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Enseignement supérieur : 220 enseignants burkinabè à l’école de la didactique

Publié le mardi 3 mai 2016 à 22h00min

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Enseignement supérieur : 220 enseignants burkinabè à l’école de la didactique

Sur financement du Fonds africain de développement, le projet d’appui à l’enseignement supérieur dans les pays de l’UEMOA (PAES) a initié une formation locale de base en didactique des enseignements dans les disciplines liées aux nouvelles filières porteuses des institutions d’enseignement supérieur dans les pays de l’espace communautaire. Cette initiative qui va concerner tous les huit pays membres, en raison de 220 enseignants par pays, est assurée par le Cabinet africain d’études et de recherche pour le développement (CAERD). Lancée simultanée avec celle du Togo, la formation au Burkina a été ouverte ce mardi, 3 mai 2016 (et ce, jusqu’au 7 mai) à Ouagadougou sous la présidence du ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, Pr Filiga Michel Sawadogo.

« Aujourd’hui, la question de la qualité de l’enseignement et de leur pertinence est une préoccupation pour le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation et également pour les responsables des institutions d’enseignement supérieur. C’est pourquoi, des mesures et des actions doivent être prises ou menées afin d’obtenir que nos ressources humaines soient de qualité, efficaces au bénéfice de développement économique et social de notre pays », a situé le ministre en charge de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, Pr Filiga Michel Sawadogo. Pour lui, il y a donc sans conteste nécessité d’apporter une solution au manque de formation des enseignants pour leur permettre de prendre en charge leur amphithéâtre et autres salles de cours, de TD (travaux dirigés), de TP (travaux pratiques), etc., notamment grâce à une formation en didactique et en pédagogie universitaire.

De son diagnostic de la situation, il ressort entre autres que, la formation et l’habilitation des enseignants-chercheurs sont essentiellement tributaires, à l’heure actuelle, de leurs propres initiatives ; les amenant très souvent à s’inscrire dans les écoles doctorales ou sur les listes de qualification du CAMES (Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur). Les jeunes diplômés des écoles doctorales, dont la plupart ne sont pas destinés à l’enseignement, acceptent de servir comme jeunes professeurs assistants, faute d’avoir pu, pour certains, obtenir un emploi dans d’autres secteurs mieux rémunérés. Ces écoles doctorales de provenance de ces jeunes assistants accordent plus d’importance à la formation pluridisciplinaire et aux métiers qu’à la capacitation de ceux-ci à avoir un enseignement tourné vers la réussite académique et professionnelle des jeunes dont ils ont la charge. Tout se passe comme si l’1enseignement dispensé est censé être assimilé par l’étudiant, quel que soient les méthodes et les techniques de transmission utilisées par l’enseignant. D’ailleurs, la compétence intrinsèque de l’enseignant dans la maîtrise de sa discipline de base est souvent plus valorisée et considérée que la compétence de transmission des savoirs, savoir-faire et savoir-être des apprenants. Seuls les enseignants formés dans les écoles normales supérieures ou dans les facultés de sciences de l’éducation reçoivent une formation pédagogique.

Il est généralement admis de tous, que les enseignants- chercheurs des institutions d’enseignement supérieures (publiques et privées), les établissements d’enseignement supérieur de façon générale, ne bénéficient pas toujours de formation ou de remise à niveau, aussi bien au plan de la formation initiale que de la formation continue.

Selon Pr Filiga Michel Sawadogo, la compétence disciplinaire est préalable et incontournable. « Si vous ne connaissez pas votre discipline, avec la meilleure pédagogie, ça ne peut pas marcher. (…). Je sais qu’en maths, quand la discipline n’est pas connue, le prof lui-même a envie de fuir la classe… On raconte l’histoire de ce prof de maths, pas très doué, donc, quand il commence à corriger (un exercice) et qu’un étudiant éternue, il efface tout. Donc, connaître la discipline, c’est vraiment imparable ; il faut concilier », ironise-t-il. Les méthodes et techniques de transmission du savoir et d’évaluation des résultats à atteindre ne sont donc pas à négliger, dans la mesure où elles contribuent grandement à atteindre dans de meilleures proportions, des objectifs poursuivis et permettent de faciliter la compréhension par l’apprenant. « Pour rester dans les mathématiques, on sait qu’il y a beaucoup de profs, quand on demande d’expliquer, ils disent que : c’est comme ça. Donc, les gens finissent par abandonner cette affaire-là qui est ‘’comme ça…’’ et on n’a aucune explication », étaye Pr Filiga Michel Sawadogo. Dans ce contexte, et tenant compte des formations en pédagogie universitaire initiées par le projet PAES de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest africaine), en 2014, une formation en didactique des disciplines liées aux nouvelles filières professionnalisantes des enseignants-chercheurs pourrait apporter des améliorations significatives, aussi bien au niveau de l’efficacité et de l’efficience, que de la pertinence de la formation supérieure.

Cette formation devra donc apporter des améliorations significatives, aussi bien au niveau de l’efficience, de l’efficacité que de la pertinence des formations au niveau supérieur. Les enseignants devraient être à même de procéder à l’analyse et à l’adoption des valeurs, aptitudes et méthodes qui leur permettent de répondre aux exigences de leur poste de travail et à leur devoir de transmission de la connaissance aux apprenants. Car, relève le ministre, quand on n’a pas certains rudiments, on donne son enseignement sans se préoccuper des conséquences, c’est-à-dire sans chercher à savoir si les apprenants ont compris ou pas. Si cette formation s’avère concluante, elle se verra rééditée dans les universités du Burkina, confie le ministre de tutelle. Ce qui va permettre de combler le vide qui existe au plan national en matière de politique de mise à niveau des enseignants.

Pour le directeur général du Cabinet africain d’études et de recherche pour le développement (CAERD), Hamadou Savadogo, la formation va concerner 1760 enseignants dans l’ensemble des huit pays de l’espace UEMOA. Elle implique huit domaines de disciplines dont les sciences de la santé, les sciences et techniques, les sciences agronomiques, les sciences de l’homme, les langues, les sciences de l’éducation, les sciences juridiques et politiques. ‘’Dans chaque domaine, il est prévu de former environ 28 enseignants. Donc, la formation se déroule en deux phases : un tronc commun et après, chacun ira dans son domaine’’, a précisé le directeur général du CAERD, cabinet retenu pour cette formation dans l’ensemble des huit pays.

Oumar L. OUEDRAOGO
(oumarpro226@gmail.com)
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