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Visite du premier ministre français au Burkina : Le volet sécurité n’a pas étouffé les questions de développement

Publié le lundi 22 février 2016 à 07h09min

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Visite du premier ministre français au Burkina : Le volet sécurité n’a pas étouffé les questions de développement

Après une première annonce avortée, c’est finalement ce samedi 20 février 2016, que le premier ministre français, Manuel Valls, accompagné d’une forte délégation dont le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, a foulé le sol burkinabè. Si cette visite, qui intervient un mois après les attaques terroristes en territoire burkinabè, s’inscrit dans un élan de solidarité et de compassion, elle n’en demeure pas moins celle d’un renforcement des liens entre les deux pays à travers des questions de développement.

Comme annoncé, il était effectivement 9h, lorsque l’avion de la délégation du Chef du gouvernement français a atterri à l’aéroport international de Ouagadougou, bien encadré par un dispositif sécuritaire colossal. Accueilli par son homologue, Paul KabaThiéba, les deux personnalités vont par la suite avoir un bref tête-à-tête au salon d’honneur avant de prendre la direction de la Présidence du Faso, Kosyam. Là, Manuel Valls est reçu par le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. Il y a eu ensuite une séance de travail avec le gouvernement burkinabè à l’issue de laquelle un accord de neuf millions d’euros a été signé pour soutenir le secteur de l’éducation.

Après un quart d’heure d’entretien avec la presse, la délégation française a quitté Kosyam pour la résidence française où elle s’est entretenue avec ses ressortissants vivant au Burkina.

L’ultime acte de cette visite a été le passage de la délégation sur le site de l’attaque terroriste du 15 janvier dernier. Là, la délégation a déposé une gerbe de fleurs et observé une minute de silence en la mémoire des victimes, toutes nationalités confondues.

« J’ai voulu souligner auprès du président, notre satisfaction d’être là. Nous avons des liens d’amitié, économiques, politiques, depuis longtemps avec le Burkina Faso. Nous avons souligné combien l’élection du Burkina Faso a été un exemple pour l’Afrique de l’Ouest et pour l’Afrique ; c’est-à-dire une élection préparée par une transition démocratique et par des élections libres, qui n’ont pas donné lieu à contestations. L’élection du Président Kaboré est incontestable, elle a permis l’installation aussi d’une Assemblée nationale élue dont la première session va avoir lieu dans quelques jours. (…).Ce déplacement est pour moi, l’occasion d’adresser, une nouvelle fois, mes condoléances et ma passion aux familles des victimes des attentats. Le Burkina Faso, comme le Mali où nous étions encore hier, comme la France, sont victimes du terrorisme. Le terrorisme s’attaque lâchement aux démocraties. Nous partageons les mêmes valeurs et c’est pour cela que nous devons renforcer notre coopération en matière de renseignements, de formation, des forces de sécurité, des forces armées », a situé le premier ministre français, Manuel Valls à sa sortie d’échanges avec les plus hautes autorités du Burkina. Pour en quelque sorte saluer le retour des institutions démocratiques, il a annoncé, au passage, l’arrivée au Burkina du président du groupe d’amitié France-Burkina à l’ouverture à la session parlementaire.

La France aux côtés des autorités pour relever les défis majeurs du Burkina

Le Chef du gouvernement français a, après avoir ‘’identifié’’ les défis qui se présentent aux nouvelles autorités burkinabè, réitéré le « lien actif » de son pays avec le Burkina dans plusieurs domaines socio-économiques. « Les défis du Burkina sont majeurs, il y a bien sûr le développement économique. Beaucoup de retard a été pris ces derniers temps et donc, il faut reprendre cette priorité qui est celle de mon homologue ; le développement économique, l’agriculture, l’éducation, la santé, l’eau, l’assainissement. C’est toutes ces questions qui attendent le gouvernement de ce pays. Avec, malheureusement, un préalable : la sécurité », a scruté M. Valls. Pour lui, les volets sécurité et coopération, doivent être renforcés dans les cadres du G5 Sahel, de l’engagement de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali) avec le soutien de l’Union européenne. « C’est un préalable pour conforter la démocratie et pour permettre le développement humain, économique et social. C’est le sujet que nous avons évoqué avec le président et avec son gouvernement. Sur ce préalable, la France sera évidemment aux côtés du Burkina Faso pour soutenir ses efforts dans ce domaine comme dans bien d’autres », a-t-il annoncé.

S’appuyant sur les priorités des autorités burkinabè, le premier ministre Manuel Valls a réitéré le soutien de la France au Burkina ; un soutien qui s’incarne d’ores et déjà par la signature de l’accord susmentionné. Cet engagement sera suivi par bien d’autres dans d’autres domaines, a promis Manuel Valls. Pour lui, il est important de lutter contre la pauvreté ; pas parce qu’il y a le terrorisme, mais parce que c’est la réalité du pays et le développement économique permet le développement humain. « Les groupes terroristes agissent en utilisant les conséquences de la pauvreté d’une jeunesse qui peut succomber à la radicalisation. Nous connaissons ça en Afrique de l’Ouest, en Europe. Je veux le rappeler, c’est la France qui connaît, malheureusement, un nombre croissant de jeunes ou d’individus qui vont combattre dans les filières djihadistes, d’islamistes radicales en Syrie ou en Irak ; ce n’est pas le Burkina Faso qui envoie ces jeunes là-bas. Mais, les groupes terroristes veulent s’attaquer au Burkina Faso plus précisément parce que, c’est une réussite en matière de transition. On s’attaque toujours à ces symboles. On s’est attaqué au Mali, parce que c’est une démocratie. On s’attaque au Burkina Faso, parce que c’est une démocratie. On s’attaque à la Tunisie, parce que c’est une démocratie. Il faut bien comprendre les causes et la réponse à la lutte contre la pauvreté est une des réponses. Mais, ça ne peut pas être la seule réponse. Une autre réponse doit être celle de la coopération dans le domaine de la sécurité ; il faut être fort sur l’ensemble de ces objectifs », a analysé Manuel Valls.

« L’Europe doit donc s’intéresser à l’Afrique plus qu’elle ne le fait jusque maintenant »

Selon le Premier ministre français, les pays du Sahel représentent aujourd’hui autour de 80 millions d’habitants ; ils compteront dans les 20 à 30 ans à venir, 150 millions d’habitants. Ce qui implique de nombreux défis. ‘’L’Europe doit donc s’intéresser à l’Afrique plus qu’elle ne le fait jusque maintenant. (…). Moi, je me félicite que sous la présidence de François Hollande, la France soit pleinement revenue en Afrique. Souvent, à travers des événements douloureux, comme au Mali il y a trois ans, mais aussi parce que nous sommes conscients que c’est ici que se joue, en effet, l’avenir de la France et de l’Europe. L’Afrique, c’est le continent de l’avenir ; par ses matières premières évidemment mais d’abord, par l’engagement, l’enthousiasme (malgré les difficultés) de ses populations, de sa jeunesse. Nous sommes lucides et nous n’ignorons rien des difficultés. Il y a un potentiel de développement dans tous les domaines (aux plans de l’éducation, de la révolution numérique, de la culture, etc.). C’est ici que se joue l’avenir de la France et de l’Europe, si nous voulons maitriser le flux migratoire ‘’, a expliqué le premier ministre français.

A l’en croire, l’intérêt de son pays, c’est le développement économique, culturel, éducatif ; du capital humain avec en sus, la bonne gestion des finances publiques.

Le premier ministre a quitté le Burkina en début d’après-midi pour la France et après avoir entamé sa sortie par le Mali où il était jeudi et vendredi.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 21 février 2016 à 01:00 En réponse à : Visite du premier ministre français au Burkina : Le volet sécurité n’a pas étouffé les questions de développement

    Merci pour ce beau travail de compte-rendu, intéressant à lire

  • Le 21 février 2016 à 08:42, par Jacques Zanga Dubus En réponse à : Visite du premier ministre français au Burkina : Le volet sécurité n’a pas étouffé les questions de développement

    S’il y a une "vérité absolue" à ne pas négliger quand on considère les relations « Nord-Sud », c’est que les pays du Nord, dits développés, veulent à tout prix, continuer de se développer, ce qui ne peut se faire qu’à la condition que le sous-développement des pays du Sud s’aggrave. C’est une loi d’équilibre qui impose cela.
    Dit autrement, si la France (et l’Europe) qui prétendent vouloir aider au développement du Burkina (et de l’Afrique) étaient "réellement" disposés à le faire, ça ne pourrait se faire que s’ils acceptaient de s’appauvrir, ce qu’ils ne feront jamais.

  • Le 21 février 2016 à 09:58, par françois En réponse à : Visite du premier ministre français au Burkina : Le volet sécurité n’a pas étouffé les questions de développement

    bonne résolution et promesse, maintenant il faut assumer et assurer.
    quelques millions pour l’éducation, ça veut dire quoi ?
    où va passer cet argent ?,j’espère qu’il va être mieux géré que du temps de Blaise.
    j’en reviens toujours à l’idée à ce que le nouveau gouvernement mette en place une structure qui gère et qui facilite le travail des petites associations, qui oeuvrent avec leur faibles moyens, sans intermédiaires, ni frais de fonctions, ni de déplacements, qui payent leurs billets d’avion de leur poche.
    ces associations ont un suivi, elles vont sur place, et reviennent voir l’évolution de leurs actions.
    Arrêter la prolifération des gros 4X4 qui ne sont pas nécessaires mais qui coûtent une fortune aux ONG,ils pourraient utiliser cet argent à d’autres fins...
    IL Y A DU BOULOT.....
    Et j’ai beaucoup d’espoir avec le nouveau gouvernement ’qu’il ne nous déçoive pas.

  • Le 21 février 2016 à 11:15 En réponse à : Visite du premier ministre français au Burkina : Le volet sécurité n’a pas étouffé les questions de développement

    "L’Afrique, c’est le continent de l’avenir ; PAR SES MATIERES PREMIERES, EVIDEMMENT, mais..." M’bon !!

  • Le 22 février 2016 à 09:18, par Doni Doni En réponse à : Visite du premier ministre français au Burkina : Le volet sécurité n’a pas étouffé les questions de développement

    Les citoyens burkinabè en particulier et l’opinion publique en général devraient faire l’effort de comprendre qu’il faut accorder un peu de temps au nouveau Premier ministre Paul Kaba THIEBA pour fonder son programme gouvernemental sur des bases réalistes et solides. Ceux qui se précipitent pour l’accuser de ne pas connaître les réalités du pays lui font un mauvais procès. Avec les technologies de l’information et de la communication de nos jours, on n’a pas besoin de résider longtemps au Burkina pour savoir les problèmes majeurs qui s’y posent. Le premier ministre THIEBA connaît très bien les réalités du pays avec des détails techniques mieux que plusieurs compatriotes à la critique facile et non rationnelle. D’ores et déjà, il est en train de trouver des mécanismes pour relancer l’économie nationale qui végète depuis 2011 dans un marasme qui amenuise le développement. Ainsi, le projet SYLVIE pour les opérations douanières à travers une Platte forme numérique qui était resté théorique depuis plus d’un an, vient d’être activé par le premier ministre en février 2016.Cela réduit le temps des procédures qui est passé de 20 jours à 3 jours. Ce mécanisme contribue aussi à lutter contre la corruption entre commerçants et douaniers et booste le trésor public. Un second projet novateur du premier ministre porte sur la création d’une caisse de dépôt qui existe dans certains pays comme le Sénégal et qui permet de constituer des garanties financières pour les banques pour financer des réalisations économiques et sociales sur le long terme. Ce mécanisme pourra permettre aux banques d’accorder par exemple des prêts pour des logements sociaux à des taux très bas à la portée d’une couche large de la population active. Par conséquent, comme disent les dioulas,il faut aller doucement(doni doni) avec le premier ministre THIEBA qui a des idées originales pour relancer l’économie nationale au profit de tous.

  • Le 22 février 2016 à 09:22, par L’Oeil du peuple En réponse à : Visite du premier ministre français au Burkina : Le volet sécurité n’a pas étouffé les questions de développement

    L’avenir de l’EUROPE se joue en AFRIQUE. Voilà ce qui est bien dit. Vous êtes sincère dans vos propos si je peux m’exprimer ainsi. L’Afrique, c’est le continent de l’ Avenir. Cette assertion est loin d’être faux. Nous ne pouvons que vous remercier pour cette vérité et vous demandons de vous engager pleinement dans la construction de ce continent qui ne demande que ça.

  • Le 22 février 2016 à 10:06, par RAWA En réponse à : Visite du premier ministre français au Burkina : Le volet sécurité n’a pas étouffé les questions de développement

    Les français décidemment ne nous connaissent plus du tout mais nous on les connait bien et c’est ça qui va les perdre. Continuer de venir nous ressasser cette histoire d’amitié entre la france et les pays africains est plus que ridicule. Pourtant, ils ont été très claire : "La france n’a pas d’amie, elle n’a que des intérêts". Nous les africains avons bien compris et avons aussi appris à considérer nos intérêt au détriment de l’amitié. Nous n’avons pas aussi oublié les morts caussées en afrique par la politique de bigandage menée par la france.
    S’il y’a des dirigeants qui essaient de conclure des accords à notre détriment, le peuple saura les condamner à mort pour haute trahison. ON NE S’AMUSE PLUS.

  • Le 22 février 2016 à 10:38, par Ngando En réponse à : Bravo au President Kaboré pour Son brillantissime costume

    Franchement,
    Nous ne sauront jamais excatement ce que peuvent se dire un President elu par son peuple et un premier ministre qui lui est nommé et est en mission. Mais ce qu’on voit c’est que le President Kaboré a un somptueux costume.

    Ce costume du President Kaboré est un signal fort de l’esprit du SANKARISME qui flotte sur le pays des hommes integres. Le cotton de ce costume vient du Burkina et a été tissé Burkina. Le conception et la realisation de ce costume, magnifique, revele la complexité du génie de nos créateurs.

  • Le 22 février 2016 à 12:41, par L’Oeil du peuple En réponse à : Visite du premier ministre français au Burkina : Le volet sécurité n’a pas étouffé les questions de développement

    monsieur le premier ministre, vous êtes convaincant nous vos propos, il reste maintenant à être convaincant dans vos actes que vous poserez pour la construction de ce beau pays qu’est le BURKINA et qui fait la fierté de toute l’AFRIQUE. Avec les rapports fidèles que votre Ambassadeur vous fait quotidiennement au sujet du BURKINA et son peuple, nous sommes sûrs et certains que vous plaiderez pour la bonne cause du pays des Hommes Intègres.

  • Le 22 février 2016 à 15:42, par Alban98 En réponse à : Visite du premier ministre français au Burkina : Le volet sécurité n’a pas étouffé les questions de développement

    J’espère que France24 parlera du costume Faso Dafani de mon président Roch.
    Comme quoi y’a pas de vilaines chose en Afrique ! Y’a aussi de belles choses à montrer aux YEUX DU MONDE !!!

  • Le 22 février 2016 à 16:35, par Amkoulel BOLY En réponse à : Visite du premier ministre français au Burkina : Le volet sécurité n’a pas étouffé les questions de développement

    Ces européens là s’accrochent, se débattent, mais c’est fini avec l’Afrique ! Ce sont vos derniers souffles de vie dans la relation avec nous ! Sarkozy disait que l’Afrique n’était rien pour la France dans son discours de Dakar et toi tu nous dit le contraire ... allez savoir ce que vous voulez ! Nous, la nouvelle génération d’africains, on va siffler bientôt la fin de cette relation incestueuse entre l’Europe et nous. Votre pays, continent est en déclin inexorable et vous venez nous insulter avec 9 millions d’euro !!!! STP reprend tes 9 millions tes agriculteurs en ont besoin !

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