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Tortures par les Kolgwéogo de Matiacoali : L’intégrité du peuple Burkina en agonie ?

Publié le samedi 28 mai 2016 à 00h20min

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Tortures par les Kolgwéogo de Matiacoali : L’intégrité du peuple Burkina en agonie ?

Un enfant aux pieds ligotés puis suspendu à un arbre. Soupçonné d’un vol, il lui est soumis ce supplice par les Kolgwéogo (Association d’auto-défense locale au Burkina Faso), pour obtenir de lui l’aveu de sa culpabilité s’il y en a. Ce n’est pas une fiction mais une réalité qui s’est produite à Matiacoali au Burkina Faso, le pays des Hommes dits Intègres. Regardons-nous en face et osons poursuivre la réflexion.

Chers concitoyens, je pense personnellement qu’avec de telles pratiques, nous risquons d’aller droit dans le mur et de ternir notre dignité d’Hommes intègres. Je ne défends pas les criminels qui endeuillent des honnêtes citoyens et dépouillent certains de leurs biens. Au contraire, je condamne leur délinquance et souhaite que chacun réponde de ses responsabilités, conformément à des mesures de correction qui respectent notre intégrité. Les prisons sont remplies de gens qui auraient transgressé d’une manière ou d’une manière, notre vivre ensemble. Qui a déjà renoncé à rendre visite à un parent qui s’y trouve, quel que soit le motif qui l’y a conduit ? Nous leur apportons à manger. Nous les entourons du soutien moral dont ils ont besoin pour sortir de l’épreuve. Huum. "Chacun est prêt à maudire le « bâtard » du voisin ; cependant, il ne se gêne pas à implorer la clémence populaire sur son « imbécile » à lui" (Proverbe). Voilà qui suggère que le lien de parenté est comme un « habit a épines », même s’il est douloureux d’en porter, on n’y renonce pourtant pas.

Mrs les gouvernants du pays, s’il vous plait, nous vous supplions de vous pencher réellement sur les dérives du genre. Il urge d’intervenir pour décourager de telles pratiques. Quelle réaction aurions-nous si cette image rapportait le traitement qu’un Burkinabè aurait subi dans un pays voisin ? Nous aurions mis en branle notre patriotisme pour souligner que ce pays ne respecte pas nos ressortissants. Que conclure donc quand ça se passe chez nous ? Des Burkinabè qui se traitent ainsi. Affirmant avec grande fierté notre panafricanisme face à la barbarie du colonialisme, comment aurions-nous réagi si un « blanc » avait soumis un tel supplice à un Africain ? On aurait vite crié au racisme. Alors, aurions-nous désormais le courage de dénoncer tout azimut la méchante de l’Homme « blanc » si nous sommes désormais nos propres bourreaux et victimes ? « Si la pluie nous bat, nous ne devrions pas, en retour, nous battre nous-mêmes ».

Honorables dirigeants, le Burkina souffre de l’insécurité et toute action visant à la contrer est applaudie souvent sans un discernement approprié. Mais attention. Trouvons des mesures républicaines et efficaces pour bouter ce mal dans le respect de nos dignités individuelles et collectives. « Même dans les pays hautement démocratisés et religieux des tortures inhumaines existent » me diront certains. Oui, mais le Burkina Faso est souverain et indépendant. Il n’est donc pas obligé de copier les exemples du voisin encore moins les mauvais. « Imite la belle danse de l’autre pas son mauvais caractère » dit une sagesse populaire. Alors, rendez la justice indépendante et efficace pour dire le droit. Ainsi, elle pourra corriger chacun égaré de la société, et ce, conformément à des mesures qui témoignent de la maturité de notre peuple et de son attachement à ses valeurs morales et religieuses. Mr le Ministre Simon COMPAORE, tout puissant patrons des Koglwéogo, des agissements pareils ne respectent pas nos dirigeants, notre gouvernement, les autorités coutumières et religieuses, les défenseurs des vies (la presse, les Organisations de la Société Civiles/OSC etc.), Ils vident notre intégrité de son sens pour la transformer en un slogan creux même honteux. Faites appel à votre sens élevé d’homme d’Etat, de digne fils de pasteur et de père de famille, pour rectifier les tirs le plus possible. Les enfants « délinquants » ne méritent pas autant.

Mr le Président du Faso, Roch KABORE, ces actes risquent d’entacher votre histoire avec le peuple. Si vous regardez sans réagir, vous risquez d’avoir, malgré vos bonnes intentions, le sang des innocents couvrir le tapis de votre règne. J’ai simplement les larmes aux yeux en méditant sur ces images. Ce n’est pas bon. Notre pays mérite mieux.

Si les dirigeons ont opté de manier la carotte et le bâton pour leurs intérêts, il faudra que le peuple pense à lui-même. Tous, nous sommes interpelés à aller au-delà de l’émotion pour nous attaquer avec sagesse aux racines du mal en vue d’un Burkina Faso qui garantit le respect de la dignité de tous. « Si l’hyène attrape l’imbécile du village, il faudra collectivement la pouchasser pour récupérer la victime. Si non, elle reviendra pour le prince du village. Si la case du voisin brule, vas aider à éteindre le feu car il pourra s’exporter a la tienne » Proverbe local. Que Dieu, « qui ne veut jamais la mort du pécheur, mais sa conversion », bénisse le Burkina Faso.

Sibiri Nestor SAMNE
Communicateur
Email : sasimastor@hotmail.com

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