Kaya : Le Lac Dem menacé par le sable
Le lac Dem, dans la province du Samnentenga, est menacé par l’ensablement. Avec 15 millions de m3 au départ, il a perdu, comme la plupart des autres retenues d’eau du Burkina, près de 40% de ses capacités. Les activités humaines sont à l’origine de ce fléau. Les membres de l’Agence de l’eau du Nakanbé (AEN), qui ont en charge ce lac, travaillent avec les populations riveraines pour sauvegarder ce bassin qui nourrit les habitants de quatorze villages.
Le lac Dem s’ensable. Il faut vite y trouver une solution. Situé à environ 10 km de Kaya, chef-lieu de la région du Centre-Nord, ce bassin naturel croupit sous le poids de l’ensablement. Cela, du fait de l’action de l’homme.
De la maraîchère culture et de l’agriculture dans le lit
Tout autour du lac sont installés des agricultures et des maraîchers. Ce réservoir naturel nourrit les populations de quatorze villages. « Nous sommes plusieurs milliers à profiter du lac. Il y a ceux qui pratiquent l’agriculture, le jardinage, ceux qui cultivent la patate et les éleveurs qui viennent abreuver leurs troupeaux. Ce sont au total quatorze villages qui entourent le lac et les populations vivent du lac », a indiqué Ousmane Sawadogo, trésorier du Comité local de l’eau (CLE). Certains paysans, au fur et à mesure que l’eau se retire du fait de la saison sèche, en voulant se rapprocher le plus de l’eau, pratiquent leurs activités dans le lit du lac. C’est le cas des maraîchers dont les cultures sont englouties par les eaux une fois la saison des pluies arrivée. D’autres, par contre, font des tranchées pour drainer les eaux jusqu’à leurs champs. « Ces tranchées entrainent l’ensablement du lac », a expliqué Pierre Zoungrana, chargé de l’appui-conseil au Secrétariat permanent pour la Gestion intégrée des ressources en eau (SP/GIRE).
En plus de l’ensablement, le lac est menacé par la pollution car des engrais chimiques et autres herbicides sont utilisés à quelques encablures de ce réservoir. « Les maraîchers et les agricultures utilisent des engrains et des herbicides. Nous sommes conscients que cela entraine des risques de pollution pour l’eau et partant les utilisateurs. Nous avons même remarqué une diminution du poisson dans le lac. Et je me dis que cela est dû aux produits chimiques que les gens utilisent », a ajouté Ousmane Sawadogo.
Des initiatives villageoises
Ayant remarqué l’ensablement du lac, le chef coutumier de Pikou, l’un des quatorze villages qui entourent le lac, a entrepris en 2006 une plantation d’arbres. C’est aujourd’hui un verger qui participe à la protection des berges. En 2007, l’AEN a été créée pour assurer l’existence des retenues d’eau dont le lac Dem. Le Comité local de l’eau (CLE) a alors été mis en place avec l’accord des populations. « Depuis lors des actions sont menées. Les membres du CLE ont fait le reboisement et sensibilisent aujourd’hui les autres à éviter l’utilisation des engrais chimiques et autres herbicides et d’éviter de cultiver dans le lit du lac », a expliqué Patrice Compaoré, membre de l’AEN.
A en croire les différents responsables, les populations sont disposées à œuvrer à la protection du lac. Mais certaines mauvaises pratiques ont encore la peau dure. Et si rien n’est fait au plus vite, la situation, bien qu’elle ne soit pas encore alarmante, pourrait le devenir surtout si les orpailleurs se mettent dans l’utilisation des eaux du lac.
Jacques Théodore Balima
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 2 juillet 2016 à 05:24, par mytibketa En réponse à : Kaya : Le Lac Dem menacé par le sable
vous touchez du doigt le récurrent problème de l’ensablement des retenues. l’amont de la retenue ni le lit mineur ne sont pas faits pour la maraicher-culture. ce là doit être un préalable à l’aménagement des retenues. On vous dira c’est une question de survie. Mais l’on oublie qu’il faut survivre dans la durée.L’on pose des problèmes que l’on aurait pu éviter.Ce là relève de l’éternel incivisme du burkinabe qui se cache derrière le fallacieux problème de l’ignorance.PERSONNE ne respecte les textes édictés en matière d’occupation des berges des points d’eau .même pas les maires qui les vendent aux plus offrants.
2. Le 2 juillet 2016 à 12:54, par Dibi En réponse à : Kaya : Le Lac Dem menacé par le sable
Que mytibketa nous explique en détail ce qu’il écrit. A quoi sert un lac, si on ne peut pas en vivre ? C’est à l’Etat d’entreprendre des opérations de curages réguliers, de stabiliser les berges, de veiller à l’entretien des canaux d’irrigation, d’opérer des campagnes de reboisements dans la zone autour du lac, etc...
Ils sont où les spécialistes des questions d’aménagements hydrauliques ? Il me semble qu’on a une grande école d’enseignement supérieur et technique relative à ses questions sise à Ouagadougou et qui forme des cadres pour toute la sous-région ?
Que font-ils tous ces ingénieurs qu’on pousse dans les petites opérations politiciennes et prédatrices d’occupation des mairies au lieu de les inciter à être des opérateurs et techniciens de terrain ; ce pourquoi la communauté nationale a consentit des efforts sociaux et financiers pour les former ?
Savoir mettre en mouvement les compétences et le potentiel des acteurs du développement, relève de la clairvoyance du pouvoir politique qui, s’il est borgne, incompétent et sans stratégie dans sa vision d’avenir, conduit tout un peuple à l’échec dans tous les domaines. Alors, il faut arrêter de tout mettre sur le dos des paysans considérés, à priori, comme ignares et inconscients, quand on n’a rien fait pour les tirer vers le haut.
Le ministère de l’agriculture, des eaux et forêts, de l’environnement et des sols a t-il une politique de suivi et d’entretien des sites aménagés ?
Les rivières, les lacs, les barrages sont des écosystèmes vivants et dynamiques dont la surveillance et le suivi déterminent leur pérennité. Et ça, c’est le travail des politiques, des techniciens de terrain avant d’être celui des populations. C’est en cela que se mesure l’incompétence des gens comme Salif Diallo qui a été longtemps ministre de l’agriculture de son satrape de président Blaise Compaoré.
3. Le 2 juillet 2016 à 14:32 En réponse à : Kaya : Le Lac Dem menacé par le sable
Je suis parfaitement d accord avec vous intervenant n 2. Le CLE et le SP/GIRE devraient pouvoir faire des propositions concretes pr la gestion du lac. Il ne suffit pas daller constater et de dire que le lac est ensable. Tout le monde le sait deja. Ce que tt le monde ne sait pas ce sont les moyens et techniques necessaires pour eviter cela. C’est en ce moments que les grabds techniciens doivent intervenir.
Moi j’ai l’impression que l’on forme les gens pour rien au BF. Regardez quand les plantes envahissent les plans d’eau. Aucune action concrete de la part des techniciens pour aneantir cela. Chaque annee c’est pareille....
En tout cas il faut que lon forme les gens a pouvoir resoudre les problemes et non seulement a les deceler.
Merci
4. Le 3 juillet 2016 à 09:31, par Conseil Régional du Centre-Nord En réponse à : Kaya : Le Lac Dem menacé par le sable
Le problème du Lam Dem est bien préoccupant tout comme celui du Bam. Nous sommes cependant étonné que personne n’ait parlé des nombreux efforts consentis par le conseil régional et le projet COGEL (Consolidation de la Gouvernance Environnementale Locale). Ayant fait le même constat, le conseil Régional en a fait une préoccupation au point de développer un plan d’urgence dont les effets sont visibles. Ni le CLE ni l’AEN encore moins le Chef du Pikou, président régional et national CRA ne peuvent pas occulter royalement ce qui a été fait dans le sens de la gestion rationnelle de cette ressource. Renforcement des capacités des exploitants (groupements féminins et masculins) et des membres du CLE à travers des sensibilisation, des formation et des dotations de paquets technologiques et de moyens logistiques, reboisements, aménagement de forêts, constructions de cordons pierreux, etc ont été réalisés à Dem à coût de centaines de millions et ceux depuis 2014.
et quand une mission est conduite sur le site par l’AEN, nous estimons que le conseil régional devait être impliqué à plusieurs titres. et ce papier est à notre sens incomplet du fait d’autres réalités sur cette ressource auraient pu être découvertes avec COGEL et le conseil régional. Le COGEL et le conseil régional restent ouverts pour toutes informations y relatives et dans le soucis de permettre à l’opinion et éventuellement aux partenaires au développement de mieux cerner la question.
5. Le 3 juillet 2016 à 10:48 En réponse à : Kaya : Le Lac Dem menacé par le sable
"...Et si rien n’est fait au plus vite, la situation, bien qu’elle ne soit pas encore alarmante, pourrait le devenir surtout si les orpailleurs se mettent dans l’utilisation des eaux du lac..."
Et, bien si, la situation est ALARMANTE VOIRE CATASTROPHIQUE. On doit se développer sans compromettre l’avenir des générations futures. Au Burkina, on construit des barrages à coût de milliard et on les gère très mal. Aucun ministère ne fait le job. Toute activité agricole est interdite à moins de 100 mètres du bord le plus haut de l’eau d’un barrage, retenue d’eau, lac, etc. La zone de 100 mètres est faite pour protéger la retenue d’ensablement, d’éviter le ruissellement d’eau pollué,etc. Au BF, tout le monde s’en fou et se renvoie la patate chaude. Combien de ministères concernés ? eau, agriculture, animale, environnement, etc... Les TEXTES existent alors il serait temps de les appliquer. Pour éviter la pollution, une seule solution, l’agroécologie... même si cela dérange Monsanto et leurs sbires assoiffés d’argent dans un monde cupide !
6. Le 3 juillet 2016 à 11:19 En réponse à : Kaya : Le Lac Dem menacé par le sable
A quand l’agroécologie dans ce pays ?
7. Le 3 juillet 2016 à 13:17 En réponse à : Kaya : Le Lac Dem menacé par le sable
Le conseil régional et le COGEL se moquent de qui ??? pour un résultat quasi nul !
8. Le 4 juillet 2016 à 13:18, par Jeunedame seret En réponse à : Kaya : Le Lac Dem menacé par le sable
Chers internautes... ya siido ! Chacun veut tirer avantage de ce sable. Le mal est connu depuis ; et on dort avec les soins. Il suffit de rêver du pire pour exciter les déblocages de fonds ; pour les tentatives de solutions à cet ensablement ; et les garanties de solutions à nos problèmes privés. C’est comme ça au Faso.