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Corridor sénégalais : Le calvaire des transporteurs routiers

Publié le jeudi 12 mai 2005 à 08h18min

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Importer des articles de Chine ou de Dubaï est-il plus facile que de faire venir du sel et du poisson séché du Sénégal ? Un opérateur économique burkinabè continue de se le demander, lui qui croyait aux vertus de l’intégration au sein de l’UEMOA.

Ce fut un véritable soulagement pour le chauffeur et le convoyeur lorsque leur camion arriva enfin à destination, à Ouagadougou. Ils croyaient ne jamais terminer le voyage, tellement les embûches étaient nombreuses sur la route Kaolack - Ouagadougou.

Deux semaines pour parcourir quelque 2300 km ! C’est le calvaire subi par les deux personnes, qui ont embarqué du sel iodé du Sin Saloum et du poisson fumé de Joal. Partis de Kaolack le 27 mars, leurs documents dûment complets, ils rêvaient, d’un voyage tranquille (hormis bien sûr les routes défectueuses et les inévitables rackets policiers).

Avec des produits made in Sénégal (et même du cru), donc de l’espace UEMOA, ils n’avaient aucune raison de voir les choses en noir. Mais la rhétorique des idéologues et des commis de l’UEMOA est une chose, la réalité sur le terrain en est une autre. C’est la nuit et le jour. Les 460 km qui séparent Kaolack de la frontière malienne furent relativement faciles : route en bon état, formalités légères.

Le Mali, c’est une toute autre affaire. Le mot d’ordre chez les douaniers, policiers et gendarmes se résume en cette expression : "UEMOA, on connaît pas". En dépit des documents dont ils ont pris la précaution de se munir, nos deux passagers ont dû affronter toutes les épreuves possibles en territoire malien. En plus de la mauvaise qualité de la route, il faut compter avec la corruption généralisée au sein des forces de l’ordre. Pas un pas sans verser un rond, pour plagier le slogan d’une célèbre marque de chaussures.

Le Mali, un enfer pour les routiers

Les routiers sont méticuleux. Ils notent tous les postes de contrôle de formalités, tous les pots de vin et les difficultés du tronçon. Le Mali, du Sénégal et du Burkina, bat tous les records en matière de tracasseries et de rackets policiers. Et les routiers en savent quelque chose. Toutes les villes sont truffées, à l’entrée et à la sortie, de postes multiples où il faut casquer avant de pouvoir partir.

A ces contrôles intempestifs s’ajoute le mauvais état de la route. C’est à croire que les douaniers, policiers et gendarmes maliens ignorent que c’est un de leurs compatriotes qui est à la tête de la Commission de l’UEMOA. A la frontière burkinabè, les routiers déplorent seulement la lenteur dans les formalités, de sorte que les véhicules perdent beaucoup de temps.

Faisons les comptes. Notre camion chargé de produits sénégalais à destination du Burkina a fait 2369 km, de Kaolack à Ouaga, en deux semaines, a versé 300 000 F CFA (sans reçu) aux forces de l’ordre et 300 000 F aux douaniers. (dédouanement de la marchandise et autres frais non compris). Peut-on entretenir un commerce sous-régional viable dans ces conditions ? Mais cet opérateur économique, qui a voulu tester la réalité de l’intégration, ne désespère pas.

Il croit avoir ouvert la voie aux techniciens des trois Etats (Mali - Sénégal - Burkina), pour une véritable application des règles de l’UEMOA. Le corridor sénégalais, avec la construction de la nouvelle route Kédougou - Dakar, est prometteur pour les pays de l’Interland comme le Mali et le Sénégal.

Par Mahorou KANAZOE
Le Pays

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