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Elections, révision des listes,... : les inquiétudes de l’UNDD

Publié le jeudi 12 mai 2005 à 08h20min

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Sur convocation du président du parti, Me Hermann Yaméogo, le Bureau exécutif national de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) s’est réuni à Ouagadougou, à partir de 18h 30 autour de l’ordre du jour suivant :
- Adoption des rapports des trois commissions de travail mises en place le 06 avril 2005
- Questions nationales

1. Adoption des rapports

1- La Commission « Programme alternatif » a fait le bilan du septennat du Président Blaise Compaoré à travers les objectifs globaux poursuivis dans son programme de développement solidaire et a abouti au constat d’une dégradation des secteurs-clés, essentiels à une intégration véritable et harmonieuse du citoyen burkinabé dans la société. Elle a élaboré un programme alternatif qui s’articule autour des points ci-dessous :

- la refondation de l’Etat au double plan des missions nationales et internationales

- sur le plan économique, la mise en place d’une politique économique qui ramènera les partenaires internes et/ou externes sur la bonne gestion future de l’économie et des finances publiques. Une économie qui recherchera avant tout l’efficacité économique dans le cadre d’une économie libérale et solidaire.

- Au niveau de la politique extérieure et de l’intégration régionale
option de développement des relations avec les pays frères membres des mêmes organisations sous-régionales et africaines pour arriver au principe de représentations communes engagement à fondre les organisations de niveau inférieur dans ceux de niveau supérieur, à promouvoir des mécanismes spécifiques visant à corriger les disparités sectorielles, locales ou nationales qui se manifestent dans le vaste espace régional et à donner valeur supraconstitutionnel au principe de subsidiarité.

2- La Commission « Préalables pour les élections à venir » a recensé tous les points à revoir pour que les élections à venir se déroulent avec plus d’équité et de transparence. Elle a notamment dénoncé les décisions prises par le pouvoir de revenir sur des acquis constitutionnels et légaux pour donner l’avantage à la mouvance présidentielle. En conséquence de quoi, elle a demandé le strict respect de l’article 37 de la Constitution par le président sortant (deux mandats, pas plus), le retour à l’ancien code électoral, la non-inversion du calendrier électoral par le retour aux élections municipales avant la présidentielle.

La commission s’est penchée sur tous les dysfonctionnements relatifs aux instruments électoraux et autres institutions intéressées aux élections (CENI, CSI, Administration, Conseil constitutionnel...) et a proposé des mesures pour pallier ces dysfonctionnements. Elle a enfin préconisé des dispositions à prendre concernant les opérations électorales elles-mêmes et ce, à tous les stades des élections.

3- La Commission « Stratégie électorale et mobilisation des ressources » a analysé l’environnement socio-politique dans lequel les élections locales et présidentielles seront organisées. Elle a proposé une stratégie électorale basée sur deux principes majeurs : la concentration et le partenariat et suggéré l’organisation à mettre en place pour une conduite efficiente des actions pré-électorales, électorales et postélectorales. Elle a évalué les ressources matérielles et financières nécessaires à l’exécution d’un chronogramme d’activités, détaillé et donné les pistes pour la mobilisation desdites ressources. Après des échanges et des contributions pertinentes, le BEN a adopté les différents rapports.
Il a tenu à exprimer ses félicitations aux membres des différentes commissions pour la qualité de leur travail et décidé de prendre langue avec les partis qui soutiennent le candidat de l’UNDD, afin d’enrichir ces différents documents de leurs contributions pour en faire des documents fondamentaux de la « Coalition Hermann Yaméogo/Alternance 2005 » pour l’élection présidentielle de 2005.

II. -Les questions nationales

I- Sur le décalage des élections municipales

Se penchant sur la question des élections municipales, les membres du BEN ont condamné le passage en force du gouvernement pour faire précéder les élections municipales par l’élection présidentielle. Comme l’UNDD n’a jamais cessé de s’insurger contre cette méthode de gouvernance non ouverte, sourde au dialogue démocratique, les membres du BEN réaffirment leur ferme opposition à ce diktat et refusent d’en prendre acte, considérant qu’il est du droit et du devoir des partis politiques d’opposition comme des citoyens, d’œuvrer sans relâche à la révision/abrogation des lois injustes et à l’obtention de l’équité en matière électorale. Le BEN invite par conséquent les militants de l’UNDD, en association avec les forces sociales et démocratiques, à lutter contre cette décision inique.

2- Sur des inquiétudes liées à la révision exceptionnelle des listes

Abordant le point relatif à la révision exceptionnelle des listes électorales, les membres du BEN ont été informés de certaines intentions liées notamment à l’opération « 1000 jugements supplétifs d’actes de naissance par province », entreprise par le CDP par le biais des structures-écran de soutien à la candidature de Blaise Compaoré. Le BEN tient dès à présent à alerter les partis de l’opposition, les démocrates, les patriotes burkinabé ainsi que les partenaires au développement du Burkina Faso sur les risques actuels de gonflement artificiel du fichier électoral à l’occasion de la révision en cours. L’UNDD entend prendre ses responsabilités par rapport à la question, en relation avec les autres partis de l’opposition véritable.

3- Sur la situation sécuritaire

Les membres du BEN constatent, comme tous les Burkinabè, la pandémie de l’insécurité générale sur l’ensemble du territoire, qui s’aggrave de la propension des tenants du pouvoir à se faire justice en créant ici et là des milices et en recourant de plus en plus à des loubards comme supplétifs aux forces de défense et de sécurité. Les violences qui, à cet égard, ont récemment eu lieu à Gourcy (où des bandes armées du même camp présidentiel se sont affrontées), sont injustifiables dans un Etat soumis au droit et fonctionnant selon les normes démocratiques universelles.

De telles dérives existent parce qu’on a cultivé dans l’esprit des tenants du pouvoir et de leurs soutiens qu’ils sont des catégories supérieures de Burkinabé, qui peuvent s’affranchir des obligations légales. Le BEN condamne ces débordements et en impute la pleine et entière responsabilité au pouvoir. De la même façon, les membres du BEN ont vivement condamné la violence qui s’installe à l’université de Ouagadougou et l’intrusion sur le campus de malfrats instrumentalisés par le pouvoir pour y instaurer le règne de la terreur.

Les participants à la réunion ont également montré de l’indignation devant les violences dont les militants du CODECO ont été l’objet, dans la commune de Bogodogo, de la part de loubards manipulés pour tenter de briser une marche légale. Cette indignation a été d’autant plus grande que le forfait tenté, les auteurs ont tranquillement regagné l’enceinte de la mairie sans qu’aucune poursuite ne soit engagée contre eux.

La Direction du parti en appelle par conséquent à la mobilisation de tous les Burkinabè pour conjurer les conséquences futures de cette privatisation de la sécurité qui, si l’on n’y prend garde, risque de finir, comme dans tous les régimes totalitaires, par terroriser l’ensemble des Burkinabè. Elle demande par ailleurs des mesures urgentes pour sécuriser les électeurs et les cadres politiques pendant les périodes électorales à venir.

4- Sur la mise en cause des autorités burkinabè par le procureur David Crane

Enfin, le Bureau exécutif national a évoqué les graves accusations portées par le procureur du tribunal pénal sur la Sierra Leone, David Crane, contre le régime burkinabè qui, selon lui, aurait permis que Charles Taylor se rende au Faso à bord d’un avion militaire burkinabè pour y conférer avec des complices dans la perspective d’attenter à la vie du président Lansana Conté et de replonger la sous-région dans les affres de la guerre. La nature de ces accusations et leur origine ont amené la Direction de l’UNDD à exiger que le gouvernement réagisse.

Il est tout à fait inacceptable qu’il se réfugie, sous le prétexte fallacieux de la légèreté des accusations, dans un silence qu’il voudrait méprisant. Pour moins que cela, il s’est fendu de démentis outrés surmédiatisés. Le BEN estime qu’à défaut d’engager une action en justice pour diffamation ou pour tout autre chef de préjudice, le pouvoir doit démentir publiquement ces accusations et exiger à tout le moins des excuses de la part du procureur Crane.

En tout état de cause, les membres du BEN rappellent que l’UNDD a publié, le 20 août 2003, une déclaration demandant qu’il y ait des suites pénales à la démission de Charles Taylor ; ils rappellent également que le parti est cosignataire, avec l’opposition vraie, d’un appel, le 14 avril 2004, demandant la mise en place d’une commission d’enquête autour particulièrement de toutes ces allégations d’ingérence qui ternissent la réputation du Burkina Faso. Ils demandent encore une fois que les Nations unies, la Cour pénale internationale, l’Union européenne, les USA, les partenaires de bonne volonté permettent qu’il soit fait droit aux demandes du procureur Crane.

Cela permettra, avec l’extradition de Charles Taylor, que de son jugement et de celui de ses complices qui suivra, la lumière puisse être faite sur toutes les imputations relevées contre le Burkina Faso. Après avoir abordé des points en divers, le BEN a levé sa séance à 20h 30 mn, non sans avoir exhorté auparavant tous les membres du Bureau à s’investir pour que les militants et sympathisants du parti, dans la vigilance, s’inscrivent en masse sur les listes électorales.

Ouagadougou, le 10 mai 2005

Pour le Bureau Exécutif national,
Me Hermann Yaméogo

L’Observateur

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