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Economie : Trois doctorants du Laboratoire d’analyse et de politique économique ont soutenu leurs thèses

Publié le mardi 23 février 2016 à 00h00min

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Economie : Trois doctorants du Laboratoire d’analyse et de politique économique ont soutenu leurs thèses

Le vendredi 19 février 2016, trois doctorants du laboratoire d’analyse et de politique économique (LAPE) ont soutenu leurs thèses de doctorat en sciences économiques. Il s’est agi de Jean Marie Kébré, Jean Erdjouman Sanou et de Ousmane Traoré. « Motivations d’allocations et impact de l’aide dans les économies de l’Union Economique Ouest Africaine (UEMOA) », « Financement relationnel banque entreprise : contribution de la multibancarité à l’accessibilité des petites et moyennes entreprises burkinabè au crédit bancaire », « Option d’assurance maladie et analyse de l’ajustement au risque maladie au Burkina–Faso », tels ont été les thèmes qui ont fait l’objet de recherches et dont les résultats ont été présentés devant le jury composé de six membres. Après une présentation individuelle de plus de 3h, ils ont tous été jugés dignes du grade de Docteur, avec la mention très honorable.

Encadré tous par le Professeur Idrissa M. Ouédraogo, tour à tour les trois impétrants ont présenté au jury présidé par le Professeur Adama Diaw, professeur titulaire à l’université Gaston Berger de Saint-Louis au Sénégal, les résultats de leurs recherches.

Faisant office de cobaye, c’est Jean Marie Kébré qui a introduit en premier les résultats de ses recherches au jury.
La recherche de M. Kébré résulte du constat selon lequel malgré l’aide publique au développement dont bénéficient les pays de l’UEMOA, les indicateurs socio-économiques de la zone demeurent faibles et les conditions de vie des populations toujours précaires. C’est au regard de ces constats et du caractère controversé de la relation entre l’aide et le développement de l’aide dans la littérature économique que le chercheur s’est intéressé à la question de l’efficacité de l’aide publique dans la zone UEMOA. Le document de l’étudiant était bâti autour de quatre angles. Le premier angle aborde les motifs d’octroi de l’aide aux pays de la zone. En effet selon les résultats de l’analyse qu’il a faite à partir de modèles de panel dynamique et de panel simple, les besoins des pays de la zone, leurs performances économiques et la qualité de leurs institutions jouent un rôle important dans l’allocation de l’aide par les donateurs. Le second s’est intéressé au rôle des appuis budgétaires dans la soutenabilité des politiques budgétaires. A ce niveau, à partir des différents tests, M. Kébré a signifié que les résultats montrent que l’aide publique sous la forme d’appuis budgétaires n’a pas permis une amélioration significative de la soutenabilité des politiques budgétaires publiques dans la zone UEMOA.
Toujours à partir du modèle de panel dynamique et de panel simple, le troisième angle de l’analyse de l’impétrant a porté sur l’impact de l’aide sur la croissance du revenu et sur le développement humain. « Ces tests économétriques montrent une influence directe positive de l’aide sur le revenu avec un effet marginal décroissant. Par contre, la combinaison de l’aide avec les variables de gouvernance montre une influence négative de l’aide sur le revenu » a-t-il soutenu.
Enfin, le quatrième angle apprécie la capacité d’absorption de l’aide et analyse ses déterminants au Burkina-Faso. Dans cette partie, l’étudiant est parti de la méthode non paramétrique du Data Envelopment Analysis où il a été défini une fonction de distance qui a servi de fondement au modèle Tobit d’analyse des facteurs de capacité d’absorption de l’aide. En sus, il a ajouté que : « les analyses empiriques effectuées sur des données portant sur 15 secteurs au cours de la période 2000-2010 montrent un niveau moyen de capacité d’absorption de l’aide des secteurs estimé à 63.27% ». Voici pourquoi il conclut que les déterminants de ce niveau d’absorption s’identifient dans la multiplicité des projets et les mécanismes de coordination de l’aide au Burkina-Faso.

Ensuite est venu le tour pour Jean Erdjouman Sanou de présenter le fruit de ses recherches. Pour lui, sa thèse a pour objectif d’étudier l’impact de la diversification des relations bancaires par les petites et moyennes entreprises burkinabè dans l’amélioration de leur accès au crédit bancaire. « Pour réaliser cet objectif, l’approche méthodologique a consisté à collecter des données comptables, financières et des données qualitatives, tirées des liasses fiscales de 224 entreprises répertoriées au niveau de la centrale des bilans de la BCEAO » a signifié l’impétrant. Par ailleurs, il a affirmé que le test des hypothèses s’est effectué à travers l’estimation d’un modèle quadratique par la méthode des moindres carrés ordinaires. Et à l’entendre, les résultats indiquent que la qualité de l’opacité sont les déterminants majeurs de la multibancarité et que ce mode de financement permet aux entreprises d’accéder au crédit en particulier si la relation est inscrite sur le long terme. En outre, M. Sanou a laissé entendre qu’à partir d’un modèle logistique, il a déterminé la probabilité de multibancarité des PME burkinabè avec un taux de prédictions vraie de très bonne qualité.
En conclusion, l’impétrant a fait savoir que cette étude a permis d’établir que la multibancarité est favorable à l’accroissement du volume des crédits distribués par le système bancaire en particulier lorsque les entreprises sont engagées avec les banques dans une relation durable implique la mise en place et/ou le renforcement des structures privées ou publiques d’analyse et de diffusion de l’information financière en vue de garantir et d’améliorer la transparence de l’information sur le marché du crédit.

Enfin ce fut le tour de l’impétrant Ousmane Traoré de faire face au jury pour appréciation de son travail. Pour lui cette thèse vise à apporter des réponses aux débats politiques sur la fourniture et l’accès équitable et durable des populations aux services sociaux de base notamment la santé, auxquels la plupart des populations font face au Burkina. Aussi dit-il : « Elle entend mettre en œuvre un système national d’assurance maladie efficace en termes d’accessibilité, d’équité et de maitrise des coûts pour le Burkina ». Pour ce faire, M. Traoré a fait d’abord une revue des typologies de systèmes d’assurance risque maladie (SARM). Par la suite, il a exposé deux cadres analytiques théoriques de choix des SARM pour mettre en évidence le choix optimal au regard des diversités de SARM et de modèles d’ajustement au risque maladie qui a permis de mettre en évidence deux groupes de facteurs de risque maladie. Il a ajouté en outre que la théorie d’ajustement au risque maladie a été un moyen pour élucider les conditions d’un meilleur schéma susceptible de renforcer l’efficacité d’une assurance maladie. Enfin sur la base des estimations économétriques, l’auteur a proposé une assurance maladie obligatoire universelle à prime uniforme avec subvention des groupes vulnérables pour le Burkina Faso. « Cette thèse ne se focalise pas seulement sur des implications de politique économique, notamment l’option d’assurance efficace pour le Burkina Faso, mais apporte aussi des réponses plus précises pour le Burkina en ce qui concerne les mécanismes de sa mise en œuvre et de son fonctionnement à travers une synthèse analytique de cas pratiques » a dit Ousmane Traoré pour finir.

Le jury apprécie les thèmes

Présidé par le Professeur Adama Diaw, professeur titulaire à l’université Gaston Berger de Saint-Louis au Sénégal, le jury a apprécié particulièrement la pertinence et l’actualité des thèmes. Il a également souligné le caractère innovant des différentes analyses des impétrants ainsi que l’importance des résultats auxquels ils sont parvenus.
Néanmoins, il a mis en évidence quelques imperfections de fond et de forme auxquelles il a demandé de remédier dans les versions finales des travaux.

Annick Kaboré (stagiaire)
Lefaso.net

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