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Réforme de l’Armée : Place aux réflexions pour une institution militaire républicaine !

Publié le vendredi 4 mars 2016 à 01h25min

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Réforme de l’Armée : Place aux réflexions pour une institution militaire républicaine !

Dans le cadre du lancement des activités de la Commission d’élaboration du plan stratégique 2017-2021 pour la réforme des Forces armées nationales (FAN), le ministère de la Défense nationale et des anciens combattants a organisé une conférence publique ce mardi, 1er mars 2016 à Ouagadougou. Placé sous le thème « Le militaire et la politique », ce colloque avait pour principal orateur, le constitutionnaliste, l’ancien ministre, Pr. Augustin Loada.

C’est par une minute de silence en mémoire des victimes des attaques du 15 janvier dernier que le président de la Commission des Réformes, Colonel-major Alassane Moné, par ailleurs secrétaire général du ministère de la Défense nationale et des anciens combattants (MDNAC), a donné le ton du lancement de ces activités.
Président de la cérémonie, Colonel-major Alassane Moné a fait observer que le sujet prend plus d’acuité encore après l’attaque perpétrée tôt dans la matinée du 22 janvier dernier contre le dépôt d’armes et de munitions de Yimdi « par des éléments militaires irresponsables, en rupture de ban avec les Forces armées nationales ». C’est pourquoi, il estime que le thème de la conférence qui consacre le lancement officiel des réflexions vient à point nommé. « Ce sujet est au fondement de la réforme des Forces armées nationales que nous entreprenons pour permettre à notre Armée de revenir à sa vocation première en la soumettant aux exigences d’un Etat de droit démocratique et républicain et où les valeurs de responsabilité, d’intégrité et de gouvernance vertueuse ont tout leur sens », mentionne le président de la Commission des Réformes, Colonel-major Alassane Moné.

A l’en croire, depuis sa création le 3 août 1960, l’Armée nationale a toujours été dans la gestion du pouvoir d’Etat. Pour s’en convaincre, dit-il, il suffit de noter que sur les neuf Chefs d’Etat qu’a connus le Burkina, six ont été des militaires. Une situation qui, selon lui, a contribué à une politisation durable de l’institution militaire et à la perte de certaines de ses valeurs cardinales dont le service exclusif de la nation et celle de ne jamais désobéir à l’autorité légalement établie.

Pour Colonel-major Alassane Moné, il faut absolument bien s’interroger sur l’histoire afin de réconcilier définitivement l’outil de défense avec les aspirations légitimes de l’ensemble des citoyens.

Impératif de s’interroger sur les rapports entre les militaires et la politique

Le conférencier, Pr Augustin Loada a scruté le thème via trois parties. Il a d’abord montré l’influence prépondérante des militaires dans la vie politique pendant longtemps, s’est ensuite interrogé sur les causes de ce phénomène avant d’apporter quelques pistes de réflexion à travers des perspectives.
Ce qui lui a permis de relever au préalable que l’existence de tout Etat démocratique, moderne, repose sur deux piliers fondamentaux que sont une administration bureaucrate (au sens grégorien du terme) qui s’appuie sur un modèle d’organisation pyramidale dans laquelle chaque agent occupe sa position d’autorité en vertu de son mérite (titre et expérience) et l’Armée à travers, plus exactement, le monopole de la contrainte physique légitime. Et c’est l’Etat central qui doit être le seul à détenir ce monopole de la contrainte physique et en faire un usage légitime. S’il perd ce monopole, c’est tout l’Etat qui s’effondre.

Il a aussi indiqué dans son introduction que le Burkina a connu une longue période d’instabilité politique avec la brèche qui a été ouverte depuis le 3 janvier 1966 où, suite au soulèvement populaire, l’armée est ‘’restée’’ aux commandes de l’Etat. Ainsi, sur les neuf Chefs d’Etat qu’a connus le Burkina, six ont enfilé à un moment de leur vie, la tenue bariolée. Une situation favorisée entre autres, dit Pr Loada, par les divisions au sein de la classe politique, les faibles performances socio-économiques des régimes constitutionnels (ce qui donne un prétexte à l’armée de faire des coups d’Etat) et, jusqu’à une date récente, la faiblesse des menaces externes (les militaires ‘’s’ennuyaient’’ dans les casernes).

Partant de là, le conférencier a affirmé que les défis de stabilité, de sécurité (aussi bien interne qu’externe) et, évidemment, de développement économique et social et même de bonne gouvernance s’imposent au pays.

« C’est dans ce contexte que nous sommes amenés à nous interroger sur les rapports entre les militaires et la politique », a situé le communicateur avant de rappeler les missions de l’Armée à savoir la défense du territoire national et la garantie de la souveraineté externe.

Cette activité de lancement, placée sous le haut patronage du Général de Brigade Pingrenoma Zagré, Chef d’Etat-major général des Armées, a enregistré la participation d’autorités civiles parmi lesquelles, on peut citer le président du Conseil constitutionnel , Kassoum Kambou, et le président du Front de résistance citoyenne (FRC), Ismaël Diallo.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 3 mars 2016 à 16:16, par CHEIKH En réponse à : Réforme de l’Armée : Place aux réflexions pour une institution militaire républicaine !

    J’ai beau chercher, c’est en ajoutant Ouezzin Coulibaly s’il en est un, que je trouve neuf chefs d’Etat. Mais quant aux militaires, rien à faireje n’en trouve que cinq.

  • Le 3 mars 2016 à 18:15, par QUID En réponse à : Réforme de l’Armée : Place aux réflexions pour une institution militaire républicaine !

    Que du bruit. Les problemes de notre armee sont connues, il suffit de prendre en compte ces quelques points ci-dessous cites pour les resoudre a 50 pour cent !
    - Reactiver les differentes regions en appliquant tout simplement le TED ;
    - Apres les regions, reactiver les corps mourrants qui sont dans les chefs lieux comme Gaoua, Dedougou, Dori, Fada, Kaya, Ouhigouya, etc.
    - Affecter les effectifs et les moyens necessaires (on a l’impression que ouaga est une ville sous etat d’urgence vu le nombre d’hommes de tenue en circulation a toutes les heures),
    - Mettre l’accent sur l’instruction du personnel,
    - Desengorger ouagadougou et l’EMGA des officiers superieurs qui s’y tournent le pouce a longueur d’annee (comment peut on comprendre que plusieurs de ces officiers se partagent un seul bureau tandis que des regions entieres ne disposent que d’un officier ...subalterne)
    - Reactiver les ordinaires au profit des MDR,
    - Faire participer le personnel militaire aux activites de developpement (agriculture, elevage, maraichage, construction de routes et autres ouvrages par le genie). l’armee tient une grande place dans le developpement dedtous les pays developpes. il n’ y a qu’au Faso qu’on voit des militaires s’adonner, par oisivete, aux jeux de hasard ;
    - Specialiser les grades et officiers car la plupart, a la sortie de l’academie avec un certain diplome, gravit les echelons sans refaire de grandes ecoles, devenant du coup des porte-galons...,
    - Tout faire pour inverser la pyramide car d’ ici quelques annees il y aura une implosion ...
    surtout au sein de la gendarmerie ou les hommes de corvee pour assurer le minimum de services n’existent plus. Comment comprendre , si ce n’est vouloir se faire hara-kiri, qu’en 2 ans continues, on puisse apprendre ce que les promotions d’avant apprenaient en plusieurs stages etales sur 3 ans minimum ? Pauvre gendarmerie, tes anciens ont honte...
    - Associer quelques sous officiers et MDR aux differentes reflexions, ceci, afin de nous eviter la reprise des documents apres des mois de travaux (s’il arrivait que ceux ci s’opposent a la mise en application).
    - Etc.
    La prise en compte de ces quelques points, loin d’etre exhaustifs, participera au developpement des regions, a la formation d’une armee qui sera plus professionnelle, toute chose qui entrainera la reduction des incidents entre militaires et civiles et surtout les tentatives ou velleites de participation a la vie politique.

  • Le 4 mars 2016 à 08:08, par V-TERAN En réponse à : Réforme de l’Armée : Place aux réflexions pour une institution militaire républicaine !

    QUID J suis d’avis avec toi sur tous les points ! Surtout le point sur la Gendarmerie ! Sauf sur le point de l’ordinaire où ya forcement marque d’arrêt pour réflexion ! Car il ne faudra jamais oublier que c’est ce mème point qui avait été l’appât de profit lors de la crise Militaro-Policière en 2006 relativement à la grogne des MDR !

  • Le 4 mars 2016 à 09:34, par Né pour briller En réponse à : Réforme de l’Armée : Place aux réflexions pour une institution militaire républicaine !

    Servir l’armée demande bien un dévouement. Mais cet dévouement, finit par se dégrader au fil du temps par ces problèmes au quotidien que connait le personnel. Internaute1 votre analyse aussi pertinent, ne fait apparemment plus parti de la déontologie du commandement. Pour exemple : Un caporal dort paisiblement sous une moustiquaire sans au préalable s’inquiéter du soldat qu’il doit encadrer. Le rôle de l’armée loin de se résumer seulement à se cloîtrer dans les casernes, devrait jouer sa partition au développement socioéconomique. L’armée est un monde qui contribue à révolutionner le monde entier par ses recherches, ses découvertes scientifiques, etc.Aujourd’hui si l’on constate simplement des militaires oisifs c’est purement et simplement une question de BONNE GESTION DES RESSOURCES HUMAINES et une BONNE GESTION PRÉVISIONNELLE DES EMPLOIS ET DES COMPETENCES. Qu’on active les spécialités dans l’armée afin que le militaire meme au rez puisse apprendre un métier qui puisse le permettre de s’épanouir meme à la reconversion. Aussi, on dirait que la catégorie officier semble être pour des privilégié (les plus intelligents) ou du moins des "chanceux". La déontologie de l’armée permet même au soldat d’être général si toutefois compétences et capacités s’y trouvent en lui. Il y’a bien des MDR et S-officiers nettement qualifiés et compétent mais qui, pas pour manque de capacités intellectuelles, physiques ou d’expériences sont condamnés à ne jamais grandir plus que le Cap le sous-officiers pour quelques raisons qui ne s’accommode pas avec l’idée d’une armée républicaine et contemporaine.Alors simplement c’est une manière de ne pas encourager l’excellence et le développement personnel qui sont des facteurs de développement socioéconomiques. Chacun sachant plus ou moins lire et écrire se résume à cela sachant qu’il pourra sans équivoque gravir jusqu’à adjudant-chef major tout comme un Bachelier + 2,3,4...Comme si sa ne sert à rien d’accroître son potentiel et servir loyalement l’armée ou bien ne jamais nourrir d’ambitions.En matière de formule moderne de recrutement, elle passe de l’interne vers l’externe.On doit voir si il n’y a pas les compétences recherchées en interne avant de se tourner vers l’externe.L’interne doit être pris en compte mais pas faire des simulacres de tests avec des demandes d’effectif qui ne favorisent pas forcément la Promotion en interne.
    Ensemble on peut bâtir une armée républicaine et moderne car de nos jours la connaissance n’est plus privilégiée. tout le monde peut l’avoir et on doit forcément cultiver l’excellence au sein de l’armée pour mieux préparer nos hommes à faire face aux rivalités que connait le monde entier.
    Népour briller

  • Le 4 mars 2016 à 15:30, par Political En réponse à : Réforme de l’Armée : Place aux réflexions pour une institution militaire républicaine !

    A internaute 1 : Présidents civils : Maurice Yameogo, Michel Kafando et Roch Marc Christian Kaboré. Présidents militaires : Aboubacar Sangoulé Lamizana, Saye Zerbo, Jean Baptiste Ouédraogo, Thomas Sankara, Blaise Compaoré, Yacouba Isaac Zida et j’allais ajouter Nabéré Honoré Traoré.

  • Le 4 mars 2016 à 18:04 En réponse à : Réforme de l’Armée : Place aux réflexions pour une institution militaire républicaine !

    Internaute 1, voilà nos présidents depuis 1960 : 1) Maurice Yaméogo, 2) général Lamizana Sangoulé, 3) colonel Saye Zerbo, 4) commandant Jean Baptiste Ouédraogo, 5) capitaine Thomas Sankara, 6) capitaine Blaise Compaoré, 7) lieutenant colonel Isaac Zida, 8) Kafando Michel, et 9) Roch Marc Christian Kaboré.
    Le compte est bon pour le Faso.

  • Le 5 mars 2016 à 13:02 En réponse à : Réforme de l’Armée : Place aux réflexions pour une institution militaire républicaine !

    Je constate l’enthousiasme des participants à cette rencontre. La photo présentée en dit long.
    Quant à la liste des présidents du Faso, certaines personnes ont annoncé leur prise du pouvoir : général Traoré Honoré, général Lougué Kouamé, et madame Sérémé Saran. Puis le cas spécifique du général Diendéré Gilbert. Peut on les compter dans le lot des anciens présidents ?

  • Le 6 mars 2016 à 11:56, par Lavie En réponse à : Réforme de l’Armée : Place aux réflexions pour une institution militaire républicaine !

    Le pays est en marche. Le soldat s’interroge sur sa participation à l’effort national et va demander conseil à un professeur d’université. Je ne peux qu’ applaudir. Cette combinaison de la force et de la connaissance annonce un Burkina nouveau. Je souhaite plein succès au FAN. Je salue le Pr. Augustin Loada et l’invite à développer également les thèmes ’’ Professeurs d’université et Politique’’, "Médecins et gestion des CHU" etc.

  • Le 6 mars 2016 à 13:12, par Réserve citoyenne. En réponse à : Réforme de l’Armée : Place aux réflexions pour une institution militaire républicaine !

    J’ajoute à la liste de QUID qui semble au fait de la chose militaire la réserve citoyenne où, par exemple, des ingénieurs du génie civil peuvent intégrer l’armée pour la construction des routes et bien d’autres infrastrcutures. En france, cette pratique est monnaie courante et efficace en raison de la suppression de circonscription et j’encourage le Colonel-Major à explorer vivement cette piste pour les politiques. Un acteur de la réserve citoyenne.

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