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Fonds de garantie commerciale (FGC) du SYNACOMB : Attention au syndrome du scandale “ICC Services” du Bénin

Publié le lundi 13 juin 2016 à 23h24min

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Fonds de garantie commerciale (FGC) du SYNACOMB : Attention au syndrome du scandale “ICC Services” du Bénin

Au moment où le Burkina Faso peine à relancer son économie pour renouer avec une croissance acceptable, toutes les dispositions doivent être prises par les pouvoirs publics et la communauté des affaires pour préserver le paysage économico-financier national des affres d’une surprise désagréable.

C’est en cela que l’intervention du secrétaire général, Roch Donatien Nagalo, du Syndicat national des commerçants du Burkina (SYNATCOMB) à l’émission “Ça va, ça ne va pas” sur les antennes de Horizon, mercredi 1er juin 2016, mérite une attention particulière, étant donné qu’elle porte sur une épargne rarement ou sinon jamais mobilisée au pays des “Hommes intègres”. En effet, l’invité de la radio de Moustapha Thiombiano a indiqué que sa structure a mis en place une société coopérative qui oeuvre à la constitution d’un Fonds de garantie commerciale (FGC) qui envisage collecter, par appel à souscription, 100 milliards F CFA afin de permettre aux commerçants de bénéficier aisément de sources de financement pour leurs affaires.

Aussi louable qu’une telle initiative puisse paraitre, il n’en demeure pas qu’elle suscite des interrogations sur la transparence autour de la collecte de cette manne et aux mecanismes de protection des souscriptions. Des inquiétudes, somme toute légitimes, quand on se remémore les scandales qui ont éclaté au Burkina Faso et ailleurs dans la sous région autour de telles initiaves, tendant à lever des fonds, qui se sont révélées plus tard de vastes escroqueries. Celui de “Investment-Consultancy and Computering Services” (ICC Services) au Bénin reste toujours d’actualité.

Ayant commencé ses activités en 2006, cette structure de collecte de l’épargne est parvenue en 2010 à spolier entre 200 et 250 mille personnes d’une somme cumulée d’environ 100 milliards F CFA pour laquelle elle s’est montrée incapable de rembourser les déposants. Mettant du coup le régime de Thomas Yayi Boni dans une situation à la fois embarrassante et délicate étant donné que son ministre de l’Economie et des Finances de l’époque, Irénée Koupaki et le directeur national de la BCEAO en son temps, Marcel De Souza, ont été régulièrement cités dans ce sombre épisode de la finance béninoise.

Personne n’espère un tel scénario catastrophique au Burkina Faso. Nul ne saurait aussi douter d’emblée de la sincérité des initiateurs du FCG que sont les premiers responsables du SYNACOMB. Tant il est vrai aussi qu’il y a un hiatus entre une structure de microfinance et un fonds de garantie. Mais le dérapage dans l’administration des deux peuvent avoir les mêmes effets pervers. Et comme le dit l’adage, “Mieux vaut prévenir que guérir”.

Il y a lieu actuellement d’interpeller l’Etat burkinabè à ouvrir l’oeil et le bon sur une entreprise qui pourrait le déstabiliser à tout moment. Le gouvernement doit exercer son activité de veille et de contrôle de l’économie nationale conformément aux obligations et réglementations de la BCEAO et de l’UEMOA. Il lui revient d’user pleinement de sa place et son rôle pour entourer cette impressionnante collecte de fonds de toutes les précautions afin de ne pas se retrouver plus tard devant le fait accompli. Car la levée de fonds dans un pays obéit à des règles dont le ministère de l’Economie et des Finances ainsi que l’Agence nationale de la BCEAO sont les garants. L’Etat est appelé à prendre ses responsabilités pour accompagner tout acte visant la vitalité de l’économie nationale, servir de rempart pour prévenir tout abus et se tenir en garde-fou pour éviter toute dérive. C’est en cela que le FGC du SYNATCOMB va participer pleinement à la création de richesses à travers des investissements probants.

Le SYNATCOMB a procédé le 10 juillet 2015 dans la salle des banquets de Ouaga-2000 au lancement de souscriptions dont l’ambition est de mobiliser, selon Roch Donatien Nagalo, le secrétaire général et ses camarades, 100 milliards F CFA pour constituer un Fonds de garantie commerciale (FGC) et faciliter l’accès de ses membres aux financements pour mieux mener leurs affaires. Porté sur les fonts baptismaux avec enthousiasme et engouement, l’appel du syndicat est immédiatement accueilli favorablement par plusieurs personnes dont des opérateurs économiques de grande renommée qui ont aussitôt mis dans la cagnotte plusieurs dizaines de millions de F CFA. L’initiative est même soutenue par l’ONSL (Centrale syndicale d’affiliation) et la Banque Atlantique Burkina Faso dont les représentants se sont succédé ce jour-là à la tribune pour saluer la trouvaille du SYNACOMB. Les initiateurs du projet ont à l’occasion clamé haut et fort que toutes les mesures idoines ont été prises pour protéger les mises et assurer leur pérennité. Le beau monde présent à l’occasion a donc applaudi à tout rompre et depuis le jour du lancement, Roch Donatien Nagalo et les membres de son bureau font la ronde du pays pour rencontrer leurs camarades commerçants, leur expliquer le bien-fondé de l’initiative FGC et susciter leur adhésion dans l’espoir d’atteindre rapidement l’objectif des 100 milliards F CFA.

Selon l’intervention du secretaire général, Roch Nagalo, à l’émission “Ça va, Ça ne va pas”, la société coopérative qui porte le FGC revendique actuellement 30 mille adhérents sur le territoire national. Son dynamisme lui a même valu d’être l’un des invités privilégiés du Forum économique de Chicago aux Etats-Unis où elle a pu nouer des partenariats et revenir au bercail avec deux trophées. Cette embellie ne peut cependant pas dissiper les multiples interrogations qui commencent à tarauder l’esprit des parties prenantes. Certains souscripteurs ne comprennent déjà pas qu’après avoir misé un montant donné, ils soient toujours acculés par les porteurs de projet à mettre la main à la pâte alors que depuis le 10 juillet 2015, date de lancement des souscriptions et du Fonds, ils attendent que les initiateurs leur rendent des comptes ou leur présentent les retombées de leur mise.

Tantôt sollicités pour des soutiens personnels souhaités par les responsables du SYNATCOMB ; tantôt appelés à accorder encore une rallonge financière pour permettre à la société coopérative de prendre son envol en parrainant ses premières garanties, ces “bonnes volontés qui ont accompagnés le SYNATCOMB” commencent à déchanter. Elles qui semblent avoir naïvement cru que leur souscription, dès les premiers instants, suppose une forme d’actionnariat librement consentie pour laquelle elles sont en droit d’espérer une fructification voire tirer des dividendes.

Il faut une prééminence des lois de la République sur toute demarche de ses citoyens mettant en branle des intérêts dont la survenue de conflits d’intérêt peut s’avérer préjudiciable à la cohésion nationale.

En attendant la plate-forme annoncée pour mettre tous les adhérents sur une même longueur d’onde, il y a bien des raisons de croire que les premières mises n’ont pas bénéficié de la protection et de la sécurisation nécessaires de fonds selon l’orthodoxie financière qui voudrait que les souscriptions soient placées dans un compte séquestre. La société coopérative et le FGC font déjà l’objet de recriminations relatives à des pratiques peu orthodoxes qu’il convient de clarifier pour donner confiance aux souscripteurs et susciter l’engouement auprès des membres. Car il revient de façon recurrente qu’une partie de la cagnotte partiellement mobilisée aurait déjà servi à supporter des frais d’installation et de fonctionnement du SYNACOMB et de sa société coopérative sans que cela ne soit au préalable porté à la connaissance des souscripteurs. Par ailleurs, de sources bien introduites soulignent que l’administration du Fonds serait actuellement l’affaire d’une poignée d’individus au sein du bureau du syndicat qui utilise souvent les souscriptions à des fins personnelles. C’est ainsi que l’un d’eux en a profit pour mettre ses propres affaires en ordre.

Il est temps que les dirigeants du SYNATCOMB ainsi que leurs partenaires du l’ONSL et de la Banque Atlantique montent au créneau pour infirmer les différentes allégations et éclairer la lanterne des souscripteurs qui commencent à nourrir un certain scepticisme et donner les gages de transparence dans l’utilisation et l’emploi de la cagnotte déjà mobilisée. D’autant que la méfiance entre les initiateurs et les déposants ne fait que grandir à cause d’une supposée proximité voire accointance entre les premiers responsables du SYNATCOMB et le régime actuel. Il se sussure que son secrétaire général aurait été candidat malheureux à l’un des scrutins pour le compte du parti au pouvoir. Du coup, il y a des observateurs de la scène politico-économique burkinabè qui voient en Roch Donatien Nagalo le rôle qu’un certain Hamidou Compaoré, jadis suppléant de Simon Compaoré au CDP, a joué avec sa fameuse Fédération des marchés et yaars qui a été en réalité une structure de propagande, de mobilisation et de canalisation de l’électorat commerçant plutôt qu’une organisation animée d’une volonté de défendre les intérêts des acteurs du commerce.

L’économie burkinabè a besoin actellement de tout sauf d’un scandale qui pourrait resulter de la mauvaise gestion d’un tel dossier. A bon entendeur, salut !

Filiga Anselme RAMDE
filiga.ramde@yahoo.fr
Pour lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 13 juin 2016 à 17:39, par lamerson En réponse à : Fonds de garantie commerciale (FGC) du SYNACOMB : Attention au syndrome du scandale “ICC Services” du Bénin

    l’initiative est louable mais a mon avis, cette « structutre » aurait dû commencer petit genre 500 millions, faire ses preuve dans la gestion des ces fonds avant de chercher a mobiliser 100 milliard. 100 milliards c’est trs enormes et tres risquant surtout que nos commerçant n’ont pas la culture du remboursement.

  • Le 13 juin 2016 à 17:43, par LA VERITE En réponse à : Fonds de garantie commerciale (FGC) du SYNACOMB : Attention au syndrome du scandale “ICC Services” du Bénin

    Cet article est vraiment le bienvenu pour susciter un réel débat autour de ce projet de Fonds de garantie commerciale initié par le SYNATCOMB. Depuis son lancement, il n’y a que trois personnes qui sont à la manoeuvre au sein du bureau : le secrétaire général, Roch Nagalo, le secrétaire aux relations extérieures, Félix Bénoît Nana et le trésorier général, Oussman Nana. C’est ce trio qui fait la ronde des différents opérateurs économiques et les hommes politiques ainsi que les différentes localités pour marchander et négocier ceci ou cela sans toutefois rendre compte aux membres à chaque fois que besoin en est. Le Burkina Faso post-insurrectionnel doit briller par une transparence absolue guidant les activités et les initiatives de ses filles et de ses fils. Car ils sont nombreux dans notre pays qui continuent de croire que sans dribbler les autres ou tricher dans leurs actions, ils ne s’en sortiront jamais. Il faut que ça change pour l’avenir et le bonheur de notre chère patrie.

  • Le 13 juin 2016 à 20:02, par Gaël Sakré WIBGA En réponse à : Fonds de garantie commerciale (FGC) du SYNACOMB : Attention au syndrome du scandale “ICC Services” du Bénin

    Au moment où ce régime cherche à s’agripper sur tout pour consolider ses assises sur tous les plans et mobiliser de l’électorat coûte que coûte, il sied de prévenir que de guérir. Rares sont des établissements financiers et des banques, même des Etats, qui sont capables de se lancer dans une telle mobilisation de fonds à hauteur de 100 milliards F CFA. Mais si cette ambition se révèle démesurée, ses inconvénients seront si catastrophique que personne n’osera s’interposer entre les initiateurs et les souscripteurs. Ce sera une guerre sans merci qui va secouer tous les secteurs de l’économie nationale. Donc mon excellence le Rocco et son grand monsieur "Tchièba" sont prévenus. Si ça marche, Salam Fathia. Mais si ça échoue, les pompiers se révéleront en deçà du sinistre humain et social.

  • Le 14 juin 2016 à 09:13, par article 37 En réponse à : Fonds de garantie commerciale (FGC) du SYNACOMB : Attention au syndrome du scandale “ICC Services” du Bénin

    Le projet porté par ce Monsieur peut-être efficace mais si une organisation efficace ne s’articule pas autour des acteurs, une crise autour des milliards mobilisés sera catastrophique. Il y a des structures pour encadrer ces activités comme le ministère des finances, la banque centrale. Les mécanisme de contrôle comme les assemblées générales, la certification des comptes doivent être mises en œuvre pour garantir pérennité et sérieux.

  • Le 14 juin 2016 à 09:57, par mycl En réponse à : Fonds de garantie commerciale (FGC) du SYNACOMB : Attention au syndrome du scandale “ICC Services” du Bénin

    L’initiative est très bonne et comme certains l’ont déja anticipé, des ménaces planent. Un bon management des gestionnaires de ce fonds, une meilleure sécurisation des souscripteurs, des textes juridiques encadrant les responsabilités de tous les acteurs sont entre autres nécessaires pour la bonne marche de cette activité.

  • Le 14 juin 2016 à 10:13, par Affranchir En réponse à : Fonds de garantie commerciale (FGC) du SYNACOMB : Attention au syndrome du scandale “ICC Services” du Bénin

    Les belles initiatives ne tarissent point dans ce pays. Mais le fil à retordre, c’est la gestion. Les porteurs du projet ont ils les compétences nécessaires en la matière ? Quelle garantie en matière d’expériences peuvent ils le démontrer ? Si j’avais à proposer, je souhaiterais que les porteurs du projets mettent à contribution leurs propres ressources financières, par ce qu’ils doivent avoir les capacités, au regard de leurs activités qui génèrent de l’argent. C’est à ce prix qu’ils mettront en confiance leur partenaires techniques et financiers, dans le cadre de leurs contributions. En matière de projet de telle envergure, évitons le tâtonnement, pensons d’abord à la formation des bénéficiaires pour la conduite et la gestion de leur projet. Ensuite, sensibilisons les pour une bonne appropriation du projet à mettant en relief, la pérennisation du projet, comme le remboursement dans le cadre de la survie du projet. Enfin, évitons le toug-guili, pour quiconque voudrait adhérer en proscrivant le politique, les renommés créditeurs en passible déjà de poursuite à ailleurs, qui vont se la coule douce dans cette nouvelle situation. Cela risque d’être un perpétuel recommencement. Il est dit selon la Bible qu’il n’y a rien de nouveau sous le ciel. Vous connaîtrez ma vérité et ma vérité vous affranchira

  • Le 14 juin 2016 à 10:35, par BMP En réponse à : Fonds de garantie commerciale (FGC) du SYNACOMB : Attention au syndrome du scandale “ICC Services” du Bénin

    Merci pour cet écrit qui permettra aux autorités de prendre les dispositions idoines afin d’éviter toute dérive. Sachez qu’un projet de cette envergure doit toujours démarrer par une expérimentation à petite échelle et avec des montants pas très élevés. Surtout qu’il s’agit d’un fonds de garantie et non d’un fonds de crédit. c’est des initiatives qui doivent être gérées avec simplicité et transparence.

  • Le 14 juin 2016 à 11:19, par Garde toujours l’espoir En réponse à : Fonds de garantie commerciale (FGC) du SYNACOMB : Attention au syndrome du scandale “ICC Services” du Bénin

    La mobilisation des 100 milliards de francs CFA est louable mais au lien ce fond pour importer des produits et enrichit l’extérieur on pourra créer des unités de transformation et chaque commerçant pourra donc avoir des parts et ceux qui n’ont pas les moyens seront embouché. Le cycle se répète et la richesse est ainsi créée.

  • Le 14 juin 2016 à 16:31, par Nongba En réponse à : Fonds de garantie commerciale (FGC) du SYNACOMB : Attention au syndrome du scandale “ICC Services” du Bénin

    Bien vu M. Ramdé.
    C’est un projet à bien bien penser. Surtout dans le secteur d’activité du commerce, sinon bonjour les dégâts.

    Je crois que les commerçants gagneraient à s’organiser en GIE de manière à bien maitriser leurs activités et leurs marchés c’est la principale garantie de financement de leurs activités par les banques

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