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Paramanga Ernest Yonli : "Nous ne pouvons accélérer le développement du Burkina qu’en nous insérant au mieux dans l’économie mondiale"

Publié le vendredi 6 mai 2005 à 08h07min

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Le Burkina a organisé du 26 avril au 1er mai 2005 ses troisièmes journées économiques en France en présence du Premier ministre, Paramanga Ernest Yonli qui conduisait une forte délégation d’hommes d’affaires de plus d’une centaine de personnes.

Ces troisièmes journées, bien qu’essentiellement économiques n’ont pas relégué à la périphérie des manifestations, l’agenda politique du Premier ministre qui a permis des rencontres de haut niveau avec les autorités françaises. Au terme de cette mission, la satisfaction est grande au regard des perspectives qui se dessinent. Le Premier ministre, Paramanga Ernest Yonli dresse à Sidwaya le bilan de ces journées.

Paramanga Ernest Yonli : Les troisièmes journées économiques en France se sont déroulées de manière satisfaisante. C’est pour moi, l’occasion de saluer la grande mobilisation de nos partenaires français, notamment la chambre de commerce de Paris ainsi que l’ensemble des chefs d’entreprises français qui ont accepté marquer un intérêt pour notre pays en participant aux échanges de partenariat, mais aussi de notre ambassade à Paris, de l’ambassade de France au Burkina.

L’objectif de ces journées économiques était pour nous, de donner beaucoup plus de visibilité aux atouts du Burkina Faso, de vendre les opportunités d’investissement existantes et convaincre nos amis français qui ont l’avantage historique de connaître nos pays, qu’aujourd’hui il y a davantage de bonnes raisons d’investir au Burkina. De ce point de vue, je puis dire que ces journées ont répondu à nos attentes et ont été une réussite au regard de la grande mobilisation dans les salles, la multitude de rendez-vous d’affaires entre les opérateurs économiques burkinabè et français ainsi que la mobilisation de la presse qui s’intéresse à l’Afrique.

Sidwaya : Quelle est la philosophie qui sous-tend l’organisation de ces journées ?

P.E.Y. : Les autorités burkinabè ont fait l’option résolue de travailler à faire connaître davantage le Burkina à l’extérieur. Ces cinq dernières années, nous avons voulu étendre cette philosophie à l’ensemble des continents, notamment le continent américain et bientôt le continent asiatique. Nous sommes convaincus que nous ne pouvons accélérer la croissance et le développement de notre pays que si nous nous insérons au mieux dans l’économie mondiale. La meilleure manière de le faire, c’est d’aller vers les différents pays pour présenter nos potentialités, exposer nos atouts et montrer qu’il existe des avantages réels à ce que les investisseurs potentiels, où qu’ils se trouvent, viennent investir au Burkina. Bientôt, nous irons sur le continent asiatique. En juin 2005 nous devons être en Malaisie s’il n’y a pas de changement majeur dans l’agenda.

S. : Pensez-vous que les opérateurs économiques ne soient pas dynamiques au point que le gouvernement se sente obligé de les soutenir à travers ces journées ?

P.E.Y. : Bien au contraire, c’est parce que nous avons confiance à nos opérateurs économiques que nous nous associons à eux . Il faut bien répartir les rôles entre les pouvoirs publics et le secteur privé. Au niveau de l’Etat, il s’agit de donner une impulsion au privé et de créer les facteurs et les conditions favorables à l’investissement. Le rôle du secteur privé est de rentrer dans les sillons tracés par l’Etat et tirer le meilleur profit des relations de partenariats pour développer au mieux et de façon massive, leurs investissements.

Il existe une complémentarité entre les actions de l’Etat et celles des acteurs du secteur privé. Nous voulons montrer à travers ces journées que le secteur privé est incontournable pour opérer des mutations profondes dans le développement économique du Burkina et qu’il mérite l’appui du gouvernement.

S. : Quelles sont les faiblesses de l’économie burkinabè ?

P.E.Y. : Les faiblesses de l’économie burkinabè sont connues. Notre économie a un véritable handicap vis-à-vis de sa structure d’exportation qui est essentiellement constituée de produits du secteur primaire, de l’agriculture, notamment le coton et l’élevage. Il n’est pas possible du point de vue économique qu’une économie soit compétitive à partir d’une mono-exportation. Il faut travailler véritablement à créer les conditions pour une diversification des secteurs productifs en commençant par les secteurs les plus porteurs, à savoir l’agriculture avec les fruits et légumes, les fruits agricoles.

A travers les échanges que nous avons eus avec les investisseurs français, nous avons voulu leur faire comprendre que dans le domaine du coton où le Burkina est passé premier pays producteur, il existe plusieurs segments de l’économie cotonnière que l’on peut créer, soit au Burkina, soit dans les pays d’Afrique de l’Ouest pour une meilleure exportation des produits.

S. : Vous avez eu des rencontres avec votre homologue français et d’autres autorités françaises. Quelle a été la substance de vos échanges ?

P.E.Y. : Nous avons beaucoup discuté des relations bilatérales au niveau de nos Etats. Avec le secrétaire général de l’OIF, nous avons eu des échanges sur le suivi des conclusions du dernier Sommet de la Francophonie au Burkina. Monsieur Abdou Diouf nous a exposé l’agenda de ce suivi qui se déroule normalement à la satisfaction générale. Nous avons pris acte d’un certain nombre de tâches qui nous reviennent.

Avec les autorités françaises, nous avons discuté de la coopération bilatérale. La France, ces dernières années, s’est engagée dans des programmes prioritaires du Burkina Faso. Nous venons d’obtenir d’elle une intervention dans le financement du PDDEB à hauteur de 20 millions d’euros pour une période de trois ans.

Nous avons aussi partagé avec les Français notre vision de la situation sociopolitique dans la sous-région ouest-africaine, notamment en Côte d’Ivoire et au Togo, surtout notre vision de ce que nous pensons être les bonnes pistes pour arriver à des solutions justes. Il importe de nous organiser pour une stabilité de notre pays afin d’appliquer nos politiques économiques dans un environnement de paix. L’environnement burkinabè ne peut pas être stable de façon continue s’il y a des crises dans les pays voisins. Pour cela, nous nous impliquons de façon bilatérale auprès de ces pays et à travers nos organisations sous-régionales pour la résolution de ces situations de crise, car nous tenons à la paix dans la sous-région.

Propos recueillis par Jean-Marie Sawadogo

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