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38ème championnat d’Afrique de Handball : Environ 3000 personnes attendues à Ouagadougou

Publié le mercredi 30 mars 2016 à 22h21min

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38ème championnat d’Afrique de Handball :  Environ 3000 personnes attendues à Ouagadougou

Le Burkina abrite du 21 au 30 octobre 2016, le 38ème championnat d’Afrique des clubs champions hommes et dames. Fruit d’un travail de longue haleine des acteurs de cette discipline, l’attribution de l’organisation de ce rendez-vous continental a été rendue officielle le vendredi 12 février 2016, suivie de la signature du protocole entre la Confédération africaine de Handball et la Fédération burkinabè de Handball (FBHB). Pour mieux comprendre l’enjeu de cette fête de la jeunesse africaine, nous avons rencontré le premier responsable de la Fédération de Handball, Alain P. Paré. Entretien !

Lefaso.net : Vous venez d’obtenir l’organisation du 21 au 30 octobre 2016, du 38èmechampionnat d’Afrique des clubs champions hommes et dames. Peut-on dire que votre Fédération se réjouit d’avoir relevé un des défis qu’il s’est assignés à son arrivée, à savoir inscrire le Burkina au rang des nations qui comptent dans la discipline ?

Alain P. Paré : Effectivement, nous avons eu l’honneur d’avoir été désignés par la Confédération Africaine de Handball pour l’organisation du 38ème championnat d’Afrique des clubs champions 2016 (hommes et dames).
C’est vraiment l’aboutissement de tant d’efforts. Depuis 2012 que nous sommes à la tête de la Fédération, nous n’avons ménagé aucun effort pour qu’avant la fin de notre mandat (parce que notre mandat prend fin cette année), on puisse organiser au Burkina Faso une prestigieuse compétition africaine.
Il a donc fallu pour mon Bureau Exécutif, relever tous les défis pour rehausser le niveau de notre handball. Par exemple, nous sommes venus trouver des équipes nationales vieillissantes et c’était difficile, pour un bureau comme le mien qui s’est donné comme challenge la performance et le succès, de continuer à participer à des compétitions sous-régionales sans ambitions affichées de les gagner ! En clair, il s’agissait pour nous d’inscrire le Burkina dans la ligne des équipes qui se positionnent en peleton de tête, pas des équipes qui cherchent à exister. Nous avons donc décidé de rebâtir de nouvelles équipes nationales et c’est ce qui a été fait à plus de 90%. Quand nous sommes allés à Niamey pour les éliminatoires de notre zone, qualificatifs pour les phases finales des Jeux Africains de Brazzaville, il n’y avait que deux anciennes dans l’équipe nationale plus cinq juniors que nous avons surclassés. C’est dire que nous avons misé sur la jeunesse pour prouver à tous que notre heure est entrain d’être sonnée. Et nous n’avons pas été ridicules, bien au contraire, puisque nous sommes revenus avec cette qualification historique. Personne ne croyait en nous, même au sein de notre Ministère de tutelle !

Lefaso.net : C’était quand même audacieux … !

Alain P. Paré : Je suis allé pour cette campagne sans moyens. J’ai fait une préparation au rabais et après avoir présenté la situation à mes joueuses, toutes ont pris l’engagement de me suivre et de commencer la préparation en assurant, elles-mêmes, leur carburant et autres prises en charge (en attendant que le Ministère de tutelle nous vienne en aide). En résumé, ça a été très difficile. Et à la fin, on sort victorieux. Mais il a fallu oser, être forceur sur les bords et surtout, être très optimiste sur les chances de notre équipe. C’était quitte ou double, mais j’ai dit qu’il ne s’agit plus de faire comme les autres années où on force, on participe, mais on ne gagne jamais. Il fallait consentir des sacrifices et faire des choix stratégiques. Et je pense que tous ces efforts ont payé parce que dans la correspondance que la Confédération Africaine de Handball nous a adressée, il est dit : « …cette désignation tient compte de l’accomplissement du programme de développement mis en œuvre par votre Fédération qui produit déjà de bons résultats, parmi lesquels, la brillante qualification de votre équipe nationale féminine aux 11èmes Jeux Africains de Brazzaville… ». Voyez par vous-même, au niveau Africain, on reconnaît le mérite de notre investissement. Il fallait donc encourager tous ces handballeurs qui ont travaillé d’arrache-pied pour mériter cette qualification. Et la Confédération Africaine ne s’arrête pas là ; elle continue en citant le travail remarquable effectué avec notre équipe nationale junior filles qui s’est aussi brillamment qualifiée pour les phases continentale de la compétition « CHALLENGE TROPHY » qui s’est déroulée au mois d’août 2015 en Ethiopie. Et enfin, la Confédération Africaine insiste et termine avec la médaille de bronze obtenue par mon équipe cadette fille, au mois de décembre 2015 à Yamoussoukro, lors du tournoi des zones 2 et 3.
Tous ces éléments concourent vraiment à dire que nous méritons cette reconnaissance, eu égard au travail de tous ces entraîneurs qui, chaque soir, bossent de 18hà 22h sur des terrains bétonnés et goudronnés souvent mals éclairés. Et pour gagner quoi en retour ? Absolument rien, financièrement parlant. Tous les efforts de ces jeunes qui aiment cette discipline, ces parents qui paient les chaussures pour les enfants…sont autant de mérites que notre désignation à l’organisation de ce championnat continental magnifie.

Lefaso.net : La Confédération Africaine a également indiqué qu’il s’agit, à travers cette désignation, de contribuer à détendre l’atmosphère nationale marquée par ces attaques terroristes. Une satisfaction également pour votre Fédération au-delà du sport ?

Alain P. Paré : Et cela est important parce que, nous sommes tous des Burkinabè, nous sommes tous patriotes et chacun doit se mettre à la disposition de son pays pour le défendre.
Vous savez, pour l’attribution de cette compétition, il y a eu une mission d’inspection de la Confédération Africaine qui a visité le Splendid Hôtel et l’a retenu dans la liste des hôtels pour abriter les délégations. Après les événements (attaques terroristes), plusieurs personnes m’ont suggéré de l’enlever de la liste à cause d’une certaine psychose. J’ai refusé parce que pour moi, la vie ne doit pas s’arrêter comme l’auraient voulu les djihadistes ; et tout le monde doit se solidariser avec tous ceux qui ont eu à perdre la vie, la santé, leur emploi. Il faut qu’on arrive à démystifier cette peur et réussir à organiser cette compétition ; nous allons faire venir la jeunesse africaine à Ouaga. Nous allons montrer que toute cette jeunesse dit « Non » au terrorisme. Nous allons, avec l’aide des autorités, prendre toutes les mesures nécessaires pour que l’ensemble des délégations et tous ceux qui seront de la fête soient en parfaite sécurité.
Donc, en attribuant cette organisation à notre Fédération, je crois que la Confédération Africaine a compris notre esprit. Et cet hôtel, vous verrez qu’il sera plein à craquer en octobre (lors de la compétition).

Lefaso.net : Les 9 et 10 mars 2013 à Koudougou, se sont tenus les états généraux du Handball et ils se voulaient un véritable cadre d’échanges autour, non seulement des difficultés liées à la discipline, mais surtout de la vulgarisation de la discipline. Quelle analyse peut-on faire à ce jour des grands engagements qui ont été pris au cours de cet important cadre de réflexion ?

Alain P. Paré : Effectivement, c’était une toute première dans notre discipline et il s‘agissait de pouvoir réunir tout le monde à Koudougou (les anciens sportifs, les supporteurs, des gens qui avaient déserté les terrains de Handball pour telle ou telle autre raison, des arbitres, des techniciens, etc.). Et pendant trois jours, nous avons travaillé ; des résolutions ont été prises pour pérenniser les acquis. Savez-vous que notre championnat national est l’un des plus réguliers depuis plus de 15 ans ? Dans toutes ses catégories (minimes, cadets, juniors, séniors, en hommes ou en dames), nous avons toujours réussi le pari d’organiser nos phases finales à bonne date.
Autre élément important, notre Fédération compte plus de 2500 licenciés répartis entre 85 équipes de handball et 33 clubs. Nous sommes représentés par quatre ligues : la Ligue du Centre, la Ligue de l’Ouest, la ligue du Centre-Est, et la Ligue du Centre-Ouest. Aussi, nous avons deux districts qui sont Kaya et Ouahigouya. Et chaque année, ce sont de nouveaux clubs qui demandent des affiliations. Et ça, c’est un point positif dans notre organisation.
Après le football, le handball est la discipline qui a le plus grand nombre de clubs. Cela veut dire que la formation à la base est très importante pour nous et c’est toujours dans ce sens que je me suis investi durant mon mandat. J’ai pu par exemple, obtenir de la Fédération française de Handball, la formation d’animateurs de handball dans les écoles primaires. Nous avons, en effet, décidé d’investir nos efforts à l’école primaire pour la formation et nous avons engagé un projet pour former les enseignants de l’école primaire. Nous avons formé 240 enseignants en deux ans (120 enseignants en 2014 et 120 enseignants en 2015). L’objectif est de former ces enseignants pour qu’en retour, ils apprennent le handball à leurs écoliers. Pas forcément pour jouer des matchs, mais pour leur inculquer des notions de base et stimuler en eux, l’envie de jouer.
En 2014, nous avons eu une dizaine d’écoles primaires qui ont créé des équipes de handball et qui ont participé à l’OSEP. Et c’était la première fois que l’OSEP avait des équipes en handball à Bobo-Dioulasso. Ce fut une véritable réussite pour notre Ligue de l’Ouest. Et ces enfants qui sont allés au lycée, ont intégré des clubs et compétissent au championnat national en catégorie « minimes ». C’est donc un travail de fond qui sans doute paiera demain. Ce sont entre autres, une des décisions majeures issues des états généraux de Koudougou où on a décidé de repartir à la base pour le développement radieux de notre discipline. On n’a pas forcément besoin de gros moyens, mais plutôt un engagement au sacrifice et beaucoup d’ambitions.
Mais le revers de la médaille, c’est que quand vous travaillez à développer cette discipline et que vous réussissez, cette situation crée en même temps d’autres problèmes aujourd’hui ; parce que, lors des phases finales à Ouaga, il faut faire venir les qualifiés. D’où un problème de moyens financiers. Donc, on est dans ce dilemme : faut-il continuer le développement du handball avec pour conséquence de ne pas pouvoir supporter les charges financières inhérentes ? Notre Ministère de tutelle a été plusieurs fois interpellé à ce propos, mais ce n’est, semble-t-il, pas une priorité.

Lefaso.net : Quelle est, selon vous, la principale force de votre Fédération ?

Alain P. Paré : Je crois que c’est notre jeunesse, notre envie de bien faire le travail. Cette envie de pouvoir dire demain : voilà ce que j’ai contribué à faire…et de passer la main en toute fraternité à une autre équipe. Nous sommes arrivés à la tête de cette fédération de par l’envie et le besoin de changement des acteurs. Et nous n’avons pas le droit de trahir cette confiance qui a été placée en nous. C’est cette fibre qui nous pousse à faire ce travail, en investissant notre temps, notre salaire et notre santé.

Lefaso.net : Vous venez de signer un accord avec la structure africaine, comment vous vous organisez maintenant sur le terrain ?

Alain P. Paré : C’est vrai que ce n’est pas aujourd’hui que nous avons commencé à travailler sur ce dossier, la signature de l’accord pour l’organisation de cette compétition continentale est l’aboutissement d’un travail de longue haleine. Il a fallu d’abord faire un travail de recensement des capacités hôtelières, des terrains d’entraînement conformes aux normes internationales, etc. Donc, une commission restreinte de sept personnes avait été mise en place pour travailler sur tous les aspects pour préparer ce projet. Maintenant que le protocole d’accord est signé, nous allons mettre en place un comité d’organisation pour travailler là-dessus. Je dirais que c’est maintenant même que l’organisation-type va être mise en place. Mais, comme au Burkina il y a de la matière en ce qui concerne les organisations, nous allons faire en sorte que tous ceux qui vont effectuer le déplacement se sentent vraiment à l’aise lors de leur séjour et le Ministère des Sports est le responsable de cette organisation qui est nationale. Ensemble, nous allons travailler pour le bon déroulement de cette compétition.
Sinon, ce qu’on peut dire actuellement est que tous les matchs vont se tenir au Palais des Sports de Ouaga 2000 et une dizaine de terrains d’entraînement ont été à ce jour retenus par la mission d’inspection de la Confédération Africaine ; il y a quelques aménagements à faire sur certains terrains et nous allons nous y atteler.

Lefaso.net : Le Burkina est à la fois pays hôte et participant, quelles sont vos attentes de ces championnats ?

Alain P. Paré : C’est une très grande opportunité pour nous ; quelqu’un disait que la meilleure formation, c’est l’apprentissage sur le terrain. Nous n’avons pas l’habitude de participer aux grandes compétitions africaines. Etant donné que nous n’avons pas l’habitude d’être à ces compétitions et qu’elles se déroulent chez nous, il faut savoir en tirer profit et apprendre à plus d’un titre : les meilleurs équipes du continent seront du rendez-vous, les professionnels africains qui jouent dans les meilleurs clubs du monde seront-là, ainsi que les meilleurs techniciens, arbitres…etc. Chacun doit pouvoir trouver son compte par l’autoformation. C’est dire qu’au lieu d’aller ailleurs pour apprendre, les gens viennent à nous pour démontrer comment on fait pour mieux apprendre. Je crois que tous les handballeurs ressortiront gagnants de cette compétition, tous les techniciens et tous les managers sortiront aguerris de cette compétition. C’est donc dire que nous avons tout à gagner avec cette compétition sur le plan de la formation.

Aussi, nous espérons la participation de clubs burkinabè ; nous allons stimuler cette participation (au minimum deux équipes : une en dames et une en hommes). Nous allons encourager vraiment tous ceux qui veulent y participer car, c’est en se frottant aux grands qu’on devient grands. Nous avons développé un handball propre à nous, c’est pour cela nous arrivons à nous imposer face aux excellentes équipes. Aujourd’hui, au plan sous-régional, nous sommes craints de tous les pays ; à toutes les compétitions nous sommes du peleton de tête. Cela veut dire que nous avons un championnat national d’un niveau très élevé. Seulement, nous n’avons pas la chance de sortir. Et c’est l’occasion de tirer le chapeau à tous ces entraîneurs et les encourager à toujours maintenir le cap.

Lefaso.net : Quelles sont aujourd’hui vos principales attentes de l’Etat et du public ?

Alain P. Paré : De l’Etat, c’est le soutien. Pour organiser une telle compétition, il ne faut pas se voiler la face, il faut mobiliser beaucoup de moyens humains, financiers et matériels et nous attendons que l’Etat joue vraiment sa partition.

Certes ce n’est pas le football, mais c’est un sport national et il faut faire en sorte qu’on arrête de penser que c’est un sport mineur. Nous espérons que l’Etat va nous regarder comme une discipline qui apporte des médailles au pays et nous traiter comme tel. C’est notre cri du cœur.

Du peuple burkinabè, nous attendons sa mobilisation pour accueillir ces équipes étrangères. Nous attendons environ 3000 personnes à Ouagadougou. C’est donc la fête du handball, le rendez-vous de la jeunesse sportive africaine. Et cela, c’est un grand privilège pour notre pays d’être le centre de l’Afrique à travers le sport, en l’espace de quelques jours de compétition, soit du 21 au 30 octobre 2016.

Oumar L. OUEDRAOGO
(oumarpro226@gmail.com)

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