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Offensive diplomatique burkinabè en Côte d’Ivoire : Il était plus que temps

Publié le jeudi 2 juin 2016 à 03h00min

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Offensive diplomatique burkinabè en Côte d’Ivoire : Il était plus que temps

C’est connu les liens historiques d’amitié, de fraternité qui existent entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. L’histoire de ces deux peuples frères est aussi très imbriquée l’une à l’autre de même que les deux économies. Si fait qu’il était impératif de sortir de cette situation de ni paix ni guerre qui ne disait pas son nom et qui se constatait aisément dans les relations de ces deux pays.

C’est peu de dire que les relations étaient très tendues entre les deux pays sous la Transition politique. En effet, l’exil du Président déchu en Côte d’Ivoire et sa demande d’extradition ; le mandat d’arrêt lancé par la justice burkinabè contre le président de l’Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro dans le cadre de l’affaire dite des « écoutes téléphoniques » ; et la tentative du putsch compliquaient sérieusement les rapports entre les deux pays.

Dès lors, les relations politiques et économiques surtout, se détérioraient de jour en jour. Avec des passes d’armes verbales de part et d’autre, aussi bien au niveau des populations que des autorités. C’est dans un tel contexte, que le Président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO), certainement remonté par certaines déclarations des autorités de la Transition, avait déclaré que la question du mandat d’arrêt allait être traitée avec les nouvelles autorités élues.

Alors pressenti pour être le futur Président démocratiquement élu du Burkina Faso, Roch Kaboré déclarait lors de ses interventions publiques en tant que candidat à l’élection présidentielle, qu’il fallait privilégier la voie diplomatique dans le cadre du règlement de ce dossier.

Et pendant toute la durée de la Transition politique, ce n’était pas le grand amour entre les autorités des deux pays. On était dans cette situation de ni paix ni guerre, où le moindre incident supplémentaire mal géré, pouvait prendre une grande envergure pour ne pas dire plus.

Roch à toujours penché pour le règlement du contentieux par la voie diplomatique
C’est en soi un langage diplomatique qu’utilisait le candidat Roch Kaboré devenu président du Faso, lorsqu’il disait que la voie diplomatique allait être privilégiée. Et avant même d’être élu, des émissaires se seraient rendus à plusieurs reprises du côté de la lagune Ebrié, pour baliser le terrain avec le président Alassane Ouattara et par ricochet son mentor Compaoré, devenu son hôte et protégé par la force des choses. Des émissaires envoyés aussi par ADO seraient aussi venus pour essayer d’aplanir les angles.

A l’évidence, le président Kaboré n’a jamais changé de stratégie et de position quant à ce qui semblait être pour lui, la meilleure façon de traiter des contentieux actuels avec son voisin ivoirien. Même s’il laisse la justice faire son travail dans le cadre de la séparation des pouvoirs, il n’a jamais cessé en réalité de jouer sur son terrain qui est celui de la diplomatie. Et si au passage ça embête le pouvoir judiciaire jaloux de son indépendance, et même s’il s’avérait qu’il travaille dans l’ombre à étouffer certaines procédures ou à défaut les retarder considérablement, on ne peut que faire des condamnations de principes. Surtout lorsqu’on ne peut pas prouver qu’il joue à cache-cache et que dans son discours officiel, il dit que tous les crimes impunis seront jugés. Mais qu’il ne peut cependant interférer dans les affaires judiciaires en raison du principe de la séparation des pouvoirs.

Compromis ou compromission pour la normalisation des relations BF-CI ?
C’est une délégation burkinabè de très haut niveau conduite par le président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo et comprenant Simon Compaoré (ministre d’État, ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure) et Alpha Barry (ministre des affaires étrangères, de la coopération et des burkinabè de l’extérieur)qui était du côté d’Abidjan le 31 mai 2016. Que dire sinon qu’il s’agit d’une véritable offensive diplomatique en direction de la Côte d’Ivoire.

Le choix des personnes de la délégation burkinabè n’est pas anodin. En effet, Salifou Diallo est la deuxième personnalité de l’Etat burkinabè en sa qualité de président de l’Assemblée nationale. Il assure par ailleurs l’intérim de la présidence du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès) depuis l’élection de Roch Kaboré à la tête de l’Etat burkinabè. Il a la réputation et même sous l’ancien régime de l’ancien président, Blaise Compaoré d’être l’homme des grands dossiers mais surtout des dossiers difficiles.

De même, Simon Compaoré est un dur à cuire qui connait tout de l’ancien régime et est l’un des grands piliers pour ne pas dire simplement qu’il est le N03 du pouvoir Kaboré. Quant à Alpha Barry, il serait un grand ami de ADO.

C’est d’ailleurs ce dernier qui a encore joué récemment les éclaireurs, courant février 2016 pour aller remercier les autorités ivoiriennes d’avoir livré l’élément, Moussa Nébié dit « Rambo »du RSP (Régiment de sécurité présidentielle) dissout, qui s’était réfugié du côté de la Côte d’Ivoire, après la tentative manquée du coup d’Etat. Les tractations officielles et souterraines avant même l’installation de Roch Kaboré dont nous avons fait cas, avaient justement permis à ADO de faire le déplacement de l’investiture du nouveau président le 29 décembre 2015.

C’est pourquoi, il faut effectivement voir en la visite du président Salifou Diallo et sa délégation à Abidjan, le véritable nouveau point de départ dans le raffermissement des relations séculaires d’amitié et de coopération qui lient les deux pays. Et c’est d’ailleurs ce qu’a confié « Gorba » (l’autre surnom de Salifou Diallo) à leur sortie d’audience : Relancer d’une part le Traité d’amitié et de coopération (TAC) entre les deux pays et demander le soutien de la Côte d’Ivoire et de son président pour relancer également l’économie burkinabè d’autre part.

Et comme le président Kaboré a décidé de privilégier la voie diplomatique, on peut se demander quelles sont les concessions qui seront faites de part et d’autre pour l’intérêt supérieur des deux nations. En effet, et comme c’est toujours le cas dans le règlement des problèmes par la voie diplomatique, des compromis seront faits. Pourvu qu’ils ne se transforment pas en compromissions au grand dam de certaines personnes qui feront vite de crier à la trahison des acquis de l’insurrection.

Angelin Dabiré
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 2 juin 2016 à 15:46, par Houra !!! En réponse à : Offensive diplomatique burkinabè en Côte d’Ivoire : Il était plus que temps

    Aucun d’entre eux n’aime si bien le pays pour trahir ainsi. D’ailleurs, tous n’aiment que leur personne.

  • Le 2 juin 2016 à 17:54, par ACHILLE DE TAPSOBA En réponse à : Offensive diplomatique burkinabè en Côte d’Ivoire : Il était plus que temps

    HOMMAGE A NOS MARTYRS du 30, 31 Octobre 2014 et 16,17 Septembre 2015

    Merci pour l’analyse. Le gouvernement MPP a le dos au mur vis à vis des promesses prises par la campagne présidentielle du 29 novembre passé.il a montré toutes ces limites sur les plans :

    1-Les acquis de l’insurrection populaire ont été vidangés après 6 mois de prise de pouvoir. L’euphorie de l’insurrection est aujourd’hui un cauchemar. Ils ont remis en scelle les coups tordus (mal gouvernance de 27 ans de règne appuyée par l’impunité) avec des nomination de complaisance à la CNSS ou nomination de l’horreur. De surcroît, les repentis(trio) ont commencé à dénigrer la transition de tous les maux, les caisses de l’État sont vides après 57 véhicules se sont volatilisés après la transition dans le but de hausser leur côte de popularité. Le Brave Peuple n’est pas mouton. On se passe pour des saints.
    2-Sur le plan de sécurité c’est le médecin après la mort. C’est après les attaques des terroristes l’on renforce les commissariats ou les postes de gendarmerie. Aucune anticipation pour contrer les attaques suicidaires des fous d’Allah. Nous avons envoyé des renforts. Quel cirque.
    3-Sur le plan de l’économie c’est absolument le comble. Il faut attendre que ADO ait 31 milliards de fcfa de promesses en France pour se ruer à Abidjan en annulant manu militari par tous les moyens les mandats d’arrêt. Comment un pays souverain(africain) peut-il demander à un autre pays souverain(africain) de relancer son économie ? Quelle est sa souveraineté ? En sortant mendier à vil prix ?. En rappel,Le Grand Thom SANK a refusé des COMPROMISSIONS INCESTES surtout avec les vendeurs d’attiéké (Boigny). Il a fallu que les MENDIANTS des TEMPS NOUVEAUX arrivent au pouvoir pour jouer à un spectacle tristement célébre comme le démontre la photo d’accueil. Comment peut-on compter sur le voisin pour nourrir tes enfants ?. Pour profiter gracieusement des milliards de ADO, les excellents dribbleurs du stade olympique de KOSSYAM et de l’ AN ont revu leur copie pour plaire ADO et le petit rebelle Soro. Pas de mandats d’arrêt. Fonçons tout droit à Abidjan pour avoir les bénédictions et l’argent de ADO le grand frère comme le surnomme le chef de mission.Quelle honte ?.
    4-Le plan de justice : Dans quel État de droit(USA,France) a-t-on vu 2 décisions contradictoires rendues dans la même journée(matin et soir) ?. Pour un grand criminel de sang ou économiques,il suffit de présenter un certificat médical pour repartir libre. Les juges ont reconnu eux-mêmes des corruptions en leur sein. Ils ne croient plus même à la rigueur ou véracité des textes de droits écrits devant eux. On assiste une multitude de contradictions chez les juges(remise en scelle des avocats étrangers, refus le matin et annulation le soir...). Certains juges devenus affairistes sont manipulés par les politiques. Ils parcourent les salons feutrés de KOSSYAM à la recherche de V8 ou d’une villa somptueuse aux bord de la plage de Tanghin ou la côte d’azur de Ouaga 2000 en troquant leurs belles de magistrats. Ils ont très bien géré le dossier du putsch à la diplomatie comme avait dit le locataire de KOSSYAM au Bénin car l’honneur de Soro vaut mieux que la vie d’un BURKINABÉ. C’est ça le BURKINA NOUVEAU.

    NOTRE DÉTERMINATION ET NOTRE COMBAT RESTENT INCHANGEABLES. LA LOI S’APPLIQUE A TOUS. Que l’on se nomme Soro le rebelle.

    A NOS MARTYRS QU’ILS SE REPOSENT EN PAIX. QUE JUSTICE LEUR SOIT RENDUE RAPIDEMENT.

    JUSTICE POUR NORBERT ZONGO
    JUSTICE POUR THOMAS SANKARA
    JUSTICE POUR SALIFOU NEBIE
    JUSTICE POUR DAVID A OUEDRAOGO
    JUSTICE POUR DABO BOUKARY

    VICTOIRE TOUJOURS AU BRAVE PEUPLE
    VIVE LA DÉMOCRATIE AU FASO
    VIVE LE BRAVE PEUPLE BURKINABÉ

    QUE LE SEIGNEUR BÉNISSE LE BURKINA QUE NOUS AIMONS TOUS.AMEN
    PAIX ET SUCCÈS A TOUS LES BURKINABÉS . AMEN

    ACHILLE DE TAPSOBA LE BOBOLAIS
    Insurgé

  • Le 3 juin 2016 à 06:33, par sirima dembe En réponse à : Offensive diplomatique burkinabè en Côte d’Ivoire : Il était plus que temps

    De toutes les façons il le fallait d’une manière ou d’une autre. Il ne faut pas se tromper se cantonner dans une fierté injustifiée car la solution des problèmes du Burkina passe par la C . I et
    Vice versa.

  • Le 3 juin 2016 à 07:05, par sirima dembe En réponse à : Offensive diplomatique burkinabè en Côte d’Ivoire : Il était plus que temps

    De toutes les façons il le fallait d’une manière ou d’une autre. Il ne faut pas se tromper se cantonner dans une fierté injustifiée car la solution des problèmes du Burkina passe par la C . I et
    Vice versa.

  • Le 3 juin 2016 à 08:24, par Thién En réponse à : Offensive diplomatique burkinabè en Côte d’Ivoire : Il était plus que temps

    Roch joue au "petit élève" de Ouattara en oubliant que leurs relations du passé ne priment pas sa fonction de président du Burkina ! A ce rythme, il faut s’attendre au retour de Blaise dans un proche avenir !
    Cette confusion que l’on nous montre d’une diplomatie relevant du pouvoir exécutif mais conduite par le chef suprême du pouvoir législatif pour aller "s’apitoyer" à Abidjan, fait sourire quant on sait que la Côte d’Ivoire ne nous a pas fait la cour ! Jusqu’à quelle hauteur de concessions allons nous arriver ? "Qui a bu, boira !" comme on le dit ! Aussi, "tends la main et on voudra prendre tout ton bras !"
    Le Burkina et la Côte d’Ivoire avaient des "vérités" à se dire avant que l’on aille s’y aplatir de la sorte ! Il ne faudrait pas ramener le Burkina en arrière car c’est grâce à la politique de Sankara que le Burkina a mérité le respect que la Côte d’Ivoire lui devait.
    Alors, vendons nous mais avec un peu de dignité et d’honneur !

  • Le 3 juin 2016 à 17:13, par Yesgo En réponse à : Offensive diplomatique burkinabè en Côte d’Ivoire : Il était plus que temps

    Salif, faiseur de roi au Burkina, allant rendre hommage à un homme de paix dénommé Alassane OUATTARA alias ADO ! Je veux que l’on m’explique en quoi ADO est faiseur de paix et que l’on me dise qui est faiseur de guerre. En tout état de cause, qui a posé l’ultime acte qui a poussé ADO dans le fauteuil de Président ; c’est bien un faiseur de guerre si l’allusion avait pour objectif d’en indiquer UN, et le poseur de cet acte ultime s’appelle Guillaume Kigbafory SORO que l’on insinue comme faiseur de guerre. Mais diantre quelle bizarrerie politique et diplomatique que d’espérer qu’au nom de l’intérêt supérieur de nos nations (lequel d’ailleurs serait-on tenté de se poser la question !) ADO renie SORO. Si nous pensons que notre PAN est une haute autorité à même d’influencer la marche politique et diplomatique de notre Faso, n’oublions pas que GKS en est la république en terre d’Eburnie. Qui rêve de voir ADO embrasser chaudement un Salif DIALLO pour narguer GKS, en d’autres termes, qui rêve de voir un Burkina et une Côte d’Ivoire réconciliée sur le dos de SORO ? S’il est permis de rêver, je doute que le réveil ne soit brutal au terme de ce rêve.

  • Le 4 juin 2016 à 01:55, par Gracias En réponse à : Offensive diplomatique burkinabè en Côte d’Ivoire : Il était plus que temps

    Le Burkina Faso a beaucoup d’options sur la table pour son développement économique et c’est la Côte d’Ivoire qui devra laisser des plumes. En matière de débouchées maritimes, le Burkina Faso a l’embarras du choix entre le Ghana, le Togo et le Benin en dehors de la Cote d’Ivoire. C’est l’impérialisme économique français qui emprisonne le Burkina Faso sous le joug de la Côte d’Ivoire avec l’aide de Ouattara.
    Sous feu Président Thomas Sankara, le Burkina Faso ne s’était pas dissout mais avait gardé sa fierté en tant que Nation indépendante, jalouse de sa Souveraineté qui continue à attiser notre Espoir en l’avenir malgré les bourdes diplomatiques des RSS et le néo-ivoirien de Yamoussoukro

  • Le 4 juin 2016 à 06:25, par someone En réponse à : Offensive diplomatique burkinabè en Côte d’Ivoire : Il était plus que temps

    ALLAH GARIBOU...

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