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Consommation de drogues : Les élèves et étudiants, plus accrocs aux substances psychoactives ?

Publié le vendredi 13 mai 2016 à 00h00min

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Consommation de drogues : Les élèves et étudiants, plus accrocs aux substances psychoactives ?

La consommation de drogues en milieu scolaire et estudiantin est un phénomène qui prend de l’ampleur avec des conséquences plus ou moins dramatiques. Mais, au-delà de la répression à laquelle les parents ont recours généralement et qui ne conduit pas toujours à l’abandon de la consommation, il faut explorer d’autres pistes. Il s’agit de la prise en charge médicale dont certains parents ignorent l’existence. D’autres encore y font recours lorsque le stade de dépendance de leurs enfants est très avancé. Pour en savoir plus sur la prise en charge médicale des personnes en état de dépendance de drogues encore appelées substances psychoactives, nous nous sommes rendus au service psychiatrie du CHU Yalgado Ouédraogo.

D’octobre 2015 à février 2016, l’Unité anti-drogue a arrêté en tout 51 élèves et étudiants pour consommation de drogue.
-  En octobre, ils étaient neuf ; en décembre ils étaient 16 dont une fille.
-  En janvier 2016, ils étaient neuf dont une fille également.
-  De neuf en janvier, ils sont passés à 24 en février.
C’est dire donc que la consommation de drogues chez les élèves et les étudiants prend des proportions inquiétantes. Et ce n’est pas faute de connaître les conséquences qui en découlent.
Lorsque les parents apprennent que leurs enfants consomment de la drogue, c’est d’abord les conseils, puis les menaces.
Lorsqu’ils constatent que cela n’a aucun effet, certains n’hésitent pas à conduire leurs enfants à la police ou à la gendarmerie pour qu’ils soient ‘’corrigés’’.
Si cette méthode ramène certains jeunes à l’ordre, force est de constater qu’elle n’a pas le même effet sur tous les jeunes qui continuent de consommer en cachette la drogue.
C’est donc souvent en dernier recours et après avoir exploré plusieurs autres pistes lorsqu’ils constatent les troubles importants de comportements de leurs enfants, que les parents se rendent à l’hôpital.

Elèves et étudiants, premiers consommateurs de drogue ?

Une fois à l’hôpital, ils sont orientés au service de psychiatrie.
Nous nous y sommes rendus et avons été reçus par le Pr Jean-Gabriel Ouango, psychiatre et psychogériatre, médecin-chef adjoint du service de psychiatrie. Des statistiques qu’il a bien voulu nous donner, il ressort que :
-  Du 1er mai au 31 octobre 2015, son service a reçu et hospitalisé 50 patients malades mentaux consommateurs de drogue.
-  L’âge moyen des patients était de 25 ans.
-  La classe d’âge de 18-24 ans était la plus représentée.
-  98% des consommateurs étaient de sexe masculin.
-  52% avaient le niveau du secondaire.
-  La majorité des consommateurs malades étaient des élèves ou des étudiants, suivis de jeunes commerçants.

De notre entretien avec le Pr Ouango, il ressort que le cannabis est de loin la drogue la plus consommée par ses patients, auquel ils associent le plus souvent l’alcool.
Viennent ensuite les amphétamines (bleu bleu, pogyangtondballé, etc.), qui paraissent inoffensifs car vendus au vu et au su de tout le monde dans les « pharmacies par terre », la cocaïne, l’héroïne et le tramadol qui sont de plus en plus prisés par les consommateurs.

Les conséquences liées à cette consommation sont diverses et variées. Nous avons les troubles importants de comportements avec leurs lots de viols et de vols et de violences en tous genres.
Certains jeunes drogués n’hésitent pas à porter la main sur leurs parents.
Selon le Pr Ouango « la maladie la plus couramment associée à la consommation de drogue est la schizophrénie, maladie mentale grave, profonde et chronique, de traitement difficile ».

Le sevrage, étape la plus difficile du traitement

En ce qui concerne la prise en charge médicale des patients, « les malades hospitalisés bénéficient des soins suivants en fonction de la nature de leur maladie :
-  traitements médicamenteux pour éliminer les comportements déviants,
-  psychothérapie individuelle et de groupe pour renforcer la motivation à se soustraire du produit,
-  surveillance biologique des organes éventuellement atteints,
-  et sevrage selon un protocole établi », confie le Pr Ouango.
Le sevrage est l’étape la plus difficile pour les patients, car ils n’ont plus accès aux substances qu’ils consommaient. Certains vivent assez mal cette étape, mais finissent par s’y habituer.
Les patients admis au service de psychiatrie pour consommation de drogue ont le plus souvent de graves séquelles au niveau de certains organes tels les poumons, le foie, du fait de l’association drogue et alcool. La surveillance biologique est donc importante.

Sur la question du coût de la prise en charge, les prix varient en fonction de chaque patient et de son degré de dépendance.
Les frais de la chambre d’hospitalisation vont de 400 FCFA à 2000 FCFA par jour.

Le Pr Ouango explique également que l’évolution de l’état des patients est très souvent favorable durant l’hospitalisation, mais les rechutes sont fréquentes du fait de la chronicité des maladies associées et de l’accoutumance liée aux drogues consommées.
Les parents doivent donc accompagner et soutenir leurs enfants durant tout le temps que dure la prise en charge et surtout après la sortie de l’hôpital afin d’éviter au maximum les rechutes.

Justine Bonkoungou (Stagiaire)
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 13 mai 2016 à 09:05, par Le Ouatt En réponse à : Consommation de drogues : Les élèves et étudiants, plus accrocs aux substances psychoactives ?

    Comme d’habitude,le milieu estudiantin avec sa loi de franchises universitaires,nos campus et nos étudiants sont devenus des zones hors la loi.De quoi nous plaignons nous ?Tant que nous n’allons pas reconstituer les choses et amener une vrai securité,il y aura pire que fumer la drogue.Malheureusement pour nous,l’éducation semble ne pas être une priorité pour nos gouvernants.Dieu benisse le Burkina Faso

  • Le 13 mai 2016 à 10:13, par Beaute En réponse à : Consommation de drogues : Les élèves et étudiants, plus accrocs aux substances psychoactives ?

    c’est triste de voir nos enfants ainsi. surtout en ce qui concerne les élèves et étudiants

  • Le 13 mai 2016 à 17:25 En réponse à : Consommation de drogues : Les élèves et étudiants, plus accrocs aux substances psychoactives ?

    Très bel article,good job chère journaliste

  • Le 13 mai 2016 à 17:55, par solo En réponse à : Consommation de drogues : Les élèves et étudiants, plus accrocs aux substances psychoactives ?

    Que fait les pouvoirs publiques pour empêcher l’entrée et la consommation ? force est de constater que nous sommes devenus aujourd’hui une plaque tournante de ce trafic qui tue notre jeunesse.En clair l’état a démissionné.

  • Le 13 mai 2016 à 17:59, par solo En réponse à : Consommation de drogues : Les élèves et étudiants, plus accrocs aux substances psychoactives ?

    Que fait les pouvoirs publiques pour empêcher l’entrée et la consommation ? force est de constater que nous sommes devenus aujourd’hui une plaque tournante de ce trafic qui tue notre jeunesse.En clair l’état a démissionné.

  • Le 14 mai 2016 à 09:33, par kwiliga En réponse à : Consommation de drogues : Les élèves et étudiants, plus accrocs aux substances psychoactives ?

    Vous préférez pratiquer la censure, au détriment des informations scientifiques que je vous apporte !
    Vous laissez passer des énormités comme : "nous sommes devenus aujourd’hui une plaque tournante de ce trafic (de drogues)".
    Vous avez une drôle de façon d’envisager votre mission d’information !
    Ce n’est pas ainsi que nous sortirons de l’obscurantisme !

  • Le 14 mai 2016 à 13:31, par Dibi En réponse à : Consommation de drogues : Les élèves et étudiants, plus accrocs aux substances psychoactives ?

    Encore un article de journaleux en formation !
    Un article écrit sur la base d’une documentation insuffisante, oiseuse et indigeste :
    - les consommateurs dont on ignore tout (origine sociale de ces scolaires et des étudiants ?, parcours scolaires ?, modalités de rencontre de la drogue ? ; qui ne tombe pas du ciel..)
    - Et comme la drogue ne tombe pas du ciel, mais vient aux jeunes par des circuits et réseaux de distributions, qui sont les animateurs de ces réseaux ? Qui sont leurs mules ?
    Et si on gratte bien dans cette direction, on découvre sans surprise que les éléments qui animent ces réseaux et circuits de la drogue, les entretiennent et participent au délabrement néocolonial et social de notre pays.
    Ces éléments criminels et maffieux opèrent en lien avec des secteurs importants de la banque et de la bourgeoisie compradore ; celle commerçante et celle bureaucratique qui opère au niveau des différents rouages de la haute et moyenne fonction publique civile ou militaire. C’est donc dire qu’une bonne partie des éléments frelatés et maffieux qui tiennent le contrôle de l’Etat néocolonial au Burkina-Faso sont justement les desservants-ravitailleurs de ces circuits de la drogue au Burkina-Faso et dans toute la sous-région ouest africaine comme marché connecté pour changer d’échelle.
    Inutile de distraire les familles à l’abandon avec l’engagement héroïque d’un pauvre médecin psychiatre à Yalgado, cet hôpital national que les différents régimes néocoloniaux pourris, ont laissé à la dégradation ; et qui est devenu ce grand mouroir digne de la ville Ouagadougou - mais c’est partout pareil dans ce pays si riche et si pillé- ce grand mouroir que tous les gros bonnets du CDP ou du MPP (c’est le même bonnet de fils blancs et rouges) , de l’UPC, du RDA, ce mouroir dis-je, que tous les fantoches et leurs familles évitent par les moyens du transferts ou de l’exil sanitaire pour des soins à nos frais à nous tous en Europe ou en France leur véritable patrie.
    Voilà ou nous en sommes, pour la drogue comme pour la maladie.
    Lisez plus que ça, jeunes journaleux ! Elevez le niveau de conscience politique de notre peuple ! Armez vous dès maintenant, non de plumes à écrire, mais d’armes qui pointent et tirent juste.
    La question de la drogue est une question sociale, politique, géopolitique et financière. Les sommets de l’Etat, politiques et militaires, la bancocratie locale et régionale (parce qu’il faut bien blanchir ces milliards de CFA - (franc des colonies d’Afrique) - sales qui circulent avec la drogue, il faut bien, dis-je, les injecter dans le circuit bancaire.
    Il n’y a qu’ainsi qu’on comprend les immenses fortunes de certaines personnes et personnalités au Faso, le délitement de l’Etat et de la société. La drogue, comme l’argent du narcotrafic ne tombent pas du ciel. Ils relèvent de processus de pillages maffieux, de prédations criminelles et de contrôle néocolonial de l’Etat.

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