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Coton : Produire 600 000 t dans un contexte international défavorable

Publié le lundi 9 mai 2005 à 07h09min

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Les traditionnels forums de la Société des fibres textiles du Burkina (SOFITEX), occasion d’échanges entre la société et les cotonculteurs ont encore eu lieu cette année. Ils ont permis de dresser le bilan de la campagne écoulée et donner des orientations pour celle à venir.

Au cours de ces rencontres, des nouvelles pas toujours bonnes, telle la baisse du prix d’achat du coton ont été communiqués aux producteurs. Les 25, 27, 29 avril et 3 mai derniers des responsables de la SOFITEX étaient respectivement à Oury, Fara, Léo et Sapouy relevant de la région cotonnière de Koudougou.

Parfois houleux, souvent détendus, les forums 2005 de la SOFITEX ont répondu aux attentes : échanger de façon franche sur les préoccupations liées au coton, premier produit d’exportation au Burkina. Mais les mines des paysans se sont assombris, lorsque "les mauvaises nouvelles" au titre de la campagne 2005-2006, leurs ont été annoncées : baisse des prix d’achats du coton aux producteurs à 175, 140 et 120 FCFA pour les premier, deuxième et troisième choix (en 2004-2005) le premier choix était 210 F), hausse du prix des intrants, notamment engrais de 12 500 à 12 950 F le sac, impossibilité de payer les ristournes...

Pour les responsables de la SOFITEX, cette donne est due à des facteurs qui la dépassent : baisse des cours du coton, du dollar, du pétrole sur le marché international, subventions des pays du Nord à leurs producteurs de coton, etc.

Des retards ...
Une pilule difficile à avaler pour les cotonculteurs, déjà empêtrés dans les difficultés internes. Elles se résument aux retards d’évacuation du coton (et conséquence logique) au retard de paiement des producteurs, au conditionnellement du coton.

"Comment allons-nous nourrir nos familles ?" s’est lamenté un producteur de Oury, dont le coton n’a pas encore été enlevé. A Léo, on note un retard plus poussé que celui de la campagne écoulée dans l’enlèvement du coton. A Sapouy, 300 t de coton sont toujours en attente d’être évacuées vers l’usine de Koudougou.

Pour leur "mémoire en défense", les responsables de la SOFITEX, évoquent le retard (aussi) enregistré dans les travaux d’extension et de modernisation de l’usine de Koudougou, destinée à absorber les productions cotonnières des localités précitées. Cette donne a eu pour conséquence, la perte de 40 jours d’égrenage, soit l’équivalent de 10 000 t de coton.

Au regard de cette situation, la SOFITEX a entrepris de mettre en place des dispositions pour ne pas "pénaliser" les cotonculteurs.

Il s’agit de les payer à 90% de leurs dus, même si le coton n’est pas évacué. Mais préviennent les responsables de la SOFITEX : "à condition que le coton soit entreposé dans des sites (local de stockage), pour une question de sécurité".

Tout n’est pas noir pour l’or blanc

Tout n’est pas noir chez les producteurs de coton. Contrairement à leurs collègues des autres localités, les producteurs de Fara ont vu tout leur coton évacué. "Seuls quelques uns n’ont pas été payés", ont précisé les responsables de la SOFITEX qui révèlent que sur les 6 300 t de coton acheté à Fara, seuls 7% est de 2e ou 3e choix. Des résultats encourageants qui permettent au président de l’Union départementale des producteurs de coton de Fara, d’envisager une hausse de la production cotonnière dans sa zone pour la campagne 2005-2006 et ce, malgré la baisse du prix d’achat du coton.

A Sapouy, des motifs de satisfaction existent aussi car les prévisions ont été dépassées. Il y a eu une hausse de la production par rapport à la campagne 2003-2004 : 2 070 t contre 4 000 t pour 2004-2005.

Forts de cette performance, les cotonculteurs de Sapouy ont demandé l’implantation d’une usine d’égrenage de coton à Léo, situé à quelque 55 km. Une requête qui a déjà reçu un écho favorable, puisque de l’avis des responsables de la SOFITEX, le site de l’usine a été déjà identifié. Des 7 milliards de FCFA nécessaires à la réalisation de l’ouvrage, une partie est déjà acquise, selon la SOFITEX.

Malgré le contexte difficile dans lequel les acteurs du coton évolueront au cours de la campagne qui s’annonce, les responsables de la SOFITEX ont exhorté les producteurs à produire plus que lors de la campagne écoulée afin d’atteindre les 600 000 t en 2005-2006. Car, pour M. Oumar Gadiaga, le chef des missions SOFITEX à Léo et Sapouy, l’on peut assister à une remontée des cours du coton, du dollar et du pétrole. Mieux, il a invité les producteurs à ne pas céder au découragement car la filière coton au Burkina (SOFITEX, Etat, bailleurs de fonds, Union nationale des producteurs de coton) est bien structurée pour relever les défis.

Pour y parvenir, les cotonculteurs devraient déjà suivre scrupuleusement les habituels conseils de la nationale des fibres textiles : respect des dates des semis, application efficiente des traitements, construction de sites pour le stockage du coton.

Une voie discordante

Pendant que les forums de la SOFITEX battaient leur plein, une voie discordante s’est élevée. Au cours d’une conférence de presse, animée le 2 mai dernier, le Syndicat national des travailleurs de l’agropastoral (SYNTAP) dénonçait entre autres, la distribution de semence pourrie, la livraison d’engrais défectueux aux cotonculteurs effectuée par l’UNPCB. Par conséquent, le syndicat préconisait la dissolution de cette structure arguant qu’elle n’était pas représentative.

Interrogés sur ces aspects, les producteurs de coton de Sapouy s’insurgent en faux contre les dires du SYNTAP et marquent leur refus quant à une éventuelle dissolation de l’UNPCB.

Sur la question de la semence pourrie, Boureima Nacoulma, sexagénaire, producteur de coton a laissé entendre qu’il en a ni reçu, ni entendu parler avant d’ajouter : "je suis un sage, je ne peux mentir". Plus formel encore, Dramane Diasso, trésorier général de l’UNPBC affirme que cette "histoire" de semence pourrie et d’engrais défectueux est loin de la vérité. Quant à la non-représentativité de l’UNPCB, M. Diasso a indiqué que cette opinion ne peut convaincre les producteurs, car pour lui, l’organisation à laquelle il appartient jouit d’une grande crédibilité. Pour preuve, il évoque la présidence de l’Association des producteurs de coton africains qu’occupe actuellement l’UNPBC.

Gabriel SAMA (gabsam01@yahoo.fr)
Sidwaya

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