Il y a quelques mois, en effet, les propriétaires de certaines alimentations avaient pris l’opinion à témoin sur le fait que la société Marina Market avait l’intention de les ruiner en ouvrant une surface sise à Zogona.

Cet acte, aux yeux des responsables de l’Agrapa, signerait son arrêt de mort car il lui serait difficile de rentrer en concurrence avec Marina Market, qui est son grossiste. Depuis lors, les premiers responsables de l’Association n’ont eu de cesse d’alerter les autorités sur les risques qui pourraient survenir si Marina Market mettait son projet à exécution.

Quelques contacts ont également été établis avec la direction de la société mise en cause. L’intention, semble-t-il, est d’éviter que la situation dégénère. Une telle démarche est louable, et les autorités n’ont pas hésité à encourager les deux parties dans ce sens. Seulement, las d’attendre le verdict de l’arbitre officiel, l’association des propriétaires d’alimentation semble avoir choisi la voie de la pression pour se faire entendre. Les multiples rencontres avec la presse entrent dans ce cadre.

La principale angoisse des membres de l’Agrapa est de ne pas pouvoir résister longtemps au rouleau compresseur de leur « grossiste traditionnel », qui serait amené à pratiquer des prix difficiles à suivre par les petites alimentations. Ils en veulent pour preuve « le triste sort » qui a été celui de certains des leurs lorsque Marina Market avait ouvert des succursales à la Patte-d’Oie, à Gounghin et au centre-ville. Les mêmes causes vont-elles produire les mêmes effets à Zogona ?

L’inquiétude d’Agrapa est jusque-là jugée fondée par la direction de Marina Market. Mais les deux parties éprouvent quelques difficultés à s’entendre sur un modus vivendi profitable à chacune. Cela signifie que la solution au différend ne peut intervenir que dans la négociation et le dialogue. C’est la seule issue favorable et toute autre tentative court le risque d’être vaine et de troubler la quiétude sociale.

Si pour l’instant les responsables de l’Agrapa n’ont pas encore déplacé le débat sur le terrain sectaire, certaines accusations finiront par le faire déraper sur des considérations xénophobes. Or, ce qui est en jeu n’est ni une affaire de Libanais, ni une affaire de Burkinabè, c’est un malentendu intervenu entre un grossiste et ses détaillants et il faut s’en tenir à cette donne pour trouver la meilleure solution.

Il n’est peut-être pas tard pour l’Agrapa de retourner à la table de négociation en toute responsabilité. Le ministère en charge du Commerce avait, depuis belle lurette, recommandé cette démarche car ce n’est que dans la sérénité que les deux parties examineront la situation dans tous ses contours.

Si on peut comprendre le mécontentement, voire la colère, des membres de l’Association des grandes et petites alimentations de Zogona-Dassasgho, on devrait aussi s’interroger sur le sort des consommateurs des quartiers concernés.

Car, s’il est brandi le spectre de la concurrence déloyale, c’est que ce sont des prix moins disants pour les consommateurs qui seront appliqués à Marina Market. On peut réellement comprendre l’embarras du ministère en charge du Commerce, car cette querelle entre commerçants est un véritable casse-tête chinois, si elle doit être traitée au regard des lois en vigueur. Le mieux est donc la solution à l’amiable puisque le dénouement de cette affaire fera jurisprudence pour les cas similaires à venir.

L’affaire aura au moins eu le mérite de mettre à nu l’apathie des associations des consommateurs. Celles-ci n’ont pas levé le moindre petit doigt pour rappeler le droit de leurs protégés.

Adam Igor
JOurnal du jeudi