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Jeunesse, quelle est ta mission dans le développement de ta patrie ?

Publié le lundi 15 août 2016 à 21h45min

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Jeunesse, quelle est ta mission dans le développement de ta patrie ?

La jeunesse, c’est le fer de lance du développement. La jeunesse, c’est l’avenir de la Nation. La jeunesse, c’est l’espoir de demain et que sais-je encore ? « Aucun gouvernement africain ne peut réussir sa mission de développement s’il ne compte pas sur les jeunes (…) avec les jeunes, tout est possible. Sans les jeunes, attention ! » Président Michel KAFANDO lors du Colloque panafricain pour la Jeunesse tenu à Ouagadougou, 14 aout 2015.

« Notre vaillante jeunesse a donné de la voix et a montré la voie » Président Rock Marc Christian KABORE dans son discours d’investiture, mardi 29 décembre 2015.
« Notre jeunesse a besoin d’un changement, d’une démocratie et d’un progrès économique et social qui soit à la hauteur du sacrifice consenti. Et je suis là pour accompagner le chef de l’Etat à accomplir cela ». Premier ministre Paul Kaba THIEBA lors de son premier contact avec la presse, Jeudi 7 janvier 2016.

Tant de qualificatifs et de refrains dans les discours politiques en faveur de la jeunesse. Concrètement, qu’est qui est proposé à la jeunesse ou plutôt qu’est-ce que cette jeunesse apprend de ces dithyrambes et offre comme alternative réelle ? Il serait démagogique et inique d’encenser la jeunesse avec des mots et continuer à faire la promotion des vieux. Mais cette jeunesse se doit aussi de se guérir de ses faiblesses, suis-je tenté de déclarer si mon courage m’autorisait à dire ‘’ les gbê ’’ entre nous.

Quel est l’état réel de la jeunesse burkinabè ? Sommes-nous prêts à assurer la relève et faire mieux ? Hélas, hormis quelques intrépides qui se détachent du lot, la réalité m’impose de voir une bonne frange encline aux lamentations intarissables, négociant au besoin ‘’ un match nul avec le destin’’. A qui la faute, à la jeunesse elle-même ou à la classe dirigeante ?

La jeunesse burkinabè est en proie à de nombreux vices sous l’œil indiffèrent ou complice de la famille et de la classe dirigeante. Entre autres, cette jeunesse est responsable ou comptable des faits suivants :
-  des scènes orchestrées par des jeunes et dignes de film hollywoodien se donnent à libre vue dans les artères de nos villes. Juchés sur leurs motos, roulant à tombeau ouvert, écouteurs vissés aux oreilles et brulant les feux tricolores, ces futurs leaders foulent aux pieds les règles élémentaires de la sécurité routière. Inutile de parler de ces jeunes filles et dames qui s’admirent et se mirent en pleine circulation dans les rétroviseurs de leurs engins. Quelles prouesses de jeunesse ! Est-ce cela le courage ?

-  dans nos villes et campagnes, des jeunes se perfectionnent à longueur de journée dans ‘’la bière, la bouffe et la b…’’. Il y en a qui fuient l’école pour finir dans l’alcool. D’autres se réfugient dans les stupéfiants et autres substances addictives afin d’échapper à leur quotidien fait de précarité et de chômage. Est-ce cela l’innovation ?

-  ‘’ le griotisme politique’’ est devenu la vocation favorite de certains jeunes dans des partis politiques avec l’espoir d’être invité à la table d’honneur. Quel engagement ! Dans la sphère des organisations de la société civile (OSC), ce spectacle alarmant est aussi constant. Des questions de ‘’ gombo facile’’ ont souvent eu raison de jeunes apparemment motivés. Jeunesse, que notre panse ne commande pas toujours notre pensée, suis-je tenté de dire.

-  Dans nos administrations publiques, nombreux sont ces jeunes bardés de diplômes (BAC +) qui broient du noir dans des ‘’garages administratifs’’. Les plus astucieux sont enclins à faire des courses privées des futurs retraités avec le souhait de pouvoir rentrer dans leurs bonnes grâces et bénéficier d’une promotion. Absence de plan de carrière oblige, mais est-ce cela le dynamisme ?

Si nos chers mamans et papas votent et nous boudons les urnes, s’il faut attendre d’avoir des cheveux blancs pour faire des critiques constructives, si nous refusons la veille citoyenne après notre insurrection, si nous n’assumons pas notre jeunesse, qu’est-ce que l’avenir de la Patrie peut attendre de nous ?

De mon humble point de vue, un impérieux devoir s’impose à cette jeunesse : le désenclavement définitif des mentalités et la rupture des chaines de l’attentisme et du fatalisme car ‘’ plus rien ne doit être comme avant’’.
Il sera naïf de penser qu’un doyen se lèvera de son fauteuil et le confier à un jeune juste pour la simple raison qu’il faut promouvoir la jeunesse. C’est ‘’tolo’’ facile, comme dira le Samo de Toma (un clin d’œil à la parenté à plaisanterie).

Il nous faut mériter notre place au Burkina Faso et partout ailleurs par notre exemplarité dans le comportement et dans le travail. Si certains peuvent estimer que des ainés n’ont pas été capables de construire de modèle et d’idéal pour nous, ces ainés ont peut-être manqué à leur devoir car l’exemple doit venir du sommet. Mais se réfugier sous cette raison, ce sera manquer aussi au nôtre. ‘’ Malheur à l’enfant qui ne fait pas mieux que son père’’ Thomas SANKARA.

Jeunesse, faisons preuve d’une citoyenneté active et travaillons dans les partis politiques, les organisations de la société civile (OSC) et autres structures à imposer une alternative nouvelle et novatrice. Cultivons l’exemple et soyons des modèles pour les générations futures. Jeunesse du Faso, nous sommes le miroir de l’avenir, nous sommes le courage, l’innovation, l’engagement et le dynamisme. ’’Ecrivez votre propre destin et mettez-vous en première ligne, parmi ceux qui ouvrent la voie vers un avenir radieux’’, nous instruit Nelson Mandela.

Cependant, je suis convaincu qu’il sera de ma part une réelle utopie et une sérieuse plaisanterie de demander à la jeunesse de s’évertuer à guérir de ses faiblesses sans avoir le courage de solliciter avec insistance de nos autorités politiques et administratives de traduire leurs paroles en faveur des jeunes en acte. Eradiquez les menaces qui pèsent sur la jeunesse. Trop de discours ont été dits et trop de milliards ont déjà été engloutis dans des projets populistes au prétexte pro-jeunes.

Ne s’attaquer qu’aux conséquences des fléaux qui minent la jeunesse, c’est continuer à l’exposer car on ne saurait solutionner des problèmes d’ordre structurel avec des mesures ponctuelles. Il faut désormais des politiques structurelles ‘’ de rêve’’ en faveur de la jeunesse et un investissement harmonieux pour une éducation de qualité et une formation professionnelle adaptée. Un pays n’a pas d’avenir si sa jeunesse n’a pas de noble rêve. Aidez-nous à rêver, à rêver pour notre très chère Patrie.

BEDA Maurice
Citoyen africain du Burkina Faso
Email : monbeda@yahoo.fr

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