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Risques d’inondations répétées : Nos pleurs célébreraient-ils notre auto-malédiction collective ?

Publié le vendredi 22 juillet 2016 à 05h17min

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Risques d’inondations répétées : Nos pleurs célébreraient-ils notre auto-malédiction collective ?

Je m’appelle « Kinkirga ». Chères majestés du village, chers parents, je vous demande des excuses pour briser l’habitude. Il n’est pas d’ordinaire qu’un enfant ait la parole sous l’arbre à palabre des adultes. Mais j’ai éprouvé la nécessité « de crier fort aujourd’hui pour faire taire ce qui crie en moi ». Merci de votre compréhension.

Je voudrais chers parents, vous demander de ne pas être fiers de l’image que vous donnez de nous. Le 1er Septembre 2009, une grande pluie s’est abattue sur le village. Une très rare pluie dont les dégâts surprenants à remuer les cordes sensibles de la compassion du monde entier. Un SOS avait été lancé pour secourir les sinistrés.

Tomber n’est pas un drame, mais il est abominable de rester couché et à loisir. Je m’attendais à ce que des stratégies soient conçues et réalisées pour ne plus permettre que la même catastrophe naturelle reproduise les mêmes dégâts. Mais hélas ! Ce serait mal nous connaître. Nous nous étions contentés d’appliquer du sparadrap sur la plaie. « Quand la plaie de l’idiot se cicatrise, il proclame haut qu’il est guérit définitivement » (Philosophie ancestrale).

Je me demande comment les bailleurs de fonds nous regardent depuis que nous avons du loisir à nous afficher volontairement comme victimes des mêmes causes ? Des mendiants professionnels ? On trouve du plaisir à ne pas boucher le trou dans lequel nous sommes tombés hier. Pire, on semble travailler à l’élargir. Nos ancêtres distinguaient deux catégories de personnes par la stratégie suivante : Si son toit est perforé en pleine saison pluvieuse, habituellement, on se sert d’un récipient pour cueillir l’eau qui tombe à travers la faille. Dès la fin de la saison pluvieuse et immédiatement après les récoltes, le plus consciencieux fabrique un nouveau toit dont il coiffe sa case. Celui de l’autre catégorie dont je tairai le qualificatif ici, oublie sans aucune trace, le souvenir douloureux. C’est seulement la première pluie de la prochaine saison pluvieuse qui viendra encore lui rappeler du mauvais état de son toit. Comme palliatif, il recourt au même moyen de bord pour se sauver momentanément de la situation et ainsi de suite pour les années à venir.
Chers Parents, je ne voudrais pas que nous soyons de ce lot d’Hommes.

Notre ville se présente avec fierté, souvent exagérée, qu’elle est parmi les plus belles parées des villes africaines. De dehors oui ! Son état extérieur serait juste une apparence qui couvrirait les « défauts » de l’intérieur. Comment voulez-vous qu’une ville sans caniveaux puisse résister à la moindre pluie ? Sans en tirer les conséquences, nous nous préoccupons plutôt de la construction des échangeurs. Ce qui n’est pas mauvais en soi, mais d’autres mesures devraient devancer. Sur ce, il me semble que nous souffrons de la même mentalité que certaines de nos sœurs africaines qui, au lieu de traiter leur cheveux naturels, courent passionnément derrière les mèches brésiliennes. Notre ville porterait aussi même des fesses artificielles pour séduire sans discernement tout passant. Que c’est vilain ! « La véritable beauté, c’est celle qui jaillit de l’intérieur pour illuminer l’extérieur », me répétait souvent mon père.

Dans ce village, les priorités indispensables sont négligées au profit des apparats de la démocratie. Vous objecterez à ce qui est dit plus haut en évoquant le manque de moyens financiers. Je voudrais bien croire, mais en période de consultation électorale, l’argent coule à flot. On est prêt à mobiliser des milliards pour organiser un référendum pour le changement de la Constitution. Un défi sans grand intérêt pour la plupart des masses paysannes, et même pour ceux qui vivent en ville. Si les hommes et leurs biens sont emportés par les eaux, qui votera ? Qui en seront les organisateurs ? Où allez-vous installer les bureaux de vote ? « Chaque peuple mérite ses dirigeants ». Si tu te fais âne, on te donne du foin.

Les gouvernants et les gouvernés sont tous responsables des malheurs qui nous frappent. Il est mécaniquement admis que ce sont les dirigeants politiques qui sont les seuls responsables des inondations car ils ne construisent pas des infrastructures adéquates. Sur ce, je recommande la prudence. Pour avoir vécu ici, je puis vous assurer que ces leaders ne font qu’utiliser nos esprits d’égoïsme pour nous exploiter. J’ai rarement entendu parler, pour ne pas dire pas dire jamais, d’une marche en face d’une mairie pour exiger la construction de caniveaux dans un secteur. Mais combien de fois nous protestons pour exiger des parcelles personnelles ? Le service de l’Ego au détriment du bien commun.

Les rares caniveaux qui existent, chacun en fait un dépotoir d’ordures. Conséquences, ils sont bouchés, bloquant le passage des eaux de pluie. Contraintes, ces eaux élisent domicile dans nos habitations. Là aussi, problème ! Sans pluie, nous nous plaignons de la chaleur. Une petite pluie, et nous crions à l’inondation. Dieu semble être perdu devant nos plaintes injustifiables.

Je pense que si nous ne renonçons pas au « théâtre » pour amorcer le développement par la base en attaquant les vrais défis, il ne faudrait plus qualifier d’inondation ce qui nous arrive. On ne devrait pas « piétiner deux fois les bijoux familiaux d’un aveugle ». S’il prend du plaisir à les exposer a tout passant, il ne devrait que s’en prendre a lui-même et non à la méchanceté des autres. Nous devrions plutôt instaurer des journées d’hommage à notre cécité volontaire et à notre « auto-malédiction » collective.

Selon l’histoire des peuples, les catastrophes naturelles ont poussé aux inventions scientifiques et humaines salvatrices. Dans mon village, ce principe ne s’y aventure pas car les consciences semblent être anesthésiées. Elles ne réagissent pas aux chocs naturels par le souci d’améliorer. Dieu peut-Il nous sauver sans notre volonté et notre collaboration ? Moi, Kinkirga, j’en ai fini.

Sibiri Nestor SAMNE
Email : sasimastor@hotmail.com

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Vos commentaires

  • Le 22 juillet 2016 à 01:35, par Un habitant du village En réponse à : Risques d’inondations répétées : Nos pleurs célébreraient-ils notre auto-malédiction collective ?

    Merci Kinkirga. Vous avez dit haut et fort ce que les autres habitants du village pensent bas. J’espère que les chefs réagiront positivement.

  • Le 22 juillet 2016 à 02:10, par Megd’ En réponse à : Risques d’inondations répétées : Nos pleurs célébreraient-ils notre auto-malédiction collective ?

    Cher Monsieur, vous avez tout dit et votre écrit reflète l’analyse personnelle que je me suis faite et que j’ai publié dans mon blog.

    Il faut arrêter avec le fatalisme dans ce pays. Nous avons une catégorie de personne qui ne pense que vivre sur le dos des honnêtes citoyens de ce pays en général et de Ouaga en particulier.

    Il faut les sanctionner et les expulser manu militari. On ne peut pas se faire indemniser et accepter de rester sur des lieux inondables en pensant à la clémence ou la naïveté des autorités.

    Elles sont nombreuses ces personnes à qui l’on a octroyé des parcelles, mais elles préfèrent les revendre et se retrouver aux mêmes endroits inondables dans l’espoir de recevoir des fonds.

    On met toujours tout sur le dos de l’Etat alors que nous sommes les premiers responsables de nos malheurs. Quand tu veux sensibiliser, on te rétorque dans des propos de ce genre « Est-ce que c’est le champs de ton papa ? ».

  • Le 22 juillet 2016 à 08:49, par Thinkxtra En réponse à : Risques d’inondations répétées : Nos pleurs célébreraient-ils notre auto-malédiction collective ?

    Un de mes patrons avait l’habitude de dire "on n’inventera plus la roue, tout ce que l’on fait c’est de l’ameliorer". On n’inventera pas non plus comment construire des caniveaux, assainir une ville, prevenir des inondations. Il faut juste en construire avec les techniques qui existent, maintenir leur vacuite en evitant d’y deposer des ordures et en les curant, deguerpir les recalcitrants des zones inondables, mettre en place un plan d’amenagement et d’assainissement de la ville et du pays tout entier. A plusieurs niveaux des leviers d’action doivent etre actionnes incluant un lead du Ministere de l’assainissement et un accompagnement du Ministere de l’administration du territoire, la mairie et enfin de l’education via des programmes d’education citoyenne. On a pas besoin d’être super intelligent pour bien faire les choses. Sachons juste copier ceux qui ont reussi. J’ai en tête le Rwanda qui est passe d’une situation de catastrophe humanitaire au pays dont la capitale fait la fierte de ses habitants. Pas un seul detritus dans la ville. Une ville propre saine et agreable a l’oeil et au coeur. Copions et copions vite sinon nous perirons dans notre betise collective !

  • Le 22 juillet 2016 à 08:51, par matyp & K’Emp En réponse à : Risques d’inondations répétées : Nos pleurs célébreraient-ils notre auto-malédiction collective ?

    @Sibiri Nestor SAMNE : Rien à dire. Le message est simple, clair et limpide. Merci beaucoup pour ton écrit.

  • Le 22 juillet 2016 à 10:05, par Goodman En réponse à : Risques d’inondations répétées : Nos pleurs célébreraient-ils notre auto-malédiction collective ?

    Soyons sérieux, son cri de coeur est réel. Notre population souffre du mauvais aménagement des routes et de l’entretien des caniveaux.
    Maintenant, situons les fautes :
    - Une bonne partie de la population ’a pas de notions d’entretien des caniveaux, ils ne comprennent pas qu’on ne peut jeter que des produits liquides et éviter les huiles, graisses et essences en raison de leur impact sur l’environnement. Beaucoup de ménages y jettent leurs ordures après avoir balayé leur cour et la devanture de celle-ci.
    L’action qui peut être prise est la sensibilisation dans un premier temps pendant quelques temps (spot télévisés, affiches, radio,...) dans les différentes principales langues bien sûr. Puis dans un second temps, après avoir rendu les gens responsables de la gestion de leurs ordures, il sera possible de sanctionner par des amendes. Dans ce cas, toute personne prise en flagrant délit ou dénoncée par un tiers (avec preuves à l’appui ou témoins) devra payer le coût de nettoyage qui se fera par la mairie de l’arrondissement concerné. Il n’y a pas de double peine et cela est plus juste, tout le monde y gagne.

    Donc je soulaignais ci-dessous, 2 éléments au niveau des responsabilités : l’aménagement des routes et des caniveaux. Globalement, au niveau de l’aménagement des routes, il y a eu beaucoup de lacunes (la quantité et la qualité de goudron utilisé, les pentes, les caniveaux manquants, mal aménagés ou inachevés). Il y a aussi un autre problème, pourquoi faire des caniveaux ouverts quand on sait que dans beaucoup de villes africaines modernes, les caniveaux sont fermés avec des voies d’entrées et de sortie. Ce qui a pour résultat de limiter la pollution et les dégâts des eaux. Personnellement, je jette la faute à l’ancien bourgmestre de la capitale devennu Ministre de l’intérieur. Plein de voies ont été aménagés à Ouagadougou sans caniveau, s’il n’est pas entièrement responsable, il a une part de resppnsabilité. Il est temps pour lui de tenter de corriger les choses avec son confère Ministre de l’urbanisme. Il faut mobiliser la force de travail nécessaire et commencer à travailler même en pleine saison de pluie. En cas de danger imminent la seule réponse est une réaction immédiate et rapide. Il faudra éviter les discours, du type, en saison sèche, nous pourrons faire ceci ou cela. Il faut savoir que les actions sont complémentaires. Creuser les caniveaux manquants maintenant, nettoyer les maintenant, curer les et refaites une vérification en saison sèche. En saison sèche poour compléter cela, lorsque les barrages tarissent, il faudra curer les barrages, voir les réaménager (approfondissement, élargissement, renforcement,...).
    Les actions ponctuelles doivent être éviter sans vision stratégique et c’est ce qui a beaucoup manqué pendant les dernières années du régime précédent.

    Voici donc mes contributions, mais soyons sérieux, agissons, les discours ne servent à rien et ne nourrissent personne si ce n’est l’égo de celui qui les vomit.

  • Le 22 juillet 2016 à 10:36, par docteur socrates En réponse à : Risques d’inondations répétées : Nos pleurs célébreraient-ils notre auto-malédiction collective ?

    Nous demandons au maire central M. BEOUINDE de faire auditer la gestion des fonds des inondations de 2009 et de faire sanctionner les auteurs de détournement. Enfin nous lui demandons de faire dédommager les familles (qui n’avaient pas choisi l’option de prendre du ciment, des tôles et une parcelle à Yagma) qui vivent le long du canal Kadiogo à qui il avait été promis de faire une évaluation de leur maison avant dédommagement. Ca fait des années qu’elles attendent.

    D’autre part des outils de modélisation et de l’expertise existent à l’Institut géographique du Burkina et au Centre régional AGRHYMET de Niamey pour voir les zones inondables en fonction des hauteurs de pluie que nous recevons ou en fonction des crues de nos cours d’eau (crue centenaire, crue millénaire etc.). La maire de Ouaga en collaboration avec les services compétents pourrait faire faire une étude scientifique et sur la base des résultats dédommager et déguerpir ceux qui doivent l’être, et empêcher toute nouvelle construction dans ces zones inondables ou des espaces verts pourraient être crées.

    Enfin, le maire pourrait raviver le système d’alerte précose et de ripose mis en place après l’inondation de 2009 et qui donnait l’alerte en cas de probabilité de fortes pluies.

  • Le 22 juillet 2016 à 10:41, par faso En réponse à : Risques d’inondations répétées : Nos pleurs célébreraient-ils notre auto-malédiction collective ?

    tous les ans je mets au moins 5 voyages de 10 tonnes de terre dans notre 6 metres.mais il y a quelques jours des gens sont venus enlever les pierres qui callaient la terre comme quoi il veulent faire des foyers pour cuisiner les mets de leur baptême. résultat la grande pluie est venue tout racler nous laissant avec un grand trou.

  • Le 22 juillet 2016 à 11:01, par Non à l’imposture En réponse à : Risques d’inondations répétées : Nos pleurs célébreraient-ils notre auto-malédiction collective ?

    Quand on observe ce qui ce passe au pays, on ne peut s’empêcher de dire que les priorités semblent être inversées. Pourtant, la nature a ses humeurs et vient nous rappeler à chaque fois qu’il y des étapes dans toute évolution incontournables. Puisse enfin ce malheur qui vient encore de nous frapper faire prendre conscience aux autorités la nécessité de doter nos villes d’infrastructures minimum ?

  • Le 22 juillet 2016 à 11:51, par matyp & K’Emp En réponse à : Risques d’inondations répétées : Nos pleurs célébreraient-ils notre auto-malédiction collective ?

    @lefaso.net : c’est vrai que vous devez être ouverts à tous, mais voilà le genre d’articles que nous souhaitons lire sur votre site web.

  • Le 22 juillet 2016 à 13:47, par Amina En réponse à : Risques d’inondations répétées : Nos pleurs célébreraient-ils notre auto-malédiction collective ?

    Merci Monsieur SAMNE pour cette analyse très pertinente car vous avez tout dit ceci reflète malheureusement la réalité dans notre cher Faso.
    Merci encore et que Dieu te bénisse

  • Le 22 juillet 2016 à 16:06, par COB En réponse à : Risques d’inondations répétées : Nos pleurs célébreraient-ils notre auto-malédiction collective ?

    L’incivisme et la foutaise est devenue une manière de vivre au Burkina Faso et singulièrement à Ouagadougou. Sinon, comment comprendre que l’on construise des routes à double voies et à coup de milliards de francs et des individus idiots et malpolis les transforment en parking juste pour boire leurs bières ou pour le simple plaisir. Voyez sur la route nationale 1 depuis le marché de Gounghin jusqu’à l’échangeur de l’ouest et depuis la sortie de l’échangeur de l’Est en allant vers Fada Ngourma.
    Les voitures sont bien visibles et les numéros sont bien visibles, mais personnes ne dit mot.
    Chacun peut s’installer et construire dans la rue, produire des déchets qui finissent naturellement dans les caniveaux.
    Ou, on met tout le monde au pas, ou on déclare officiellement que chacun peut faire ce qu’il veut à Ouagadougou.
    Pensez au moins à Dieu et aux bénédictions que nous attendons de lui et pensons aux autres pour mériter de Dieu.

    Je m’excuse auprès de ceux que j’ai peut être blessés par mon écrit.

  • Le 22 juillet 2016 à 17:27, par YABSORE En réponse à : Risques d’inondations répétées : Nos pleurs célébreraient-ils notre auto-malédiction collective ?

    j’ai l’impression que les gens confondent la capitale Ouagadougou au Burkina Faso. c’est vrai il eu un temps ou l’on pensais que qui contrôle la capitale maitrise la république ce qui a inspiré le concept de pays réel par les défenseurs des droits de l’homme pour attirer l’attention.
    Aussi par le succès de la sociale démocratie, des associations ou même des humeurs d’institutions ont été crées ou suscitées pour soutenir ou nuire ce contrôle. l’on pensait qu’à la suite de la libération du Faso par la résistance effective des forces du pays réel, cet complexe de supériorité de la capitale allait amenuiser. Mais que ni ni. mauvais contribuables de leur commune, négligents indécrottables de leur cadre et peu respectueux sinon transgresseurs des ordres hiérarchiques ou recommandations des spécialistes et par conséquence très regardants du vivre ensemble, ces populations de la capitale toutes couches confondues, croient il y a obligation pour l’état de mobiliser toutes les ressources pour satisfaire leurs causes , même celles qu’elles pouvaient éviter par la connaissance historique,
    certes il y a une culture de l’assistance pour justifier certains besoins en appuis, mais quand même, faut il pérenniser les causes sinon les projets de ces personnes qui habitent ces zones inondables et plusieurs récompensées dans leur inconduite ? autorités administratives et politiques faites attention sinon vous serez accusées de détournement ou de concussion de biens publics alors que les victives volontaires d’abus de demande d’assistance.

  • Le 22 juillet 2016 à 17:35, par Moi aussi En réponse à : Risques d’inondations répétées : Nos pleurs célébreraient-ils notre auto-malédiction collective ?

    Bravo Nestor ! Parce que c’est rare, je me permets de te le dire, ton article est bien enlevé. Ta formule de l’entame « de crier fort aujourd’hui pour faire taire ce qui crie en moi » est très relevée.
    Dans le fond, il n’y a rien à dire. Tu as tout dit et l’apothéose, c’est quand tu dis que ‘‘Nous devrions plutôt instaurer des journées d’hommage à notre cécité volontaire et à notre « auto-malédiction » collective.’’

    Ce pays souffre de l’incompétence de ses politiciens professionnels. Cette incompétence est illustrée par le manque de vision prospective, de politique intelligente, de politique d’anticipation, de politique ambitieuse, de politique tout court et d’amour pour le Peuple.
    Le pire, c’est que même si on n’est pas une lumière en matière de réflexion, on doit avoir l’instinct (remarquez que je ne dis pas « l’intelligence ») de copier ceux qui s’en sortent. Ce n’est pas une honte !
    Si nous étouffons notre orgueil, nous pouvons remettre au goût du jour, des expériences très réussies de la révolution de Thomas Sankara. Pas plus tard qu’hier, sur le plateau de ‘‘Controverse’’ à la TNB, un responsable de l’association ‘‘droit au logement’’ a confondu le maire quand il a dit qu’il y a peu, les burkinabè faisaient des travaux d’intérêt commun dans l’allégresse. Où est passé cet enthousiasme ? Si, les témoins vivants de cette période ont du mal à s’en inspirer, quid de nos enfants qui verront ça comme une fiction !

    Regardez le Ghana.
    Regardez surtout le Rwanda. Voilà un pays qui est petit pour commencer. Ensuite, un pays qui a connu brutalement, la mort de 800.000 des leurs. Ce qui fait certes 800.000 bouches à nourrir en moins mais surtout, 1.600.000 bras en moins pour sa productivité. Sans oublier le déséquilibre démographique que cela crée.
    Ce pays a relevé le défi de juger en interne les génocidaires et a traqué à l’extérieur, des ministres, des députés, des maires, des généraux, des colonels, etc. pour les remettre à la CPI.
    Ce pays s’est offert le privilège de changer en cours de route sa langue officielle (du français à l’anglais).
    Ce pays a dû développer des stratégies militaires pour sécuriser ses frontières contre les anciens génocidaires qui campaient et attaquaient ce petit pays à partir de la RD Congo.
    Ce pays a développé une offensive diplomatique contre les ripostes de la diplomatie française (refus d’admettre sa responsabilité dans le génocide, refus de juger des génocidaires qu’elle abrite dont la veuve de l’ex-Président, refus de laisser le Rwanda choisir librement sa langue d’enseignement, etc.).
    Ce pays a traqué ses anciens alliés devenus opposants qui vivaient au Kenya et en Afrique du Sud et qui y préparaient sa déstabilisation.
    Ce pays qui vient de si loin, a réussi à créer l’assurance maladie universelle pour la population alors qu’avec 27 ans de pouvoir sans partage et sans inquiétude, Blaise Compaoré et les dirigeants du MPP actuel n’ont pas pu le faire.
    Ce pays a dû renaître à partir de caisses vides puisque le FPR est rentré prendre le pouvoir dans une pagaille générale où il n’y avait plus d’administration ; ce qui veut dire par de régie de recettes (impôts, douanes), pas de recettes minières, pas de TVA à collecter, etc. alors qu’ici, les gens brandissent à chaque coin de rue qu’ils sont venu voir les caisses vides.

    Ce pays et ses dirigeants ne sont pas des extra-terrestres. C’est juste qu’ils ont compris mieux que nous ce que Thom Sank disait : tout ce qui est imaginable par l’homme, est réalisable par l’homme. Pour ça, il faut être capable d’imaginer et c’est bien ce que je reproche à nos dirigeants.
    Le Rwandais s’est inspiré de certaines actions de la révolution notamment la lutte contre l’injustice en général, le TPR rebaptisé Ga tchatcha, la lutte contre la corruption, les nettoyages populaires de la ville sous la présence de Paul Kagamé himself, etc. aujourd’hui, le Rwanda est classé parmi les 5 premiers au monde en matière de lutte contre la corruption. En matière de développement et de croissance, on ne parle même pas. Aujourd’hui, des drones sont utilisés pour le transport rapide de médicaments et d’autres denrées. Des Start Up se créent aujourd’hui au Rwanda dans les NTIC. Kigali la capitale, est aujourd’hui une ville très propre et les habitants sont sensibilisés pour ne pas jeter au hasard, des déchets dans la rue et dans les places publiques. Tous les indicateurs de développement humain sont bons.

    On peut ne pas avoir le don d’être lumineux mais il faut savoir copier au moins.

    Pendant cette rédaction, ma tension faisait yoyo et il vaut mieux que je m’arrête au risque de m’écrouler sur mon ordi à cause de ces gens-là.

    Félicitation pour ce bel article qui provoque le débat Nestor.

  • Le 22 juillet 2016 à 17:40, par citoyen indigné En réponse à : Risques d’inondations répétées : Nos pleurs célébreraient-ils notre auto-malédiction collective ?

    Analyse tres objective qui tranche avec certaines tres partisane de genre " c,est l,etat, c’est l’incivisme" . pour que ca aille au faso, chacun doit revisiter son propre comportement, du président au plus petit des burkinabe.

  • Le 22 juillet 2016 à 19:13, par bagoue En réponse à : Risques d’inondations répétées : Nos pleurs célébreraient-ils notre auto-malédiction collective ?

    je me rappelle que le gouvernement a attribuer des logements et des parcelles a tous ceux qui etaient dans les zones inondables . les interessés ont trouves mieux de ventre ces parcelles et retournés dans ces mêmes zones . donc pas de murmures selon.

  • Le 23 juillet 2016 à 10:06, par Samson En réponse à : Risques d’inondations répétées : Nos pleurs célébreraient-ils notre auto-malédiction collective ?

    Belle analyse ; Je vous tire mon chapeau.
    Sous d’autres cieux on voyait les actions communautaires de curage des caniveaux etc. Il est temps qu’on prenne nous même soin de la chose commune, aussi petite quelle soit.

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