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Salif Diallo : Le joker gagnant du président si...

Publié le vendredi 29 avril 2005 à 07h40min

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Bien que grandissime favori de la prochaine élection présidentielle, le président Blaise Compaoré travaille à mettre tous les atouts de son côté pour l’emporter, pourquoi pas dès le premier tour. Le choix de Salif Diallo qui passe pour son homme de confiance et des situations difficiles comme directeur de campagne tend à renforcer cette hypothèse.

Depuis le mouvement étudiant, Salif Diallo a longtemps traîné une image de faucon parmi les faucons. Du syndicat d’étudiant aux groupuscules communistes clandestins ou participant à la gestion du pouvoir sous la révolution ou la rectification, l’homme avait gardé une rigidité dans le discours craint par ses adversaires et ses partisans. Petit à petit, il a gagné en maturité pour devenir ce qu’il est aujourd’hui.

Salif Diallo, l’homme des dossiers difficiles du président.

Un grand bosseur, un homme de confiance du président

Sa rhétorique facile et la franche collaboration qu’il a développée avec Blaise Compaoré ont fait de lui petit à petit un incontournable du système. Il passe aujourd’hui pour être le fou du roi qui sait lui dire la vérité sans mettre en avant -jusqu’à présent - ses ambitions personnelles. Blaise Compaoré lui rend bien cette confiance pour avoir fait de lui un de ces premiers chefs de cabinet avant de le propulser dans le gouvernement depuis une dizaine d’années.

A l’épreuve de la charge ministérielle, Salif Diallo s’est révélé un grand bosseur réussissant des défis importants dans les différents départements à lui confiés. Parallèlement à ses charges officielles, c’est connu, Salif Diallo, en homme de confiance, a géré des dossiers moins officiels dont les plus connus sont ceux des réfugiés Touaregs et les expulsés de Folembray.

Ministre d’Etat, chargé de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, il s’investit sans ménager ses forces physiques dans des projets phares comme ceux de la petite irrigation, l’apiculture, l’opération saaga, le développement de la filière fruits et légumes... C’est ce Stakhanoviste des temps nouveaux que le président du Faso a appelé pour diriger sa campagne... pour une deuxième fois.

En effet, il était déjà au charbon en 1998. Sept ans plus tard, la tâche s’annonce plus hardie car les adversaires du président sortant seront plus nombreux mais également plus aguerris. Pour réussir cet énième défi, l’homme aura besoin, outre la confiance renouvelée du président, d’une grande synergie d’action des tendances diffuses mais perceptibles dans le parti majoritaire.

Il le sait et les observateurs auront remarqué le choix bien dosé des directeurs régionaux de campagne. C’est un signe qui ne trompe pas. Salif Diallo ne veut pas être un héros solitaire de la victoire annoncée du camp présidentiel.

Les autres poids lourds du parti notamment Roch Marc Christian Kaboré et Simon Compaoré directeurs de campagne dans leurs régions respectives auront leur mot à dire dans la conduite de la campagne. Exit donc les peaux de bananes et les querelles de leadership et l’exemple doit venir du directeur de campagne lui-même si le CDP veut donner la preuve que pour l’intérêt de son candidat et chef spirituel, il sait redresser ses inclinaisons tendancielles.

Salif Diallo est particulièrement attendu et devrait confirmer qu’il est devenu l’un des dirigeants les plus crédibles du parti par son esprit fédérateur des militants et ses initiatives d’ouverture vers les autres partis de la mouvance présidentielle. Beaucoup de paramètres entrent en ligne de compte pour gagner une élection présidentielle. Trois de ces paramètres sont néanmoins plus déterminants que les autres : la personnalité du candidat, la crédibilité de ses relais et l’organisation de la campagne.

Ce dernier aspect, l’organisation de la campagne, échoit presque en entièreté à la direction de la campagne, donc à Salif Diallo et à ses treize collaborateurs régionaux. Des hommes d’expérience, lieutenants parmi les lieutenants du CDP qui seront comme mis à l’épreuve pour susciter une franche adhésion des citoyens burkinabè à s’approprier le projet présidentiel d’un Burkina pôle stable et émergent en Afrique de l’Ouest.

L’organisation de la campagne devrait donc prendre en compte les spécificités au plan national et régional.

Au plan national, le nombre de candidats à cette présidentielle (8 à 10 ?) fait que les électeurs seront soumis à un tel matracage que créer la différence et réussir à la fidéliser sera une gageure pour tous les partis. En outre le niveau d’instruction des populations, le fort pourcentage des jeunes (70 %) et des femmes (52 %) demande à ce que le camp présidentiel soit imaginatif pour sortir des sentiers battus des meetings et autres rassemblements folkloriques afin de toucher chaque Burkinabè dans sa sensibilité.

Sur le plan régional, aucun candidat ne pourra visiter les électeurs de tous les hameaux du Burkina. Mais plus que les autres, Blaise Compaoré est attendu sur ce point précis. Les propos du genre "le président n’est pas venu chez nous", ou bien "il n’est resté que quelques minutes" "... il n’aime pas notre coin" et patati patata ne manqueront pas.

Ses adversaires ne se priveront pas de les accentuer y compris avec des contrevérités. Comment faire alors pour que le message du candidat parvienne à tous les électeurs avec le moins d’altération possible ? C’est là qu’interviennent les relais, structures formelles ou informelles, leaders d’opinion indépendants, de la société civile ou engagés.

La direction de la campagne devra mettre à contribution tous les relais de soutien au président

Difficile pour un candidat à la présidentielle d’être élu sans relais pour amplifier son message partout ou de besoin.

La naissance de l’Alliance pour la majorité présidentielle (AMP) vient élargir avantageusement le camp présidentiel. Avec les Amis de Blaise Compaoré (ABC), l’Action des jeunes pour le soutien à la candidature de Blaise Compaoré (AJSBC), l’AMP achève de donner au président candidat, un large éventail de relais pour mener une campagne efficace.

La direction de la campagne ne devrait donc pas souffrir de manque de structures d’agitation sur le terrain. Certes, il faudra faire quelques réglages pour que chaque structure trouve la place qui est la sienne dans la conduite de la campagne. Toutes les forces devraient compter. Pour ce faire, il faut que certains dirigeants du CDP se départissent du complexe de supériorité et de condescendance à l’égard des partis alliés, des ABC et de l’AJSCB pour instaurer avec ses forces d’appoint, un véritable esprit de partenariat.

C’est à ce prix que ces structures renforceront leur propre cohésion, leur crédibilité pour un soutien efficace au candidat commun. La synergie des tendances et des forces au service des intérêts supérieurs du candidat devrait donc dépasser le cadre du CDP pour se manifester à l’endroit de tous les partenaires. Là aussi, le nouveau Salif Diallo devra faire montre de sa capacité à fédérer, à écouter et à insuffler du dynamisme du sommet à la base. Les amis de mes amis sont aussi mes amis dit en substance le proverbe. Si le directeur de la campagne présidentielle faisait sienne cette vérité, il sera pour le président candidat, un joker gagnant.

Djibril TOURE
L’Hebdo

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