Le secteur rural emploie plus de 80% de la population active burkinabè et fournit près de 40% du PIB. L’agriculture constitue ainsi la principale source de revenus pour la majorité de la population. Et, l’amélioration de la productivité agricole passe par l’utilisation à grande échelle de semences améliorées de qualité. C’est donc dans le but d’inciter les producteurs à utiliser davantage ces semences de qualité que l’INERA a institué l’organisation régulière de la foire aux semences de variétés améliorées de plantes.

La présente édition, 7e du genre, se tient sous le thème « processus d’inscription au catalogue national des espèces et variétés agricoles et renforcement du partenariat public-privé pour booster le secteur semencier ». Un thème d’actualité dans la mesure où la contribution du secteur privé notamment les entreprises semencières permettra d’augmenter l’offre semencière. « Le premier catalogue national d’espèces de plantes agricoles élaboré et édité en 2014 est un acquis majeur pour le secteur semencier, mais les efforts doivent se poursuivre davantage dans la création et l’homologation de nouvelles variétés. Une convention-cadre de collaboration entre l’INERA et le privé en matière de production de semences de base a été élaborée et validée en mars 2016. Elle sera mise en œuvre dès cette campagne agricole 2016-2017 et cela va renforcer davantage le partenariat public-privé et contribuer à booster la production de semences de base », a expliqué Hamidou Traoré, directeur de l’INERA.

Les objectifs de la foire

Cette foire est organisée à l’intention des producteurs et des organisations de producteurs, des décideurs politiques, des partenaires techniques et financiers, des représentations diplomatiques et coopérations régionales et internationales, des ONG, des structures de formation et de recherche, du secteur privé. Elle vise, entre autres objectifs, à :

 informer, communiquer et sensibiliser des acteurs en amont et en aval sur l’état de la création et de la production de semences au Burkina ;

 susciter le débat avec les acteurs du système semencier national notamment les entreprises semencières, les ONG, les groupements et associations de producteurs semenciers paysans, la recherche à travers les sélectionneurs sur le processus d’inscription au catalogue national des espèces et variétés agricoles et la nécessité du renforcement du partenariat public-privé ;

 définir avec les entreprises semencières les stratégies et les mécanismes à mettre en place pour le renforcement de leur capacité.

La subvention passe de quatre à près de 12 milliards de francs

Conscient de la place stratégique qu’occupent les semences dans les systèmes de production agricole, le gouvernement burkinabè fournit des efforts financiers importants depuis la crise alimentaire de 2008 dans le domaine des intrants agricoles notamment la filière semencière par une politique de subvention et de distribution de semences de variétés améliorées aux producteurs. Les compagnies semencières privées et les producteurs semenciers organisés à travers l’Union nationale des producteurs semenciers du Burkina (UNPSB) jouent également un rôle important dans la production et la distribution des semences certifiées.

Pour promouvoir la modernisation de l’agriculture à travers l’intensification des productions agricoles, le gouvernement burkinabè subventionne annuellement le domaine des intrants agricoles (engrais, semences) à hauteur de quatre milliards de francs CFA.

Mieux, il consent, pour la présente campagne agricole, un effort exceptionnel par la subvention de plus de 10 milliards pour l’acquisition d’intrants agricoles (engrais, semences) et environ deux milliards destinés à l’acquisition d’équipements agricoles et d’animaux de trait au profit des producteurs et productrices les plus vulnérables. « Cette subvention sert ainsi à mettre à la disposition des producteurs dans toutes les communes du Burkina des équipements agricoles, des engrais et des semences de variétés améliorées de plantes pour booster la production agricole », a expliqué Jacob Ouédraogo, ministre de l’agriculture et des aménagements hydrauliques, parrain de la foire.

Une opportunité pour mieux s’approprier les résultats de la recherche

La modernisation et la professionnalisation de l’agriculture passent par un processus continu de génération de technologies et l’INERA a besoin d’être accompagnées par un renforcement de ses capacités en ressources humaines et en infrastructures. Elle pourra compter sur le ministère de l’agriculture à entendre les propos du ministre Jacob Ouédraogo qui a déclaré : « En acceptant de parrainer cette 7e édition de la foire aux semences de variétés améliorées de plantes de l’INERA, j’exprime tout mon soutien pour l’initiative qui est certainement une opportunité pour le monde des producteurs de mieux connaître et de s’approprier les résultats de le recherche notamment les variétés améliorées de semences de même que les itinéraires techniques devant les accompagner ».

Puis, il a invité les entreprises semencières, les organisations de producteurs de semences, les producteurs individuels de semences, les ONG et les partenaires techniques et financiers à établir des partenariats gagnant-gagnant avec l’INERA pour un développement assuré des productions agricoles.

Par ailleurs, il a exhorté l’INERA à organiser en plus de cette foire nationale, des foires dans ses régions de recherches environnementales et agricoles au grand bonheur des producteurs.

Les chercheurs invités à protéger leurs trouvailles

Filiga Michel Sawadogo, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, représentant le premier ministre n’a pas manqué de rappeler l’importance de l’utilisation des technologies et innovations pour l’accroissement de la productivité agricole. Car, « elle permet une exposition des semences de base produites par les différentes entités de l’INERA permettant ainsi à l’institut d’accomplir une de ses missions essentielles qui est la valorisation des résultats scientifiques. C’est l’occasion pour les entreprises semencières, les organisations de producteurs de semences, les producteurs individuels de semences, les ONG et les partenaires techniques de s’approvisionner en semences de base », a-t-il souligné.

« Le gouvernement ne ménagera aucun effort pour vous accompagner dans le renforcement de vos capacités en ressources et en infrastructures afin que vous puissiez accomplir votre mission dans l’optique de booster la production agricole du Burkina et permettre aux entreprises semencières nationales de répondre efficacement à la demande du marché régional », a-t-il poursuivi.

Aussi, se référant au thème, Filiga Michel Sawadogo a exhorté les sélectionneurs de semences de variétés améliorées à avoir le réflexe de la protection des technologies générées.

Moussa Diallo
Lefaso.net