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Mathias Sorgho, étudiant-cycliste : « Nous attendons que le Ministre Taïrou Bangré tienne ses promesses »

Publié le mercredi 23 mars 2016 à 00h30min

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Mathias Sorgho, étudiant-cycliste : « Nous attendons que le Ministre Taïrou Bangré tienne ses promesses »

Mathias Sorgho est un étudiant-cycliste. Appelé à l’équipe nationale, il fait sa première expérience du Tour du Faso en 2015. Le 20 mars 2016, il a été le lauréat du 2e Grand Prix cycliste du Mogho Naba. Il compte également beaucoup d’autres prix remportés au Burkina et dans d’autres pays. Dans cette interview, il nous parle de sa carrière, de la situation actuelle du cyclisme burkinabè, des promesses du Ministre des Sports et des Loisirs, Dr Taïrou Bangré, de réhabiliter les infrastructures sportives de l’Université. C’est à cœur ouvert qu’il le fait.

Lefaso.net : Le Ministre des Sports et des Loisirs a visité les infrastructures sportives de l’Université. Comment as-tu apprécié l’initiative ?

Mathias Sorgho : L’initiative était la bienvenue. C’est la première fois, depuis que je suis à l’Université, qu’un ministre des Sports ait décidé de venir visiter les infrastructures sportives.
La visite du ministre était également un encouragement pour nous, les étudiants, qui faisons le sport. Les deux domaines, sport et études, vont ensemble. Nous espérons donc que le ministre tiendra toutes les promesses qu’il a faites ce jour. Parce qu’il faut revaloriser nos espaces sportifs qui sont actuellement en mauvais état. Cette rénovation apportera certainement un plus afin de motiver ceux qui veulent faire le sport.

Le Ministre a promis de réaliser des infrastructures sportives au profit de l’Université. Quelle sera la valeur ajoutée de ces infrastructures ?

Ces infrastructures apporteront un plus au sport universitaire au plan national. Elles vont constituer des moyens pour former des athlètes de haut niveau. En prenant l’exemple sur d’autres pays, comme les Etats Unis, l’université est souvent le terreau des sportifs de haut niveau. Pour le cas du Burkina, le gouvernement donnera ainsi les occasions à nos établissements supérieurs de participer honorablement aux compétitions internationales.

Crois-tu à ces promesses ?

Oui, je crois à ces promesses. Le Ministre Taïrou Bangré nous a formellement fait ces promesses. Le fait qu’il se soit déjà déplacé à l’Université est un signe de sa ferme volonté de faire ce qu’il a promis. Selon nos aînés, la dernière visite d’un Ministre des Sports à l’université remontait à 2001. Ce dernier avait promis des infrastructures et quinze ans après, rien n’est encore fait. Mais avec le Ministre Bangré, en plus de promettre de réaliser ses promesses dans les mois à venir, il nous permet de le lui rappeler si ce n’est pas fait.

Le cyclisme visiblement manque de piste d’entrainement. Que faut-il faire dans l’immédiat ?

Nous sommes confrontés au manque de matériel. Il nous faut de bons vélos, du matériel d’échanges. Parce que l’état de nos routes use rapidement le matériel que nous utilisons.
Il serait aussi indiqué de trouver une bourse pour les étudiants cyclistes qui sont sélectionnés à l’équipe nationale. Prenant l’exemple sur moi, je peux dire que j’ai plus été soutenu par ma famille, mes amis, l’Université club de Ouagadougou et le club Bessel. C’est grâce à eux que je suis arrivé là où je suis actuellement.

Tu es étudiant et cycliste. Comment cumules-tu les deux activités ?

Dans l’ensemble tout va bien. C’est souvent difficile mais quand on fait une chose par amour, on pense que ça va aller un jour.
Pour la pratique du cyclisme, on a besoin de beaucoup de choses. Concernant le temps, nous avons très souvent des difficultés pour suivre les cours et pouvoir nous entrainer. Pour être performant en cyclisme, il faut s’entrainer régulièrement, s’alimenter normalement et avoir un temps de repos pour récupérer après l’entrainement.
Pour les cours, avec l’aide des amis, j’arrive à rattraper mon retard. Depuis 2013, on avait promis un statut spécial aux étudiants cyclistes. Cela allait nous accorder certaines faveurs au plan académique. Avec les voyages, il nous arrive souvent de rater des devoirs et il nous faut attendre la session de septembre pour composer. Seulement depuis 2013, nous attendons le statut mais nous ne voyons encore rien venir.

Tu as pris part au Tour du Faso 2015. Comment as-tu vécu cette première expérience ?

J’étais effectivement à ma première participation au Tour du Faso en 2015. Avec le soutien des coéquipiers, de l’encadrement technique, de la Fédération burkinabè de cyclisme et du Ministère des Sports et des loisirs, je peux dire que j’ai fait un bon résultat. Pour une première participation, j’ai terminé troisième au classement général. J’étais le meilleur des Burkinabè. Tout cela a été possible grâce au soutien de mes coéquipiers et de l’entourage. L’expérience a été belle pour moi. Elle m’a permis d’apprendre beaucoup de choses de la vie.

Les Etalons n’ont pas remporté le maillot jaune. Qu’est-ce qui peut expliquer cela ?

C’est vrai, nous n’avons pas remporté le maillot. Cela n’était pas vraiment de notre faute. Si vous vous rappelez, notre cyclisme a connu des troubles depuis le championnat avec la chute de Bikienga Salif. C’est lorsqu’une solution commençait à être trouvée à cela qu’il y a eu le coup d’Etat manqué de septembre 2015. Tout cela a joué sur le cyclisme. Tant qu’il n’y a pas la paix, il n’y a pas d’activités. Et pour faire du vélo, on a besoin d’un espace tranquille et sécurisé. Tous ces événements ont fait que nous n’avons pas eu de compétition durant toute l’année. Cela a fait que nous avons arrêté le vélo pendant un bout de temps. Ce qui fait que nous n’étions pas en forme comme les années antérieures.

Qu’est-ce qui t’a plu au Tour du Faso ?

L’organisation était très bien faite. On a aussi senti l’engouement au niveau du public et des plus hautes autorités du Burkina. Le président du Faso a fait l’effort d’assister à la dernière étape du Tour. Cette étape a été, pour moi, la plus belle. Rasmané Ouédraogo et Abdoul Aziz Nikiéma sont rentrés respectivement premier et deuxième. La présence du chef de l’Etat à l’arrivée finale était réconfortante pour nous, même s’il n’a pas fait après le geste qu’on attendait. Parce que nous avions espéré qu’il nous recevrait après le tour pour nous encourager. Ce n’était pas le cas. Mais sa présence était suffisante pour nous encourager. Et à l’avenir, tant qu’il y aura cet encouragement, nous ferons de notre mieux pour hisser plus haut les couleurs du Burkina.

Qu’est-ce qui t’a déplu ?

Rien. Tout était beau pour moi qui découvrais cette compétition.

Abdoul Aziz Nikiéma manquera cette année au Tour du Faso. Est-ce que ce sera un gros handicap pour l’équipe ?

Oui. Aziz est le capitaine de l’équipe nationale.

Mais un capitaine se remplace…

Oui mais ce n’est pas pour rien qu’il était capitaine. Aziz est quelqu’un qui a le sens de l’humour. Il savait encourager tous ceux qui voulaient vraiment se sacrifier pour l’équipe nationale. Il arrivait qu’il te pousse à faire ce que tu ne pensais pas pouvoir faire. Tu vas souvent même au-delà de tes limites. Il est quelqu’un qui a un grand cœur. Depuis mes débuts en 2012, il a toujours été à mes côtés. Il m’a soutenu moralement et avec du matériel. Sur le plan sportif, il est un très bon cycliste. Son absence va un peu jouer sur le groupe mais nous allons travailler pour maintenir le cap. Surtout si on maximise sur la préparation et trouver le moyen d’encourager les nouveaux à donner le meilleur d’eux-mêmes pour le pays.

La Fédération a traversé une longue crise. Est-ce que la crise a un impact sur le rendement des cyclistes en général et toi en particulier ?

Notre cyclisme a subi vraiment des troubles. Il y a eu entre temps des problèmes entre la Fédération et les supporters, ainsi que la crise née au championnat national. Mais nous les cyclistes, on ne peut pas se prononcer sur la question. Notre souci c’est de dompter le vélo. L’essentiel est de donner le meilleur de nous-mêmes pour un bon résultat. Pour dire vrai, il faut reconnaitre que cela a baissé le niveau du cyclisme. C’est même visible. En prenant le cas de nos sorties, on remarque que nous n’avons pas fait de très bons résultats comme lors des années antérieures.

Bessel, un club de la place, a suspendu ses activités cyclistes…

Nous avons tous été touchés par cette décision des responsables de Bessel. J’étais sociétaire de Bessel. Même si aujourd’hui je suis à AJCK, cela a poussé certains coéquipiers de Bessel à arrêter le cyclisme. Bikienga Salif, Kabré Issaka, Tarbangdo Etienne ont décidé d’arrêter le cyclisme. L’absence de Bessel va jouer sur le niveau du cyclisme parce que c’était un club de haut niveau. Le président du club a beaucoup apporté au cyclisme. Mais pour des raisons personnelles, il a décidé de suspendre ses activités. Mais on espère que dans le futur, Bessel reviendra dans le cyclisme. Si tout va bien.

Quelles sont les perspectives pour Mathias Sorgho ?

Mon défi personnel est de remporter le Tour du Faso 2016 et de faire de bons résultats à l’extérieur. Des compétitions sont déjà en vue mais je n’ai pas encore le calendrier. Si je suis retenu pour représenter le Burkina à ces compétitions, je donnerai le meilleur de moi-même.
Je remercie les médias, les supporters qui soutiennent les athlètes. Je les appelle à continuer leur œuvre parce que nous avons besoin de leur encouragement pour hisser plus haut le drapeau du Burkina Faso.

Propos recueillis par Jacques Théodore Balima
Lefaso.net

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