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« Au Burkina, de la Transition à ce jour, on a tout vu », déclare le coordonnateur national du CED, Pascal Zaïda

Publié le samedi 3 septembre 2016 à 01h21min

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 « Au Burkina, de la Transition à ce jour, on a tout vu », déclare le coordonnateur national du CED, Pascal Zaïda

Le Cadre d’expression démocratique (CED) a tenu ce jeudi, 2 septembre 2016 à Ouagadougou, une conférence sur la situation nationale. « Situation économique » et « réconciliation politique et sociale » sont les points passés au scanner par Pascal Zaïda et ses camarades.

Sur le premier point, relatif à la situation économique, le CED observe que tous les Burkinabè sont interpellés à plusieurs titres au regard des indicateurs dont la multiplication des manifestations des partenaires sociaux (syndicats et autres acteurs sociaux) et la défiance à l’autorité de l’Etat. Les responsables de la faîtière disent noter également une « remise en cause des accords qui lient le Burkina aux partenaires techniques et financiers, notamment la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ». Ce qui risque, de leur avis, compromettre, « si ce n’est pas déjà consommé », les conclusions de la table-ronde des bailleurs de Fonds pour le financement du PNDES (Plan National de Développement Economique et Social, référentiel de développement).

« Nous devons travailler à sauvegarder la paix et l’unité nationale, gage pour aller véritablement vers le développement. C’est pourquoi, en cette période post-insurrectionnelle doublée d’un retour à l’Etat de droit, s’il est vrai que les défis majeurs pour notre peuple s’expriment en termes de justice, d’emploi, de bonne gouvernance, de restauration de l’autorité de l’Etat, de sécurité, de relance économique, il n’en demeure pas moins qu’on ne saurait occulter la nécessité de cultiver la vraie réconciliation et l’unité nationale », lit-on de la déclaration.

Le CED prône la vérité sur les dossiers de crimes économiques ou de sang et dénonce une « violation constante » des droits de l’homme par le Burkina depuis la Transition. Pascal Zaïda et ses camarades retiennent dans ce registre, « l’exclusion », « le fait que des détenus politiques sont restés six mois sans être entendus par un ont été suivies dans juge », « l’immixtion du politique dans les dossiers liés au putsch », « les procédures judiciaires qui le cas des dossiers politiques ne sont pas conformes au droit (refus d’assistance par un avocat étranger) ».

Pour le coordinateur national du CED, Pascal Zaïda, « nulle part au monde, à l’exception des Etats communistes, on parle de prisonnier politique dans un Etat de droit. Quand vous êtes en démocratie, il y a d’abord le respect de vos propres lois et des textes supranationaux que vous avez ratifiés comme Conventions. Mais au Burkina, de la Transition à ce jour, on a tout vu ». Il précise au passage que la démarche du CED n’est ni pour fustiger ni pour faire plaisir à un clan. « Nous sommes-là pour la promotion des valeurs humaines. Dans un pays où ces valeurs ne sont pas respectées, aucun investisseur ne va y venir », affirme-t-il.

De la déclaration de Salifou Diallo au sujet de la Banque mondiale et du FMI

Réagissant à une question relative à l’opinion du Président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo, qui galvanisait l’exécutif à apprendre à dire non à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI), M. Zaïda affirme : ‘’sur ces menaces, je peux vous donner cette information, et vous pouvez également aller vérifier. La nervosité du Président de l’Assemblée nationale vis-à-vis de ces deux institutions vient du fait qu’il était déjà au courant de la position de ces institutions internationales. La Banque mondiale et le FMI ont posé des conditions par rapport à un appui au Burkina Faso. Et si nos autorités ont le courage, elles n’ont qu’à dire la vérité aux Burkinabè. Pourquoi ces deux institutions refusent d’accompagner le Burkina ? Certaines institutions ont même tenté de remettre en cause le PNDES…’’. A en croire Pascal Zaïda donc, cette réaction du président par intérim du parti au pouvoir (MPP) tient au refus de ces institutions d’accompagner le Burkina. « Il faut avoir le courage de le dire », persiste-t-il.

Dossiers de justice et réconciliation nationale

Le CED appelle les Burkinabè à se parler. ‘’ L’un des piliers de ce pouvoir, ce devrait être la réconciliation nationale politique et sociale. Politique, parce que nous n’avons jamais vu la classe politique dans sa diversité s’asseoir ensemble pour parler de l’avenir de ce pays. Je me rappelle que lors du coup d’Etat de septembre 2015, le Mogho Naaba a réussi à instaurer cette forme de réconciliation en amenant les deux camps de l’Armée à s’accorder sur un minimum afin d’éviter l’affrontement’’, a indiqué le coordonnateur national du CED. Pour ce dernier, il faut impérativement travailler à jeter les bases d’un nouveau contrat social ; ce qui passe par l’union des filles et fils du pays autour d’un minimum.

Convaincu que personne ne va venir investir dans un pays qui n’a pas d’avenir. « Nous plaidons la libération des détenus politiques, de même que le retour des exilés suite aux évènements politiques. Des actes qui, à n’en point douté, permettront de contribuer effectivement à l’effort de construction socio-économique de notre nation et le Président du Faso en est conscient et est donc interpellé », poursuivent-ils donc. Sur le dossier du coup d’Etat, l’organisation prône que la lumière soit vite faite et que le général Gilbert Diendéré soit jugé « pour qu’on sache » ce qui s’est réellement passé. « Quand vous prenez l’Armée, c’est le commandement. Gilbert Diendéré a endossé mais, vous avez aujourd’hui le commandant en chef du RSP qui est dehors. Et les subalternes étaient sous les ordres de qui ? Pourquoi sont-ils en prison ? », plaide M. Zaïda. Selon ce dernier, sur la question de la justice et de la réconciliation, c’est le courage politique qui manque simplement.

« Conférence nationale des insurgés », « OSC acquises », Koglwéogo ….

En réaction également à une question relative au projet de la « Coalition Zèph 2015 » d’organiser d’une ‘’conférence des insurgés ‘’, les responsables du CED estiment qu’il aurait été judicieux que le chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré, parle plutôt de réconciliation nationale pour unir les Burkinabè. Pour M. Zaïda, si conférence des insurgés il doit y avoir, elle doit être organisée plutôt par le parti au pouvoir, parce que c’est à ce parti que les insurgés ont placé leur confiance. Aussi, au cours de cette même sortie (le 25 août dernier), Zéphirin Diabré a ‘’dénoncé’’ « le silence de certaines OSC bien connues de la place, qui n’hésitaient pas à hurler sous la transition contre le moindre écart, et qui, aujourd’hui, assistent bouche cousue a toutes les dérives de gouvernance de ce nouveau-ancien pouvoir ».

Sur cette déclaration, les conférenciers ont souhaité que M. Diabré rende publique la liste des OSC (organisations de la société civile) qui flirtent avec le pouvoir afin d’éviter toutes confusions et partant, ‘’assainir’’ la vie publique. Dans la même dynamique, le CED demande la publication de la liste des OSC qui, sous la Transition, ont émargé à la Primature et/ou ont pris de l’argent avec des opérateurs économiques. Mieux, les conférenciers recommandent qu’on fasse un rapport de la gestion de la Transition ; du Président du Faso au CNT (Conseil national de la Transition) en passant par les ministères. Pour eux, il ne faut pas faire une fixation sur la seule personne de Yacouba Isaac Zida. ‘’Ce n’est pas une affaire de Zida. (…). Nous savons aussi qu’il y a eu des ministères où des sous ont disparu. (…).

Quand on prend par exemple le ministère des mines, il a décerné des permis d’exploitation à des sociétés minières étrangères ; alors que pour avoir le permis d’exploitation, une année ne suffit parce qu’il y a plusieurs ministères qui interviennent. Mais, on a vu que sous la Transition, cinq à six permis ont été octroyés à des sociétés. Sous quelle base et pour quel but ? », ont-ils déclaré.

La question des groupes d’auto-défense, Koglwéogo, a également été remise au goût du jour. Pour Pascal Zaïda, c’est une bombe en retardement. Il déclare qu’il ressort de ses sources, dans la région de l’Est, que plusieurs armes entrent chaque nuit au Burkina. « Et lorsqu’on demande, on dit que c’est pour les koglweogo. Ces armes sont où ? », affirme-t-il avant de s’interroger. Pour le coordonnateur national du CED, il faut donc que les Burkinabè se parlent pour éviter un enlisement de la situation.

C’est pourquoi les responsables de cette structure ont-ils annoncé pour les jours à venir, une série d’actions dans le « sens de la vraie réconciliation, pilier de tout développement et le respect des droits de l’homme au Burkina ». Ces actions vont s’incarner entre autres en audiences avec les notabilités du pays, les religieux, les autorités politiques et administratives, les chancelleries, les partenaires techniques et financiers, plaidoyer auprès des Chefs d’Etat de la CEDEAO et la saisie de la Commission des droits de l’homme des Nations-Unies pour le respect des droits de l’homme au Burkina.

Oumar L. OUEDRAOGO
(oumarpro226@gmail.com)
Lefaso.net

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