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Célébration du 8 mars 2016 : Pour Georges de Baziri, c’est un pas important pour le Faso Dan Fani

Publié le mercredi 16 mars 2016 à 00h18min

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Célébration du 8 mars 2016 : Pour Georges de Baziri, c’est un pas important pour le Faso Dan Fani

Né à Kokologo, dans la province du Boulkiemdé, où il fit son école primaire, Georges de Baziri va par la suite quitter les bancs pour rejoindre son père en Côte d’Ivoire, précisément à Vavoua. De là, les contingences de la vie le conduisent à Abidjan, à Koumassi, pour apprendre la couture auprès de son oncle. En 1987, il s’envole pour la France aux fins de se perfectionner dans la couture. Il va finalement y rester et se hisser à ce jour comme un « émissaire incontesté » du Faso Dan Fani dans tous ses goûts de style. Présent à Ouaga à la faveur des Faso music awards (FAMA) de l’association journalistes et communicateurs pour la culture (J2C), cérémonie de distinction des professionnels de la filière musique tenue le 5 mars dernier, le styliste Georges de Baziri nous a parlé de son métier et dévoile ses projets pour le Burkina.

Lefaso.net : En quelle année a véritablement démarré votre activité en France ?

Georges de Baziri : C’est en 1987. J’y étais pour d’abord une formation d’une année au sein d’une école de couture. Après la formation, je suis resté à Paris pour suivre des stages dans des ateliers de couture pour me perfectionner et pendant ce temps, je venais de temps en temps à Abidjan pour former le jeune frère, Xavier Kaboré, qui gère un atelier actuellement à Ouaga, au quartier Patte d’oie.

Lefaso.net : De l’école primaire à Kokologo, vous vous retrouvez à Abidjan ; qu’est-ce qui s’est passé (l’école n’a pas marché) ?

Georges de Baziri : Je ne peux pas dire totalement que ça n’a pas marché, parce que j’ai eu la chance de pouvoir lire et écrire. C’est après le BEPC, que j’ai passé une fois et ça n’a pas marché, que mon père m’a dit qu’il ne pouvait plus payer mes frais de scolarité et que de rejoindre mon oncle à Abidjan. C’est ainsi que j’ai quitté Vavoua (où vivait mon père) pour rejoindre Abidjan pour apprendre le métier. Donc, ce n’est pas forcément l’échec à l’école, même si en son temps les gens prenaient la couture comme le domaine de ceux qui n’ont pas réussi à l’école.

Lefaso.net : Est-ce que faire la couture vous intéressait en son temps, quand votre père vous a dit de rejoindre votre oncle à Abidjan ?

Georges de Baziri : Oui ; puisque mon père lui-même fut, à l’époque, tailleur. Même s’il n’a pas pu atteindre le stade où nous sommes aujourd’hui, je peux dire que c’est grâce à lui que nous sommes à ce niveau et nous en sommes fiers. Il n’est plus de ce monde, sinon il aurait vu que ses fils ont pris la relève et ça marche bien. Je n’ai pas pris en mal le fait qu’il ait dit de quitter l’école pour aller rejoindre l’oncle à Abidjan pour apprendre la couture. J’aimais la couture.

Lefaso.net : De là, vous vous retrouvez en France pour vous former, mais vous y restez finalement …

Georges de Baziri : C’est vrai que j’étais parti pour uniquement me former et revenir. Mais…., la vie est ainsi faite… Je reste toujours attaché à ma source, à mon pays et chaque année je suis ici au moins trois à quatre fois.

Lefaso.net : C’est dire finalement que ça marche pour vous …, parlez-nous un peu de votre vie professionnelle à Paris !

Georges de Baziri : A Paris, je ne vis pas que de la couture. Je suis fonctionnaire à la Mairie de Paris et mon boulot, c’est de 6 h à 14 h. A la descente, je me lance maintenant dans mon second boulot, la couture. Et Dieu merci, ça va, ça marche bien ; les Burkinabè de Paris ont commencé à aimer ce que je fais et je leur suis reconnaissant pour cela. Il y a aussi parmi ma clientèle, des Ivoiriens, des Camerounais, etc., qui sont friands de mon label GX 226.
GX, ce sont les initiatives de mon prénom et de celui de mon petit frère ; le G pour Georges (que je suis) et le X pour le petit frère, Xavier. A ces initiales, nous avons simplement ajouté l’indicatif téléphonique du Burkina qui est le « 226 ». Ce qui fait GX 226 que nous avons lancé en 2010.

Lefaso.net : Une vue de votre clientèle aujourd’hui ?

Georges de Baziri : Elle est diversifiée, en ce sens qu’on a pour tous les goûts. Ma clientèle est composée d’hommes politiques, d’artistes, de fonctionnaires, de journalistes, de jeunes, d’anciens, etc. A titre d’exemple, dans le monde artistique, on peut citer des artistes comme Floby, David le Combattant, Malcom et j’en passe. Au plan des personnalités politiques, des députés, des ambassadeurs, des ministres, permettez-moi de ne pas dévoiler de nom à ce niveau, mais j’habille pas mal de personnalités politiques, de membres du gouvernement, etc. Nous avons commencé d’abord par les tee-shirts (où ça beaucoup donné) avant d’entrer dans les blazers.

Lefaso.net : Quelle est votre matière première de travail ?

Georges de Baziri  : Le Faso Dan Fani. Ce choix, pour d’abord rendre hommage au créateur malien, feu Chris Seydou grâce à qui le bogolan malien s’est imposé. C’est lui qui a mondialisé cette étoffe. Je me suis ensuite dit que si lui, il l’a fait avec le Bogolan, pourquoi pas moi, Georges de Baziri avec le Faso Dan Fani qui est l’identité du Burkina ? Je suis donc les traces de Chris Seydou qui a mondialisé le Bongolan et nous utilisons le Faso Dan Fani pour tout type d’habillement. Le Faso Dan Fani est donc notre domaine de prédilection : des tenues de mariage aux tenues de soirée en passant par des tenues de cérémonies solennelles.

Lefaso.net : Comment le Faso Dan Fani est-il accueilli dans votre milieu … ?

Georges de Baziri  : Au départ, quand j’organisais un défilé de mode, collections Faso Dan Fani, les gens avaient tendance à croire que ce sont les gros boubous uniquement. Mais, quand les mannequins commencent à sortir, ils se rendent compte que c’est une étoffe de chez moi que j’ai prise pour confectionner des tenues de tous les goûts de style. Si fait qu’après chaque défilé, il y a de longues files qui se constituent pour venir prendre des informations sur le comment on travaille le pagne, etc.

Lefaso.net : Comment arrivez-vous à acquérir la matière première, le Faso Dan Fani ?

Georges de Baziri : Voilà pourquoi aussi je suis fréquent au Burkina dans l’année. A chaque arrivée, je me fais un bon stock. J’ai des associations qui me les fournissent aussi sur place au Burkina. C’est l’exemple avec l’association AVATA, les tisseuses de Kokologo, etc. C’est le lieu pour moi de souhaiter qu’on forme les femmes, si on veut que le Faso Dan Fani soit véritablement une marque à exporter. Il faut une bonne formation des tisseuses et des teinturières. Actuellement, il y a beaucoup à perfectionner. Pour dire que ça commence à aller mais beaucoup reste encore à faire. Surtout en ce qui concerne les tissus à carreaux où on n’arrive pas à coordonner les lignes ; on peut constater qu’elles ont mis cinq fils par-ci et dix fils de l’autre côté, etc. Ça fait que les couturiers ont du mal à faire une bonne conception. Si vous prenez les pagnes du 8 mars 2016, le logo a été estampillé sans tenir compte de la couture. Il été placé de façon horizontale au lieu de le placer verticalement. C’est donc dire qu’on doit encore redoubler d’effort pour que le Faso Dan Fani soit beaucoup plus compétitif et au top.

Lefaso.net : Croyez-vous que ça peut être un secteur à même de booster le développement ?

Georges de Baziri : Oui ! Si nous estimons qu’il y a au moins cinq millions de femmes dans la population burkinabè et que chaque femme paie un Faso Dan Fani à 6000 FCFA, c’est énorme comme ‘’masse monétaire’’ à gagner. Cet argent va rester au Burkina et cela va rendre le secteur plus dynamique et partant, l’économie gagne en élan. Si l’Etat forme les jeunes et les femmes, vous verrez que ce secteur est un secteur pourvoyeur d’emplois pour les jeunes et les femmes.

Lefaso.net : Vous avez pu assister à la célébration du 8 mars 2016 avec le Faso Dan Fani comme pagne recommandé ; comment avez-vous trouvé le moment ?

Georges de Baziri : D’abord, j’étais-là au mois d’août pour le « Dan Fani Week » où j’ai appris que le gouvernement de l’époque, le gouvernement de la Transition, a opté pour le Faso Dan Fani comme pagne du 8 mars. J’ai trouvé l’idée géniale et j’ai dit à l’époque qu’il ne faut pas que cette idée dorme dans les tiroirs. J’ai vu que ça a été respecté et j’ai vraiment aimé parce que, c’est un pas important pour le Faso Dan Fani. Et surtout que c’était tout Faso Dani Fani, pas seulement celui du 8 mars. Donc, l’Etat doit s’investir dans la formation parce que, quand un monsieur est bien habillé dans son blazer ou son boubou, etc. et une femme est bien dans sa tenue, ça met en valeur encore le produit. Mais pour que le couturier puisse le mettre en exergue, il faut que toute la chaîne soit opérationnelle.

Lefaso.net : Vous avez créé votre label qui est connu en France. Quelle est votre stratégie d’implantation au Burkina ?

Georges de Baziri  : C’est vrai que les gens nous demandent où est-ce qu’on peut trouver notre label à Ouaga. Nous sommes en train donc de voir comment être plus présent au Burkina. Pour le moment, à part l’atelier « GX226 » qui est situé à la Patte d’Oie non loin de la gare routière, nous ne sommes pas encore totalement présents au Burkina.
Mon ambition, c’est surtout d’ouvrir une école de formation au Burkina pour venir en aide aux jeunes qui ont la passion pour le métier et leur faire comprendre aussi qu’on peut réussir partout où l’on est.

Lefaso.net : Vous avez des projets entrant dans le cadre de la promotion du Faso Dan Fani ?

Georges de Baziri : Oui. J’ai une association qu’on appelle AVATA (Association pour la valorisation de l’Art et du textile africain) qui est un cadre de promotion de tous les maillons de la chaîne du textile. Et nous préparons pour fin novembre 2016, un festival dans ce cadre. Ce sera un festival qui verra la participation des acteurs du textile des régions du Burkina pour montrer leur savoir-faire. On aura également des couturiers de la sous-région pour venir défiler avec les pagnes tissés de leurs pays. Le festival est dénommé « Rendez-vous à Kokologo » et sera à sa première édition. Il sera organisé de concert avec les tisseuses de Kokologo. C’est une célébration du Faso Dan Fani sur toute la chaîne ; des producteurs aux consommateurs en passant par les tisseuses, les couturiers, les stylistes.
L’objectif à long terme est de faire de cet événement, un pôle de promotion de cette étoffe et que tous ceux qui exercent à quelque niveau de la chaîne, puissent tirer leur épingle du jeu.
Avant cette date, j’ai un événement à Paris le 4 juin prochain qui s’appelle « La nuit du Faso Dani Fani ». Tout cela vise à donner le goût du Faso Dani Fani et à le mettre en exergue.

Entretien réalisé par Oumar L. OUEDRAOGO
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Vos commentaires

  • Le 15 mars 2016 à 18:07, par fasoden En réponse à : Célébration du 8 mars 2016 : Pour Georges de Baziri, c’est un pas important pour le Faso Dan Fani

    Bon vent à toi mon frère ! Via le consulat ou l’ambassade elle-même , tu pourrais nous communiquer, chaque fois que cela te sera possible, de nous les dates d’expo/show in Paris ! Thanks ! Merci de dans tous les cas de brandir très haut le flag du BF ! Je suis fier très fier de vous ! Un exemple de courage : vous montrez par là à tous nos frères qui se noient dans les mers, que la vie n’est pas l’eldorado qu’ils imaginent !!!!!!

  • Le 16 mars 2016 à 07:26, par René En réponse à : Célébration du 8 mars 2016 : Pour Georges de Baziri, c’est un pas important pour le Faso Dan Fani

    Une information pour tous nos amis burkinabè qui vivent en France et plus précisément dans la région Lyon / Saint-Étienne : projection du film "La sirène de Faso Fani" de Michel K. Zongo le samedi 2 avril 2016 à 18h, salle Jean Carmet à Mornant (69440).
    Plus d’information sur le site www.mornant-sapouy.org

  • Le 16 mars 2016 à 16:21, par AfriqueConsciente En réponse à : Célébration du 8 mars 2016 : Pour Georges de Baziri, c’est un pas important pour le Faso Dan Fani

    Quand depuis plus de trente ans le Président Thomas Sankara invitait à consommer local, à consommer tout simplement ce que nous produisons, simple manière à nous de nous prendre notre vraie indépendance vis-à-vis de l’impérialisme, le capitalisme rampant sous toutes ses formes (car il est si insidieux ! ! !) que pour donner les manifestations de l’impérialisme sur nos têtes, il faisait simplement remarquer par l’éloquente démonstration "....ne va pas chercher l’impérialisme très loin, regarde simplement dans ton plat, les grains de riz, ou les vermicelles ou spagetti que tu manges, c’est ça l’impérialisme..." ; par la manière très limpide qui caractérise les génies de son genre, il parvient à faire comprendre à chacun, quelque soit ton niveau d’instruction, ta classe sociale, le message qu’il veut te porter.
    Mais, pour la petite "bourgeoisie rampante", ce n’était justement pas par défaut de comprendre le message si fort du GENIE SANKARA, mais le choix délibéré de servir de VALETS de l’impérialisme en préférant le costume cravate (si peu adapté à notre environnement soit dit au passage), à une très belle tenue en Faso Danfani, d’une si grande élégance pour chacune des sociétés du Burkina Faso dans toute sa diversité.
    Ils ont poussé l’infamie (blaise compaoré particulièrement) de s’inféoder à ses maîtres occidentaux jusqu’au point de n’avoir jamais arboré (si d’aventure je me trompe, que celui qui relève le défi nous envoie une seule image de lui blaise dans une tenue confectionnée avec le Faso Danfani si NOBLE) ! ! !
    C’est ça la démonstration suprême de sa bassesse, de sa petitesse d’esprit.
    Pendant plus de trois décennies, son système s’appliquait et s’est appliqué minutieusement à faire disparaître l’intégrité du burkinabé, la valeur qui faisait la fierté de l’homme qui s’appelle le burkinabé dont dans la sous -région la seule évocation de cette appartenance vous élevait à un rang d’une dignité que les autres nous enviaient.
    Mais au bilan de son système, ils se sont donc évertuer à descendre bas (pour illustration, arsène bognessan yé dans un de ses propos disait que je le cite "...la morale agonise au Burkina Faso..." pour enfin affirmer honteusement que "....la morale est enterrée......"). Oui, il est bien sûr que pour construire, vous serrez des milliers à vous mettre ensemble et cela pendant des siècles à bâtir un édifice solide. Mais, il suffira pour le détruire pas plus d’un seul imbécile pour qu’il croule en moins d’une heure ! ! ! Ainsi va de la forte capacité de nuisance des ennemis de l’Afrique qui, à travers leurs actes ne peuvent que retarder ce qui ne pourra qu’un seul jour arriver.
    A travers les attentats de Bamako, de Ouagadougou, de celui d’Abidjan et de tous les Boko Haram, le pacte que alassane dramane ouattara a signé avec le diable français, c’est de lui vendre la "sécurité de l’Afrique". Que la porte soit ouverte à la france pour qu’elle intensifie son dit appui à la lutte contre l’insécurité et le "terrorisme", leur pure invention pour faire prospérer leur industrie de l’armement, pour divertir les peuples africains de l’essentiel des chantiers qui les attendent, et par ailleurs surtout, dans ce dessein de leur détourner l’attention de cet essentiel pendant qu’ils "PILLENT" leurs nombreuses ressources naturelles et mêmes humaines par la stratégie de l’immigration.
    Africain patriote, ouvre tes yeux et le bon oeil pour comprendre qu’il ne faut pas tomber dans ce piège si plat de la diversion.
    Debout et faire ce que un digne africain doit faire pour que demain soit meilleur pour ta postérité ; c’est ça la fierté d’un vrai patriote.
    Certains, comme ces vautours l’ont illustré si éloquemment, ne pensent qu’à la ruine de l’Afrique qu’ils vont brader à l’occident ; ils n’ont d’autres soucis que leur panses et leur rejetons dont ils croient trouver une quelconque protection dans les pays occidentaux où ils fréquentent les dites meilleures écoles et universités ! ! !
    Pour chuter, ou conclure sans avoir épuiser le sujet, une belle image africaine nous apprend que "l’oiseau peut voler aussi haut dans les cieux qu’il le veut et le peut, mais sa fin se trouve au sol".

  • Le 16 mars 2016 à 16:26, par AfriqueConsciente En réponse à : Célébration du 8 mars 2016 : Pour Georges de Baziri, c’est un pas important pour le Faso Dan Fani

    Je trouve tout ce cirque si ridicule : combien de temps vous aller vous décoloniser les têtes, les mentalités en faisant valoir la culture africaine la vraie culture africaine dépouillée des attardements mentaux qui veulent que le Faso Danfani servent à confectionner des habits occidentaux au lieu des vraies tenues TRADITIONNELLES AFRICAINES auxquelles il est initialement destiné et convient le mieux ?
    Toujours la plus belle des expressions de vos attardements mentaux.
    La tête décomplexée, qui s’accepte telle que Dieu l’a faite, est plus créatrice dans son genre que dans d’autres genres.

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