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Henri Némaro, président de l’association des géologues du Burkina Faso : « Quand on parle de géologue, les gens voient uniquement que les mines... »

Publié le mercredi 24 août 2016 à 22h49min

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Henri Némaro, président de l’association des géologues du Burkina Faso : « Quand on parle de géologue, les gens voient uniquement que les mines... »

Trois ans après la première édition des journées du géologue (JG), nous avons rencontré, ce mardi 23 aout 2016, le président de l’association des géologues du Burkina Faso (AGBF), et ingénieur géotechnicien de formation, monsieur Tuouhiré Henri Rudolf Némaro. Au cours de cet entretien, il était essentiellement question de l’organisation de la deuxième édition de ces journées prévue du 25 au 27 août 2016 à Ouagadougou.

Lefaso.net : Pouvez-vous nous faire une brève présentation de l’association des géologues du Burkina Faso (AGBF) ?

M. Tuouhiré Henri Rudolf Némaro :

La naissance de l’association est partie d’un groupe d’une promotion en géologie de pouvoir rassembler les géologues, parce que nous devenons de plus en plus nombreux et éparpillés. Et aussi pour pouvoir arriver à regrouper nos intérêts et les défendre. Ensuite cette idée a été étendue à d’autres promotions qui ont adhéré et c’est ainsi que nous avons acheminé vers la création de l’association qui est née en décembre 2012. Elle a évolué depuis lors.
En bref, l’association des géologues du Burkina a pour vocation de rassembler les géologues, de défendre leurs intérêts et de se poser en cadre de concertation, de discussion et d’échange des géologues et également de participer au développement du Burkina Faso.

Qui peut être membre de l’AGBF ?

A priori c’est toute personne qui exerce dans le domaine de la géologie. En rappel, est géologue toute personne qui a un niveau BAC plus trois ou une licence dans un des secteurs de la géologie ou de la géologie fondamentale. Aussi, il faut adresser une demande manuscrite au président de l’association, payer des cotisations annuelles…

Comment est né le concept des journées du géologue ?

Quand on parle de géologue, les gens voient uniquement que les mines. Il y a beaucoup d’autres secteurs où le géologue évolue. Je peux citer quelques-uns comme le domaine de l’hydraulique (forage), le domaine de géotechnique, du BTP (Bâtiments et travaux publics, ndlr), ceux qui s’occupent de la géologie ingénieur et des études des sols, et il y a aussi l’environnement minier. Il ne faut donc pas restreindre la vision au seul secteur minier. Même si c’est vrai qu’aujourd’hui le secteur minier est le plus grand pourvoyeur d’emplois pour les géologues, il y a aussi d’autres secteurs qui peuvent employer les géologues. Et je pense qu’à un moment donné, il faut se réorienter vers ces secteurs quand le secteur minier est saturé à cause de la baisse du coût de l’or.

Nous sommes donc partis de ce constat que les gens ont du métier de géologue. Nous nous sommes dit qu’il faut que nous arrivions à montrer à tous ceux qui ne sont pas géologues et même à des géologues et certains jeunes qu’il y a plusieurs autres domaines dans lesquels un géologue peut évoluer. Et qu’est-ce qu’il fallait faire ? L’idée nous est donc venue à partir de ce moment de faire des journées du géologue. Un cadre où nous pourrons présenter au grand public et aux géologues ce que c’est que la géologie et ses différents domaines. D’ailleurs, à la première édition des journées du géologue, les thèmes ont été recentrés sur les différents secteurs d’activités de la géologie. Notamment il y avait l’environnement, les mines, l’hydraulique et la géotechnique.

Par la suite on s’est dit que cette première édition a eu une réussite franche, et elle a suscité un grand engouement des doyens qui étaient présents, des élèves ainsi que des géologues. Voici donc, ces journées du géologue ont germé, mais nous pouvons les agrandir en réorientant les objectifs et en tenant périodiquement les journées du géologue.

La première édition date de 2013. Qu’est- ce qui explique ce long silence ?

Il y a plusieurs raisons qui expliquent ce grand écart. Déjà au sein de l’association, nous avons eu un débat sur la tenue annuellement ou bi annuellement des JG. Et nous avions fini par trancher pour le faire tous les ans et voir ce que ça va donner. Les premières journées se sont donc tenues en 2013. Nous avons voulu tenir la deuxième édition en 2014, mais malheureusement avec l’insurrection populaire qui a eu lieu, ce chamboulement politique et l’environnement, c’était véritablement difficile de tenir ces journées. En outre, il y a avait bien avant aussi la question d’Ebola qui se posait où plusieurs événements ont été décalés. Donc n’ayant pas pu la tenir en 2014, nous l’avons ramené en 2015, à la même période de novembre, mais une fois de plus pour cause d’élection, nous n’avons pas pu la tenir.

Mais il y a aussi une autre difficulté qui est la question financière. Toutes ces difficultés nous ont empêchés de tenir les journées du géologue en 2014 et en 2015.

Nous avons donc décidé de tenir les JG de 2016 à une autre période, à savoir la période de la saison morte qui est le mois d’août.

La deuxième édition des journées du géologue va se dérouler du 25 au 27 août. Quelles sont les particularités de cette édition ?

Les particularités de cette édition tiennent au thème lui- même et à l’idée qui se profile derrière. Au départ, nous avons voulu tenir des journées en hommage aux doyens dans le domaine de la géologie au Burkina Faso. Au jour du 13 juillet 2014 nous avons eu à rencontrer quelques doyens qui ont adhéré au concept. Et au cours de nos discussions, ils ont trouvé qu’il n’y avait pas lieu de créer des journées à leur hommage mais qu’ils pouvaient s’impliquer dans l’organisation des journées du géologue. Une manière pour eux de leur rendre hommage.

Ainsi, au vue de certaines réalités à savoir la non maitrise de l’histoire de la géologie, la particularité première est la participation des doyens en tant qu’animateurs des différentes conférences sur l’historique des recherches géologiques, les termes et les méthodes utilisées. Aussi, qui parle de géologue parle de formation et qui parle de formation parle de qualité.

Une autre particularité, c’est que nous avons inscrit à l’ordre du jour un panel sur les opportunités d’emplois dans le domaine minier. Et nous avons un représentant de la chambre des mines, un représentant des syndicats qui vont animer ce panel. Nous pensons de point de vue contradictoire de faire jaillir une vérité qui puisse faire avancer la question de l’emploi des géologues dans le domaine minier.

De plus pour cette édition, le patron des journées est monsieur Pierre Tapsoba le tout premier géologue qui est arrivé au BUMIGEB (Bureau des mines et de la géologie du Burkina, ndlr), si je ne me trompe, en mai 1968. Aussi au niveau des parrains, nous avons un des doyens qui connait très bien le domaine, c’est le doyen Wendlassida Ouédraogo. Nous avons le doyen Philipe Ouédraogo, polytechnicien, qui a été le tout premier directeur burkinabè du BUMIGEB, mais qui également arrivé dans la même année que Pierre Tapsoba. Nous avons également le président des journées qui est le Pr. Alain Nidawa Sawadogo, premier docteur d’Etat en hydrogéologie en Afrique de l’ouest, mais il est aussi celui qui a ouvert le département de géologie à l’université Ki Zerbo de Ouagadougou.

Ainsi donc, tous ceux que j’ai cités sont des particularités fard pour cette deuxième édition des JG.

« Évolution des connaissances dans le domaine de la géologie et des mines au Burkina Faso : défis et perspectives ». Pourquoi avoir choisi ce thème pour cette deuxième édition ?

Comme je le disais tantôt, c’est essentiellement d’une manière ou d’une autre pour nous de rendre hommage à nos devanciers, puisque c’est eux qui sont amenés à animer. Mais c’est également l’occasion pour nous de faire un point à l’état actuel des JG.

Quelles sont les conditions de participation aux JG ?

Les professionnels du domaine, c’est-à-dire les géologues, doivent payer la somme de 5000f pour la participation. Nous avons réservé quelques places à des étudiants qui sont dans le domaine. Et nous avons des invités à savoir les sociétés qui ont participé financièrement à ces journées. Je tiens au passage à les remercier ainsi qu’à la chambre des mines à travers le président Elie Ouédraogo.

Nous sommes à quelques heures de la deuxième édition des journées du géologue. Etes-vous fin prêt ?

Nous sommes en train de mettre des petits plats dans les grands. Nous restons optimistes quant à la réussite de ces journées. Coté organisationnel, nous ne pouvons pas dire que nous sommes fin prêts, mais nous pensons que nous avons énormément avancé, toutes les machines sont mises en marche, donc il ne reste qu’à commencer le dénouement des journées. Enfin, je vous dirais que nous sommes en amélioration continue.

Un dernier mot

Comme dernier mot je voudrais inviter les géologues à participer massivement à ces journées. De venir échanger avec les conférenciers. Ensuite nous demandons aux géologues à venir renforcer les rangs de l’AGBF en adhérant et en payant ces cotisations annuelles. Car l’association ne peut vivre que par la cotisation de ses membres. Nous ne pouvons pas, pour le nombre de géologues que nous avons et ceux qui évoluent dans les différents secteurs, continuer à faire des quêtes pour pouvoir organiser des journées. Alors que nous savons que les géologues ne serait-ce que par des participations symboliques, pourraient nous donner assez de moyens annuellement ou périodiquement pour pouvoir organiser les journées du géologue. Nous voulons aussi au-delà de ces journées du géologue ne pas s’arrêter à la seule activité. Nous réfléchissons pour organiser d’autres activités à venir.
Il faut noter que l’AGBF a eu à participer à la mise en place de plusieurs documents. Nous avons grandement participé à l’élaboration du nouveau code minier en 2015. Nous venons également d’être auditionnés au niveau de l’Assemblée nationale par la commission des enquêtes sur la question sur les mines. Et c’est ainsi que nous pensons que nous pouvons apporter notre contribution quand il le faut pour le développement de notre pays à travers les secteurs où il nous est donné la possibilité.

Entretien réalisé Yasmine K. Sawadogo (stagiaire)
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