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Proche-Orient : Sharon dans le mur

Publié le mercredi 10 décembre 2003 à 09h36min

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Par 90 voix pour, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté lundi dernier, une résolution demandant à la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye, de se prononcer sur la légalité de la construction du "mur de sécurité" entreprise par Israël en Cisjordanie. Une décision qui a provoqué un tollé général en Israël, notamment dans le camp du Premier ministre. Acculé, Sharon a de plus en plus peur.

Avant le coup de semonce, de lundi dernier, une salve avait ébranlé le camp d’Ariel Sharon, début décembre. Les accords de Genève en effet, quoiqu’ayant été conclus à l’initiative de "personnes privées" n’en constituaient pas moins, une menace pour l’option politique d’Ariel Sharon. Raison principale, leur substantifique moëlle se résumait à la création d’un futur Etat palestinien viable.

Or, l’actuelle politique israélienne est contraire à cette éventualité, avec la construction du mur de la sécurité et plus généralement, l’option du tout-sécuritaire qui caractérise les rapports israélo-palestiniens. En décidant de soumettre la construction du mur à la sanction légale de la CIJ, la communauté internationale dans sa grande majorité, montre son hostilité à cette option guerrière qui n’a que trop duré, ensanglantant la Palestine et prenant en otage la paix et la sécurité du monde.

Pourquoi la peur ?

Et, comme nous le disions tantôt, cette nouvelle détermination "effraie" le Premier ministre israélien.

Indépendamment du fait qu’elle remet en cause sa politique, elle a le don de heurter la conscience israélienne (pour ne pas dire judaïque) car elle prépare le terrain à la cession de Jérusalem-Est aux Palestiniens. Last but not least, elle consacre le retour au premier plan de Yasser Arafat, que trois ans de "harcèlement" n’ont pas suffi à désarçonner. Sur ce dernier point, la rencontre inter palestinienne qui vient de prendre fin en Egypte consacre le retour au premier plan du vieux leader palestinien.

Nonobstant le fait qu’elles aient refusé de cesser les attentats-suicides contre Israël, toutes les factions palestiniennes (Hamas, Djihad, L’OLP-Fatah, les brigades des martyrs d’al Axa) ont en effet, convenu, de se retrouver autour du Fatah, pour créer un commandement politico-militaire unique. De quoi brider les ambitions de "jeunes loups" tel Hamed El Rantissi (le porte-parole du Hamas) qui, par leur intransigeance vis-à-vis d’Israël, commençaient à mettre sérieusement en danger, Arafat. Et même dans le camp de ce dernier, des hommes comme le Premier ministre Ahmed Qoreï, sont un profil bas obligés d’observer.

Quand on sait que le Cheick Yassine avait donné sa caution morale à Arafat au plus fort de son "emprisonnement" à Ramallah (en décembre 2000-janvier 2001), on s’aperçoit de la légitimité retrouvée d ’Arafat. Après avoir triomphé de son vieil ennemi à Sabbra et Chatila en 1982 (l’objectif ultime de l’opération était sa mort) Arafat est en train de le battre une seconde fois. A cette peur légitime de la défaite, s’ajoute la peur du traitement que ses compatriotes lui réserveraient, si d’aventure, il cédait sur Zérusalem-Est. A défaut de la mort de la main d’un "illuminé" (remember Ithzak Rabin), ce serait sa mort politique, et son entrée dans l’histoire par la petite porte.

Pour toutes ces raisons, Sharon et avec lui les ultra-orthodoxes et les extrémistes israéliens ont peur, et n’ont d’autres recours que l’Amérique qui les soutient contre vents et marée. Peut-il en être autrement quand on sait qu’un Israël résolument ancré à droite est un pion essentiel de la politique américaine de remodelage du Proche et Moyen-Orient ? La prochaine cible désignée de ce " building nation" (version plan Marshall de la fin de la seconde guerre mondiale) étant la Syrie, Israël est chargé de "lever le lièvre" en harcelant le pays et en distillant à son encontre des informations le plaçant parmi les "Etats-voyous". Sharon a déjà montré sa résolution à accomplir cette besogne, lui qui n’a pas hésité il ya trois mois à bombarder ce pays à coups de bombes larguées par des avions F16.

En s’opposant donc à Israël, le reste du monde et principalement l’Europe, s’oppose à ce nouveau partage du monde qui a cours, dont l’Europe est non seulement exclue, mais qui provoque par ailleurs d’immenses dégâts collatéraux. L’Irak à feu et à sang, la "pacification" de l’Afganistan qui se ramène à la seule capitale Kaboul (encore que ...) prouvent que la "pax américana" a du mal à prendre. C’est donc à une "guerre idéologique" que nous assistons, les protagonistes se trouvant cette fois réunis dans le même camp.

L’Amérique, sûre de sa toute-puissance, et "dopée" par le "néo-conservatisme" de Bush et compagnie, semble faire peu de cas du reste, lequel n’entend plus subir le diktat. Alors, c’est le "petit frère" Sharon qui trinquera, avant que les américains ne se chargent peut-être de dire au fils-Bush, toute leur désapprobation de sa politique étrangère. C’est dire que 2004 risque d’être une année charnière dans le refus ou l’acceptation de la "mondialisation-misérabilisation". Pour l’heure, Sharon est dans le mur. Au propre comme au figuré.

Boubacar SY
Sidwaya

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