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Réformes du système éducatif burkinabè : « Faiblesse du niveau d’instruction, et inefficacité de notre système éducatif… »

Publié le lundi 22 août 2016 à 23h23min

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Réformes du système éducatif  burkinabè : « Faiblesse du niveau d’instruction, et inefficacité de notre système éducatif… »

Il faut se rappeler ce constat, extrait du discours de politique générale du premier ministre Paul Thiéba le 5 février dernier, alors que la coordination nationale des universitaires et experts associés au MPP tient une convention à Ouagadougou.

Ce constat est choquant. Pour le moins il devrait choquer, et tous les acteurs de l’éducation : parents, parents d’élèves, enseignants, ministres et ministères, et imposer à l’esprit de tous la nécessité d’une refondation immédiate du système éducatif. Voilà qu’aujourd’hui, les experts associés au parti au pouvoir se réunissent, comme pour nous faire croire qu’il va enfin se réveiller !

Le Pr Jean-Marie Dipama dit, avec raison : « Il faut d’abord la volonté et le courage politique ». Le problème est qu’il n’y en a, ni dans le projet présidentiel, pour le moins tiède en matière d’éducation, ni dans le programme de gouvernement du premier ministre, qui s’appuie sur le projet présidentiel.

Dans son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale, après avoir établi cet affligeant constat que « la capacité productive est limitée par la faiblesse du niveau d’instruction et l’inefficacité de notre système éducatif » [feignant d’ignorer que la capacité productive s’acquiert, non par l’enseignement général seul, mais combiné à un apprentissage de production, par un enseignement technique et professionnel !] le premier ministre avait énoncé l’engagement de son gouvernement à construire des infrastructures.

Initiative louable, certes, qui tendra à réduire les surcharges d’effectifs, mais qui privilégie, encore et toujours, l’enseignement général aux dépens de l’enseignement technique et professionnel, n’apportant ainsi qu’une fausse réponse au premier constat (capacité productive), mais aussi au second constat énoncé : « La croissance de notre économie est dramatiquement contrainte par l’insuffisance des capacités dans tous les coeurs [corps] de métiers ». Il est bien dit « métiers », or, l’enseignement général ne prépare à aucun métier, mais au mieux à des fonctions.

Au cours des cinq années à venir, 2016 compris, il est prévu de construire les infrastructures suivantes :
- 310 nouveaux collèges du post primaire, prévus bien sûr pour l’enseignement général seul ;
- 45 centres de formation technique et professionnelle, soit 7 fois moins que de nouveaux collèges !
- 20 lycées professionnels, soit 14 fois moins que les 286 nouveaux lycées d’enseignement général prévus ;
- et 13 lycées scientifiques dans les différents chefs-lieux de régions. Merci pour cette innovation.

Les surcharges d’effectif par classe sont, en effet, une des causes de la faillite du système éducatif, et il est louable de prévoir des infrastructures supplémentaires, mais vouloir augmenter la capacité productive et la croissance de notre économie, cela supposerait d’accorder une importance considérable à l’apprentissage des métiers, et ce n’est pas l’orientation choisie, preuve s’il en fallait qu’il n’est pas question d’inverser radicalement la tendance, et de réduire le déséquilibre entre enseignement général et enseignement professionnel.

Selon les données statistiques DEP/MESSRS de 2007-2008 (dernières statistiques auxquelles nous avons eu accès), l’enseignement technique et professionnel ne représentait que seulement 6,43 % des effectifs totaux de l’enseignement secondaire, soit exactement 25 587 élèves. Le programme du candidat MPP à la présidentielle prévoit d’accroître les effectifs de l’éducation formelle technique et professionnelle jusqu’à 16 % de l’effectif global. Non seulement c’est tout-à-fait insuffisant au vu de la situation du pays en matière de chômage, de “clochardisation” des différents acteurs, selon le diagnostic du Dr Salif Diallo, président par intérim du MPP, mais comment même y parvenir au regard du programme de gouvernement tel que présenté pour 2016 - 2020 ?

Trop peu de jeunes Burkinabè ont la possibilité de suivre les cycles d’enseignement de métiers (éloignement des structures, peu ou pas d’hébergement sur place) ; les autres, la grande majorité, s’ils parviennent à poursuivre leurs études, débouchent pour la plupart sur l’impasse du chômage, exceptés ceux qui parviennent à entrer dans la fonction publique. Mais le Burkina Faso a-t-il donc tant besoin de fonctionnaires qu’il contraigne 90 % de sa jeunesse, dans la grande majorité de ses structures, à n’acquérir que des connaissances générales, formant ainsi davantage de chômeurs que de producteurs ?

D’ailleurs, pourquoi distinguer, séparer les enseignements ? Pourquoi ne pas les mener conjointement, et permettre aux élèves des collèges d’acquérir des connaissances professionnelles en même temps que l’enseignement général ? Cela serait-il trop coûteux ? Mais rien n’est trop coûteux si c’est là la voie pour augmenter la capacité productive et la croissance de notre économie !

Le Pr Dipama a raison, les universités publiques sont devenues des usines à fabriquer des chômeurs et un lieu d’attente des étudiants pour les concours de la Fonction publique. Et il en réfère à la vision du président du Faso, mais les objectifs, présentés comme audacieux [inscrire l’enseignement supérieur au titre des priorités nationales ; mettre en œuvre la réforme de la gouvernance administrative et financière des universités ; renforcer le potentiel des infrastructures d’accueil et équipements techniques ; promouvoir l’utilisation des TIC ; améliorer les conditions de vie des étudiants, des enseignants et su personnel ATOS ; renforcer la configuration de l’offre de formation supérieure en consolidant le système LMD par la garantie de meilleures conditions de mise en œuvre], ne sont que du bla-bla dont on ne voit pas l’ombre d’une action concrète, jusqu’ici. Au contraire, comment prétendre à l’amélioration des conditions des étudiants quand, à Bobo-Dioulasso, ceux-ci ne disposent plus de moyen de transport depuis plus de six mois pour se rendre à l’université très éloignée de la ville, ni de possibilité de restauration ?

De l’avis du président par intérim du MPP, le Dr Salif Diallo, « Notre système éducatif est moribond et agonisant… », et il y a obligation de prendre des décisions fortes et courageuses pour parvenir à des solutions. Comment lui donner tort ? Mais des décisions fortes et courageuses ne sont ni prévues dans le projet présidentiel, ni dans le programme du premier ministre Paul Thiéba ! Alors quoi ? Les experts du MPP, et le président par intérim se préparent-ils à quitter le MPP et offrir leurs services à l’opposition ?

Car quoi qu’en disent les uns et les autres, une refondation du système éducatif n’est pas à l’ordre du jour, ni à celui des cinq prochaines années, et le constat est amer : les écoles généralistes des cinq années à venir seront encore des fabriques à chômeurs, alors que penser de cet élan soudain ?

Coulibaly Junwel (coulibalyjunwel@gmail.com)

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Vos commentaires

  • Le 22 août 2016 à 13:58, par Nabiiga En réponse à : Réformes du système éducatif burkinabè : « Faiblesse du niveau d’instruction, et inefficacité de notre système éducatif… »

    Au Burkina, et dans une large mesure, en Afrique, les populations sont aux prises avec des gouvernements en perte, délibérément, des priorités ; les priorités privilégiées sont mal placées. C’est normal que le niveau d’instruction soit faible. Que voulez-vous ? Combien gagnent t-ils les instituteurs ? Je vois mal comment on peut donner des cours avec un ventre creux dans une école sous des paillots à la merci des intempéries, des reptiles, des scorpions à ne mentionner que ces dangers permanents auxquels font face ces broussaillais, sans compter le manque criarde de matériels les plus basics pour instruire les enfants. Imaginez les sommes colossales détournées chaque jour à Ouaga ne peuvent-elles pas équiper nos écoles. Comment peut-on accepter qu’en 2016 il y a toujours des écoles sous des paillots dans notre patrie. Le développement de tout pays passe inéluctablement par la jeunesse : former efficacement les leaders de demain aujourd’hui afin qu’ils soient aptes à prendre le relais après nous. Ce n’est pas sérieux du tout. Le Burkina est en plein marche arrière.

  • Le 22 août 2016 à 15:18, par Yaabig En réponse à : Réformes du système éducatif burkinabè : « Faiblesse du niveau d’instruction, et inefficacité de notre système éducatif… »

    Une question à laquelle je cherche une rèponse amplifièe par cet. écrit :les burkinabè veulent-ils le cha gement ? L’adage enseigne que l’on ne fait pas d’omelettes sans casser des oeufs ! Monsieur Coulibaly vous évoqué l’enseignement professionnel. Je suis de votre avis mais aller jusqu’à la mise en oeuvre dans la conceptualisation pour enrichir le débat. Mais là ou je ne suis pas de votre avis c’est citer le cas de Bobo où il n’y a pas de transport. Il faut dire également pourquoi (séquestrer et brûler des biens publics et privés). Voyez vous le changement est difficile on ne peut pas vouloir changer les autres sans se c hanger soj même.
    Alors allons seulement !

  • Le 22 août 2016 à 17:21, par TALBOT 1er En réponse à : Réformes du système éducatif burkinabè : « Faiblesse du niveau d’instruction, et inefficacité de notre système éducatif… »

    une question qu’on se pose chaque jour sans avoir une réponse ! Au Burkina Faso l’enseignement général a été boycotté dans les années 2003, 2004, 2005 jusqu’aujourd’hui par le régime Compaoré et c’est les même éléments qui nous dirigent. Tant que nos dirigeant ne cesse pas de mal copié l’occident pour éduquer nos enfants on va toujours continuer à former des chômeurs, des brigands et mêmes des filles de joie pour notre chère patrie. Imaginez un peu voir que c’est normal que le niveau d’instruction soit faible. Que voulez-vous ? Combien gagnent t-ils les instituteurs ? Je vois mal comment on peut donner des cours avec un ventre creux dans une école sous des paillots à la merci des intempéries, des reptiles sans indemnités. Comment on peut bien éduquer un enfant qui a ses droits et qui ne connait pas ses devoirs et de surcroit qui frappe son maitre ou sa maitresse sans problème. L’enseignant a toujours chaud quand il a un problème avec ceux de son entourage par ce que aucune loi ne lui protège donc il est obligé d’ignorer beaucoup de chose pour éduquer ses élèves qui n’auront jamais le niveau.

  • Le 22 août 2016 à 18:36, par skam En réponse à : Réformes du système éducatif burkinabè : « Faiblesse du niveau d’instruction, et inefficacité de notre système éducatif… »

    Je joins ma voie à ceux qui partagent les soucis sur notre système educatique.
    Vous dites que pour booster la croissance économique, il faut s’orienter vers l’enseignement professionnel. Sachez qu’il y a des limites à cette vision.
    En effet combien de diplômés professionnels sont sans emploi. Le vrai problème c’est qu’il une inadéquation entre les réalités du pays et le profil des sortantsbfe nos écoles. Regardez, Ces derniers temps, le pays connait un boom cotonniers et miniers.
    Malheureusement, on a choisi de fermer fasofani et ingénieurs miniers sont imposés de l’extérieur par les multinationales. Au niveau du secteur agricole, la SN/SOSUCO connait des difficultés créées par l’État lui même au membre moment les mangues pourrissent dans les vergers dandvl’ouest du pays.
    Au niveau de l’élevage, on continue de vendre du bétail vivant aux pays voisins.
    Nos techniciens agricoles et d’élevages sont en réalité malgré eux des bureautes et non des agents de production. Alors que nos chercheurs n’ont pas de moyens pour produire. Il faut saluer au passage le travail de recherche effectué par ces certains chercheurs à l’exemple de ceux de l’INERA.
    Regardez, nous avons le soleil à revendre, que peuvent faire nos chercheurs pour exploiter l’énergie photovoltaïque afin de nous rendre autonome en matière d’électricité. La réponse est sans doute , le manque de moyens de production. Conclusion, même si nitre système éducatif est entièrement orienté vers l’enseignement professionnel, on ne changera rien à notre situation s’il n’ya pas de vérité volonté politique orientée vers les besoins et les réalités du pays.

  • Le 22 août 2016 à 18:38, par Sidpawalemdé Sebgo En réponse à : Réformes du système éducatif burkinabè : « Faiblesse du niveau d’instruction, et inefficacité de notre système éducatif… »

    Bel article. Cependant, si nos élus, après avoir été vagues et pratiqué la langue de bois dans les discours et programmes, se décident à passer à des actes forts, il faut je crois s’en féliciter et non revenir sans cesse sur le fait qu’il n’ont pas "annoncé" ces actions.
    Cependant, sur la base de ce que nous avons vu ces dernières années avec nos anciens-nouveaux dirigeants, les actions d’envergure ont toujours nécessité de réunir deux conditions : Un "porteur de projet" fort politiquement et un processus immuable, pas toujours précédé de "grands-messes" médiatiques.

    1°) Le coton OGM de MOSANTO a été introduit au Burkina parce qu’une personnalité forte du pouvoir l’a voulu. Le projet de développement du primaire PDEB a été possible parce que les premiers responsables le voulaient. La SONABEL et la SONABHY sont dans leur situation actuelle parce que de hautes personnalités ont décidé de bloquer les prix pour des raisons politiques sans proposer de modèle économiques pour la survie de ces sociétés. Les polices municipales sont devenues une réalité et celle de Ouagadougou une force parce qu’un certain tout-puissant maire l’a voulu. Il en est de même du découpage actuel des régions, des provinces et des arrondissements. Bref, si vous voulez qu’une initiative ou une réforme aboutisse, il fut lui trouver un "parrain" politique "fort".

    2°) Quand une chose a été décidée en "haut lieu", on élabore rapidement un projet, dans ses grandes lignes. Le plus souvent les détails sont complétés au fur et à mesure. Ce projet est présenté aux bailleurs de fonds comme une priorité du pays, et évidement les financements sont acquis. Vient ensuite la période des grands travaux d’infrastructures et l’acquisition d’équipements à coup de centaines de milliards, puis le recrutement massif d’agents. A ces stades, bien sûr, le politique ne peut s’empêcher de privilégier ses "amis" dans les marchés et ses "petits" dans les recrutements, sans compter les "je retiens" pour "renforcer la base économique" et "financer les activités du parti". Mais passons...
    Pour illustrer ce processus, on peut donner des exemples récents :
    i) Le projet de réforme de la fonction publique dans les années 80/90 n’a pas eu besoin "d’états généraux". Une fois la décision prise, (avec pour objectifs bien clairs de pouvoir contenir la masse salariale en se séparant des contractuels en cas de difficulté de trésorerie de l’état !) la conception de ce qui est devenu la loi 013 a été confiée à des experts consultants qui ont rendu leurs devoirs. Les amendements politiques faits, c’est passé à l’assemblée pour "enregistrement" et le travail "d’explication" aux travailleurs et syndicats est venu bien après !
    ii) Les projets successifs de renforcement de la justice depuis les années 90 qui ont permis de construire des dizaines de palais de justice et de maisons d’arrêt, de recruter plus de magistrats et de former plus d’avocats ne sont connus à ce jour que de quelques initiés et n’ont pas eu besoin de tapage médiatique préalable.
    iii) Le projet de renforcement des force de l’ordre, déployés pendant les cinq à sept années précédant 2015 a vu un équipement et un recrutement de policiers et gendarmes inégalé. Malheureusement les éternels détournements n’ont pas manqué, et l’essentiel de ces efforts, au lieu d’aller à la sécurité des personnes et des biens, a été orienté vers les priorités des décideurs et bailleurs, c’est à dire la sécurité du régime, la répression des manifestations et la lutte contre le terrorisme.

    Toutes les grandes actions au Burkina de ces dernières décennies ont suivi ce processus, et souvent c’est à un stade avancé que le grand public a découvert le projet.

    Or, que constatons-nous pour l’enseignement post primaire, secondaire et supérieur ? L’absence de "parrain" politique qui s’engage fortement et obtienne que l’appareil d’état, le ministère des finances, la coopération, les affaires étrangères etc se mettent en branle pour réaliser la réforme. Une navigation à vue, faite de micro-projets financés et exécutés ponctuellement, des actions de recrutement ponctuelles et de faibles effectifs, des crises à répétition "gérées" par des concessions à minima et des promesses rarement tenues, des séminaires, assises, états généraux et autres réunions nombreuses, longues et prolifiques finissant sur des propositions peu réalistes, minimalistes et jamais mises en œuvre. Cette dernière manifestation ressemble plus à une action pour montrer au grand public l’existence du groupe des "universitaires et experts associés" du MPP qu’à un début d’action.

    En conclusion donc, Si Roch Kaboré, Salif Diallo, Paul Tiéba, Filiga Sawadogo ou le MPP décident VRAIMENT de réformer le système éducatif, ce ne sera pas en commençant par de grandes réunions comme celle de ce week end. Ni en obtenant quelques ordinateurs ou Amphi de tel ou tel partenaire. Ils feront un gros projet pluriannuel comme celui de l’aéroport de Donsin ou le barrage de Samandéni ou encore la réforme du système judiciaire, et rechercheront les financements qui vont avec. Leurs "experts" seront consultés en interne, généralement avec contrat de prestation intellectuelle. A quand donc le début de ce processus ?

  • Le 22 août 2016 à 20:26, par Biè En réponse à : Réformes du système éducatif burkinabè : « Faiblesse du niveau d’instruction, et inefficacité de notre système éducatif… »

    Internaute Yaabig, vous parlez de destruction de biens privés et publics, mais seule la voiture du directeur du CROUB a été incendiée ; il n’y a eu aucune autre destruction. Mais il serait judicieux de dire aussi dans quel contexte cet acte de destruction a été commis.
    Je me permets de le faire.

    Dès la rentrée d’octobre 2015 le CROUB a annoncé son intention de se debarasser du transport et de la restauration des étudiants. le nombre de cars a été réduit ; surtout les vendredis et samedis, avec pour conséquence que de nombreuses évaluations ont dû être reportées. Des luttes ont été engagées sur le campus pour contester ces mesures que voulait entreprendre le Centre regional des oeuvres universitaires de Bobo.
    Presque tout le premier trimeste de l’année 2015 a été comme une sorte de bras-de-fer entre les étudiants et le CROUB.

    Pour manifester leur colère et tenir leurs parents au courant, les étudiants ont aussi decidé de marcher de Nasso (lieu situé à 15Km de la ville) jusqu’à Bobo. Des sit-in ont été plusieurs fois organisés par les étudiants aussi bien sur le site de Nasso qu’en ville et aussi au niveau du gouvernorat. La police est mème souvent intervenue à coups de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants, avec pour effet d’augmenter les tensions.

    Après les congés de Noël, et l’incendie de la voiture du directeur du CROUB, les cars ont été supprimés, et la restauration aussi.

    Le compte-rendu des Etats généraux sur l’Enseignement superieur au Burkina tenu en 2013 à Bobo dit clairement combien l’exécutif bukinabè "ambitionnait de résoudre " les problèmes de l’enseignement supérieur au Faso. De 15 000 fr actuellement la scolarité devait passer à 50 000 , le transport de 1000 frs à 5000 et le ticket de restauration de 100 frs à 250.
    Comment peut-on ainsi ameliorer les conditions des étudiants, et qu’est ce qui pourrait justifier une telle augmentation dans un des pays les plus pauvres de la planète, sinon pour dire aux enfants de paysans de quitter le campus et que les études universitaires sont réservées à une élite.

    Les étudiants se sont laissés avoir par la direction du CROUB qui les a manipulés, pour qu’ils lui offrent l’occasion de se défaire d’une charge à caractère social qui ne leur rapportait aucun bénéfice financier. Maintenant, c’est fait, et que va faire l’Etat en prévision de la rentrée prochaine ?

  • Le 23 août 2016 à 07:21, par Le Mena Menace En réponse à : Réformes du système éducatif burkinabè : « Faiblesse du niveau d’instruction, et inefficacité de notre système éducatif… »

    Je Pense Que L’analyse Est Tres Pertinent. Seulement Qu’il Est Tres Difficil De Soigner Une Plaie De 27 Ans En Si Peu De Jours. Par Ailleurs Les Nouveaux Dirigeant Doivent Y Mettre Du Tiens Sinon La Prochaine Insurrection Viendra Des Chomeurs.

  • Le 23 août 2016 à 09:02, par Sidpawalemdé Sebgo En réponse à : Réformes du système éducatif burkinabè : « Faiblesse du niveau d’instruction, et inefficacité de notre système éducatif… »

    Internaute n°6, Biè : Votre lecture de la problématique de notre enseignement supérieur est bien surprenante. On se demande ou vous avez fait votre parcours scolaire. Laissez moi , sans vouloir polémiquer, vous rappeler certaines réalités du Burkina Faso.

    1°) Au Burkina, la scolarité pour un élève de 6ième varie entre 12.500 FCfa et 200.000 Fcfa, selon que l’élève est dans le public ou le privé et qu’il ait l’entrée en sixième ou pas, la moyenne se situant autour de 90.000 Fcfa. La scolarité moyenne est de 20. 000 au public et 150.000 Fcfa au privé pour la classe de Terminale de l’enseignement général, et va au delà pour l’enseignement technique. En 2015, le nombre d’élèves au privé dépassait en effectif celui du public. A ces coûts de scolarité s’ajoutent les frais annexes : uniforme, transport, cantine ou repas, cahiers et autres fournitures. Sachant qu’il n’y a pratiquement plus de bourse au secondaire, ce sont les parents et les élèves eux mêmes qui supportent ces charges.

    2) Pendant les premières décennies après les indépendances, le pays avait un besoin criard de cadres pour faire fonctionner l’administration, former d’autres cadres et agents d’exécution et prendre la relève. Pour cela, une politique de bourses et de subventions a été mise en place depuis le CEPE afin de permettre la réalisation de cette "masse critique" de diplômés. Dans ce contexte, ceux qui arrivaient au BAC étaient des "princes" et l’état mettait tout en œuvre pour la bonne fin de leurs études. Depuis lors, la situation a bien changé. Aujourd’hui, non seulement l’état n’a plus besoin d’autant de diplômés, mais au contraire il craint cette masse de diplômés au chômage aptes à remettre en cause l’ordre établi.

    De ce qui précède, avoir un diplôme universitaire n’est plus un besoin uniquement de l’état mais surtout un objectif personnel de réussite de l’individu. La priorité est d’avoir des citoyens assez éduqués pour être productifs donc qui ont le CEPE ou le BEPC. Sachant qu’on gagne sa vie avec un BEPC ou un BAC, il apparait de plus que cet individu a de grandes ambitions et veut être dans les cadres dirigeants et l’élite. Alors comment voulez vous que cet individu, qui a accepté de payer plus de 100. 000 Fcfa pour faire la Terminale, trouve que 15.000 Fcfa ou 50.000 Fcfa de participation à l’université ne sont pas raisonnables pour faire de lui un "patron" ? Et pourquoi après avoir "grouillé" pour se déplacer aller à l’école du CP1 à la Terminale, il estime maintenant que c’est l’état qui doit absolument le déplacer sinon c’est la guerre ? Et cela dans un pays ou même le fonctionnaire, qui travaille déjà pour l’état, paye pour se former !

    Sachant de plus que les pays qui nous soutiennent font contribuer les parents à la scolarité des étudiants chez eux, comment voulez vous les persuader de financer un pays pour offrir la quasi-gratuité à ses étudiants, qui viendront ensuite concurrencer leurs enfants sur le marché international du travail ? AUCUN pays développé n’a réussit à développer son enseignement supérieur sur la base de la gratuité. Dans une certaine mesure, dans le modèle Européen, une part de subvention permet une démocratisation de l’université, et un système de bourse au mérite complète le système. Dans le système Américain, la réalité des coûts est la pratique. Mais on n’a jamais vu une lourde subvention à TOUS les étudiants réussir. Rappelons que des études des années 90 chiffraient le coût annuel moyen de la scolarité d’un étudiant à plus de 200.000 Fcfa. Sur cette base et sans mise à jour, 50.000 Fcfa représentent 25% de ce coût, ce qui signifie que l’état subventionne encore à 75% les études de l’étudiant, sans compter les cités universitaires, la santé, la restauration et le transport.

    Une grande partie des problèmes de notre université sont des problèmes d’argent. Les profs sont les moins bien payés de la sous région. Ce faisant ils s’expatrient ou vont dans le privé. En conséquence, un nombre limité d’enseignants doit former des milliers d’étudiants, ce qui nécessite de grands Amphithéâtres. Les laboratoires et équipements se font rare, et la formation est plus théorique que pratique. De même, la correction de ces nombreuses copies par ce nombre limité entraine des retards et/ou un travail pas toujours irréprochable. Comment comprendre alors que les étudiants, premières victimes de ces dérivent, refusent de participer un peu plus pour résorber ces problèmes, rendant l’état responsable du financement de leur réussite, qui au final est d’abord une réussite personnelle ? Surtout qu’ils ont dépensé beaucoup plus pour arriver à l’université. Voila la vraie question.

    Tant que chaque acteur du système ne prend pas ses responsabilités, les problèmes ne seront jamais résolus. Un étudiant responsable et patriote devrait même avoir honte de réclamer encore plus de privilèges sachant que cela risque de priver ses petits frères d’école ou ses parents d’eau potable. Soyons donc tous responsables et partageons les charges qu’imposent les solutions durables à nos problèmes communs.

  • Le 23 août 2016 à 23:10, par Ouezzin En réponse à : Réformes du système éducatif burkinabè : « Faiblesse du niveau d’instruction, et inefficacité de notre système éducatif… »

    .
    Internaute Sidpawalemdé Sebgo, visiblement vous n’avez jamais connu la pauvreté, et vous êtes issu d’un milieu qui connait davantage les tarifs du privé, réservés aux familles aisées. J’ai toujours personnellement été scandalisé, en passant devant l’établissement "technique" privé Bon Berger à Bobo, par exemple, d’y voir un alignement de motos neuves auprès duquel l’étalage du plus gros vendeur de la place fait pâle figure, puis à côté les vélos rutilants des moins aisés. Inutile d’imaginer que certains élèves viennent à pied, parce que les pauvres n’ont pas accès à ce genre d’établissement.
    Quand vous dites qu’en 2015, le nombre d’élèves au privé dépassait en effectif celui du public, cela signifie que le niveau de vie d’une partie de la population a augmenté, en effet, et que le fossé s’est creusé entre une classe moyenne, celle des fonctionnaires, et les paysans, toujours aussi pauvres, pour qui envoyer leurs enfants à l’université est un casse-tête irrésoluble pour certains, et l’occasion de sacrifices que vous ne pouvez concevoir, et que l’internaute Biè a très clairement énoncés, car une augmentation de 350 % de la scolarité, de 500 % du montant du transport, et de 250 % du ticket de restauration peut être insurmontable pour un fils de paysan et sa famille. L’égalité des chances, ça vous dit quelque chose ? Je n’en suis pas sûr.
    Ces difficultés semblent ne même pas pouvoir vous effleurer, tant la "réelle" pauvreté vous est étrangère, inconnue, au mieux une notion abstraite. Comment osez-vous parler de "privilèges" réclamés quand pour certains il s’agit de survie !
    En effet, l’Etat sera responsable de la réussite des étudiants tant que la seule porte de sortie sera la fonction publique, car il sait récupérer sa part par une année sans salaire !

  • Le 24 août 2016 à 14:22, par Sidpawalemdé Sebgo En réponse à : Réformes du système éducatif burkinabè : « Faiblesse du niveau d’instruction, et inefficacité de notre système éducatif… »

    Un petit complément concernant vos critiques M. Ouezzin : Vous confondez tout !

    1°) Même celui qui s’est formé par ses propres moyens et qui va travailler au privé passe par le SND (je suppose que c’est ce que vous appelez une année sans salaire). Il n’ y a donc aucun lien et ne saurait constituer comme vous le dites la justification de l’obligation pour l’état de former tout le monde. Et même les non diplômés y sont assujettis.

    2°) Pour accéder à la fonction publique, il n’est pas nécessaire d’avoir un diplôme universitaire. Les concours du niveau supérieur au BAC ne représentent même pas 10% des recrutements de l’état. La santé et l’enseignement niveau BEPC représentent à eux seuls plus de 60% des postes mis en concours.

    3°) De 100% dans les années 60, la fonction publique recrute actuellement moins de 50% des diplômés de l’université. Le reste se partage entre le privé, l’auto-emploi et le chômage. De sorte qu’après avoir réclamé à l’état de former les gens, on lui réclame de leur trouver un emploi !

  • Le 3 septembre 2016 à 11:16, par Sidpawalemdé Sebgo En réponse à : Réformes du système éducatif burkinabè : « Faiblesse du niveau d’instruction, et inefficacité de notre système éducatif… »

    Webmaster, une petite remarque :

    Si vous acceptez de publier un post qui s’adresse directement à l’un des forumistes, la logique de l’équilibre voudrait que vous publiez également la réponse de celui qui est indexé.

    Le 23 Août dernier, l’internaute utilisant le pseudonyme "Ouezzin" m’a interpellé directement ici même, mais vous n’avez publié que la dernière partie de ma réponse du 24 Août.

    En dehors de cet internaute, il est important à mon avis, qu’entre citoyens on puisse se dire la vérité, c’est à dire qu’on ne peut pas demander tout à l’état, et à propos de tout, surtout quand on est déjà parmi les privilégiés de notre nation sous-développée, pauvre et très endettée.

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