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Fonctionnement des CHR : Un seul cardiologue pour neuf CHR

Publié le mardi 9 décembre 2003 à 12h02min

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Inquiet du fonctionnement des centres hospitaliers régionaux (CHR), le député Toussaint Abel Coulibaly a interpellé le gouvernement. Il a attiré l’attention des autorités sur certains aspects qui fondent son inquiétude. Le gouvernement a répondu vendredi 05 décembre 2003 à l’Assemblée nationale.

Manque de spécialistes dans des domaines, de matériels, de véhicules et de produits pharmaceutiques pour les soins de première nécessité dans les CHR, insuffisance de salles ou de lits d’hospitalisation ; absence ou vétusté des équipements techniques d’analyse, ce sont là entre autres les préoccupations qui ont amené le député Abel Coulibaly à interpeller le gouvernement. Partant du constat que le meilleur indicateur de pauvreté est la prise en charge de la maladie et que toute action tendant à l’épanouissement de l’homme ne peut être menée à terme si parmi les données de base, ne figure pas au premier rang la santé, le député a demandé la dotation de chaque CHR d’au moins deux ambulances. Il a également interrogé le ministre de la Santé sur la politique des CHR du ministère à court, moyen et long terme.

En réponse au député Abel Coulibaly, le ministre de la Santé, Alain Yoda a d’abord rappelé la structuration du système de santé. Un système qui se présente sous forme pyramidale à trois niveaux. Chaque échelon a un rôle spécifique dans l’offre de prestations de soins de santé. Ce sont les Centres de santé et de promotion sociale (CSPS), les Centres médicaux avec antenne chirurgicale (CMA) ; les centres hospitaliers régionaux (CHR) et les Centres hospitaliers universitaires (CHU).

La situation et le fonctionnement des CHR

Le Burkina Faso, selon le ministre Yoda, compte neuf CHR répartis sur l’ensemble du pays. Leur localisation tient compte, d’une part de l’organisation administrative du pays et d’autre part, du souci d’une meilleure couverture sanitaire nationale. Ils ont pour missions, l’hébergement et les soins des malades, l’enseignement et la recherche. Les CHR doivent également permettre la prise en charge de toute personne qui s’y présente, sans tenir compte de son statut social.

Des établissements publics à caractère administratif (EPA), les CHR sont devenus depuis novembre 2002, des établissements publics de santé (EPS).

Malgré ce statut, les neuf CHR souffrent d’un manque crucial de médecins spécialistes. En effet, selon le ministre de la Santé, notre pays ne dispose que de dix huit spécialistes pour l’ensemble des CHR dont sept médecins spécialistes en chirurgie, quatre en ophtalmologie, trois en pédiatrie, deux en gynécologie, un en anesthésiologie et un en radiologie. A cela, s’ajoutent les six médecins cubains spécialistes. Les CHR de Gaoua et de Fada N’Gourma n’ont aucun spécialiste.

Qu’est-ce qui justifie cette mauvaise répartition ? Le ministre Alain Yoda dit que cette situation s’explique par les contraintes des corps et les nécessités de formation dans les deux CHU (Bobo et Ouagadougou) exigeant la présence des médecins spécialistes dans ces deux villes.

Il y a aussi, poursuit-il, la tendance actuelle à doter les CMA urbains de quelques spécialistes pour désengorger les services des urgences des CHU.

Cette pénurie en spécialistes accentue l’insuffisance en équipement car estime t-il, la disponibilité de compétences entraîne toujours l’amélioration des plateaux techniques.

Le déficit en moyens de déplacement notamment les ambulances constitue un "casse-tête chinois" pour les CHR. M. Alain Yoda a relevé que tous les CHR disposent actuellement d’au moins une ambulance fonctionnelle. Ce qui reste toujours en-deçà des besoins des populations. L’idéal pour le ministre serait de doter chaque CHR de deux ambulances. Les CHR disposent-ils suffisamment de lits d’hospitalisation, surtout en période d’épidémie ?

Le manque de matériel de couchage en ces périodes ne se justifie pas par un manque équipement, mais par le nombre croissant de malades ; car, a noté le ministre Yoda, les neuf CHR ont un total de mille deux cent quarante six (1246) lits avec une moyenne de cent trente (130) par hôpital. Ce qui donne un taux moyen d’occupation des lits de 37% en 2002. Le taux optimal étant de 85%. Depuis 1997, le ministère de la Santé a entamé une politique de prise en charge des urgences par la dynamisation des services d’urgence. Depuis cette date, environ 500 millions de F CFA sont débloqués chaque année par le gouvernement pour les soins en urgence. Cette somme couvre essentiellement l’achat de médicaments et matériels adéquats à même de permettre une prise en charge immédiate et sans prépaiement des urgences.

Selon le premier responsable de la Santé, pour les dix premiers mois de l’année 2003, plus de 7 000 kits d’urgence ont été utilisés. Les CHR, deuxième niveau de référence du système de santé, ont pour mission de prendre en charge les malades qui n’ont pu être soignés aux niveaux inférieurs. Pour répondre à cette exigence, le gouvernement burkinabè dans le plan d’action de développement sanitaire 2001 - 2010, entend développer des objectifs relatifs à la problématique des CHR.

Quelle politique sanitaire pour nos hôpitaux ?

Dans la mise en œuvre du Plan national de développement sanitaire (PNDS), le ministère s’attelle à développer les infrastructures, à améliorer la qualité et l’utilisation des services de santé. Les ressources humaines en santé seront également développées. Ainsi les CHR de Banfora et de Kaya seront reconstruits et ceux de Dédougou, Dori, Fada, Gaoua, Koudougou, Ouahigouya et Tenkodogo seront aussi renforcés en ressources humaines et matérielles. L’Etat a déjà sur les exercices budgétaires 2003 et 2004 alloué plus d’un milliard de F CFA pour la dynamisation des soins d’urgence des hôpitaux publics. De 2001 à 2003, plus de deux milliards ont été débloqués pour les CHR. A long terme, le gouvernement compte donner à notre système de santé toute la cohérence nécessaire à un bon fonctionnement. C’est devant une cinquantaine de députés que le ministre Alain Yoda a livré sa communication relative à la préoccupation du député Coulibaly. Un exposé qui a levé certaines zones d’ombre.

Cependant, les députés ont relevé quelques difficultés de fonctionnement au niveau des CHR. Il en ressort que des responsables utilisent les ambulances comme véhicules personnels ; et que bon nombre du personnel soignant ne sont pas à leur poste aux heures de service. Ils ont aussi déploré la fuite des cerveaux des hôpitaux vers les cliniques privées et l’utilisation du matériel de l’Etat pour des soins livrés dans les cliniques. A toutes ces préoccupations, le ministre Alain Yoda a soutenu que ces pratiques sont contraires aux missions assignées à ces personnes et qu’elles doivent être dénoncées. Pour la fuite des cerveaux, Alain Yoda a dit que lorsque l’Etat prend en charge la formation d’une tierce personne, il y a toujours un contrat qui les lie. La rupture prématurée de ce contrat, sans remboursement des frais de formation est passible de poursuites pour le respect des clauses du contrat.

Le ministère vient de commander des moto-ambulances pour pallier le déficit en moyens d’évacuation. Même si le ministre n’a pas pu répondre à l’ensemble des problèmes posés, il a apporté des éclaircissements satisfaisants. L’auteur de la question orale, le député Abel Coulibaly, lui en est reconnaissant. Il dit attendre l’année prochaine pour faire une évaluation de ce qui aura été fait.

A. Verlaine KABORE


Le manque de médecins spécialistes sera partiellement comblé avec le retour des soixante quatorze (74) spécialistes en formation. Entre 2003 et 2006, nos CHR pourraient au moins espérer avoir un spécialiste.

Les 74 médecins en spécialisation se répartissent comme suit :

19 en chirurgie

19 en gynécologie

16 en pédiatrie

11 en anesthésiologie

04 en ophtalmologie

05 en radiologie

03 en cardiologie

02 en ORL et 04 en dermatologie.

Pour le ministre Yoda, ce retour couplé à une démarche conséquente de motivation, devrait permettre de pourvoir à court et moyen termes, nos CHR en médecins spécialistes.

A. V. K.
Sidwaya

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