LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Sur les bords de la Seine, les Burkinabè célèbrent le 8 Mars

Publié le jeudi 17 mars 2016 à 00h30min

PARTAGER :                          
Sur les bords de la Seine, les Burkinabè célèbrent le 8 Mars

A l’initiative de l’UABF, les Burkinabè de France ont célébré, avec succès, la journée internationale des droits des femmes avec un décalage de quelques jours.

La salle du troisième étage du Palais des congrès de Montreuil, dans la banlieue sud de Paris, commence à se remplir en cette fin de matinée du 12 mars 2016. Des amis qui ne s’étaient pas vus depuis longtemps se donnent des accolades, contents de se retrouver. Des hommes et des femmes transportent de lourds récipients remplis de nourriture et des paquets de boissons qu’ils stockent dans une salle secondaire. Les murs, tapissés d’affiches de l’Union des associations burkinabè de France (UABF), rappellent qu’elle est bien l’organisatrice de la Journée internationale des droits des femmes, célébrée quelques jours après la date officielle.

Avec près d’une heure de retard, la maitresse de cérémonie demande aux gens de « s’assoir place parce qu’on va commencer ». Les premières rangées sont occupées par les personnalités et les officiels invités. Le ministre conseiller Mamadou Sangaré, le Consul général, Ousman Nacambo, le grand témoin de la Journée, Alimata Salembéré, ancienne secrétaire d’Etat à la culture, Adeline Mazier, coordinatrice générale du Forum des organisations de solidarité internationale issues des migrations (Forim), qui regroupe 600 associations et intervenant en Asie, en Afrique, dans les Caraïbes et dans l’Océan indien et les doyens des Burkinabè de France, Ouédraogo, Ouattara. « Les femmes représentent 48% de la population migrante », révèle Mazier, assurant que le Forim continuera à appuyer les associations de migrants dans les années à venir. Des représentants d’associations burkinabè de Lille, Lyon, Bordeaux, Marseille, Rennes, Nantes, sont aussi là.

On entonne le Ditanyè, l’hymne de la victoire, suivi d’une minute de silence en mémoire des victimes d’attentats à Bamako, à Paris et à Ouagadougou.

Prenant la parole, Paul Tamini, secrétaire général de l’UABF, déclare que la « Journée internationale des droits des femmes que nous célébrons aujourd’hui est une journée lourde de sens parce qu’elle concerne la vie de la moitié des humains de notre planète. Cette partie des humains a été brimée dans ses droits depuis des siècles, depuis les sociétés primitives. Notre société moderne tente de rétablir l’équilibre des droits entre l’homme et la femme ». Pour lui, le 8 mars doit « doit être une journée de réflexion depuis la cellule familiale jusqu’au sommet de l’état » et chacun doit se demander : « qu’est-ce que j’ai fait, qu’est-ce que je devais faire et que je n’ai pas fait afin que mon épouse, ma sœur, ma mère puisse jouir pleinement de ses droits  ». Le combat contre les inégalités sexuelles est selon lui un combat permanent et « le 8 mars deviendra une fête quand l’injustice sociale contre laquelle l’Onu a institué cette journée, aura disparu de nos sociétés. En attendant, la lutte doit se poursuivre ».

A son tour, Alimata Salembéré a estimé que l’autonomisation économique des femmes était un sujet stratégique car il s’agit de « la capacité des femmes à se prendre en charge et à participer financièrement à la gestion du foyer ». Grand témoin de la Journée, elle a rappelé que dans les années 1960, le taux d’instruction des femmes était très faible alors que leur autonomisation réelle passe par leur niveau d’éducation même si des femmes analphabètes sont actives dans le secteur de l’agriculture. Symbole de la volonté de la femme de s’émanciper, elle a animé des émissions radio en langues nationales à destination des femmes, puis a passé le Bac en candidate libre. Plusieurs jeunes femmes ont confié que celle qui a participé à la création du Fespaco en 1969, était pour elles un modèle et une source d’inspiration dans le combat libérateur des femmes.

Le plat de résistance de la Journée a été la conférence animée en fin de matinée par Haoussetou Traoré et Armande Ouattara, respectivement sur l’historique des luttes des femmes et l’autonomisation économiques des femmes.

Rappelant les luttes menées par des femmes dans l’histoire, Haoussétou Traoré a cité entre autres, Rosa Parks aux Etats-Unis qui avait refusé de céder sa place à un Blanc dans un autobus dans une Amérique raciste, la Française Simone Veil, auteure de la loi en 1974 dépénalisant l’avortement, Alimata Salembéré qui, par son parcours a montré que la femme africaine est aussi capable d’assumer des responsabilités publiques avec succès. Se souvenant de la journée dite « le Marché au masculin » décrétée sous la révolution démocratique, elle a souligné que cette initiative avait eu le mérite de faire comprendre aux hommes la gymnastique à laquelle se livraient leurs épouses pour acheter les condiments et offrir à la famille un repas convenable avec un « nasongo  » plus qu’insuffisant. Traoré regrette la perversion du sens de la dote « sur laquelle les filles se livrent à des concours comme si le montant servait de baromètre pour évaluer le niveau d’amour de son mari  ». Sur le deuxième thème, Armande Ouattara considère que l’autonomisation des femmes est « un processus qui permet aux femmes de maîtriser leur propre vie en connaissant et en exigeant leurs droits à tous les échelons de la société, aux niveaux international, local et personnel ». Présidente de l’association Diaspora for Development, elle remarque que « les pays qui investissent dans la promotion du statut social et économique des femmes ont généralement des taux de pauvreté plus bas ». S’appuyant sur des études de la Banque mondiale, elle relève que « les femmes africaines sont propriétaires du tiers de l’ensemble des entreprises en Afrique, avec le record de 61,9% en Côte d’Ivoire (2015) et le taux plus modeste de 17% au Burkina (2010) ». Elle souligne que c’est dans la microfinance et l’informel qu’on retrouve le plus souvent les femmes entrepreneures, des secteurs où les activités sont à « faible valeur ajoutée et aux rendements marginaux ».

Les pouvoirs publics sont invités à faciliter l’accès au foncier où seulement 15% des détenteurs de terre sont de sexe féminin, avec des taux de moins de 5% au Mali à 30% dans des pays tels que le Botswana, le Cap-Vert et le Malawi.

Les exposés des deux conférencières ont suscité de vifs débats que l’animatrice a dû écourter à la grande frustration de nombreuses personnes. Le mot de la fin est revenu au doyen Amidou Ouédraogo, lequel en langue Mooré s’est réjouit de voir que la communauté burkinabè en France s’est agrandie au fil des années, ce qui suffit à bonheur. « Nous n’étions pas plus de cinq dans les années 50. Aujourd’hui, quand je vois la salle remplie, je suis comblé », a dit-il déclaré.

Place ensuite au défilé de mode « amateures  », assuré par des mannequins vêtues de leur « Pagne 8 mars Faso Dan Fani », puis par des professionnelles habillées par les porte-drapeaux de la mode burkinabè en France : Ymar, Gorges de Baziri et Rosa Solange. La journée s’est terminée avec les prestations des artistes Yé Lassina Coulibaly et l’Ensemble Yan Kadi Faso et Isabelle Brinda Kaboré au « warba  » époustouflant.

Joachim Vokouma ; Lefaso.net (France)

L’UABF en bref

Association créée en 2004, l’UABF est apolitique. Elle est héritière de l’Association des travailleurs Burkinabè à Paris (ATBP) créée en 1982, suivie de la création de l’Association des Travailleurs Burkinabé en Provence Alpes / Côtes d’Azur. Par la suite d’autres associations ont vu le jour en région parisienne, à Bordeaux avec l’Association des Travailleurs Burkinabé en Aquitaine (ATBA) devenue aujourd’hui LABA (L’Association des Burkinabé en Aquitaine), Lyon avec l’Association des Burkinabé de Lyon (ABL), Lille avec l’Association des burkinabé du Nord (ABN), Rennes avec l’Union des Burkinabé du Grand Ouest de France (U.B.G.O.F.), etc.
L’UABF a été créée pour fédérer toutes ces associations avec comme objectifs, l’accompagnement des associations de base dans la réalisation de leurs projets d’insertion ici en France et de développement au Burkina Faso. Ainsi à travers l’UABF, des associations ont pu réaliser de nombreux projets :
• Mise en place d’une cantine endogène à BA
• Equipement du dispensaire de Nouna en moto-ambulances
• Installation de panneaux solaires au Centre de santé et de promotion sociale de Pakolé
• Aide à la production et diffusion de maïs de consommation et de semences certifiées de maïs à BONDOUKUY (BURKINA FASO) – Champ expérimental avec l’INERA.
• Une bibliothèque virtuelle des littératures d’Afrique noire francophone et de la francophonie
Avec le soutien du FORIM, l’UABF assure chaque année à Paris au moins trois journées de formation pour les associations porteuses de projet de développement.

JV (Source : UABF)

Portfolio

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 5 juillet 2016 à 19:07, par Isabelle Brinda Kabore Ibk toucher le ventre Ibk de Marseille Ibk du Burkina En réponse à : Sur les bords de la Seine, les Burkinabè célèbrent le 8 Mars

    Bonjour. Sauf omissions ou j’ai mal lu l’article, je n’apparaît pas pourtant j’ai assurée l’animation musical bénévolement. Idem pour celle organisée à l’ambassade et la nuit du Faso danfani.
    J’habite à Marseille et fait le déplacement pour soutenir mes compatriote. C’est désolant de l’absence de ma prestation dans vos ligne.
    Je suis débutante et amanteur mais c’est petit qui devient grand.
    Merci de m’inclure daurenavant dans vos ligne à l’occasion.
    Cordialement
    Ibk du Burkina
    Ibk toucher le ventre
    Ibk de Marseille
    Isabelle Brinda Kabore
    Isabellebrindakabore84@gmail.com

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique