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Joseph Ki Zerbo : Le « papy » de la scène politique

Publié le mardi 12 juillet 2005 à 07h51min

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Professeur agrégé d’histoire , célèbre dirigeant politique, Joseph Ki Zerbo( JKZ) est une référence presque ‘incontournable lorsqu’on parle d’hommes ayant fortement marqué l’histoire du Burkina Faso.

Octogénaire, cet homme a été de plusieurs batailles avec des fortunes diverses. Aujourd’hui, le « papy » s’est quelque peut mis en retrait. Il laisse la direction du parti pour la démocratie et le progrès/ Parti socialiste (PDP/PS) à d’autres non moins vieux que lui, mais peut-être un peu plus « athlétiques ». Portrait.

Joseph Ki-Zerbo est né en juin 1922 à Toma. Son père Simon Alfred Diban Ki Zerbo est considéré comme étant le premier chrétien du Burkina Faso. On comprend alors aisément pourquoi l’enfant fréquentera les écoles des missions catholiques puis le grand séminaire de Koumi( Près de Bobo Dioulasso).

Après avoir quitté le séminaire en 1940, JKZ se retrouve quelques années plus tard à la Sorbonne( Université de Paris) pour des études de droit et de sciences politiques. Il ressort de cette université, nanti d’une agrégation en histoire ; la toute première de la Haute Volta de l’époque. Le 16 juillet 1950, Ki Zerbo crée l’ Association des Etudiants Voltaïques en France( AEVF) avec d’autres camarades.

Premier président de AEVF, il participe au congrès constitutif de la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire de France ( FEANF) ; du 25 au 30 décembre 1950. Sept(07) ans plus tard, Joseph Ki Zerbo crée le Mouvement de Libération Nationale ( MLN) ; dont le programme politique se résume en trois propositions : indépendance immédiate, création des Etats-Unis d’Afrique, Socialisme.

Retour au pays et activisme politique

En 1960, Ki Zerbo opère un come back en Haute Volta et mène moult activités politiques. Mais, en 1983, lorsque le Conseil National de la Révolution (CNR) s’installe au pouvoir, il est contraint à quitter le pays. Toutefois, le Burkina Faso ayant opté pour la démocratie à partir de 1991, le « vieux « revient et crée le PDP/PS qu’il conduit aux législatives de 1997.Son parti remporte 06 sièges et devient de facto le premier parti d’opposition.

Mais une crise interne secouera le PDP/PS et entraînera le départ du Dr Emile Paré. (Celui-ci aurait eu dit-on des velléités de succession primaires.De son côté Emile Paré dénonçait une gestion opaque du parti). Cette défection a défrayé la chronique pendant de nombreux jours, et l’image du parti en a été ternie.

Après l’assassinat en 1998 du journaliste Norbert Zongo, Ki Zerbo devint un peu plus percutant.Aux côtés d’Halidou Ouédraogo et autres, il participe à la création du collectif des organisations démocratiques de masse et des partis politiques( un regroupement de plusieurs partis d’opposition et de structures de la société civile qui luttent contre l’impunité des crimes politiques et économiques).

Preuve de sa détermination, Ki Zerbo est l’auteur de la célèbre formule « Naan Lara, An Saara » ( Si nous nous couchons, nous sommes morts !) . Autrement, il invite au refus de la fatalité et à la condamnation vive des « dérives » du pouvoir en place.

Ki-Zerbo cède son fauteuil

En 2002,le PDP/PS a perdu sa place de premier parti d’opposition au profit de l’ADF/RDA. Etait-ce dû à l’ « essoufflement »du vieux ? En tous cas, le 06 février dernier, le navire battant pavillon PDP/PS a changé de capitaine.Le professeur(de biochimie) Ali Lankoandé est devenu le nouveau maître à bord.Ce dernier n’est du reste pas passé par quatre chemins pour déclarer publiquement sa candidature à l’élection présidentielle de novembre 2005.

Malgré le départ en catimini de Ki Zerbo, on retiendra qu’il a toujours défendu l’idée d’un développement endogène. « Il n’y a pas de développement clés en main mais clés en tête » aimait-il dire. Dans son ouvrage La natte des autres : pour un développement endogène en Afrique, le Papy écrit ceci : « Se développer, c’est produire et se reproduire ; c’est- à - dire renouveler, exalter et transmettre ses propres virtualités.

Aujourd’hui, l’Afrique ne produit pas. Elle sous produit. Elle se détruit à grands frais pour reproduire par mimétisme l’être d’autrui. L’extraversion débouche sur l’aliénation, c’est- à dire l’antithèse du vrai développement ». Vérité en déca des Pyrénées, vérité au delà.

Arsène Flavien BATIONO( bationoflavien@yahoo.fr)

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Vos commentaires

  • Le 28 août 2006 à 15:04 En réponse à : > Joseph Ki Zerbo : Le « papy » de la scène politique

    Comme si tout etait beau,

    Une des erreurs c est l histoire de parti clandestin qui infecte le systeme scolaire. Personne n en parle.
    Imaginons que le PCRV, ce parti tres tres bien organiser l etait visiblement et legalement ?
    Si KI Zerbo avait soutenu la Revolution et avait su jouer avec les jeunes pour construire le Burkina
    Peut etre que le pays aurait une constitution depuis 1984
    Et la suite de l affaire Norbert ZONGO, c est l annee invalide, une corruption de l opposition. La democratie totalement confisquee.
    Pourquoi pas un effort pour un seul parti politique ?
    Et les efforts et le sacrifice de Norbert aurait tant de fruit pour le future du Burkina.

    C est mon commentaire pour enrichir les echanges apres avoir lu ce message. Il est claire que le Professeur est une grande personalite et nous devions en discuter a chaque fois pour en tirrer le plus de profit de ces oeuvres.

    une jeune Burkinabe

    Partie que je trouve deplorable :

    Le 16 juillet 1950, Ki Zerbo crée l’ Association des Etudiants Voltaïques en France( AEVF) avec d’autres camarades.

    Premier président de AEVF, il participe au congrès constitutif de la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire de France ( FEANF) ; du 25 au 30 décembre 1950.

    Après l’assassinat en 1998 du journaliste Norbert Zongo, Ki Zerbo devint un peu plus percutant.Aux côtés d’Halidou Ouédraogo et autres, il participe à la création du collectif des organisations démocratiques de masse et des partis politiques( un regroupement de plusieurs partis d’opposition et de structures de la société civile qui luttent contre l’impunité des crimes politiques et économiques).

    Preuve de sa détermination, Ki Zerbo est l’auteur de la célèbre formule « Naan Lara, An Saara » ( Si nous nous couchons, nous sommes morts !) . Autrement, il invite au refus de la fatalité et à la condamnation vive des « dérives » du pouvoir en place.

    Ki-Zerbo cède son fauteuil

    En 2002,le PDP/PS a perdu sa place de premier parti d’opposition au profit de l’ADF/RDA. Etait-ce dû à l’ « essoufflement »du vieux ? En tous cas, le 06 février dernier, le navire battant pavillon PDP/PS a changé de capitaine.Le professeur(de biochimie) Ali Lankoandé est devenu le nouveau maître à bord.Ce dernier n’est du reste pas passé par quatre chemins pour déclarer publiquement sa candidature à l’élection

  • Le 28 août 2006 à 16:50, par Sirima En réponse à : > Joseph Ki Zerbo : Le « papy » de la scène politique

    Par rapport à l’article, il me semble nécessaire d’apporter quelques précisions à partir de la documentation en ma possession, à propos du rôle du professeur dans la création de la FEANF. En effet, si l’on ne saurait sous-estimer le rôle extrêmement joué par Ki-Zerbo au niveau du mouvement étudiant africain en France ainsi que celui de ses proches comme le professeur Dicko Hamadou ou encore R. Tchidimbo qui sera plus tard l’archevêque de Conakry, il existe encore des documents qui précisent les noms des personnes ayant participé à la création de la FEANF. On peut rapidement souligner que
    ce n’est qu’entre 1946 et 1950 que les étudiants d’Afrique noire s’organiseront véritablement en vue de mener des actions culturelles, politiques et syndicales avec notamment la création de l’Association des Etudiants Africains de Paris (AEAP) en 1946. Celle-ci deviendra, par la suite, l’Association Générale des Etudiants Africains de Paris (AGEAP) qui jouera un rôle déterminant dans la création de la FEANF.
    A partir de 1945, plusieurs associations regroupées sur la base territoriale verront le jour. Successivement naîtront l’Association des Etudiants de la Côte d’Ivoire (AECI), en juillet 1947 ; l’Association des étudiants du Togo « Jeune Togo », en mars 1947 ; l’Association des Etudiants camerounais, en février 1948 ; l’Association des Etudiants Dahoméens en Fance (AEDF), en 1948. L’Association des étudiants soudanais sera créée en janvier 1949. En octobre 1949, c’est l’Association des Etudiants gabonais qui verra le jour ; Le 16 juillet 1950 voit la création de l’Association des Etudiants de Haute Volta avec Joseph Ki-Zerbo comme président ; l’Association des Etudiants guinéens en France naîtra en octobre 1950. Soit au total huit (8) associations territoriales légalement reconnues. Parallèlement, on assiste à des regroupements d’étudiants d’Afrique noire sur la base académique. En 1950, on dénombrait seize (16) associations d’étudiants africains dans les académies.
    La création de la FEANF en décembre 1950
    La FEANF est née en décembre 1950, lors d’un congrès tenu à Bordeaux les 28, 29 et 30 décembre par les associations académiques de Montpellier, de Bordeaux, de Toulouse et de Paris (celle de Lyon empêchée, donna son adhésion à la Fédération par écrit). Il faut souligner que le congrès constitutif de Bordeaux avait été précédé par celui de Lyon, les 5, 6 et 7 avril 1950 et avait examiné le projet de statuts de la FEANF. La création de la Fédération eut réellement lieu dans la nuit du 31 décembre 1950 au 1er janvier 1951. Les délégations présentes étaient ainsi constituées : (Bordeaux) Léandre Almon (qui a présidé les travaux du congrès), Etienne Sarazin et Grégoire Gbenou ; (Montpellier) Mamadou Bâ, Amsata François Sarr et Albert Franklin ; (Toulouse) Cheikh Amadou Diop, Yaré Fall et Georges Glokpor ; Louis Atayi et Amadou Mahtar Mbow (qui furent élus pour diriger un comité exécutif provisoire jusqu’au 1er congrès en mars 1951) composaient la délégation de Paris.
    Pour en savoir plus voir : « Les premiers pas de la Fédération des étudiants noirs en France (FEANF) (1950-1955), de l’Union française à Bandoung ». Par Amady Aly Dieng

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