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Lettre ouverte au ministre de la justice : On peut mieux faire à la MACO !

Publié le mercredi 10 août 2016 à 19h17min

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Lettre ouverte au ministre de la justice : On peut mieux faire à la MACO !

Il y a quelques jours, je devais rendre visite à mon cousin détenu à la MACO (Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou). C’est pour cela que je vous avais raconté ce que j’ai vécu au Palais de justice le lorsque je suis allé demander le permis de visite.

Je me suis rendu à la MACO le samedi 30 juillet 2016. Déjà, avant de descendre de la chaussée, ce qui ne m’a pas surpris, c’est la foule car je savais que ceux qui étaient au palais le vendredi devaient logiquement être là. Et j’ai estimé le nombre de personnes à 300,… 350. Je me suis dirigé vers le parking pour mettre d’abord en sécurité mon compagnon de tous les jours (ma moto). Il faisait exactement 8h46 sur l’un de mes téléphones portables.

Il y avait deux groupes, mais différemment du palais de justice, les hommes et les femmes étaient ensemble. Un premier groupe de visiteurs en rang et un autre, et le plus grand d’ailleurs, qui regardait l’entrée principale. Un agent très jovial appelait des noms. J’ai vite compris qu’il fallait s’inscrire au paravent pour être appelé. J’ai pris le rang et me suis fait enregistré et enregistrer le nom de mon cousin. Je savais que pour avoir accès au local il fallait présenter le permis et la CNIB mais aussi il fallait se débarrasser de ces « indiscrets », je veux dire les téléphones.

Je suis allé poser la question à l’agent à la porte s’il y a une disposition pour garder les téléphones. Il m’a demandé si je vois le groupe qui est sous le hangar non loin du parking. Je lui dis oui. Il dit que c’est là on ‘’gère les portables’’. Je n’étais pas prêt pour cela.

Je suis repartis au parking, pas pour partir mais pour ranger mes téléphones sous la selle de ma moto. Et pour cela j’ai appelé un des jeunes parkeurs pour qu’il s’assure que c’est ma moto avant de ranger. Il me dit que c’est interdit, et je lui ai rétorqué, par qui ? Par moi-même ! me répondit une dame avec un ton ferme. Je compris que c’est la patronne des lieux. Je lui fais comprendre que c’est ma moto ! Elle me dit qu’en cas de perte elle n’est pas responsable. Je lui demandai à quoi servaient les tickets de parking ? N’est-ce pas pour identifier les motos ? Et si quelqu’un venait à soulever la selle d’une moto et à prendre quoi que ce soit, sans que vous ne vérifiez le ticket, si c’est un voleur, madame vous êtes son complice ! N’ayant plus d’argument, elle me fit une confidence selon laquelle elle a fait enfermer certains de ses employés pour raison de vols de portables sous les selles. Je lui ai dit que c’est bien mais elle peut commencer à lancer un appel à candidature car j’ai déposé trois téléphones portables sous la selle de ma moto et si toutefois je ne les retrouvais pas, elle va enfermer ceux qui sont là. Bref !

Je savais que ce n’était que les à-côtés du match, d’après l’autre. Il fallait maintenant avoir la patience d’un croyant et la sérénité d’une maison inachevée pour voir son tour arrivé. Ici également, on crie les noms des visiteurs qui ont de la peine à entendre. Plusieurs fois l’agent interrompt pour nous inviter à reculer et laisser le passage aux véhicules, qui devaient entrer par la même porte. Nous ne pouvions pas beaucoup reculer car non seulement, il y a le grand canal bien ouvert derrière nous, mais aussi nous risquons de ne pas entendre les noms appelés.

Il a appelé plusieurs listes mais beaucoup de gens sont encore dehors. Jusque-là, nous étions dans une grande impatience il y avait encore de l’ordre. A un moment donné, il demanda à tout le monde de faire un seul rang dans la grille. Et, là le désordre a subitement atteint son paroxysme ! Il y avait des femmes avec des enfants au dos, des personnes du troisième âge, etc. Imaginez !

Une fois que le rang a retrouvé sa rectitude, on continua l’appel par des petits groupes de 15 ou 20. L’attente fut longue mais mon tour finit par arriver. Et j’ai eu accès à l’enceinte, à quelle heure ? Aucune idée.

Je pris le rang pour la 3ème fois pour prendre le badge, en déposant mon fameux permis et ma CNIB. Après un poste de contrôle pour enregistrer le nom du détenu et son local, un autre, et là on me fait attendre au parloir afin qu’on fasse venir mon cousin. Après une autre attente qui a paru moins longue, car nous étions bien assis et à l’ombre ; mon cousin arriva enfin.

Nous avons bien échangé mais je n’ai pas osé lui raconter le calvaire que j’ai traversé pour pouvoir le voir. Je n’ai pas su combien de temps nous avons passé ensemble mais le moral, il l’avait. Il me fit savoir que c’est seulement la liberté qui lui manque. Les agents sont sympas et avec un peu de moyens les conditions sont acceptables.

En résumé, je ne ferai que me répéter : je pense que l’on peut mieux faire pour atténuer la souffrance des pauvres parents de détenus qui veulent voir leurs amis, cousin, oncle, voisin, collègue etc., dans une situation que personne ne souhaite. Mais aussi, de donner la chance aux détenus de voir leur proche régulièrement.
Excusez-moi, je ne suis pas allé loin dans mes études de psychologie mais le peu que j’ai appris au département me fait dire que la visite est indispensable aux détenus.

Lorsque j’arrive au parking, après avoir retiré ma CNIB, je me suis empressé de vérifier que mes téléphones sont présents. Il était 13 heures 11 mn !

J’apprécie ce qui suit :
-  Avant d’entrer je me demandais : si c’est le traitement réservé aux visiteurs, quel est le sort des locataires des lieux (les détenus) ? Pour ce que j’ai vu je pense que des efforts sont faits.

-  La manière avec laquelle les agents s’adressent aux visiteurs ;

Cette fois-ci, je suis convaincu qu’avec peu de volonté, on faire ce qui suit :
-  Agrandir le hall d’attente (avec ses bancs en béton) situé à droite de l’entrée principale puisqu’il y a suffisamment d’espace pour le faire ;
-  Utiliser un ‘’Sana Bob’’, pardon un mégaphone ; pour communiquer car le bruit des engins en circulation n’est pas négligeable ;
-  Fermer le grand canal, au moins à 20 m de l’entrée principale ;
-  Pour la question de la garde des téléphones, je me dis que c’est un aspect délicat et difficilement gérable, mais en même temps je demande comment les autres arrivent à réussir ?

Je déplore le fait que gens arrivent en retard et imaginent tous les moyens pour passer avant les autres. C’est une grande injustice !

Ce qui a enfin attiré mon attention c’est le nombre élevé de visiteurs du genre féminin qui est nettement plus grand que celui des hommes. Est-ce à dire que les femmes ont plus d’empathie ? Ou bien c’est parce que les hommes sont plus nombreux à l’intérieur ?
Cordialement !

Moumouni KINDO

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Vos commentaires

  • Le 10 août 2016 à 19:35 En réponse à : Lettre ouverte au ministre de la justice : On peut mieux faire à la MACO !

    avec les vacances on fait du réchauffé loll

  • Le 10 août 2016 à 22:09, par agent de la justice En réponse à : Lettre ouverte au ministre de la justice : On peut mieux faire à la MACO !

    Ces problèmes sont connus des premiers responsables du ministère depuis longtemps. Le drame dans ce pays c’est qu’il n’y a jamais de moyens jusqu’à ce qu’il y ait un incident pour que les autorités se réveillent de leur surdité. Au Burkina nos autorités ne sont pas regardant sur les conditions des prisons.

  • Le 10 août 2016 à 22:10, par agent de la justice En réponse à : Lettre ouverte au ministre de la justice : On peut mieux faire à la MACO !

    Ces problèmes sont connus des premiers responsables du ministère depuis longtemps. Le drame dans ce pays c’est qu’il n’y a jamais de moyens jusqu’à ce qu’il y ait un incident pour que les autorités se réveillent de leur surdité. Au Burkina nos autorités ne sont pas regardant sur les conditions des prisons.

  • Le 11 août 2016 à 02:37 En réponse à : Lettre ouverte au ministre de la justice : On peut mieux faire à la MACO !

    Mon frère je suis bien d accord avec tes propositions. Mais le trajet et le temps que tu as passe pr voir tn cousin refletent la norme. Parceque une maison d’arret ce nest pas un marche de fruits et legumes. Il faut bien qu’on te screen. Il faut qu’on ait :
    - ton identite. Qui es tu, que fais tu ? etc
    - quels sont tes liens avec le detenu ?
    - est ce que tu nas pas darmes blanches ou darmes a feu sur toi ?
    - quels st tes liens avec le detenu ?
    - Est ce que tu ne viens pas pour le tuer ?
    - Est ce que tu ne viens pas pour le liberer ?
    Ce n’est que quelques questionnements parmi tant d’autres. Donc il faut comprendre qu’ils ont interet a travailler pour prevenir les problemes et en cas de probleme il faut que l’on ait ta vraie identite
    Cordialement !

  • Le 11 août 2016 à 09:14, par Docteur Socrates En réponse à : Lettre ouverte au ministre de la justice : On peut mieux faire à la MACO !

    Bonjour M. KINDO et merci pour votre contribution à faire avancer le débat. Comme le disais l’autre, "nous sommes tous de potentiels prisonniers en sursis". Nous invitons donc toutes les bonnes volontés à contribuer à mettre en oeuvre les recommandations de M. KINDO, dont l’achat du mégaphone, l’agrandissement de la salle d’attente et l’indentification d’une entreprise qui pourrait rendre le service de gardiennage de téléphone.

  • Le 11 août 2016 à 10:28, par un GSP En réponse à : Lettre ouverte au ministre de la justice : On peut mieux faire à la MACO !

    je voulais remercier monsieur KINDO pour ses remarques pertinentes.C’est votre première fois de venir à la MACO (certainement) mais sachez que les gardes de sécurité pénitentiaire souffrent encore plus afin que les visites se passent bien.J’apprécie les propositions que vous avez faites et j’ose espérer que les autorités (surtout judiciaires) vont tout faire pour les mettre en pratique.

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