LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Élection, piège à cons ? Ou la voie de l’à-quoi-bonisme…

Publié le lundi 23 mai 2016 à 23h57min

PARTAGER :                          
Élection, piège à cons ? Ou la voie de l’à-quoi-bonisme…

Un faible taux de participation à une élection est le signe d’un désintérêt pour l’enjeu de cette élection, en l’occurrence la décentralisation du pouvoir, pour les élections municipales. Qu’est-ce que cela peut signifier ? Que les électeurs qui ne s’expriment pas ont conscience que le pouvoir centralisé dirige tout, depuis Ouaga ? Ou que, pour une raison ou une autre, ils pensent que tout sera comme avant ? Ou encore que rien n’est plus facile que de truquer des élections (municipales) ?

Pourquoi ceux qui n’ont pas voté penseraient-ils que tout sera comme avant ?

Parce qu’aux élections couplées, présidentielles et législatives, leur favori n’a pas gagné la course, et que de dépit ils ont négligemment jeté leur carte d’électeur comme on se débarrasse d’un ticket de PMU perdant ?

Parce que depuis lesdites élections présidentielles et législatives, leur quotidien n’a pas changé, leurs conditions de vie ne se sont pas améliorées ?

Parce qu’ils ont entendu le premier ministre dire, à l’occasion de sa visite d’allégeance au Moogo Naaba de Ouagadougou : « Il ne faut pas vous presser, nous avons exactement ce qu’il faut faire », et non seulement entendu, mais écouté, et qu’ils ne se sont pas pressés d’aller voter ?

Pourquoi ceux qui n’ont pas voté penseraient-ils que le pouvoir centralisé dirige tout depuis Ouaga ?

Parce que c’est l’impression générale qui domine depuis l’avènement du nouveau pouvoir, enfermé dans ses palais, ministères et bureaux ?

Parce que « Il ne faut pas vous presser, nous avons exactement ce qu’il faut faire » signifie pour eux : restez chez vous et laissez-nous faire ?

De fait, cette phrase du premier ministre signifiait, et signifie cela. Alors, à quoi bon un, ou des contre-pouvoirs locaux ? À quoi bon prendre symboliquement son destin en main puisqu’ils savent ce qu’il faut faire ?

Pourquoi est-il si facile de truquer les élections (municipales) ?

La parenthèse suppose que cette question n’a lieu d’être posée que pour les questions municipales, mais pourquoi ne se poserait-elle pas pour toutes les élections, et partout dans le monde ? [Jean Tibéri, le chef de campagne de Jacques Chirac, pour l’élection de ce dernier à la Mairie de Paris, a bien fait voter les morts du 9e arrondissement de Paris !]

Parce que : 1) Aucun organisme de comptage en parallèle ne couvre les élections municipales, comme le CODEL l’avait fait pour les élections couplées, présidentielles et législatives, de 2015.

2) personne n’est en mesure de vérifier si les résultats du bureau où il a voté sont parvenus indemnes à la CENI, qui centralise les résultats.

Une complète transparence supposerait que les résultats, bureau par bureau, soient portés à la connaissance des Burkinabè (comme c’est le cas en France, par exemple, où dès le lendemain des élections, dans les journaux locaux, tous les résultats sont publiés, bureau par bureau), via le site Internet de la CENI.

Ainsi, chacun, dans la mesure où il pourrait se rapprocher d’une connexion réseau, ou chaque village (car quel village n’a pas une de ses filles ou un de ses fils à la capitale, ou à la capitale économique) pourrait alors vérifier, et être rassuré que la démocratie est en marche, et se dire que ça vaut le coup de voter, et que chaque voix compte !

Et même dix ans après, ou vingt ans après que les élections ont eu lieu, ces informations seraient disponibles car entrées dans le domaine public. Et on pourrait ainsi vérifier tous les trucages passés. Mais ce n’est pas le cas. Or, tout manque de transparence laisse une porte ouverte sur la suspicion. Et la suspicion ne renforce pas la démocratie ; au contraire elle génère des doutes, du dépit puis, à terme elle fait se baisser les bras, et trop de citoyens deviennent aquoibonistes ! Souvenons-nous des élections présidentielles de 2010. À quoi bon aller voter puisque les résultats étaient connus d’avance ! En est-on déjà revenu à “cà” ?

Jacques Zanga Dubus

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 24 mai 2016 à 13:32 En réponse à : Élection, piège à cons ? Ou la voie de l’à-quoi-bonisme…

    j avais voté pour le mpp a la présidentielle et les législatives j ai même battu campagne pour eux en pensant que qu il y aurra un vrai changement malheureusement dès qu ils sont venus au pouvoir ils ont commencer a liberer les maires voleurs de parcelles qui sont leurs ensuite c est leurs amis anciens ministres maintenant ce sont les mandats d arets contre soro blaise et fatou dienderé qu ils ont fait levé .et chaque fois les caises de l etat sont vides sa montre une incapacité a gerer le pouvoir . ils ont trahi notre insurrection donc j ai préférer n est pas battre campagne pour le mpp n y aller voter pour eux .

  • Le 24 mai 2016 à 13:37, par ilb En réponse à : Élection, piège à cons ? Ou la voie de l’à-quoi-bonisme…

    Cette analyse peut inciter à la contestation des résultats. Il faut atténuer les propos et donner des hypothèses qui pourraient justifier le faible taux de participation et non vouloir donner des éléments qui pourraient remettre en cause la transparence et la légitimité du scrutin.
    Etes-vous certain que les propos du Premier Ministre ont été entendus et compris, tels que vous le prétendez, par le paysan-électeur de Samsaongo dans le Bazèga ?

    Il s’agit d’élections locales et nous savons bien que les électeurs ne votent que pour des personnes pour qui ils ont une assez bonne appréciation. Donc tout dépend de l’opinion que font les électeurs des candidats proposés par les partis politiques. Si le candidat, indépendamment de sa bannière politique, est bien apprécié, alors il sera élu et mieux il pourra susciter une forte participation.

  • Le 24 mai 2016 à 13:52, par fanade En réponse à : Élection, piège à cons ? Ou la voie de l’à-quoi-bonisme…

    comment voulez vous qu’on aie voter des gents qui sont contre nous.
    la transition a presque tout planifier et le régime en place est entrain de tout remettre en cause. ’’la gestion des lotissements pour l’habitat"
    les débats dans les radio nous fait savoir que les lotissements fait partie des attribution du maire.alors que nous savons ce que les maires sont capable dans ce domaine. bien que la transition a fait un bon travail en emprisonnant certains maire. actuellement ils sont libre. qui est fou. tu laisse ton travail pour aller choisir un voleur ? je croit que ceux qui ont voter ne regretteront pas.

  • Le 24 mai 2016 à 14:27, par Souklosso En réponse à : Élection, piège à cons ? Ou la voie de l’à-quoi-bonisme…

    C’est simplement pathétique comme analyse ! Mais on comprend que vous ne digéré pas que vous soyez battu à plate-couture pour la troisième fois. Préparez-vous pour 2025, car 2020 ne sera pas votre année non plus

  • Le 24 mai 2016 à 14:44, par boanga En réponse à : Élection, piège à cons ? Ou la voie de l’à-quoi-bonisme…

    bon réflexion mon cher Zanga et j’irai même en avant :
    - A quoi bon aller voter si après se sont des postes-récompenses des copains qui est au bout de la chaine
    - A quoi bon aller voter si les milliards vont aux candidats (subventions) et les sachets d’eau aux votants (de leurs propres poches s’il vous plaît)
    - A quoi bon aller voter si la préoccupation principale des élus locaux c’est se doter de parcelles, doter ses amis et ses voisions (et c’est bien connus de tous)7
    - A quoi bon allez voter si les conditions de vie dans les communes demeurent les mêmes malgré les promesses alléchantes (paupérisation, salles de classes et table-bancs délabrés, élèves toujours grogneux, frais de scolarité toujours à la hausse)...
    En tout cas moi Boanga, je préfère économiser mon temps et mon énergie si tout ça c’est pour ça seulement

  • Le 24 mai 2016 à 15:03, par EGO SUM En réponse à : Élection, piège à cons ? Ou la voie de l’à-quoi-bonisme…

    Bonjour mr Dubus, je n’avais pas connaissance du lpropos du premier ministre alors accroupi devant le Moogo Naaba ! Merci. Les questions que vous soulevez sur les raisons des non-votants sont intéressantes. Mais on constate, grâce aux résultats provisoires que fasonet publie ici même, du moins ceux du kadiogo, que le parti au pouvoir raffle encore la mise, dans la foulée des présidentielles et législatives ; et ce MALGRÉ les mauvaises humeurs et les déceptions (déjà) exprimées par le public des réseaux sociaux du moins au sujet de nombreuses questions liées à l’insécurité, à l’amateurisme apparent du gouvernement (voyez encore cette histoire hallucinante de 57 véhicules disparus du parc auto de la présidence et qu’on recherche comme du bétail en fuite !!), de l’incivisme meurtrier, des pénuries d’eau et d’énergie etc : c’est un vrai mystère (des fraudes ? mais les africains s’y connaissent souvent bien mieux que les Tiberi ! ils sont souvent bien en avance dans la non démocratie !)... Un mystère, SAUF si l’on confirme qu’il n’y a que les partisans du pouvoir mpp qui se sont bougés les fesses pour aller voter, ce qui est donc suicidaire pour les partisans des autres partis qui auraient mieux fait d’aller manifester leurs mécontentements dans les urnes (est-ce raisonnable, on voulait de vraies élections démocratiques sans triches comme sous l’autre fugitif BC, on les a mais on les boude). Cela dit, il est également vrai que des syndicats à Ouaga avaient appelé au boycott des élections, ce qui peut expliquer la faible mobilisation et le faible engouement...

  • Le 24 mai 2016 à 15:23 En réponse à : Élection, piège à cons ? Ou la voie de l’à-quoi-bonisme…

    Je n ai pas voté parce que le MPP est un parti de fraudeurs. Ils vont voler ma voix que je ne veux leur donner. Aux élections présidentielles il n a pas gagné au premier tour. Le MPP a truqué l encre qui n était pas indélébile partout. Il ont volé la victoire à l ’ UPC . Ces municipales ont subi le même sort en fraude. Salif Diallo comme d ’ habitude à trucqué au Yatenga .

  • Le 24 mai 2016 à 17:41, par SIDPAWALEMDE En réponse à : Élection, piège à cons ? Ou la voie de l’à-quoi-bonisme…

    La coalition annoncée ADF RDA/CDP/UPC et NAFA a été grandement pour quelque chose sinon le motif principal de l’abstention. Nous avons suivi tout le commentaire autour de cette coalition. "Pourquoi s’entendre au sommet pour gérer des communes ou des régions alors que vous étiez ENNEMIS HIER ? ? ? ? Essayez de comparer les résultats des présidentielles/législatives aux communales et vous verrez que c’est ce raisonnement qui a prévalu. Ensuite, il y’a l’argument "la tête des conseillers sur la liste ne me plait pas". Observez et analysez bien, dans chacune des 13 régions il y’a au moins 3 à 5 Zogoré étouffés et 1 à 2 Dapélogo banalisés par région au nom d’une certaine cohésion locale. Voilà ce qui explique le fort taux d’abstention !! N’allez pas cherchez loin pour inciter les gens à refuser les résultats. La classe politique est largement responsable de ce qui est arrivé. C’est le fruit de leurs intrigues et manigances. Je propose qu’à l’avenir, les conseillers soient élus à la CDR sans être sous la bannière d’un quelconque parti politique.

  • Le 24 mai 2016 à 20:07, par Troll En réponse à : Élection, piège à cons ? Ou la voie de l’à-quoi-bonisme…

    Il y a une "bourde" dans l’article. La phrase de Paul Thiéba était « Il ne faut pas vous presser, nous savons exactement ce qu’il faut faire », et non "nous avons ce qu’il faut faire" !
    Mais qu’est-ce que des banquiers peuvent savoir faire d’autres que des affaires ? Et en effet, ils sont désormais "aux affaires" ! Et s’ils vont rafler la mise, n’est-ce pas parce que ceux qui se sont exprimés sont ceux qui tiennent à leurs petits privilèges, et qui se mettent toujours du côté du "puissant" ?

  • Le 25 mai 2016 à 08:19, par Jacques Zanga Dubus En réponse à : Élection, piège à cons ? Ou la voie de l’à-quoi-bonisme…

    Bonjour Mr Sidpawalemde,

    Merci pour votre analyse, et votre proposition : en effet, les listes de conseillers seraient davantage "attractives" et cohérentes si elles étaient établies au niveau local, et non par des appareils de parti, issues de manigances et d’écœurantes coalitions [jJe n’avais pas connaissance de cette monstruosité : ADF-RDA-UPC-CDP-NAFA ! Quelle infamie !]
    Et pourtant, ils ont TOUS osé nous faire croire (MPP-UNIR-PS-PAREN compris) qu’ils feraient de la politique "autrement", en écho au "rien ne sera comme avant" (pour mieux amadouer et tromper ceux qui "croient", qui ont foi en ce slogan ?) [brandi, faut-il le rappeler, pour la première fois par Thomas Sankara le 10 décembre 1982, alors Secrétaire à l’information du Conseil de salut du peuple, devant le congrès du Suvess, avant d’être brandi à nouveau par la révolution d’octobre].
    Mon article aurait été davantage précis, si la phrase "le pouvoir centralisé, depuis Ouaga" avait été écrite au pluriel : "les pouvoirs centralisés, depuis Ouaga", c’est-à-dire les partis, au pouvoir ou non, qui ont, de fait orchestré leur débâcle depuis Ouaga...
    Mon article ne prétendait pas fournir une analyse exhaustive des causes de l’abstention, juste donner l’occasion à chacun (ou à ceux qui le souhaitent) de nourrir et d’élargir la réflexion, en aucun cas d’inciter les gens à refuser les résultats, même si, comme le dit l’internaute EGO SUM, les Africains s’y connaissent en fraude électorale !
    D’où la question : pourquoi les Africains déploient-ils tout leur talent et leur énergie pour accéder aux "affaires" ? sinon pour y faire des affaires, et non servir l’intérêt des populations.

  • Le 25 mai 2016 à 13:40, par l’éteincelle En réponse à : Élection, piège à cons ? Ou la voie de l’à-quoi-bonisme…

    Il faut cesser ces africanneries :"pourquoi les Africains déploient-ils tout leur talent et leur énergie pour accéder aux "affaires" C’’est du mépris abject pour la race noire.Partout les politiques deploient leur talent et energie pour arriver aux "affaires". Donnez moi un seul exemple ou un candidat sérieux à des elections sérieuses dort sur son lit à attendre que le bob Dieu dise aux gens de l’élire. Franchement si vous n’avez jamais fait la politique,il vous faut vous taire et aller cultivzer vos jardins. Sinon si vous etes mieux que les autres faites le savoir et en quoi au lieu de se vautrer dans des critiques sans fin. Ces soient disant intelectuels comme vous me désolent à la fin.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?
Sénégal / Diomaye Faye président ! : La nouvelle espérance