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Dialogue : Bienvenu au cercle des « exclus » !

Publié le lundi 2 mai 2005 à 09h25min

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Voilà deux hommes que tout semble différencier : de la carrière à la carrure. Le premier, éminent physicien-chimiste, a été de tous les combats politiques et syndicaux dès la naissance même de la Haute-Volta.

Nombre de ses élèves du Collège moderne et du lycée Zinda se rappellent encore ses réparties parfois cinglantes, son humour noir enjolivé par un sourire sympathique qui semble éternel. Un homme d’expériences qui ne craint plus les mélanges, même les plus détonants...

Ram Ouédraogo fut, quant à lui, le preux challenger de Blaise Compaoré à la présidentielle de 1998, classé deuxième bien loin du vainqueur. Pour cet homme qui sait ce que culture veut dire et qui passe pour l’un des meilleurs producteurs d’artistes africains, les chemins de l’art sont suffisamment sinueux pour mener à tout, même à la politique.

Les Verts du Burkina, le parti qu’il créa alors, avait suscité beaucoup d’espoir chez les jeunes.
Ce qui unit les deux hommes reste le rejet dont ils semblent avoir été l’objet de la part d’amis d’hier réunis sous le chapiteau ’’Alternance 2005’’. Alors, pourquoi n’en parleraient-ils pas ?

Ali : Et de deux, il me semble ?

Ram : Tu sais, ces gens-là ont cessé de m’étonner...

Ali : Parce que toi, tu t’attendais plus ou moins au rejet de ta candidature ?

Ram : Plus ou moins, oui ! Les prétendus critères dont il a été question n’avaient rien de logique !

Ali : Sur ce plan, je t’approuve ! Prends notre cas : qui, mieux que nous, peut parler politique dans ce pays ?

Ram : Je te vois venir, mais... entre nous, le MLN n’a jamais eu bonne presse !

Ali : Par la grâce de ses détracteurs, oui ! Il faut dire que nous, au moins, nous avions le courage de rectifier nos tirs !

Ram : Là, je ne te suis pas ! De l’UPV au FPV, vous avez accumulé des erreurs stratégiques...

Ali : Tu m’étonnes !

Ram : Et pourtant ! Un seul fait : on vous accuse d’avoir fait capoter une alternance qui pointait alors que Lamizana était mis en ballottage ! Tu vois ? Les gens n’ont pas encore oublié...

Ali : On avait simplement dit à nos électeurs de voter selon leur conscience !

Ram : Ben... Il y a eu cette traversée sinistre du désert, puis enfin la création de la CNPP/PSD, le seul parti qui méritait le qualificatif de parti de l’opposition...

Ali : Ça n’a pas marché !

Ram : Ça ne pouvait pas marcher d’autant plus que le vieux professeur ne le dirigeait pas...

Ali : Ce n’est pas pour ces raisons que le parti a explosé !

Ram : Mais, c’est ce que beaucoup de gens ont cru et dit !

Ali : Tu ne penses pas qu’il y en avait parmi eux des gens pressés de monter à la soupe, comme on le constate ?

Ram : On peut aussi dire que c’est par déception ! En fait de soupe, qui n’en mange pas ? Ne sommes nous pas en train de briguer la magistrature suprême de ce pays ?

Ali : C’est pour aider le pays à se développer en appliquant notre programme qui est suffisamment clair.

Ram : Jusqu’à preuve du contraire, aucun homme politique n’a dit qu’il recherchait le pouvoir pour réduire son pays en lambeaux !

Ali : Mais, regarde ce qui se passe. La pauvreté qui avance à grands pas pendant que chaque jour que Dieu fait de nouveaux riches surgissent du néant et narguent tout le monde.

Ram : Cela aurait pu être pire ou pourrait l’être si...

Ali : Tu ne vas pas t’y mettre, toi aussi ! C’est vrai que tu as déjà un peu goûté à la chose...

Ram : Non ! Je suis simplement réaliste et j’essaie de le rester. C’est vrai, comme tu dis, j’ai goûté un peu, mais j’ai aussi appris, là-bas, qu’il fallait se méfier des belles théories et de leurs initiateurs.

Ali : L’essentiel pour nous sera de prouver à certaines personnes qu’elles se sont lourdement trompées.

Ram : Je constate que dans tout le lot aux opposants à Blaise Compaoré, je suis le seul à m’être déjà livré à cet exercice !

Ali : Est-ce réellement un atout ?

Ram : Je reste au moins le plus connu ! Toi, tu as parcouru combien de provinces ?

Ali : Pour ma part, je pense que tout se jouera au second tour...

Ram : Tu sais, sous les tropiques, les seconds tours ont toujours servi les intérêts des premiers. Alors...

Ali : N’empêche qu’on verra les scores !

Ram : Pour dire vrai, et c’est ce que je pense, on a tout raté dès le départ...

Ali : Pessimiste ?

Ram : De plus en plus, au regard de ce qui se passe. Tu sais, prenons un autre rendez-vous pour l’alternance...

Propos écologiquement recueillis par JJ

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