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« De nos jours, même si ton argent tombe au marché, tu es sûr de le retrouver », Daouda Haro, Président des Kogl-weogo de Bogandé

Publié le mercredi 9 mars 2016 à 10h06min

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« De nos jours, même si ton argent tombe au marché, tu es sûr de le retrouver », Daouda Haro, Président des Kogl-weogo de Bogandé

Daouda Haro Djangnoagou est le président des Kogl-weogo de Bogandé, dans l’Est du pays. Une zone où les bandits de grand chemin règnent en maitres absolus. Accompagné du Pasteur Bourgou Sibiri, président des Kolg-weogo de Manni et son adjoint, ils ont répondu à l’invitation du ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure le 7 mars dernier. Il a expliqué ce qui les a poussés à se constituer en groupe d’auto-défense et les résultats engrangés en si peu de temps.

« On ne tue pas (…), nous appelons notre zone là, zone rouge. Même quand on veut affecter un fonctionnaire, il ne veut pas. Les enseignantes et des agents de santé qui sont en brousse, plusieurs ont été violées. Je les connais, mais je ne peux les citer ici », témoigne le président de Kolg-weogo de Bogandé, par ailleurs président de l’association des petits commerçants et des voyageurs de la province de la Gnagna.

A l’en croire, c’est par instinct de survie qu’ils se sont constitués en comité d’auto-défense. Il rappelle qu’en 2014, ils ont dû organiser une marche contre l’insécurité. A l’époque ils ‘’suppliaient’’ les autorités de leur venir en aide, à cause de l’insécurité chronique qu’ils vivaient au quotidien.

« Nous avons décidé de marcher pour dire au gouvernement de trouver une solution pour nous, afin que nous puissions continuer à exercer paisiblement nos activités. Quand on parle de lutte contre la pauvreté, cela ne peut se faire avec les délinquants et coupeurs de route qui annihilent tous nos efforts », a-t-il poursuivi avant de préciser que les prêts contractés auprès des caisses populaires pour renforcer leurs commerces finissaient dans l’escarcelle des bandits.

« On a beaucoup de commerçants qui ont quitté pour venir à Ouaga. Si tu es commerçant, dans notre zone, tu ne pouvais pas dormir chez toi la nuit », a-t-il expliqué, rappelant que tous le commerçants qui sont au village sont obligés de fermer boutique à partir de 18h, pour aller se cacher quelque part, même pas chez eux.

C’est donc las d’attendre des ‘’actions fortes’’ de la part des autorités’’ qu’ils sont allés voir cette année, les kolg-weogo de Boulsa qui sont venus installer un comité à Bogandé. C’était le 12 février 2016.
« Ils sont venus voir le chef, faire les sacrifices…après cela nous avons commencé le travail ». Et foi du président, les résultats sont probants en si peu de temps d’activités.

« Au jour d’aujourd’hui, nous avons pu arrêter 75 coupeurs de routes et des voleurs d’animaux, 34 motos, (…), retiré 19 fusils ; de nos jours, même si ton argent tombe au marché, tu es sûr de le retrouver (…) on est par exemple venu nous remettre 36 000 F, des portables… ».

Les motos retirées des mains des braqueurs sont remises aux ‘’vrais’’ propriétaires sans contrepartie, selon lui. C’est seulement ‘’l’argent du carburant’’ qu’ils réclament aux voleurs.

« Nous savons que nous allons mourir, voilà pourquoi on a démarré, pour être prêt. Même si on va mourir, il faut que nos enfants profitent de la sueur de notre labeur. C’est risqué », a-t-il indiqué.

Il signifiera par ailleurs que depuis que les sacrifices ont été faits et que les actions des kolg-weogo ont commencé, ce sont les voleurs mêmes qui viennent demander pardon. « Ce sont les anciens voleurs mêmes qui travaillent avec nous maintenant. Hier (Ndlr. 6 mars 2016), on a eu un délinquant qui coupait les routes depuis 20 ans, il est venu se présenter, nous lui avons dit d’amener son arme. Rien qu’hier, on a fait le tour du marché avec 25 coupeurs de route ».

A Manni aussi, toujours selon Daouda Haro Djangnoagou, 38 fusils et pistolets ont été retirés des mains des délinquants.

Le président des Kolg-weogo de Bogandé, Daouda Haro Djangnoagou conclura en disant que lui et ses camarades attendent néanmoins « l’encadrement du gouvernement ».

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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