde, jacasse, pérore, salue et fait des courbettes.

La médiocratie a besoin d’ignorants

Et plus il est bête et ignorant, plus "l’homme" sera obéissant, davantage il sera soumis à ses conditions d’esclavage (travail / salaire sans autre horizon) ont longtemps cru les "puissants", mais cette donnée-là est erronée, ce système de pensée est obsolète, et les politiques ultra-libérales fondées sur le manque d’intelligence de la majorité "silencieuse", tout juste bonne à emplir les urnes le moment venu, doivent faire face à des résistances inattendues, car outre les récalcitrants, les mécontents aux yeux dessillés et les altermondialistes (car il y en a au Faso, nombreux sont ceux qui veulent d’un autre monde !), d’autres systèmes basés sur la soumission sont entrés dans la ronde et veulent faire tourner le manège à leur avantage, ainsi les régimes libéraux vont-ils dans le mur s’ils persistent dans leur mécompréhension des "nouvelles donnes", individuelles et collectives.

Les ignorants veulent-ils d’une médiocratie, ou d’un humanisme ?

Noam Chomsky poursuit ainsi : "Mais dans toute société améliorée et policée, c’est là l’état dans lequel tomberont nécessairement les pauvres, les laborieux, c’est-à-dire la grande masse du peuple, à moins que le gouvernement ne s’efforce de le prévenir."
Il enchaîne :"L’attachement au bien commun devrait nous inciter à trouver les moyens de venir à bout des conséquences funestes de politiques désastreuses qui touchent tant le système d’éducation que les conditions de travail, afin d’offrir à l’être humain des occasions d’employer son intelligence et de se développer dans sa diversité."

Développer les capacités et potentiels des individus, par l’école, l’éducation et la diversification des activités et l’apprentissage de métiers pour qu’adultes, ils soient en mesure de subvenir à leurs propres besoins et à ceux de leur famille dans la mesure du possible, mais aussi qu’ils aient le désir de s’instruire, et de se cultiver, et de lire, d’écrire, de participer à l’élaboration de journaux de quartier, de développer des activités associatives, mais aussi autant que possible de défendre la personne humaine dans ses droits, et de la reconnaître dans ses droits parce qu’ils supposeraient qu’elle peut évoluer moralement, c’est cela l’humanisme. Mettre l’humain au centre de tout, c’est encore cela l’humanisme. Alors, "quelles formes d’organisation sociale sont-elles propices à la reconnaissance des droits, au bien-être et à la satisfaction des aspirations légitimes des gens ?"

Il suffit d’observer le village planétaire pour comprendre que le libéralisme économique, le capitalisme, l’impérialisme, tout comme le colonialisme et le néocolonialisme, mais aussi les monarchies, sont des systèmes d’organisation sociale d’exploitation, où une minorité exploite la majorité, non au profit des exploités, mais des exploiteurs. Ainsi, et pour retrouver une dernière fois Noam Chomsky, "Les institutions qui entravent le développement humain sont illégitimes si elles se montrent incapables de justifier de leur existence d’une manière ou d’une autre."

La médiocre-social-démocratie

Chez nous, depuis la rectification qui a suivi la révolution de 1983, le CDP a prétendu durant un quart de siècle, et maintenant le MPP prétend, faire de la "social-démocratie", mais c’était et c’est toujours un mensonge grossier, un masque prétendument humaniste néanmoins trompeur qui cache une politique qui a été, est et sera toujours libérale, pour ne pas dire ultralibérale, malgré le saupoudrage (maquillage) social entrepris ces derniers temps pour satisfaire aux promesses électorales.

Qu’il soit clair que tant que nous serons gouvernés par des financiers et des comptables, nous ne "méritons" pas autre chose qu’une médiocratie ! Pendant ce temps la Coris Bank va être cotée en bourse, de nouvelles banques vont voir le jour, et les financiers vont se frotter les mains. Soyons assurés que sur ce point, le Burkina Faso va connaître un essor sans précédent, mais la grande majorité des Burkinabè ne récupérera que des miettes de cette réussite-là !

Déroute du système scolaire et éducatif

La déroute du système scolaire, garante de la réussite d’un système de non-développement, nous en avons parlé récemment dans un article intitulé "Réformes du système éducatif", et il y a peu, sinon rien, à attendre du pouvoir actuel pour y remédier. Le problème du développement du potentiel humain et de son intelligence, c’est dans l’environnement familial et à l’école qu’il doit se résoudre, mais cela suppose une volonté politique et un virage radical, une véritable et indispensable révolution qui n’arrivera pas d’ici 2020 du fait du pouvoir en place.

Et comment une révolution serait-elle possible dans un pays où l’intelligence de la grande majorité des citoyens de demain est brimée, et où les intellectuels sont, pour la plupart, dans une logique contre-révolutionnaire ? Il suffit de voir comment la révolution d’octobre a été réduite par eux, nos grands intellectuels, à une simple insurrection. Christophe Dabiré, dans sa Chronique "Où sont passés les insurgés (4)" se demande d’ailleurs "si une certaine élite intellectuelle burkinabè, pour ne pas dire toute l’élite burkinabè, même insurgée, n’est pas réfractaire au changement et si, donc, elle ne s’active pas plutôt pour que tout reste comme avant".

Les corrompus de naissance

Il y a aussi dans ce pays, depuis qu’une fracture sociale (peut-être fort malheureusement irréductible) s’est opérée (peu à peu, au fil des années Compaoré qui ont affecté une génération entière), des enfants qui sont nés et continuent de naître dans un environnement familial définitivement corrompu, moralement délétère bien que réfugié derrière le masque d’une morale de bienséance, bien souvent religieuse, celle des bien assis qu’ils sont devenus. Ces enfants sont venus et viennent au monde, deviennent adultes sans avoir une seule fois dans leur vie l’occasion de prendre conscience que la pauvreté et la misère intellectuelle existe autour d’eux, non seulement parce qu’on les en a tenus éloignés, mais parce que leur esprit, gâté par une aisance matérielle (je pense à des familles d’enseignants du secondaire, où on roule en Mercédès, ou chaque enfant à une moto et, à peine obtenu le BEPC déjà un premier ordinateur personnel), y est définitivement fermé. Ces enfants-là sont pourris, corrompus par une culture de classe moyenne et petite bourgeoise qui n’enfantera jamais aucune révolution, ni personnelle, ni collective, et avant cela prédispose à un incivisme congénital qui avance masqué.

Qui veut la révolution ?

"Le bas peuple, lui, ne veut que la révolution, c’est-à-dire un changement radical des conditions et des pratiques", dit Christophe Dabiré dans le quatrième zoom de sa Chronique des insurgés.
Le "bas peuple", autrement dit la base de la pyramide dans un système de pensée vertical, pyramidal, un système de pensée qui ne peut jamais "déboucher" sur une révolution, car ce n’est jamais le sommet de la pyramide (le pouvoir actuel) qui déclenchera une révolution.
Une révolution remet tout à plat, elle détruit les pyramides et les divinités (l’argent, le pouvoir) qu’elles abritent, pour accoucher d’un système autant que possible égalitaire !

La solution préconisée par notre philosophe est de "tirer matériellement et intellectuellement le peuple d’en bas vers le haut et le mieux". Et nous disons Oui ! Oui ! Et oui ! Mais non... car pour cela il faudrait une très ferme (et simple) volonté politique, mais aussi supposer que l’édifice en place n’est pas une pyramide (or il l’est !), car si cette volonté politique venait d’en haut, il est "physiquement" impossible de "réduire" une pyramide en la compressant, d’en tirer la base vers le sommet, alors cette volonté politique ne peut venir que de la base de la pyramide qui la secoue, l’ébranle, la met à terre et reconstruit, non pas une pyramide sinon tout redevient comme avant, mais des plateaux superposés qui deviennent, au fur et à mesure de l’élaboration de chaque nouveau plateau, le lieu d’existence de tous, sans laisser qui que ce soit sur les plateaux ou étages "inférieurs".

Coulibaly Junwel
(coulibalyjunwel@gmail.com)

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Vos commentaires

  • Le 13 septembre 2016 à 16:21 En réponse à : Médiocratie : L’humanisme est-il un luxe au pays des hommes dignes et pauvres ?

    la haute volta a fait un soulèvement populaire en 1966, personne ne nous a suivi, on est rentré dans le moule, le Burkina à fait sa révolution en 1983, personne encore ne nous a suivi, on a fini encore par rentrée dans le moule. nous avons fait l’insurrection en 2014 jusqu’à la personne ne semble suivre notre exemple. Pourquoi cela ? bonne question. je n’ai pas la réponse mais je sais que ce soit 1966, 1983 ,2016 tout c’est fait sur du faux, les élites bureaucratique imposent leur vue et crient que c’est le peuple et après on instaure une pensée unique ou la critique n’a plus droit de cité, les vainqueurs réécrivent l’histoire qui ne commence que par leurs actes, les autres n’ont rien et il n’y a rien à tirer. Pourquoi, malgré nos trois changements radicaux, rien n’a changé au FASO ? tant qu’il y aura pas réponse à cette question, vous pouvez continuer à faire des révolution, des soulèvements populaires, des insurrections au finish vous reviendrez trouver ceux qui n’ont rien tenté à leurs place et vous rentrerez dans le moule.
    Continuer à faire de la démocratie sans éducation, des citoyens sans devoirs mais avec des droits, des médias sans responsabilité, une justice qui se résume à trois ou quatre dossiers emblématique comme si durant toutes ces années à part le dossier Norbert Zongo, Thomas Sankara, et autres, aucun autre justiciables n’a eu gain de cause en justice. Continuer à peindre tout en noir. Continuer, la révolution, la révolution, la révolution en fait qu’est ce c’est ? Dite moi en tant que Africain quelle révolution a été l’oeuvre de vos ancêtres. Marxisme, Libéralisme, Capitalisme, Droits de l’homme, Démocratie traduit ça dans ta langue maternelle et tu verra que cela ne signifie absolument rien du tout. En somme, soit vous avez autres chose à nous proposez, soit vous rentrez dans le moule et le monde continue

  • Le 13 septembre 2016 à 17:20 En réponse à : Médiocratie : L’humanisme est-il un luxe au pays des hommes dignes et pauvres ?

    Ce sont des petites secousses au bas de la pyramide qui engendre des séismes au sommet de la pyramide. wait and see

  • Le 13 septembre 2016 à 18:02, par Alexio En réponse à : Médiocratie : L’humanisme est-il un luxe au pays des hommes dignes et pauvres ?

    Merci pour cette reflection qui met en relief la fuiyardise politique de nos politicards depuis {{}}laise a nos jours. lls dirigent notre societe en brulant les etapes. Les priorites sont claires comme l eau courante provenant de la roche. La petite bourgeoisie le cancer de notre des societes africaines, ou l elitisme eriger en systeme de societe singer en France par nos intellectuels apres leurs etudes par le biais de la poltique de l Elysee et son emprise sur nos pays historiquement lies, ont saboter et aliener le citoyen en introduisant des modeles de societe inadaptable sur le terrain sociale, economique et culturelle. Ces theories modales de developpement ont ete mis en fonction, sans test convainquant, vouees a l ehec ne produise des richesses qu aux bailleurs de fonds. Nos requins financiers installes dans les bourses de Valeurs internationales nous manipulent par la baisse a la hausse notre avenir. La sosiale democratie est tonneau vide comme le ventre de pas mal de Burkinabe. C est la derniere esperance de sa priorite. L Africanisme vaut mieux et a un sens, puisque il nous concerne.

  • Le 13 septembre 2016 à 18:17, par CHERIF SY En réponse à : Médiocratie : L’humanisme est-il un luxe au pays des hommes dignes et pauvres ?

    Merci beaucoup à Lefaso.net pour cette image que je traque depuis un certain. En ce qui concerne la contribution de M.Coulibaly dans le volet éducation, moi je dirai que ça s’est tout simplement dégradé parce que nos dirigeants n’en ont point besoin. Et c’est une chose qui est planétaire, il n’y a même pas selon moi un pays dans ce monde qui veut d’un bon système scolaire. Sinon que ce n’est pas une démission mais un choix. Oui pour le b.a.ba mais non pour les connaissances approfondies qui si elles sont mises à la portée de tous vont créer des citoyens ingouvernables. Le troupeau doit rester dans les ténèbres pour être facilement diriger et vous allez bientôt voir les résultats de leur mascarade. Ce n’est pas plus que ça.

  • Le 13 septembre 2016 à 18:35, par SOME Désiré En réponse à : Médiocratie : L’humanisme est-il un luxe au pays des hommes dignes et pauvres ?

    Mon cher ; penser aussi comme tu le fais : c’est bel et bien du libéralisme. Dieu a créé l’homme libre. Je ne réfléchi pas avec la tête de quelqu’un. Mes envies sont bien miennes mes moyens pour les assouvir doivent commencer par moi à partir d’un âge responsable. Je dois rêver et m’enrichir à la sueur de mon front et partant, aider ceux qui n’en ont pas et qui sont indigents, selon ma culture (traditionnelle, religieuse etc). Les autres, j’ai d’eux qu’ils doivent aussi manger à la sueur de leurs fronts (front opposé à la nuque et front signifiant champ, projet, bataille pour gagner la vie). Chaque éducateur (père ou mère) le sait ou doit le savoir. Ca doit être notre pari au quotidien. De l’impérialisme, je m’en balance pourvu que j’ai des choix qui me soient conformes manger du Tôkôrazier (sauce de feuille de baobab) ou du caviar. On a pas besoin d’être dominant ou dominé pour y parvenir. Cessons le puéril des années de décolonisation et entrons de façon réaliste dans notre monde. Ni le Paradis ni l’Enfer ne sont soumis au communisme.

  • Le 13 septembre 2016 à 18:37, par Lustre En réponse à : Médiocratie : L’humanisme est-il un luxe au pays des hommes dignes et pauvres ?

    Merci à Monsieur Coulibaly, d’avoir partager ses réflexions et convictions. Vos deux premiers paragraphes sont très bien. Mais la transposition de ces pensées au cas du Burkina me semble pas très bien structurer.
    Mais vos deux premiers paragraphes sont assez riches pour aider tout ceux qui mènent des réflexions sur l’Homme et le pourquoi de l’Homme.

  • Le 13 septembre 2016 à 19:25, par RAWA En réponse à : Médiocratie : L’humanisme est-il un luxe au pays des hommes dignes et pauvres ?

    L’internaute 1 a tout dit.

  • Le 13 septembre 2016 à 20:42, par Zanganonyme En réponse à : Médiocratie : L’humanisme est-il un luxe au pays des hommes dignes et pauvres ?

    .
    Monsieur Désiré SOME, merci de ne pas confondre pensée libérale et pensée libertaire, ce n’est pas du tout la même chose, même si elles se réclament toutes deux d’une prétendue "liberté"

  • Le 14 septembre 2016 à 09:17, par Danton En réponse à : Bien dit !

    Mon cher Junwel Coulibaly, je partage à 90% votre point de vue. Sans doute en raison d’une certaine affinité idéologique. Cependant j’aurais aimé que vous fassiez clairement ressortir que la paternité du néologisme "médiocratie" revient à feu le célèbre dramaturge militant congolais Sony Lab’ou Tansi qui l’utilisa pour la première fois dans sa fameuse pièce « l’Etat honteux ».... Danton.

  • Le 14 septembre 2016 à 11:56 En réponse à : Médiocratie : L’humanisme est-il un luxe au pays des hommes dignes et pauvres ?

    Merci monsieur,je pense qu’il faut travailler à developper notre pays.quand la majorité des gens se posent la question :"comment faire pour assurer la ration journalière",en ce moment on ne peut pas parler de developpement.

  • Le 14 septembre 2016 à 12:08, par CDKD En réponse à : Médiocratie : L’humanisme est-il un luxe au pays des hommes dignes et pauvres ?

    Bonjour Coulibaly Junwel,

    On retrouvait déjà la moitié de votre article dans votre commentaire du zoom de C Dabiré "Où sont les insurgés... ?(4) dont vous faites mention. Mais vous avez ici modifié votre commentaire de forum pour le nuancer. Mais le fond (la tige) reste le même : vous ne croyez pas que la révolution puisse venir d’en haut, dans un système pyramidal et vertical de bas (peuple) et de haut (élite intellectuelle). J’aimerais à mon tour nuancer votre scepticisme, sur 2 point :
    1/ Tirer intellectuellement et matériellement le bas ou petit peuple (tout cela est éloquent : c’est la plus grande partie du peuple ou population que l’on qualifie de "petit peuple", et pas le petit nombre des privilégiés ! Et de "bas peuple" pour inverser ainsi la hiérarchie morale, car on aurait plutôt tendance à penser qu’en termes de morale et...d’intégrité le "bas peuple" est moins bas que l’élite, les corruptions venant toujours d’en haut, lequel est plus bas que haut !!..), tirer donc le peuple vers le haut et le mieux, c’est ce que Sankara essayait de faire (et c’est ce que Dabiré rappelait dans son zoom : abolir la différence de classe, ce n’est ni plus ni moins que supprimer le haut et le bas ! Et cela s’appelle aussi révolution !...

    2/ Vous semblez ignorer qu’il existe chez les révolutionnaires eux-mêmes des partisans et théoriciens d’une révolution qui ne peut venir d’en bas et par le bas mais par le haut, c’est-à-dire pensée et guidée par l’élite intellectuelle. La révolution s’accommode alors d’une différence pensée /action qui ne sépare pas mais unit peuple (action) et élite (pensée) dans une complémentarité bénéfique. Autrement dit, le peuple seul est comme "aveugle", et l’élite intellectuelle sans le peuple sombre dans l’utopie ou l’idéalisme et devient ces "belles âmes", dont parlait Hegel, qui ont de belles idées et théories sans vouloir les mettre en pratique sur le terrain, ce que Dabiré C exprimait récemment aussi au sujet de la corruption en ces termes ou presque : clamer que la corruption est mauvaise et s’en faire applaudir du peuple crédule, mais, dans le dos de ce même peuple, jurer de ne jamais toucher au "squelette" pour l’abolir, puisque c’est lui qui produit et nourrit la corruption... CDKD

  • Le 14 septembre 2016 à 17:50, par Toutdemême En réponse à : Médiocratie : L’humanisme est-il un luxe au pays des hommes dignes et pauvres ?

    Que du choc des idées jaillissent des lumières ! Si vous tenez la corruption ou l’intégrité pour génétiques (Zanganonyme), vous déclarez, ce faisant, la nullité de l’éducation. Nous aurions été dans le catéchisme de l’Eglise catholique qu’on comprendrait qu’il s’agit là d’opposer une nature « pourrie » (le péché originel) à une qui serait pure (conçue sans péché). En rangeant la raison, on peut admettre cela. Mais nous sommes dans la vie civile (encore que des religieux ont pu contribuer à des révolutions) et votre paragraphe montre bien que c’est le milieu corrompu qui corrompt l’enfant qui y grandit. A vous suivre, l’humanisme est une conquête, donc fruit d’une école, comme l’intégrité, comme la corruption. Cette conquête n’est pas au-dessus des moyens des Burkinabè. Vous avez donc raison de déplorer et de condamner la destruction machiavélique de notre système scolaire ces trois dernières décennies. Ce serait à l’honneur de ceux qui nous gouvernent si, pour une fois, ils cessaient de parier sur l’ignorance du peuple, cette ignorance justement qui l’attache à l’exécution robotique de gestes embryonnaires, laissant le privilège de la réflexion et du changement à… une prétendue élite. Il se trouve que cette élite, en bonne parvenue ou élue de la providence, s’étant émancipée du lot de la masse, n’entend pas y retomber, habituée qu’elle est maintenant aux délices du pouvoir et de l’avoir. Or, c’est bien la locomotive qui entraîne les wagons et non le contraire. D’où le drame des révolutions inachevées, puisqu’au sommet de la pyramide on ne trouve pas forcément son compte dans leur achèvement. Nous avons manqué de vigilance pour donner une suite heureuse à l’insurrection de fin octobre 2014. « Notre insurrection nous a été volée ! », entend-on souvent dire avec amertume. C’est pour cela que Kwesi disait (je crois) en substance que s’être insurgé et attendre ensuite le changement n’amènera pas forcément le changement. Pour se donner bonne mine, ceux qui sont aux affaires, depuis trente ans, prétendent porter la casquette de la social-démocratie. Ont-ils seulement lu ce qu’il en est dit et écrit depuis la Prusse ? Et quelle est cette social-démocratie de mendicité et d’endettement ? Mais peuvent-ils imposer au peuple des sacrifices qu’eux-mêmes n’ont jamais donné à voir et manifestement ne peuvent montrer ? Qui donc veut la révolution, pour reprendre l’interrogation de Junwell ? Et quelle révolution ? Probablement celle qui met en marche le changement voulu par la masse. Et c’est là précisément que je saurais, pour ma part, trancher entre la dynamique du bas vers le haut et celle du haut vers le bas (excusez mes limites). Mon utopie serait que bas et haut soient en symbiose et cela se fera.

  • Le 14 septembre 2016 à 19:21, par Junwel En réponse à : Médiocratie : L’humanisme est-il un luxe au pays des hommes dignes et pauvres ?

    .
    Internaute Danton. Merci pour votre référence africaine et récente, mais la paternité du néologisme "médiocratie" revient à Balzac en 1844, page 169 de son livre "Paysans" : "pouvoir qui s’inrepose, génie des obstacles".
    Puis Goncourt le définit en 1869 : "pouvoir politique aux mains de gens médiocres"

  • Le 15 septembre 2016 à 09:42, par Zanganonyme En réponse à : Médiocratie : L’humanisme est-il un luxe au pays des hommes dignes et pauvres ?

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    Internaute Tout de même ; je ne tiens pas la corruption ou l’intégrité pour génétique ! Ou êtes-vous allé cherché ça ? D’évidence vous ignorez les découvertes en biologie du siècle dernier, qui ont établi que le système nerveux met trois ans à partir de la conception avant d’être opérationnel, ce qui signifie ; tout de même, que le système nerveux continue à s’élaborer après la naissance, et ce durant une période de deux ans et trois mois (en théorie), au terme de laquelle, quand le système nerveux est opérationnel, l’enfant est capable d’utiliser le langage ! Cette découverte est fondamentale pour repenser les notions d’acquis et d’inné. La véritable naissance d’un homme, c’est quand il entre dans les monde des humains par le langage. Avant, c’est un "infans", un enfant, celui qui ne parle pas.

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