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Création de société au Burkina : Désormais, créez votre SARL avec un capital social de 5000F CFA

Publié le mercredi 18 mai 2016 à 05h58min

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Création de société au Burkina : Désormais, créez votre SARL avec un capital social de 5000F CFA

Le gouvernement burkinabè veut assainir davantage le climat des affaires dans notre pays. Dans ce sens, il a adopté, le 03 mai 2016, un décret autorisant la libre fixation du capital avec une part sociale minimale de 5000F pour la création des Sociétés à responsabilité limitée (SARL). Une mesure qui vise à encourager les couches sociales, à revenus modestes, à créer des entreprises formelles viables, et ainsi participer à l’animation de la vie économique. Les banques et établissements financiers jouent un rôle important dans la réussite de cette réforme. C’est pourquoi, la Maison de l’entreprise du Burkina les a conviés à une rencontre d’échanges, le 17 mai 2016, à Ouagadougou.

Cette réforme permet de réduire le coût de création d’entreprise qui était jugé élevé pour certaines couches de la population.Elle vient ainsi approfondir les réformes du climat des affaires pour libérer les opportunités d’affaires. Et ainsi, permettre la création d’un plus grand nombre d’entreprises par les personnes à ressources limitées, mais avec un capital intellectuel très important.

Cette réforme vient compléter la longue liste de mesures déjà initiées par le Burkina, depuis une décennie, en vue d’encourager la création et le développement des entreprises. Il s’agit, entre autres, de la mise en place de nouvelles structures tels que les Centres de formalités des entreprises, les centres de gestion agréés, les guichets uniques du foncier, les tribunaux du commerce, la réduction du taux d’impôt sur les sociétés, l’adoption de nouvelles dispositions sur le code fiscal et les investissements. Des mesures qui ont permis d’accroitre le nombre de créations d’entreprises, passant de 2581 en 2006 à 7564 en 2015, soit une augmentation de 193%.

Mais, un très grand nombre de ces entreprises ferment quelques temps après leur création. Au nombre des entreprises fermées, 77.27% étaient des entreprises individuelles et 22.73% des entreprises sociétaires, selon une étude réalisée par la Maison de l’entreprise du Burkina en 2011. D’où l’importance d’encourager les promoteurs d’entreprises à créer des sociétés mieux organisées et plus bénéfiques pour l’Etat. La nouvelle réforme s’inscrit dans ce cadre.

« D’autres pays tels que la Côte d’Ivoire, le Benin, le Sénégal nous ont devancés dans la mise en œuvre de la réforme sur le réduction du capital minimum pour la SARL et en ont tiré bénéfice à travers l’accroissement du volume de créations des SARL et l’amélioration de leurs classements dans le rapport Doing Business du groupe de la Banque mondiale qui classe 198 pays selon la facilité de faire les affaires. Il nous appartient à présent de prendre les dispositions idoines au sein de nos structures et organisations respectives pour rendre effective la mise en œuvre de cette mesure », a souligné le secrétaire général du ministère du commerce, de l’industrie et de l’artisanat, Sibiri Sanou.

Les préoccupations des banquiers

Les discussions ont porté, entre autres, sur les mesures d’accompagnement pour permettre à ces entreprises qui vont se créer de se consolider, les frais de tenue de compte, comment faire pour qu’elles supportent les charges,comment faire pour accepter le dépôt de 5000F dans les banques, les demandes de crédits.

« Pour ce qui concerne les banques, il faut retenir que le capital social est le garant général de créancier. Réduire le capital social à un montant minimal de 5000F, ce qui veut dire réduire la possibilité pour la société de faire face à ses dettes, quand bien même nous savons que le capital social ne reflète pas en réalité le volume d’affaires que la société va apporter. Deuxièmement, lorsqu’on crée une société et qu’on dépose le capital social dans une banque, il y a des frais de tenue de compte. Convenez avec moi que, au bout de trois à six mois, s’il se trouve que le solde est débiteur d’un montant supérieur au capital social, c’est déjà un mauvais pas pour la société, quand bien même que là encore nous savons que le promoteur pourrait toujours couvrir ce solde. Mais, ça fait partie des difficultés.

Toutefois, nous comprenons la volonté des autorités aussi bien nationales que communautaires d’alléger les formalités de constitution pour pouvoir prendre en compte une frange des acteurs de la vie socio-économique pour aller vers l’inclusion financière pour prendre en compte ceux qui sont dans l’informel. Ce qui est certes très important, mais il faudra effectivement que les banques aussi puissent vivre parce que déjà nous accordons des services gratuits qui engendrent des manques à gagner pour les banques », a expliqué Léon Zida, responsable conformité à Coris Bank international.

Une opportunité pour les banques ?

« Acceptons de créer avec les 5000F. Maintenant, quand la personne va venir pour demander un crédit, vous avez vos règles d’usage. Autant, nous sommes là pour vous accompagner, autant vous aussi, vous devez imaginer en interne qu’est-ce qu’il faut pour nous soutenir », a lancé le directeur général de la Maison de l’entreprise du Burkina, Issaka Kargougou. Pour lui, les banques doivent prendre cette réforme comme une opportunité, et innover pour se conformer aux besoins de la clientèle. « Il appartient aux banques d’innover pour attirer davantage la clientèle. C’est une opportunité. Je suggère que vous essayiez de voir avec les banques sœurs pour voir comment elles se sont organisées pour prendre en compte ces réformes qui ont été introduites dans leurs pays », a-t-il suggéré.

Selon Inoussa Ouédraogo, chargé d’opérations/commerce et compétitivité au niveau de la Banque mondiale, le capital ne joue pas un rôle fondamental dans le fonctionnement de l’entreprise naissante. C’est pourquoi, précise-t-il, les discussions au niveau de l’OHADA ont fini par conclure que chaque Etat est libre de fixer le niveau de son capital. « Le fait de ramener le capital de 100 000F à 5000F va nécessairement contribuer à encourager davantage la création de société. C’est un effort continu pour attirer les acteurs de petite taille et les couches les plus vulnérables, les couches exclues par toutes ces difficultés administratives de création d’entreprise », a-t-il souligné.
Cette rencontre d’échanges a permis de partager la nouvelle réforme avec les partenaires, échanger avec eux, leur expliquer tout le sens que le gouvernement burkinabè accorde à cette mesure. A-t-il été entendu ? Les prochains jours nous situeront.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 18 mai 2016 à 05:33, par ATS En réponse à : Création de société au Burkina : Désormais, créez votre SARL avec un capital social de 5000F CFA

    C’est un pas vers un peu plus de progrès mais malheureusement il y a un facteur qui n’a pas été pris en compte. L’illétrisme d’un bon nombre des gens du secteur informel. Cela est un vrai frein qui pourrait les retenir au désir de se formaliser. Il faudrait les accompagner en vulgarisant les différentes procédures non seulement de création d’entreprises mais aussi des formalités auprès des banques et des frais y afférentes dans leurs différentes langues maternelles.

  • Le 18 mai 2016 à 09:19, par zongoclaver En réponse à : Création de société au Burkina : Désormais, créez votre SARL avec un capital social de 5000F CFA

    Le problème ne rigide pas au montant de 100 000f pour la création mais les charges de fonctionnement telles que les impôts, la CNSS. Puisse que vous demandez de déclarer beaucoup d’employer au départ. Si vous voulez encourager l’entreprenariat, revoyez surtout les impôts de ces nouvelles entreprises.

  • Le 18 mai 2016 à 09:20, par Kalo En réponse à : Création de société au Burkina : Désormais, créez votre SARL avec un capital social de 5000F CFA

    Très bien vu, mon frère

  • Le 18 mai 2016 à 13:27 En réponse à : Création de société au Burkina : Désormais, créez votre SARL avec un capital social de 5000F CFA

    Il est vrai qu’il faut créer des entreprises mais il faut les accompagner avec un accès plus équitable aux marchés publics. Le code des marchés publics demande toujours des expériences de 3 à 5 ans, et des chiffres d’affaires pas possible.
    Aussi revoir les impôts et taxes pour les nouvelles entreprises. Sinon c’est peine perdue !

  • Le 18 mai 2016 à 15:01, par Yiriba En réponse à : Création de société au Burkina : Désormais, créez votre SARL avec un capital social de 5000F CFA

    Ceci est un petit bon pas. Mais comme le dit bien l’Internaute No.2, il faut aussi alléger les impôts et les taxes sur les équipements de production au démarrage.

  • Le 18 mai 2016 à 17:26, par Prince En réponse à : Création de société au Burkina

    Je crois que c’est une bonne initiative. Il appartient maintenant à tous ce qu’ils veulent entreprendre de profiter parce qu’on en sait jamais

  • Le 18 mai 2016 à 19:06, par KABRE En réponse à : Création de société au Burkina : Désormais, créez votre SARL avec un capital social de 5000F CFA

    Ceci est une belle initiative du Gouvernement a encourager. Mais beaucoup d’autres choses peuvent etre faite pour améliorer la situation :
    par exemple l’une des difficultés des jeunes entreprises est comment démarrer et survivre dans l’attente des premiers contrats. Mais pendant tout ce temps le compteur des charges tourne deja. Pourquoi ne peut exempter d’impôts, CNSS et autres charges les nouvelles entreprises les premieres années. (biensur a etudier au cas par cas, ou par groupe de caracteristiques communes).
    Il faut reconnaitre egalement que les banques sont trop chétives au Burkina. Avec des conditions beaucoup trop rigides qui datent du derniers siècle. Ils faut pousser beaucoup plus ces acteurs a sortir de leur resserves, créer, innover, soutenir les jeunes entreprises. les secouer un peu. sinon a la fin on ne sait même pas a quoi servent les banques a part gérer les fonds de salaire...

  • Le 18 mai 2016 à 21:58, par simple En réponse à : Création de société au Burkina : Désormais, créez votre SARL avec un capital social de 5000F CFA

    Dans un pays à fort taux d’analphabètes, l’État donne avec la main droite et reprend avec la main gauche. Ce qui tue toutes les entreprises ce sont les charges énormes que l’État impose dès la création de ces petites entreprises. Au Burkina la vraie communication fait défaut. Tout est copié chez le colonisateur sans tris sans intelligence pouvant permettre de prendre en compte les réalités pour une économie forte d’où des entreprise mortes- nées et un fort taux de chômeurs diplômés et non diplômés. Ce sont toujours les jeunes qui en pâtissent et bienvenue l’oisiveté, le banditisme, les coupeurs de routes, l’incivisme etc..........l’État fabrique consciemment ou inconsciemment ses propres ennemis.
    Copier les français mais copier intelligemment bien. Labas, on badine pas avec les impôts mais la consommation fait bouger quand même les choses.

  • Le 20 mai 2016 à 03:00, par Hess En réponse à : Création de société au Burkina : Désormais, créez votre SARL avec un capital social de 5000F CFA

    Espérons que le Gouvernement lit les commentaires des internautes qui me précèdent !
    Tout y est : les charges patronales, les impôts, le taxes et le renforcement des capacités des acteurs ! Il faut revoir tout ceci !

    Les banques devront elles se moderniser et prendre un plus de risques.

  • Le 6 janvier 2018 à 11:25, par Winner En réponse à : Création de société au Burkina : Désormais, créez votre SARL avec un capital social de 5000F CFA

    L’autre problème, en plus de ceux déjà cités, demeure les frais de constitution. Si le capital social est réduit à 5000F, les frais de dossier tournent autour de 280 000F.

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