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Trafic de Tabac dans la bande sahélo-saharienne : L’autre source de financement du terrorisme

Publié le samedi 16 juillet 2016 à 22h06min

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Trafic de Tabac dans la bande sahélo-saharienne : L’autre source de financement  du terrorisme

Le nerf du terrorisme, c’est l’argent et les terroristes savent où le chercher. Dans une zone sahélo-saharienne dont ils ont la maîtrise parfaite, ils s’adonnent à toutes sortes de trafic pour financer leurs opérations. Moins connu, le trafic du tabac est pourtant une source importante d’entrée d’argent ‘’des fous de Dieu’’. Un haut responsable de l’ancienne opération Serval au Mali a donné des éléments qui permettent de cerner l’ampleur du problème. C’était au cours d’un séminaire organisé par Le Groupe AllAfrica Global Média, à Grand Bassam en Côte d’Ivoire, du 8 au 10 juillet 2016.

Mokhtar Belmokhtar alias Belaouer(le borgne) le tristement célèbre terroriste est aussi surnommé « Mister Malboro ». Pourquoi le nom d’un chef terroriste est associé à une marque de cigarette ?

Le trafic du tabac dans le septentrion malien est un phénomène qui est méconnu et banalisé, regrette ce haut responsable de l’opération serval à l’époque. Il est intervenu via Skype au séminaire de Grand Bassam sur le thème, « Comprendre l’environnement règlementaire du tabac en Afrique : Enjeux, Perspectives et quels
Rôles pour les médias ? ».

Quand les trafiquants se font arrêter, leurs marchandises sont juste confisquées et il n’y a pas de poursuites pénales. C’est pourtant un trafic qui génère beaucoup de ressources et qui alimente le terrorisme transfrontalier.« Le mali est le pays qui souffre le plus du commerce illicite du tabac dans la sous-région », note un autre expert bien introduit dans l’industrie du tabac.

Profitant donc de la porosité des frontières, les terroristes font passer plus de 7 millions de paquets de cigarette qui débarquent des ports de la sous-région, vers les zones où ils règnent en maitres absolus. La cigarette trafiquée qui échappe à tout contrôle et n’est soumise à aucune taxe, génère plus de 7 à 10 fois son gain initial. C’est un bénéfice de plus de 800 millions FCFA par an qu’engrangent les trafiquants, précise le haut gradé le l’opération Serval.

Les méthodes du crime organisé sont ainsi usitées par les terroristes. Trafic d’armes, de drogues, d’humains, de cigarettes. Et c’est ce qui permet à « Mister Malboro » et ses acolytes d’acquérir des Kalachnikovs, des missiles anti-char… et continuer à semer la terreur dans la sous-région ouest-africaine.

Assécher les ressources des terroristes

« L’option militaire n’est pas la seule réponse à la lutte contre le terrorisme », enseigne l’officier supérieur. Il faut surtout travailler à couper les tentacules de l’hydre terroriste en asséchant ses ressources. L’aspect militaire est juste le moyen de créer les conditions à la résolution politique du problème.

La lutte de l’idéologie islamiste et le développement des zones défavorisées, complèteront les solutions.

« Aucun pays n’est à l’abri du terrorisme », a rappelé le conférencier. Le Mali, le Niger, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Nigéria, dans la sous-région ont tous été frappés. Le chef militaire a ainsi appelé à davantage de collaboration entre les pays de la sous-région, en matière de renseignements, et aussi de contrôle approfondi dans les différents ports pour éviter les trafics. Les containers qui débarquent doivent être passés au peigne fin.

« Fermer les yeux sur certains trafics, c’est favoriser la montée en puissance des terroristes », a tranché l’expert.

Poser le débat sur le tabac

En organisant le séminaire de 48h pour parler du tabac avec environ 50 journalistes de 15 pays d’Afrique, le groupe AllAfrica Global Média a voulu susciter le débat sur un sujet de société, économique et de santé publique. Le journalisme étant un métier qui transcende toutes les questions de la société, les hommes de média doivent donc s’intéresser à cette problématique. Ce d’autant plus que si rien n’est fait, « le monde enregistrera 1,5 milliard de morts au 21e siècle » liés au tabac, a regretté Amadou Mathar Ba, président du groupe AllAfrica Global Média.

Le débat n’est pas de se positionner pour ou contre le tabac, ont dit les organisateurs ; mais plutôt de traiter la question à fond, sans passion.

Alors que l’industrie du tabac pose un véritable problème de santé publique, elle contribue paradoxalement pour beaucoup dans l’économie des pays, avec plus de 150,3 milliard de FCFA au fisc en Afrique, et des milliers d’emplois, a reconnu un expert pour qui l’une des alternatives pourrait être la réduction de la nocivité du tabac.

La rencontre a pris fin par la création d’un réseau africain d’échanges et d’informations entres journalistes sur les grands enjeux liés à l’industrie du tabac.

Tiga Cheick Sawadogo (tigacheick@hotmail.fr)
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 16 juillet 2016 à 23:55 En réponse à : Trafic de Tabac dans la bande sahélo-saharienne : L’autre source de financement du terrorisme

    Combien d’usines se trouvent en Afrique. Que ces messieurs cessent de nous envoyer les sources de la mort tout en nous demandant de veiller à ce que cela ne finance le terrorisme

  • Le 17 juillet 2016 à 04:42, par Sami PALM En réponse à : Trafic de Tabac dans la bande sahélo-saharienne : L’autre source de financement du terrorisme

    Je te recommande cet article. Très intéressant

  • Le 17 juillet 2016 à 11:12, par bik En réponse à : Trafic de Tabac dans la bande sahélo-saharienne : L’autre source de financement du terrorisme

    dè camion escorté par dè motoriste dp8 laéropor d waga dchargè leur contenu ds 1magasin detenu par 1arab a markoy.dotr véhicul(bj)venè fer l chargema é pacè par tinakof intangom en direction du mali ou niger.gar o policié ki control cè véhicul.

  • Le 17 juillet 2016 à 11:42, par Raogo En réponse à : Trafic de Tabac dans la bande sahélo-saharienne : L’autre source de financement du terrorisme

    Huum ! Et qui est le répresentant "Exclusif "de la marque de cigarette americainne "Malbooro" ici (au Burkina Faso) dans la bande Sahelio Sahelienne ??????
    Messieurs les experts et experts de la lutte contre le finnancement du terroriste !

  • Le 17 juillet 2016 à 12:26 En réponse à : Trafic de Tabac dans la bande sahélo-saharienne : L’autre source de financement du terrorisme

    Le petit président de l’ancien régime Compaoré était le principal organisateur de ce trafic vers le Nord Mali où son nom apparait comme Mister Marlboro

  • Le 17 juillet 2016 à 16:29, par Cheikh En réponse à : Trafic de Tabac dans la bande sahélo-saharienne : L’autre source de financement du terrorisme

    Si l’on pouvait déjà entrevoir un moyen de lutte contre le trafic des armes, des humains, de l’or, de la drogue et du diamant, ce serait déjà mieux et plus réaliste, que de divertir les gens avec des questions de cigarettes, qui ne contribueront qu’à disperser à tort, des énergies que l’on pourrait investir utilement dans les domaines les plus nocifs.

  • Le 18 juillet 2016 à 16:42, par ragomzanga En réponse à : Trafic de Tabac dans la bande sahélo-saharienne : L’autre source de financement du terrorisme

    Chers amis,
    Merci pour cet article, et merci pour les commentaires de l’expert français du Serval.
    Seulement, je me pose des question en tant qu’être humain doté d’une capacité de réflexion.
    Nous savons pertinemment que les vraies sources de financements du terrorisme sont à trouver ailleurs ! La diversion est une autre stratégie des PTF du terrorisme...
    Merci !
    RAGOMZANGA

  • Le 20 juillet 2016 à 09:55, par Jacques Zanga Dubus En réponse à : Trafic de Tabac dans la bande sahélo-saharienne : L’autre source de financement du terrorisme

    .
    "La lutte de l’idéologie islamiste et le développement des zones défavorisées, complèteront les solutions"

    1. On peut prendre la mesure de la lutte "effective"contre l’idéologie islamique au Burkina Faso en considérant la "tiédeur", pour ne pas dire l’effacement de l’État quand un problème considéré comme "sensible", car lie à l’idéologie islamique, survient. Comme, par exemple, le conflit de Orodara entre les Sunnites et la communauté sèmè, où les autorités administratives n’ont pas eu le courage, ou les couilles, d’empêcher, d’interdire l’exploitation du site dès lors que l’"affaire" s’est retrouvée en justice. Si elles avaient fait appliquer la loi, la mosquée n’aurait pas été saccagée.

    2. "le développement des zones défavorisées". Dans un article intitulé "Ne tirez pas, on ne tue pas des idées", que le Faso.net n’avait pas publié, pour quelle raison, allez savoir, sinon à se demander ce que la liberté d’expression veut dire, on peut lire cet article sur le site Bayiri.com, et y trouver cette réflexion sur le développement :
    "La deuxième institution, pour servir la première [l’institution de la pauvreté], est le sous-développement. Beaucoup d’efforts sont déployés pour garantir sa pérennité, derrière les efforts apparents pour le vaincre.
    La problématique de ce constat affligeant est simple, et trouve sa résolution dans une loi universelle dite “d’équilibre” : les pays riches prétendent venir en aide aux pays pauvres, mais cela ne pourrait se faire qu’à la condition qu’ils acceptent de s’appauvrir. Or, ils font tout pour s’enrichir, ce qui ne peut se faire qu’à la condition que les pays pauvres s’appauvrissent, et c’est ce qui se passe".
    Dans ces conditions, pour développer les zones défavorisées, comme le disait Sankara, on ne peut compter que sur nous-mêmes. Mais nous-mêmes, ce ne sont pas nos gouvernants, banquiers inféodés au FMI, à la Banque mondiale, et à un "système" néocolonial dont le cordon ombilical ne parvient pas à être définitivement tranché.

    Dans ces conditions, si "nous-mêmes" ne prenons pas en main la lutte contre l’idéologie islamique à chaque occasion qui se présente, cette idéologie totalitaire, et le terrorisme, n’ont pas grand-chose à craindre, et ne sont pas prêts de disparaître. Mais, arrêter de fumer en Afrique pourrait "aussi" assécher cette source de financement-là.

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