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Affrontements intercommunautaires de Bouna : La version des faits et l’analyse de WANEP Côte d’Ivoire

Publié le mercredi 30 mars 2016 à 11h57min

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Affrontements intercommunautaires de Bouna : La version des faits et l’analyse de WANEP Côte d’Ivoire

Le jeudi 24 mars, des affrontements violents intercommunautaires ont opposé les communautés Lobi, Peuls, Malinké et Koulango à Bouna (région du Bounkani, Nord-Est de la Côte d’Ivoire), faisant plusieurs morts et blessés.

En effet suite aux fréquents saccages de leurs plantations par des bœufs appartenant à des bouviers peuhls, des populations lobi s’en sont pris aux peulhs vivant dans plusieurs campements (Gnandégué, Panzarani, Lekante, etc.). Plusieurs cases et biens des peulh ont été incendiés ou saccagés et des bœufs disparus. Les peulhs ont à leur tour détruit plusieurs champs de vivriers des agriculteurs lobi.

Selon les informations, les affrontements se sont déportés dans toute la localité du département, notamment à Bouna où la situation a dégénéré. En effet, les populations Koulango et malinké, ayant pris fait et cause pour les peulhs et les dozo Lobi sont venus prêter main forte à leur communauté. Armées de machettes, de gourdins et de cailloux, ces communautés se sont livrées à des persécutions et des exactions. Des populations en majorité des femmes et des enfants se sont réfugiées à la résidence du Préfet et au camp ONUCI.

Un renfort du détachement du Bataillon de Sécurisation de l’Est (BSE), basé à Bondoukou est arrivé dans la ville pour ramener le calme. Un couvre-feu a été instauré et un avion de surveillance survolait la ville. Les élus et cadres locaux ont appelé à l’apaisement et ont tenu une réunion, le vendredi 25 mars 2016. Le gouvernement a dépêché une mission conduite par la Ministre de la Solidarité, de la Cohésion Sociale et de l’Indemnisation des Victimes.

Le bilan des deux (02) jours de violence (24 et 25 Mars 2016) est le suivant :
1- Plus de 22 morts (source Agence Ivoirienne ;
2- 44 blessés évacués au CHR de Bouna
3- Des cas d’enlèvement et de disparitions signalés
4- Des magasins du marché de Bouna incendiés ;
5- Des habitations dans les villages et campements vandalisées, détruites et pillées
6- Des champs saccagés ;
7- 3000 déplacés. (Source moniteur du CI-NEWS)

II- ANALYSE

Depuis quelques mois, des conflits agriculteurs-éleveurs sont observés dans la localité de Bouna. Les derniers en date sont ceux du samedi 12 et mardi 15 mars 2016.
Relativement à ces conflits, le préfet de la région du Bounkani, préfet du département de Bouna, a convoqué les communautés belligérantes aux fins de décrisper la situation, leur demandant d’observer une trêve pour une résolution pacifique au conflit agropastoral. Mais, quelques jours après, les mêmes griefs des agriculteurs Lobi à l’endroit des peuhls ont été observés dans d’autres localités du département de Bouna avec pour conséquence la destruction de huttes et de biens appartenant aux Peuls.
Le Mercredi 23 et le Jeudi 24 Mars 2016, les affrontements d’origine éleveurs-agriculteurs, ont viré en un conflit intercommunautaire, opposant les deux grandes communautés autochtones de la région : Lobi et Koulango. Les populations Koulango et malinké sont venues au secours des Peulhs car, selon les informations recueillies, certains bœufs appartiennent à des personnes issues de ces deux communautés.

La question des conflits agriculteurs-éleveurs se pose avec acuité depuis trois décennies en Côte d’Ivoire, dans les régions du Grand Nord. La transhumance qui s’est muée en sédentarisation, la déforestation massive, les longues sécheresses répétitives avec leurs lots de feux de brousse, la rareté des terres cultivables, l’installation anarchique des éleveurs par les populations autochtones, le manque d’espaces aménagés pour le bétail, la corruption et le mauvais règlement des litiges, sont autant de facteurs à l’origine de ces conflits et de leur récurrence.

A la lumière des derniers événements de Bouna, il apparaît clairement que la solution durable à ces conflits doit être une solution d’ensemble qui associe pleinement tous les acteurs : l’Etat à travers ses démembrements locaux notamment les autorités préfectorales, les autorités coutumières garant des terres et des traditions, les agriculteurs, les éleveurs et la société civile. De tout ce qui précède, WANEP Côte D’Ivoire félicite pour la promptitude de sa réaction et fait les recommandations suivantes.

III- RECOMMANDATIONS

Au Gouvernement
- Sécuriser la zone et protéger davantage les biens et les personnes ;
- S’impliquer davantage dans la prévention et gestion des conflits communautaires par la mise en place de mécanismes communautaires d’alerte précoce et gestion de conflits ;
- Continuer de porter secours et assistance aux populations sinistrées Aux Autorités locales :
- Initier une concertation régionale sur les conflits éleveurs-agriculteurs en vue de solutions durables.
- Dupliquer ou s’inspirer de l’expérience du Burkina Faso avec la création de couloir de transhumance, d’enclos pour le bétail et de zones de pâturage,

A la société civile
- Prendre une part active dans la recherche de solutions durables aux conflits à travers le renforcement des capacités des acteurs communautaires en prévention et gestion des conflits et médiation.

Aux populations
- Eviter la violence car elle n’est ni un mode de gestion pacifique des conflits ni une source de cohésion sociale. WANEP Côte d’Ivoire invite les jeunes à plus de responsabilité, au refus du recours à la violence comme mode d’expression et à ne pas se faire justice soi-même.

Fait à Abidjan, le 28 Mars 2016

Le Programme Alerte Précoce et Prévention des Conflits (CI-WARN)

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Vos commentaires

  • Le 30 mars 2016 à 13:47, par DIALLO En réponse à : Affrontements intercommunautaires de Bouna : La version des faits et l’analyse de WANEP Côte d’Ivoire

    A tous mes frères en humanité à Bouna je vous en supplie de ne pas procéder aux méthodes BARBARES et CRIMINELS des partis politiques du Burkina qui sont le MPP, L’UPC, et leurs ESCROCS de la société civile, en incendiant et pillant votre village pour y parvenir à vos fins

  • Le 30 mars 2016 à 15:41, par ngoonga En réponse à : Affrontements intercommunautaires de Bouna : La version des faits et l’analyse de WANEP Côte d’Ivoire

    Dans le texte j’ai relevé cette phrase. ’installation anarchique des éleveurs par les populations autochtones’’,
    Je réagit a cette phrase. Est ce pas le contraire ??? Je pense qu’il faut plutôt voir dans quelle mesure trouver une solution consensuelle et durable, que de jeter l’anathème sur un groupe. Attention attention , attetion !!!

  • Le 30 mars 2016 à 16:31, par garikoi En réponse à : Affrontements intercommunautaires de Bouna : La version des faits et l’analyse de WANEP Côte d’Ivoire

    Diallo, le Similga ne ment pas sur MPP et UPC. Dis a tes parents d’eviter de detruire les recoltes des producteurs et il n’y aura jamais de conflits. Conseilles tes parents, la RCI n’est pas le Burkina faso. Merci mon ami silmiga !

  • Le 30 mars 2016 à 17:13, par Bori En réponse à : Affrontements intercommunautaires de Bouna : La version des faits et l’analyse de WANEP Côte d’Ivoire

    Donc garikoi toi tu penses que "la destruction des champs" par les "éleveurs" justifie le massacre des peuhls vivant dans la ville de Bouna et qui sont pas tous des éleveurs ? J’ignore quelle récolte on fait en cette saison sèche.

  • Le 30 mars 2016 à 17:45, par Gaoussou En réponse à : Affrontements intercommunautaires de Bouna : La version des faits et l’analyse de WANEP Côte d’Ivoire

    Diallo, la malhonnêteté, le communautarisme et la politisation des conflits du genre n’ont jamais été un bon moyen de leurs résolutions. Quand on dit éleveurs des esprits tordus indexent les peulhs en oubliant qu’ils ne sont que parfois et même souvent les employés d’agriculteurs de toute communauté confondue. Qu’est ce que le MPP et l’UPC viennent chercher dans les faits tels que relatés par plusieurs sources ?

  • Le 31 mars 2016 à 08:48, par GUEULARD En réponse à : Affrontements intercommunautaires de Bouna : La version des faits et l’analyse de WANEP Côte d’Ivoire

    GAOUSSOU, c’est toi le véritable esprit tordu !! Gros menteur !! Les peuls sont toujours connus comme étant des éleveurs même si souvent quelques agriculteurs leur confie quelques têtes. D’ailleurs les peuls doivent refuser de garder les bœufs des agriculteurs qui ne sont que des jaloux qui envient les peuls à cause de leur bétail et du fumier en abondance dans et autour des campements peuls !!! Tout agriculteur, même le plus farfelu se croit supérieur au peul, même s’il n’a pas suffisamment à manger !!!

  • Le 31 mars 2016 à 11:01, par camara ibrahim En réponse à : Affrontements intercommunautaires de Bouna : La version des faits et l’analyse de WANEP Côte d’Ivoire

    je suis Bounaen et selon nos parents sur place, le problème des peulhs est un prétexte pour la communauté Lobi de Bouna installée au 19e siècle (années 18...) pour renverser la chefferie Koulango ! je pense que vous gagnerez à interroger les différentes communautés sur place ( les CAMARA, les CISSÉ, les OUATTARA etc...) car lorsque nous approchons nos parents c’est bien ce qu’ils nous disent tous !!!
    nous attendons vos analyses à ce sujet !!

  • Le 31 mars 2016 à 11:19, par Mahamoud Aoudi En réponse à : Affrontements intercommunautaires de Bouna : La version des faits et l’analyse de WANEP Côte d’Ivoire

    Pour résoudre durablement un problème, je pense qu’il faut commencer par dire la vérité sur ce problème. Le conflit de Bouna a été bien préparé par ses organisateurs depuis plus de trois mois (formation de dozos). Les dozos qui ont attaqué Bouna sont venus de plusieurs localités même du Burkina (Gaoua, Batié…) et ils étaient armés de fusils militaires. La cause principale avancé c’est la destruction des champs, de quels champs s’agissent-ils en cette période de saison sèche ? Est ce que des dégâts de champs doivent être à l’origine d’une tentative d’extermination de toute une communauté (mobilisation de plusieurs localités de lobis armés de calaches à la sache aux peulhs et de leurs biens) ? puisque c’est de cela il s’agit en réalité. Est-ce que les peulhs sont les seuls éleveurs ? Ce type de conflit persiste parcequ’on l’a toujours réduit à un simple conflit entre agriculteurs et éleveurs, alors que quand il arrive c’est des peulhs qui sont tués, c’est leurs biens qui sont détruits.
    Depuis début mars les autorités ivoiriennes ont été alertées sur un risque de conflit dans la zone de Bouna. Moi-même, j’ai écrit aux directeurs de publications de trois journaux ivoiriens (Notre Voie, Le patriote, Fraternité matin) et le consul général du Burkina en RCI pour leurs dire ceci « J’ai été informé par mes parents qui vivent dans le nord de la RCI précisément dans la région de Bouna que depuis deux semaines les familles des éleveurs (Burkinabès et maliens) installées dans la zone, depuis plusieurs décennies, sont victimes d’exaction et de déguerpissement par les populations autochtones au vu et au su des autorités locales. Plusieurs maisons sont saccagées et des biens détruits laissant des centaines de ménages (enfants, femmes et hommes) sans logement et sans matériel.

    Conscient de l’intérêt que votre institution a toujours accordé à la protection des droits et des biens des populations vivant sur le sol ivoirien, je viens par la présente attiré votre attention sur cette situation grave d’atteinte aux droits humains et vous prie d’agir pendant qu’il est encore temps afin que des solutions efficaces et pérennes soient trouvées. Je suis disposé à vous donner des contacts des personnes sur place pour plus d’information.
    Tout en souhaitant une réaction rapide et efficace de votre part, je vous prie d’agréer, monsieur, l’expression de ma profonde gratitude ! ». Mais personne n’a réagit et voilà où ça nous a conduit.
    La solution à ce problème n’est pas de s’accuser mutuellement mais c’est d’accepter de voir la réalité en face et de chercher les solutions idoines. Les faits sont : il y a eu un affrontement entre plus de 1000 dozos (venus de plusieurs localités et armés de fusils militaires) qui ont affronté des peulhs, des koulangos, des malinkés et des forces armées ivoiriennes. Le bilan sur le terrain serait de : (i) environ une centaine de morts (plus de 20 peulhs, plus de 40 dozos, environ 5 forces armées ivoirienne et 10 des autres groupes), (ii) plus de 1000 bœufs tués, des maisons et des engins détruits. Voici la triste réalité selon les informations que j’ai sur le terrain.
    On aurait pu éviter ce drame si chacun de nous se disait que j’ai les mêmes droits que l’autre, ma vie a la même valeur que celle d’autrui et si les autorités avaient pris plus au sérieux les informations qu’elles avaient reçu, hélas !!! Un champ détruit ou un bœuf tué ça se remplace, mais une vie ôté, ça ne se remplace jamais.
    Cultivons tous un esprit de tolérance, d’amour du prochain, de justice et de paix sociale pour le bonheur de tous !

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