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FESPACO 2017 : Les ‘’Intentions sécrètes’’ de Sidbéwindé Bernard Yaméogo

Publié le mardi 28 février 2017 à 22h48min

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FESPACO 2017 : Les ‘’Intentions sécrètes’’ de Sidbéwindé Bernard Yaméogo

Il est l’un des ambassadeurs du Burkina Faso à cette 25e édition du FESPACO. Avec sa série ‘’Intentions sécrètes’’, l’abbé Sidbéwindé Bernard Yaméogo est en compétition officielle dans la catégorie série TV. Cette œuvre est la fin d’une trilogie qui a commencé avec la série à succès ‘’La crèche d’ Hamed’’ diffusée sur la télévision TV5 Monde en 2016, et ensuite ‘’Noces croisés’’. Il considère le cinéma comme un outil d’évangélisation, un moyen de porter l’évangile au plus grand nombre. Nous l’avons rencontré à son hôtel le 27 février 2017. Dans cette interview, il nous donne son avis sur le thème de cette édition de la biennale du cinéma. « Chacun de nous est acteur de sa vie, et Dieu est le réalisateur », résume-t-il. Lisez plutôt.

Lefaso.net : Comment appréciez-vous le thème de cette édition du FESPACO qui met l’accent sur la formation ?

Sidbéwindé Bernard Yaméogo : C’est une bonne idée d’avoir axé le thème sur la formation aux métiers du cinéma, d’autant plus que l’évolution du numérique est tellement rapide, que les anciens ont des bagages techniques qu’ils peuvent transmettre aux jeunes, qui eux, ont l’esprit plus prompt et ouvert pour mieux assimiler et porter haut le flambeau de cinéma.

Sur mes plateaux, si j’ai beaucoup travaillé avec les enfants et les jeunes, c’était justement pour créer un cadre de formation pendant les tournages pour que les jeunes prennent goût au cinéma et qu’ils s’approprient de façon pratique le métier du cinéma. Quitte à se perfectionner dans les écoles que nous n’avons d’ailleurs pas beaucoup au Burkina. Donc les plateaux de tournage doivent être des lieux de formation, autant pour les techniciens que pour les acteurs. Que les gens se mettent au sérieux pour apprendre.

Moi je suis très content parce que parmi mes comédiennes, il y a une qui a ouvert sa maison de production, elle est en train de réaliser son premier long métrage. Il y a des étudiants de l’ISIS (Institut supérieur de l’image et du son, ndlr) qui ont été sur mes plateaux et qui ont leurs premiers films qui ont connu du succès. J’ai voulu que les anciens sur les plateaux de tournage, initient les jeunes, donnent leurs expériences, parce que la meilleure école, c’est la pratique.

Quand on fait le casting, que l’on prenne le temps pendant au moins un mois pour que les acteurs apprennent les textes de leurs rôles, se l’approprient. Cela permet au réalisateur dans la direction d’être plus à l’aise. Vous trouvez des gens qui sont en train de lire leurs textes pendant qu’ils doivent passer. Ce n’est pas normal.

Je pense donc que le thème est la bienvenue. Mais il faut le développer davantage, et ne pas se contenter d’un FESPACO. Ça ne suffit pas, il faut ouvrir les voies pour que la formation soit permanente.

Justement c’est le reproche que l’on fait souvent au FESPACO. On a l’impression que les thèmes sont justes traités pendant la durée du festival, sans suite après. 50 ans après les débuts de ce festival, n’êtes-vous pas étonné qu’on parle toujours de formation des acteurs ?

Ce sont des paliers du cinéma, la formation revient régulièrement. Ce n’est pas parce que nous sommes dans un monde de haute technologie qu’on ne va pas envoyer les élèves apprendre à l’école. Au cinéma aussi, la formation doit revenir et nous sommes dans un monde où la technologie évolue et il faut se mettre à jour. C’est important de toujours rappeler la formation, même les ainés doivent se mettent à niveau. Les outils évoluent, même la façon de communiquer évolue.

Vous êtes présent à cette 25e édition du FESPCACO, en compétition officielle. Parlez-nous de votre œuvre…

Nous sommes présents avec ‘’Intentions sécrètes’’ qui est la boucle d’une trilogie de ‘’La crèche d’Amed’’ et de ‘’Noces croisés’’. ‘’Intentions sécrètes’’, c’est une série de 26 épisodes de 26 minutes qui a été déjà diffusée par TV5 en mai 2015. Cette série TV est donc en compétition officielle.

Elle traite en filigrane de la cohabitation pacifique entre les communautés. Après les deux enfants musulman et chrétien qui veulent construire une crèche de Noel, il ya leur mariage et l’opposition des parents, et puis maintenant c’est la vie au foyer. Dans les foyers mixtes, il y a toujours des problèmes. Nous avons choisi la problématique de la stérilité. Le mari est chrétien, médecin. La femme est musulmane.

Nous avons aussi traité de la différence d’âge dans le couple. Entre une jeune femme, très ambitieuse, ouverte, qui veut développer l’entreprise de son mari. Face à un homme, octogénaire, rétrograde dans l’entreprenariat.

Le problème d’héritage entre enfants qui sont toujours des problèmes sous-jacents des vies de couple est aussi abordé. Derrière tout cela chacun a des intentions qu’il n’avoue pas réellement .Quand il y a un problème comme la stérilité, il y a des belles mères qui ont l’intention d’avoir des petits fils et qui proposent des alternatives d’une autre femme à leurs fils, pour suppléer.

Vous avez le mari qui se trouve être cocu par son meilleur ami, qui est le gynécologue de sa femme. Et vous avez la femme qui veut sauvegarder son couple et ne veut rien avouer à son mari. Chacun évolue dans l’espoir de pouvoir un jour résoudre le problème à sa manière.

L’ambitieuse elle, a l’intention d’hériter de tout en supprimant tout le monde autour d’elle. Toutes les voies de recours, le mariage légal, ne marchent pas et au finish, elle se retrouve avec un bébé sous les bras avec trois maris et elle ne sait qui est le père de son enfant.

Nous sommes dans un contexte où on parle de plus en plus d’extrémisme violent et appelle à la coexistence pacifique entre religion. Cette série se présente-t-elle comme un message, un outil de sensibilisation ?

Depuis 12 ans, c’est le thème phare de toutes nos productions. C’était justement la cohabitation religieuse et pacifique, avant que les événements que nous connaissons ne secouent tout le monde. Avec « la crèche d’Amed », nous avons voulu inculquer aux enfants, ce gout de vivre ensemble, à travers les différences religieuses entre les parents. Après nous avons traité du mariage mixte pour inciter les communautés religieuses à vivre ensemble en symbiose et avoir des alliances pour la paix.

Enfin, dans ‘’Intentions secrètes ‘’, nous avons brassé toutes les religions, nous avons mis des acteurs phares qui sont musulmans, qui reviennent de la Mecque. Nous avons des chrétiens, des pasteurs, qui ont des messages à travers les différents thèmes que nous développons. Tout cela pour inviter les gens à vivre cette relation de solidarité, de tolérance et de paix.

Quelles sont vos attentes à cette édition de la biennale du cinéma ?

Je crois que c’est la 5e fois que je suis sélectionné officiellement. Les trois dernières éditions, j’étais présent. Je n’ai pas encore eu de prix, mais je crois que le meilleur prix, c’est d’être sélectionné. Quand on voit le nombre de films inscrits et qu’une poignée est sélectionnée, il y a quand même un mérite et ce mérite c’est d’être parmi ceux qui sont sélectionnés.

Je pense que c’est le jury et l’appréciation du public qui sanctionnent les œuvres. Notre joie c’est de savoir que les gens sont contents, l’impact de l’œuvre sur les gens, et le retour. C’est cela notre premier prix qui nous réconforte. Si les gens sont contents, -j’ai eu des appels d’un peu partout, de la diaspora, ça fait chaud au cœur. Que le meilleur gagne ! J’espère que le Burkina fera une bonne moisson pour ce festival.

En tant que prêtre-réalisateur, comment arrivez-vous à faire la jonction entre les deux ?

Hier (l’interview a été réalisée le 27 février 2017), j’étais surpris d’une phrase dite par le président de la commission épiscopale des moyens de communication sociale. Il dit que chacun de nous est acteur de sa vie, et Dieu est le réalisateur. Qui que nous soyons, nous avons reçu, ce que certaines personnes appellent grâces, ou talents. Quand nous le mettons en exergue, Dieu donne toujours la possibilité de tout mener à bon port. J’ai voulu être juste un maillon qui trace un sillon pour la présence de l’évangile dans le cinéma.

Sur les plateaux de tournage, j’ai été très content parce que j’ai fédéré autant les comédiens que les techniciens qui sont de différentes confessions religieuses. L’ambiance était bon enfant, peut-être que je véhicule une image de rassemblement, de tolérance et de fraternité. C’est l’essentiel pour moi.


Encadré
Trois épisodes (Désir d’héritier, Plan, Rêves brisés) de ‘’Intentions sécrètes’’ ont été déjà diffusés le dimanche dernier à la maison de la culture Jean-Pierre Guingané. La dernière séance de diffusion dans le cadre de ce FESPACO, c’est ce jeudi 2 mars 2017 au CENASA, à partir de 20h.

Interview réalisée par Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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