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Initiation des Enfants à l’art : L’UNICEF et la SNC révèlent des talents insoupçonnés

Publié le mercredi 30 mars 2016 à 22h30min

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Initiation des Enfants à l’art : L’UNICEF et la SNC révèlent des talents insoupçonnés

La Semaine nationale de la culture bat son plein à Bobo Dioulasso. A cette biennale, un espace est spécialement dédié aux plus jeunes à l’espace Jeunesse Dafra. Soutenu par l’UNICEF, les enfants vivent pleinement la fête de la culture à travers des ateliers d’initiation à l’art. Dans la matinée du 30 mars 2016, nous avons fait un tour dans l’atelier de modelage.

Par petits groupes, ce sont des enfants très assidus que nous avons trouvés en cette matinée du 30 mars. Ils modèlent, donnent forme à la matière, sous la supervision de Jean Luc Bambara, artiste sculpteur professionnel et de ses assistants.

Le sculpteur professionnel rappelle qu’il a discuté avec les responsables de la SNC et ceux de l’UNICEF pour innover en venant avec un atelier de modelage. Les enfants n’attendaient que cela, en témoigne l’engouement. « On a été confronté au nombre des enfants. Au départ on nous avait annoncé 100 enfants, mais je me suis retrouvé avec au moins 150 enfants à repartir en 10 groupes ». Loin de se plaindre, Jean Luc Bambara accueille les bambins avec joie.

L’idée, c’était de permettre aux apprenants de toucher à la matière, la cire d’abeille, la première étape pour réaliser une œuvre en bronze. « Nous leur avons appris à créer des formes qu’ils avaient l’habitude de voir, en cire. Puis en mettre en lien ces formes créées. Des scènes de vie quotidienne, une personne qui danse, couchée, qui va au puits, qui a un enfant au dos. Il y en a même qui ont dénoncé des faits de société ».

Le réveil des talents dormants

L’atelier de modelage a débuté le lundi 28 mars. Et depuis les choses sont allées très vite. Au regard du nombre d’enfants et du matériel dont ils disposent, le chef d’atelier, Jean Luc Bambara a organisé le travail. 15 personnes par table. Pendant que sept sont à l’œuvre et sous les instructions des moniteurs, les autres observent puis remplacent par la suite leurs camarades.

« On commence l’atelier à 8h, mais dès 6h ceux qui ont observé la veille sont pressés de remplacer ceux qu’ils ont regardé travailler », remarque le formateur qui précise que l’implication des jeunes est telle qu’il est même difficile de les arrêter pour le goûter de 10h. « Quand on dit d’arrêter, il y en a qui sont toujours devant leurs œuvres, d’autres empochent le pain pour continuer à travailler, c’est édifiant. Les mots me manquent pour expliquer ».

Foi du professionnel, le résultat en 72h de dur labeur est plus que concluant. Il est comblé au-delà de ses attentes. Les petits doigts font des merveilles. « Je vous assure que j’ai repéré des talents nés (…) En trois jours sur 150 enfants, j’ai déjà repéré au moins 80 qui ont vraiment ce sens de l’art », nous dit-il avec une certaine fierté. De ces talents, Dieudonné Somda, 13 ans, en classe de CM1.

Se laissant aller dans son inspiration, le jeune artiste a conçu une œuvre qui traite d’un fait de société. La prostitution, et l’habillement ‘’osé’’ des jeunes filles. « Chaque jour, je vois ça. J’ai fait ça pour que les femmes s’habillent bien et pour dire que la prostitution n’est pas bien », se contente-il de nous dire.

Pour d’autres enfants comme Sylvain Millogo, 13 ans en classe de CM2, l’atelier a été une aubaine pour travailler comme les professionnels. Lui qui modelait avec de l’argile, a pu toucher au matériel des professionnels.
Tout comme les autres enfants, Rachidatou Sawadogo 12 ans, CM1, témoigne sa reconnaissance à la SNC et à l’UNICEF qui leur ont donné cette opportunité et surtout à ses ‘’tontons’’ qui leur ont appris à modeler. « Plus tard, je voudrais devenir policière et continuer à faire ça (modelage) », nous confie la jeune fille.

Au-delà de la SNC…
Dans quelques jours ce sera fini pour la SNC. L’espace initiation des enfants aux arts fermera ses portes, en attendant la prochaine édition. Un pincement au cœur, aussi bien pour les apprenants que pour Jean Luc Bambara et ses collègues.

Il souhaite donc que des ateliers de ce genre soient multipliés par exemple pendant les grandes vacances, « pour garder l’agilité des doigts » de ses nouveaux initiés, surtout que selon lui, un vrai atelier de modelage s’étend sur deux à trois semaines. Déjà pour les 80 ‘’talents nés’’ qu’il a détectés, il compte entrer en contact avec leurs parents pour leur demander d’avoir un œil sur leurs enfants. « L’art est perturbateur. Si on les laisse se donner entièrement à l’art, l’école c’est fini. Pourtant il faut qu’ils continuent le cursus scolaire », conclut Jean Luc Bambara.

Tiga Cheick Sawadogo (tigacheick@hotmail.fr)
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